La Bretagne vient de perdre l’une de ses figures politiques les plus discrètes et les plus constantes. Claude Renoult, ancien maire de Saint-Malo et président de Saint-Malo Agglomération de 2014 à 2020, est décédé ce jeudi 18 décembre 2025, à l’âge de 77 ans.
Ingénieur de formation, passé par EDF-GDF, Claude Renoult avait conservé de ce parcours une manière singulière de faire de la politique : rigoureuse, patiente, fondée sur la méthode plus que sur l’esbroufe. Élu maire de Saint-Malo en 2014, il s’est attaché à gouverner la cité corsaire avec un sens aigu de l’intérêt général, convaincu que l’avenir d’un territoire se construit dans la durée, par le dialogue et la coopération.
Son mandat restera notamment marqué par un choix stratégique fortn celui du rapprochement assumé entre Saint-Malo et Rennes. À rebours des réflexes de concurrence territoriale, Claude Renoult fut un artisan convaincu de l’alliance métropolitaine, persuadé que la complémentarité entre la capitale bretonne et la cité maritime pouvait devenir un levier de développement équilibré pour toute la région.
Économie, French Tech Rennes / Saint-Malo, mobilités, culture : sous son impulsion, une coopération solide s’est progressivement structurée, dépassant les clivages administratifs pour se concentrer sur les enjeux réels — attractivité, emploi, innovation, rayonnement culturel. Cette vision, à la fois pragmatique et politique au sens noble, aura contribué à installer durablement une nouvelle grammaire des relations entre les deux villes.
Symbole fort de cet élan commun, le partenariat autour de la course au large incarnait parfaitement ce qu’il défendait : une Bretagne ouverte, maritime et technologique, fière de ses traditions mais tournée vers l’avenir. Chez Claude Renoult, la mer n’était jamais un décor ; elle était un horizon, une exigence, une promesse collective.
Homme d’engagement plus que de discours, il laissait volontiers la lumière aux projets plutôt qu’à sa personne. Ceux qui l’ont côtoyé évoquent un élu fidèle à ses convictions, déterminé sans jamais être brutal, soucieux de transmission et de continuité. Un maire qui croyait aux institutions locales, au travail d’équipe, et à la responsabilité publique exercée avec retenue.
Claude Renoult s’en est allé, mais l’empreinte qu’il laisse dans l’histoire récente de Saint-Malo — et plus largement dans celle de la coopération territoriale bretonne — demeure. Elle est faite de ponts plutôt que de frontières, de chantiers concrets plutôt que de slogans, et d’une certaine idée du service public.
Saint-Malo gardera la mémoire d’un maire qui sut regarder au loin sans jamais oublier le rivage.
Jeudi 13 mars 2025, le conseil de Rennes métropole a approuvé l’avant-projet et l’enveloppe budgétaire des deux premières lignes de Trambus. À partir de 2027, Rennes va progressivement accueillir un nouveau système de transport en commun : le Trambus 100 % électrique.
Mise à jour du 28 décembre 2025: Rennes Métropole a adopté l’avant-projet des sections nord-ouest de la ligne T1 (du giratoire de La Plesse à Saint-Grégoire à l’avenue Tillon à Rennes). L’investissement annoncé pour ce tronçon est de 43,9 M€ HT (dont 41,9 M€ HT pour les travaux de voirie et 2 M€ HT pour les stations et le terminus, hors matériel roulant). Le démarrage des travaux est prévu fin 2026, pour une mise en service en 2029.
La ligne T2 doit être mise en service en 2027, la T1 en 2029, puis les lignes T3 et T4 à l’horizon 2030. Ce projet ambitieux vise à combiner les avantages du tramway et du bus. Une transformation majeure pour la mobilité dans la métropole bretonne.
Si certains saluent cette initiative comme une avancée écologique et pratique, d’autres émettent des réserves quant à son coût, ses perturbations et ses limites en termes de desserte. L’année 2025 est celle du lancement des enquêtes publiques et des premiers travaux préparatoires du futur Trambus de Rennes, d’abord sur le tracé de la ligne T2 (entre la route de Lorient et Cesson-Sévigné). Sur les quatre lignes prévues, certains aménagements déplaisent.
Voilà des avis pour et des avis contre…
Le Trambus : un concept hybride
Le Trambus est un bus à haut niveau de service (BHNS) qui combine la rapidité du tramway et la flexibilité du bus. Il circule sur des voies dédiées sur une partie importante de son tracé, mais peut aussi emprunter des routes classiques. Contrairement aux bus traditionnels, il dispose d’une capacité de transport plus importante et d’une fréquence de passage plus élevée, notamment aux heures de pointe.
« Le concept du Trambus est intéressant, surtout pour ceux qui habitent un peu en périphérie. Cela pourrait vraiment faciliter mes trajets vers le centre sans avoir à attendre une éternité pour un bus », explique Sophie, une habitante de Saint-Jacques-de-la-Lande. Mais d’autres sont plus sceptiques. « Cela semble bien en théorie, mais j’ai du mal à voir comment cela va se passer avec les travaux et les changements dans la circulation », ajoute Marc, un conducteur de bus rennais.
Le projet rennais prévoit l’installation de quatre lignes de Trambus (T1 à T4). La première mise en service sera la ligne T2, prévue en 2027, entre la route de Lorient à Rennes et le secteur de la Rigourdière à Cesson-Sévigné. Les lignes T1, T3 et T4 suivront d’ici 2030, cette dernière reliant notamment Saint-Jacques-de-la-Lande à Bruz et desservant plusieurs zones périphériques de la métropole. Ce système est en phase avec la volonté de la métropole de renforcer son réseau de transport en commun tout en réduisant son empreinte carbone.
T1 en chiffres
13 km de ligne et 31 stations
Un corridor desservi : 65 000 habitants et 47 000 actifs le long de la ligne
34 000 voyageurs/jour attendus, soit +30 % par rapport à la fréquentation de la ligne C4 actuelle
3 parcs-relais : Les Préales, Villejean-Université et le nouveau parking-relais La Plesse (terminus de Saint-Grégoire)
Temps de trajet annoncé Saint-Grégoire → République : 23 min
Horaires annoncés : de 5h25 à 0h35 en semaine
Fréquence annoncée : un passage toutes les 4 à 8 minutes (avec une cible à 4 min en heure de pointe sur les troncs les plus chargés)
Les avantages du Trambus
Un mode de transport plus écologique
L’un des principaux arguments en faveur du Trambus est son impact environnemental réduit. Fonctionnant en grande partie à l’électricité, il représente une alternative plus écologique aux bus traditionnels qui fonctionnent à l’essence ou au diesel. Le Trambus contribue ainsi à la diminution des émissions de gaz à effet de serre, un enjeu crucial face aux objectifs de transition énergétique de la ville. En réduisant la pollution de l’air, il améliore également la qualité de vie des habitants.
« C’est une excellente initiative d’opter pour un mode de transport électrique. Avec la qualité de l’air de plus en plus dégradée, chaque petite action compte », estime Julien, un habitant du centre-ville. Cependant, certains expriment des préoccupations. « Ce serait bien que la ville investisse aussi dans des espaces verts et la réduction de la pollution provenant des voitures », remarque Léa, une habitante du quartier Sud.
Une mobilité améliorée
Le Trambus permettra de renforcer l’efficacité du réseau de transport de Rennes. Le projet prévoit des lignes avec une fréquence de passage élevée (toutes les 6 minutes en moyenne, davantage encore sur les troncs communs), ce qui permettra de fluidifier les déplacements, en particulier aux heures de pointe. Le Trambus sera également accessible à un grand nombre de passagers, grâce à des véhicules modernes de grande capacité. Il est conçu pour répondre aux besoins croissants de mobilité dans une ville en pleine expansion.
« Ça va vraiment nous faciliter la vie », se réjouit Marc, un jeune cadre vivant à Rennes. « J’ai parfois du mal à prendre le bus car il est trop plein ou il passe trop rarement. Avec le Trambus, on pourra enfin avoir un service plus fiable. » Pourtant, certains restent sceptiques. « Franchement, ça risque de faire des bouchons à certains endroits. On a déjà assez de difficultés pour circuler dans Rennes », s’inquiète Claire, une habitante de la périphérie.
Une meilleure desserte des zones périphériques
Une des ambitions du Trambus est d’offrir une meilleure desserte aux zones périphériques de la métropole rennaise. Par exemple, la ligne T4 reliera, à partir de 2030, des quartiers comme Saint-Jacques-de-la-Lande et Bruz, qui ne sont pas actuellement bien connectés au centre-ville. L’ensemble du projet vise à desservir environ 200 000 habitants et 135 000 emplois d’ici 2035. Il est perçu comme un levier pour l’aménagement du territoire et la répartition plus équitable des services de transport public.
« Enfin un moyen de transport rapide vers Rennes ! J’habite à Bruz et c’est toujours compliqué de rejoindre le centre-ville. Ce Trambus, si ça fonctionne bien, pourrait changer beaucoup de choses », explique Françoise, une habitante de Bruz. D’autres, cependant, ne sont pas convaincus : « Pourquoi investir dans ce Trambus et ne pas plutôt améliorer les lignes existantes qui sont déjà saturées dans certains quartiers ? », s’interroge Antoine, un Rennais vivant dans le quartier de Cleunay.
Un réseau plus fluide et moins congestionné
Le Trambus est conçu pour circuler sur des voies dédiées, permettant d’éviter les embouteillages et d’assurer une meilleure régularité du service. Les travaux prévus pour le Trambus permettront de réaménager certaines voies et intersections, ce qui pourrait avoir un impact positif sur la fluidité générale du trafic dans la ville, à long terme.
« J’espère que cela va vraiment désengorger les rues aux heures de pointe. C’est déjà tellement stressant de circuler à Rennes », partage Yves, un habitant de la rue de Fougères. « Mais je crains que cela n’aggrave la circulation dans d’autres zones de la ville », prévient Émilie, une conductrice régulière dans le centre.
Les désavantages du Trambus
Perturbation de la circulation pendant les travaux
L’un des principaux arguments des détracteurs du projet est l’impact des travaux de construction du Trambus sur la circulation et le quotidien des Rennais. Les aménagements nécessaires à l’installation des voies dédiées entraîneront des fermetures temporaires de certaines rues et des modifications dans l’organisation du trafic. De plus, la durée des travaux, programmés par phases de 2025 à 2030 selon les lignes, risque de perturber la vie des habitants, des commerçants et des travailleurs.
« Je crains que les travaux fassent plus de mal que de bien », affirme Thierry, un commerçant du centre-ville. « Les clients auront du mal à se rendre dans mes magasins. Et les nuisances sonores ne vont pas aider. » Anne, résidente de l’hyper-centre, partage son avis : « Je pense qu’on va subir ces travaux pendant des années, et à la fin, est-ce que ça va vraiment changer la circulation ? »
Le coût et le financement
Le coût du projet, estimé à un peu plus de 200 millions d’euros pour l’ensemble des quatre lignes, est une autre source de débat. Bien que les autorités locales défendent l’investissement en soulignant les avantages à long terme, certains estiment que ces fonds auraient pu être mieux utilisés pour améliorer d’autres aspects du réseau de transport ou pour résoudre des problèmes urgents dans la ville, comme les problématiques de logement. De plus, la mise en place d’un tel projet pourrait entraîner une augmentation des taxes locales.
« C’est une bonne idée, mais le coût est vraiment élevé. Est-ce qu’on ne pourrait pas mieux utiliser cet argent ailleurs ? Pour la rénovation de certains quartiers ou pour l’extension des transports en commun qui existent déjà », s’interroge Lucie, une Rennaise. Un autre habitant, Jean-Pierre, abonde : « Si cela entraîne une hausse des taxes locales, je ne vois pas pourquoi on investirait dans un projet qui risque de durer encore plusieurs années. »
Des limites de desserte pour certaines zones
Malgré son ambition de mieux desservir les zones périphériques, le Trambus ne pourra pas couvrir toutes les régions de Rennes ou de son agglomération. Certaines zones rurales ou les quartiers plus éloignés du réseau de transport pourraient être laissés pour compte. Les habitants de ces zones risquent de ne pas bénéficier des avantages de ce nouveau mode de transport. Le projet semble davantage axé sur la zone centrale et les zones urbaines, ce qui soulève des interrogations sur son accessibilité pour tous les Rennais.
« C’est super pour ceux qui habitent près des lignes, mais que feront ceux qui vivent dans des zones rurales ou dans des quartiers mal desservis ? On a déjà du mal avec les transports actuels », critique Luc, un habitant de la zone nord de Rennes. « Ce projet semble encore plus centré sur les zones urbaines. Quid des zones plus éloignées ? »
Un impact incertain sur les autres modes de transport
Certains se demandent si l’arrivée du Trambus ne risque pas de cannibaliser d’autres modes de transport, notamment le bus traditionnel ou les lignes de métro déjà en place. Bien que le Trambus soit censé compléter le réseau existant, certains experts estiment qu’il pourrait créer des chevauchements avec d’autres lignes, ce qui pourrait rendre certaines lignes moins attractives ou moins efficaces. « Cela va peut-être être ennuyeux pour ceux qui prennent déjà le bus traditionnel. On pourrait perdre en confort ou en efficacité si le Trambus prend trop de place », prévient Claire, une habituée des transports en commun.
Calendrier du projet
2025 – 2030 : études opérationnelles et travaux sur les quatre lignes de Trambus.
2027 : mise en service de la ligne T2 (Rennes – Cesson-Sévigné). Les travaux de la T2 sont annoncés jusqu’à fin 2027.
Fin 2026 – 2029 : travaux de la ligne T1.
2029 : mise en service de la ligne T1.
2028 – 2030 : travaux des lignes T3 (Saint-Grégoire – Rennes – Chantepie) et T4 (Saint-Jacques-de-la-Lande – Bruz), pour une mise en service à l’horizon 2030.
Comme chaque année (15 ans !), la rédaction d’Unidivers souffle durant la Trêve de Dieu… Du 23 décembre au 2 janvier 2025. De quoi reprendre des forces afin de mieux vous retrouver à l’orée d’une année sous forme d’interrogation, de quadripolarisation de la vie politique française (et internationale), des vagues extrémistes, de bruits de bottes, et du vol feutré des drones en attaque.
Pour 2026, nous vous souhaitons à tous ce que vous vous souhaitez pour vous-mêmes : le meilleur. Notamment la construction d’une véritable union européenne communautaire et solidaire, aussi protectrice et puissante afin de résister aussi bien aux sociétés voyous, aux paradis fiscaux, aux géants de la tech sans scrupule qu’aux menaces que font peser sur la civilisation démocratique les velléités hégémoniques de certains pays autoritaires. Les promesses d’épanouissement culturel individuel et collectif des pays despotiques, qu’ils se prétendent communistes, fascistes ou de droit divin, finissent toujours aux oubliettes.
Plus localement, pour continuer à dynamiser la culture dans la région Bretagne et contribuer à en faire une grande capitale artistique et culturelle à l’horizon 2030, vous pouvez soutenir Unidivers, votre web culturel bien-aimé. Grâce à une indépendance éditoriale et une liberté de ton qui tranchent dans un paysage médiatique complètement monopolisé, artificialisé et uniformisé par une poignée de milliardaires éditeurs de presse avec l’appui de la Direction des médias du ministère de la Culture, notre rédaction va continuer – malgré une totale absence de soutiens, d’aides et de subventions de part et d’autres – à vous offrir des travaux où la qualité, l’objectivité et la curiosité sont au service de la culture, des arts, de la beauté, de l’intelligence, de la bienveillance et de la joie de vivre. Eh oui !
À tous et aux autres, toute la rédaction d’Unidivers vous souhaite un temps de réjouissances aussi bon qu’il peut l’être en cette période contrainte, inquiète, où l’ours, l’éléphant et les monstres s’entrelèchent les babines !
Nicolas Roberti et Laurent Kontzler
D’ici à là, en cette période de Noël, plus de 2 milliards de chrétiens célèbrent la Nativité de Jésus-Christ (qu’ils considèrent comme le Fils de Dieu venu sur terre pour permettre de restaurer chez l’homme la ressemblance perdue avec l’image du Père créateur). Mais ce sont aussi des des milliards de non-chrétiens qui se réjouissent soit de la naissance du Christ (que les juifs et les musulmans considèrent comme un prophète) soit d’une fête qui plonge ses racines dans les temps ancestraux (la célébration du solstice symbolise le renouvellement de la victoire de la lumière sur les ténèbres) ou les temps nouveaux (le père Noël s’est répandu sur tous les continents).
Le Père Noël moderne est en fait le résultat de métamorphoses que nous pourrions suivre à travers les méandres des âges, depuis ce sorcier des origines, de Saturne, Janus et Pan en Merlin et Puck, Mercure et Gargan (le Gargantua de Rabelais), mais aussi Odin-Wotan, Belenos, les Seigneurs du Désordre médiévaux, Cernunnos, Herne, Peter Pan et Robin des bois, le Chevalier vert de la geste arthurienne, le Grand Veneur, maître de la Chasse sauvage, autrement dit le Erl-König, le roi de Hel (le monde des morts) qui deviendra Harlequin, meneur du Carnaval de la Saison, en passant encore par Knecht Ruprecht, le vieux père Gel, Saint-Nicolas, bien sûr, en expliquant comment ce dernier prend cette fonction avant de devenir Santa Claus sous la plume de Washington Irving et Clement Moore (avant d’être illustré admirablement par des Thomas Nast ou Haddon Sundblom – l’illustrateur de la fameuse boisson gazeuse qui lui a donné un cachet particulier et une notoriété dans sa robe rouge sans pour autant l’avoir créé). Au gré de l’aventure, on croiserait même des mères Noël avec la tante Erie, Chauchevieille, Perchta, Holle, la fameuse Befana italienne, Abundia ou Abonde (chez Jean de Meung, où l’on devine le souvenir de la corne d’abondance) et tant d’autres. Un raccourci – ou une remontée temporelle – ici assurément étourdissant qui mériterait maints développements pour faire revivre ces personnages et passeurs des heures sombres solsticiales
Gëzuar Krishtlindja ! Frohe Weihnachten ! fröhliche Weihnachten ! gleckika Wïanachta ! merry Christmas / happy Christmas ! ميلاد مجيد (miilaad majiid) ! Shnorhavor Surb tsnund ! Noel bayraminiz mubarak ! vrolik Kersfees ! Eguberri on ! subho baradin ! З Божым нараджэннем (Z Bozym naradzenniem) ! Christmas nay hma mue pyaw pa ! sretan Božić ! Nedeleg laouen ! весела коледа (vesela koleda) ! bon Nadal ! ulihelisdi danisdayohihvi ! 圣诞快乐 (shèng dàn kuài lè) ! Nadelek lowen ! bon Natale ! jwayé Nwèl ! jwaye Nowel ! bon Nwel ! zwayé Noèl ! sretan Božić ! glædelig jul ! feliz Navidad ! gojan Kristnaskon ! häid jõule ! gleðilig jól ! hyvää joulua ! joyeux Noël ! frohe Weihnachte ! noflike Krystdagen ! bon nadâl ! Nollaig chridheil ! Nollaig shona ! bo Nadal ! boune Neoua ! Nadolig llawen ! Gilotsavt Shobas ! kala christougenna / kala xristougenna ! mele Kalikimaka ! חג מולד שמח (hag molad saméa’h) ! Krismas ki subhkamna ! boldog karácsonyt ! annuri Ekeresimesi ! naragsak a paskua ! selamat Natal ! gleðileg jól ! buon Natale / gioioso Natale ! sugeng Natal ! merii kurisumasu ! assegass amegass ! Noheli nziza ! Noheli nziza ! Noela we pîroz be ! bon nadal ! souksan van Christmas ! felix dies Nativitatis ! priecīgus Ziemassvētkus ! bón dênâ / bón natâle ! Noël esengo ! su Kalėdomis / linksmų Kalėdų ! schéi Chrëschtdeeg ! среќен Божиќ (srećen Božić) ! selamat hari natal ! Christmas ashamshagal ! tratry ny Krismasy / arahabaina tratry ny Krismasy / arahaba tratry ny Krismasy ! il-milied it-tajjeb / milied hieni ! Nollick ghennal ! meri Kirihimete ! bon Natale ! vrolijk Kerstfeest ! bouòni Calèna ! god jul ! bon Nadal ! bon pasku ! کریسمس مبارک (Christmas mobaarak) ! wesołych świąt bożego Narodzenia ! feliz Natal ! bòn nové ! baxtalo Krečuno ! un Crăciun fericit ! Noheiri nungi / webale Noheiri ! C Pождеством Xристовом (S rozhdestvom Kristovom) ! ia manuia le Kerisimasi ! bona pasca’e Nadale (logudorois) / bona paschixedda (campidanois) ! Срећан Божић (srecan bozic) ! krisimas yakanaka ! Chrismas joon wadhayoon ! suba nattalak wewa ! vesele vianoce ! vesel božič / vesele božične praznike ! dobro dedek ! switi Krisneti ! god jul ! heri la Krismasi ! maligayang pasko ! ‘ia ‘oa’oa e teie Noera ! Nathaar thina vaalthukal ! veselé Vánoce ! สุขสันต์วันคริสต์มาส (souksaan wan Christmas) ! Noeliniz kutlu olsun ! Shuldyr Ymuśton ! Z Rizdvom Hrystovym ! Mừng Chúa Giáng Sinh ! djoyeus Noyé ! אַ גוטע ניטל (a gute nitl) ! UKhisimusi omuhle !
Nous entrons dans une société paradoxale. Jamais le temps de loisirs n’a été aussi central dans nos existences, et jamais ceux qui fabriquent ce temps symbolique n’ont été aussi fragilisés. Jamais le travail n’a été aussi discontinu, fragmenté, projetisé, et jamais le modèle salarial continu n’a été aussi obstinément défendu comme norme. Jamais la création n’a été aussi omniprésente, et jamais les créateurs n’ont été aussi sommés de se justifier économiquement.
Si l’on veut sortir des procès d’intention, il faut d’abord nommer le fait brut. Nous vivons une transition où les carrières se désagrègent en missions, où les employeurs se multiplient, où le “temps hors contrat” s’étend — et où les protections, elles, restent largement indexées sur l’emploi continu. C’est dans ce décalage que s’inscrit une question trop souvent traitée comme technique : que devient le régime des intermittents du spectacle dans une société de loisirs pauvre, automatisée et fragmentée ? Et, plus avant, pourquoi, au moment précis où l’intermittence devient une norme sociale (bien au-delà de la culture), fragilise-t-on le dispositif qui avait su organiser une continuité de droits dans un univers d’emplois discontinus ?
L’intermittence comme anticipation du monde à venir
Le régime des intermittents n’a jamais été une anomalie folklorique ni un privilège corporatiste. Il a été une invention sociale. Une tentative — imparfaite mais lucide — de répondre à une réalité que le capitalisme industriel pensait mal parce qu’elle ne rentre pas dans ses cases, autrement dit, un travail discontinu par nature, mais exigeant, qualifié, et dont la production ne peut pas être organisée en emploi continu sans déformer le secteur.
Là où le salariat classique repose sur la continuité du poste, l’unicité de l’employeur et la rémunération du temps mesurable, l’intermittence a reconnu autre chose : la pluralité des employeurs, la discontinuité structurelle de l’activité, la valeur d’un temps “hors contrat” qui n’est pas un loisir, mais un temps préparatoire inscrit dans la production (répétitions, repérages, préparation technique, recherche, apprentissage).
Autrement dit, elle reconnaissait que tout le travail ne se réduit pas à l’exécution immédiate, et qu’une société peut légitimement amortir, par un mécanisme assurantiel, les interstices entre contrats — dès lors que la profession est déclarée, encadrée, et contrôlable. On peut débattre de ses paramètres ; il est plus difficile de contester la réalité qu’il prend en charge : l’œuvre ne surgit pas d’un simple pointage.
Aujourd’hui, ce que vivent les intermittents depuis des décennies devient la condition ordinaire de millions de travailleurs. Qu’ils se nomment pigistes (le mode de paiement à la pige est en chute libre), chercheurs précaires, designers, développeurs freelances, créateurs numériques, travailleurs des plateformes. L’intermittence n’est plus l’exception, elle est l’avant-poste. Ce parallèle n’implique pas d’étendre mécaniquement les annexes 8/10 à tous ; il signifie que le débat n’est plus sectoriel ; il préfigure une question générale de protection dans un monde d’emplois discontinus.
Et pourtant, on s’emploie à normaliser le régime au modèle de l’emploi continu avec des seuils, plafonds, modes de calcul, exigences de traçabilité conçues pour un autre monde. Le risque est que le dispositif demeure juridiquement, mais produise de moins en moins de continuité réelle de droits pour les trajectoires les plus hachées.
Quand l’œuvre est ramenée au travail
Hannah Arendt distinguait le travail (la reproduction de la vie), l’œuvre (la fabrication d’un monde durable) et l’action (l’espace du politique). Cette distinction n’est pas un vernis. Elle éclaire un point très concret. Quand une société ne reconnaît que l’emploi mesurable, elle traite le temps de création comme un défaut et non comme une condition de production.
Ce que nous faisons aujourd’hui, en alignant l’intermittence sur les standards du salariat continu ou de l’intérim, c’est l’inverse : ramener l’œuvre au travail et le travail à l’emploi immédiatement comptable. Le problème n’est pas le contrôle en soi — il est légitime — mais le modèle implicite qu’il impose qui consiste à exiger du continu là où le discontinu est constitutif.
La conséquence est profonde. On ne supprime pas la culture, on la dépolitise, on la détemporalise, on la déprofessionnalise. Elle survit comme flux et comme contenu, elle s’érode comme métier. Ce n’est pas un jugement esthétique mais une transformation industrielle.
Un angle mort – la responsabilité de l’audiovisuel dans la “permittence”
Il serait trop simple — et trop confortable — de faire du régime un pur martyr de l’actuelle rigueur budgétaire. Car une large part de sa fragilisation vient aussi de son usage dévoyé, notamment dans certains segments de l’audiovisuel. Là où l’intermittence devait protéger la discontinuité de l’œuvre, des employeurs ont parfois organisé une continuité de fait (équipes récurrentes, postes structurels, activité quasi permanente) sous forme de CDD d’usage en chaîne qui a transféré sur l’assurance chômage ce qui relève normalement de la responsabilité salariale ordinaire.
Le point décisif, pour sortir de la polémique, est de poser un critère non moral mais structurel. Quand un même besoin, un même poste, une même organisation se reproduisent durablement, l’emploi n’est plus “d’usage”, il est permanent déguisé. La “permittence” n’est pas d’abord une ruse individuelle, c’est souvent une ingénierie d’emploi, nourrie par la sous-traitance, la pression des calendriers, et la recherche de flexibilité-coût.
Le résultat est politiquement explosif. En laissant prospérer ce détournement, on offre aux adversaires du régime l’argument le plus efficace… et l’on finit par durcir indistinctement les règles, au détriment de ceux qui incarnent l’intermittence légitime (compagnies, scènes fragiles, artistes et techniciens réellement discontinus). Reconnaître la permittence ne justifie pas la casse. Au contraire, cela impose une réforme ciblée qui est de contraindre l’emploi permanent déguisé et protéger l’intermittence réelle.
Pourquoi l’État n’a-t-il pas “tranché” contre la permittence ?
C’est ici que le débat devient vraiment politique, parce que l’on touche à une tension structurelle. L’État a plus facilement réformé la protection que la production. Il a plus facilement modifié les règles d’indemnisation que les règles d’emploi. C’est curieux… Pourquoi ? D’abord parce que l’assurance chômage n’est pas une simple politique ministérielle, elle relève d’un système de gouvernance où l’État encadre et agrée, mais où la réforme passe largement par l’Unédic et les partenaires sociaux.
Ensuite parce que la permittence se nourrit d’un levier juridique central, le CDD d’usage, autorisé dans des secteurs comme l’audiovisuel. Tant que ce levier demeure large, la reconstitution de chaînes de contrats courts est un réflexe économique. Enfin, parce que traiter la permittence “au bon endroit” suppose de viser des employeurs structurants — y compris des acteurs où l’État est financeur, tutelle ou donneur d’ordre, notamment le ministère de la Culture — et donc d’assumer des coûts (requalifications, hausse de masse salariale, réorganisations) immédiatement visibles.
Autrement dit, au lieu de corriger l’architecture de l’emploi, on corrige l’assurance. Au lieu de contraindre l’amont, on discipline l’aval. Et l’intermittence légitime finit par payer pour des contournements qu’elle n’a pas fabriqués. Si l’on veut négocier, il faut un principe commun acceptable par tous : on ne réforme pas un secteur discontinu en punissant la discontinuité ; on le réforme en empêchant que le permanent se déguise en temporaire.
Si l’État hésite à trancher, c’est parce que ses institutions vivent de contrats courts structurels !
On ne peut pas dénoncer la permittence dans l’audiovisuel privé tout en organisant, à bas bruit, une permittence administrative dans les institutions publiques — musées, conservatoires, scènes labellisées, établissements d’enseignement artistique, services culturels territoriaux — où des besoins manifestement durables sont couverts par une poussière de contrats courts qui prennent la forme de vacations à l’acte, CDD minuscules, renouvelés dix, vingt, cinquante fois, jusqu’à faire tenir une carrière entière sur une suite de morceaux administratifs.
C’est là que la critique devient intenable. L’État exige de “rationaliser” les protections sociales, mais ne rationalise pas sa propre fabrique d’emploi. Peu importe le régime juridique — droit du travail ou droit public — l’esprit est le même… un besoin permanent appelle une stabilisation. Or l’État fustige l’optimisation des annexes, tout en tolérant — et souvent en fabriquant — le contournement structurel de cette évidence, externalisant sur l’assurance chômage (ou sur l’endettement intime des travailleurs) le coût réel de sa politique culturelle.
Ce passage n’a pas pour but d’innocenter le privé. Il vise à montrer que la précarité est devenue une norme de gestion jusque dans les institutions qui prétendent la combattre. Tant que l’État ne mettra pas d’ordre dans cette précarité publique organisée, toute réforme du régime des intermittents restera moralement fragile et politiquement bancale. Elle aura la forme d’une vertu budgétaire, mais le fond d’un déplacement de charge — corriger l’assurance pour ne pas corriger l’emploi, discipliner les personnes pour ne pas contraindre les employeurs, et, finalement, demander à la culture de survivre à crédit humain.
L’obsolescence de l’humain… et du créateur
Günther Anders parlait de l’obsolescence de l’homme confronté aux systèmes techniques qu’il a lui-même produits. L’automatisation, et désormais l’intelligence artificielle, accentuent cette dissymétrie. Nous produisons plus vite que nous ne comprenons, plus que nous ne rémunérons, plus que nous ne reconnaissons.
Dans la chaîne culturelle, l’IA ne remplace pas l’art, elle redistribue la valeur et, souvent, la concentre. Elle automatise les segments standardisables (montage basique, illustration, écriture fonctionnelle), tout en renforçant la position de quelques figures “bankables” et d’intermédiaires capables de capter la distribution. Entre les deux, une masse de travailleurs culturels devient interchangeable, assistée par machine, sous-payée ou non payée.
Le sujet n’est pas d’être pour ou contre l’IA, il est de savoir qui capte les gains et qui porte le risque. Dans ce contexte, le régime des intermittents protégeait quelque chose d’insupportable pour l’idéologie dominante qui est le droit à un temps humain non optimisé, non immédiatement rentable. Sa remise en cause n’est pas seulement budgétaire, elle est anthropologique.
La responsabilité envers le temps long
Le régime des intermittents incarnait, sans le dire, une éthique de la responsabilité qui consiste à accepter de financer aujourd’hui un temps de création dont les effets ne sont ni immédiats ni garantis.
Détricoter ce régime au nom de la rigueur budgétaire, c’est choisir le court terme contre le long terme. C’est accepter que la culture se réduise à ce qui est immédiatement monétisable. C’est renoncer à une écologie du temps où toutes les activités humaines ne sont pas sommées de produire un retour rapide sur investissement.
Ne pas financer le temps long ne supprime pas le besoin. On le paie autrement, par déqualification, turnover, concentration de la production, et désertification culturelle des territoires. La société de loisirs pauvre n’est pas pauvre parce qu’elle manque de richesses, elle est pauvre parce qu’elle refuse de les redistribuer vers ce qui ne se mesure pas immédiatement — et parce qu’elle laisse se concentrer les rentes là où l’automatisation accroît pourtant la productivité.
L’injustice symbolique du “vrai travail”
David Graeber a montré comment nos sociétés valorisent ce qui est immédiatement mesurable, conforme à l’organisation, et facilement justifiable, tout en dénigrant des activités utiles mais difficiles à quantifier. Le régime des intermittents était l’un des rares dispositifs à contester cette hiérarchie en reconnaissant que créer, répéter, chercher, transmettre est un travail, même sans fiche de poste continue.
Aujourd’hui, on inverse la charge de la preuve. On demande aux intermittents — et, au-delà, à tous les travailleurs discontinus — de prouver en permanence leur utilité, leur rentabilité, leur conformité à des critères pensés pour l’emploi industriel du XXᵉ siècle. Ce n’est pas une réforme, c’est une violence qui, au nom de l’équité, finit par rendre suspect tout ce qui ne ressemble pas à un CDI. CDI dont de moins en moins de jeunes veulent…
Il n’y aura sans doute pas de décret abolissant le régime des intermittents. Sa disparition peut prendre une forme plus efficace bien connue dans la culture étatique française… administrative, cumulative, silencieuse. On durcit les seuils, on plafonne, on mensualise, on individualise les protections. Le régime demeure juridiquement, mais il cesse de produire de la continuité de droits pour les trajectoires les plus hachées — celles qui, paradoxalement, incarnent le mieux la discontinuité réelle.
Ce que l’on tue ainsi, ce n’est pas seulement un statut. C’est une idée. Celle qu’une société peut reconnaître et protéger des formes de travail qui ne se laissent pas enfermer dans la norme salariale classique et qu’elle peut, au lieu de moraliser les individus, corriger les architectures d’emploi qui fabriquent la précarité.
Une question de civilisation
La question n’est pas : peut-on encore se payer les intermittents ? La question est : que devient une société qui consomme toujours plus de culture tout en rendant invisibles ceux qui la produisent ? Le régime des intermittents n’est pas un vestige du passé. Il est peut-être l’un des rares outils conçus pour un monde où le travail est discontinu, la valeur diffuse, et le temps humain menacé d’obsolescence.
Pour rendre ce débat négociable, il faut tenir ensemble trois exigences que chacun peut entendre : l’équité (ne pas sanctuariser des abus), la responsabilité (ne pas déplacer le coût sur la collectivité quand l’emploi est en réalité permanent), et la soutenabilité culturelle (ne pas détruire les métiers en prétendant “normaliser” le réel). Cela conduit à une boussole simple : cibler la permittence — le permanent déguisé — et protéger l’intermittence réelle ; stabiliser les besoins structurels, y compris et surtout dans le service public ; et ouvrir enfin le chantier d’une protection plus portable pour l’ensemble des travailleurs discontinus.
Le détricoter au moment même où il devient pertinent, c’est refuser de penser notre avenir social. Et, pour reprendre Arendt, c’est accepter que le monde que nous fabriquons ne soit plus habitable pour ceux qui le font exister.
La Marathon de la danse, c’est le rendez-vous incontournable du festival Waterproof, coorganisé par le Triangle – Cité de la danse et les Trans musicales. Samedi 31 janvier 2026, l’UBU de Rennes accueillera un dancefloor géant sur lequel les participants relèveront des défis pendant quatre heures non-stop. Après deux dates en France, le marathon voyagera à l’international.
Pendant une semaine, du 15 au 19 décembre 2025, le Rennais Simon Tanguy et les Québécoises Nelly Paquentin et Julia-Maud Cloutier réalisent une résidence de création au Triangle – cité de la danse. L’objectif : préparer l’un des événements phares du festival Waterproof. Unidivers est allé les rencontrer à la fin de leur première journée de travail pour récupérer à chaud leurs premières impressions et envies.
Simon Tanguy, Julia-Maud Cloutier et Nelly Paquentin
Simon Tanguy a déjà l’expérience de deux éditions du Marathon de la danse à son actif – en 2020 et en 2023 -. Pour l’édition 2026, il sera accompagné des Québécoises Nelly Paquentin et Julia-Maud Cloutier. Si le chorégraphe rennais avait trouvé la bonne formule – un arbitre, une maître de cérémonie et des défis – pour les éditions précédentes, il souhaite cette année proposer autre chose et changer de direction. Ce qu’il fera avec le regard neuf des deux chorégraphes venues de Québec : « On a un objectif commun, on est arrivés avec des défis similaires« , déclare Julie-Maud Cloutier.
Au moment de la rencontre, les contours se dessinaient seulement et les trois chorégraphes préféraient garder le mystère sur la thématique. Mais le trio a des envies, des « défis de rêve » : Simon souhaite se laisser surprendre par d’autres consignes ; Julia-Maud, elle, a envie de développer l’idée d’un dancefloor intemporel. Nelly ajoute : « L’UBU est un lieu assez petit, on est limité par l’espace, mais cette contrainte invite à envisager les choses autrement par rapport au fait de faire bouger les personnes dans l’espace« .
« C’est un moment collectif et joyeux. ça permet de découvrir d’autres manières de danser », Simon Tanguy.
Le trio sera accompagné des Djs de l’édition 2025. « La musique est au cœur de la proposition. » Sur la base d’influences techno/house, l’après-midi prendra des couleurs musicales variées afin de permettre à différentes physicalités de s’exprimer. « Ils ont participé à des booms pour enfants et donne des cours de hip hop donc les influences sont diversifiées. »
Les chorégraphes s’interrogent sur la manière d’adapter les défis auprès, notamment, des personnes malvoyantes ou à mobilité réduite. Le trio cherche des moyens de les nommer ou de les expliquer autrement. « Simon a l’expérience des autres années donc il met en lumière des choses auxquelles on n’aurait pas pensé« , souligne Nelly Paquentin. Simon Tanguy ajoute : « Il faut penser des consignes spatiales et physiques simples à expliquer en évitant le vocabulaire chorégraphique parfois technique, sans pour autant qu’elles soient infantilisantes.«
A quoi vous attendre ?
Pendant 4h, les participants devront relever des défis à 1, à 2 ou en groupe ; certains demanderont beaucoup de mouvements dans l’espace, d’autres moins.
Parmi les défis à retrouver, le trio a abdiqué et nous en a confié quelques uns : l’incontournable Soul Train, rassembleur et festif, et un défi qui demandera de danser au ralenti, du moins sur une autre temporalité. « Le défi à la manière de » invitera à danser en faisant référence à une comédie musicale que tout le monde connaît. Pour ce dernier, il sera peut-être proposé aux participants et participantes d’apprendre le refrain d’une chanson pour un moment de chant collectif, tout en dansant à la manière de.
Le festival Waterproof n’est cette année que la première étape d’une ‘mini-tournée » : Le marathon de la danse, envié à l’International, voyagera pour s’exporter à l’étranger. Après une « mini-tournée » dans le Grand-Ouest, entre les festivals Trajectoires et Waterproof, il traversera l’Atlantique pour la ville de Québec, au Québec, et la Méditerranée pour Tunis, en Tunisie. Pour cette dernière date, le trio collabore avec la chorégraphe Oumaima Manaï qui orchestrera l’événement.
« on célèbre juste le fait d’être ensemble. C’est un bel acte de rassemblement collectif », Nelly Paquentin.
Dates et lieux :
Du lundi 15 au vendredi 19 décembre 2025 : résidence de création du Marathon de la danse 2026 au Triangle, à Rennes
Samedi 31 janvier 2026 : Marathon à Rennes, à l’UBU – Festival Waterproof Dimanche 1er février : Marathon à Rezé Nantes, à la Barakason – Festival Trajectoires Dimanche 15 février : Marathon à Tunis, à La Centrale – Festival Premières Chorégraphiques Samedi 25 avril : M%arathon à Québec, à la Maison pour la danse – Fait Maison
Avec Bugonia, Yórgos Lánthimos poursuit son dispositif favori qui consiste à poser une intrigue comme on pose un piège afin de capturer un fragment de notre époque, de l’immobiliser un instant, et de le rendre visible au prix d’un malaise.
Le film commence comme une farce paranoïaque – deux hommes persuadés d’avoir identifié l’ennemie absolue – et glisse, par degrés, vers une comédie noire de plus en plus irrespirable. On rit, parfois franchement. Et l’on se surprend aussitôt à se demander : pourquoi ce rire sonne-t-il comme un réflexe de défense ? De défense langagière… Bugonia met en scène une guerre des vérités et l’étrange “bugonia” antique – la naissance des abeilles à partir d’un bœuf – comme si notre époque, à défaut d’aimer la vérité, ne savait plus que la fabriquer en se fabriquant elle-même comme marionnette.
Le point de départ est d’une simplicité trompeuse. Deux cousins qui entretiennent une bulle où ils apparaissent les derniers êtres lucides d’un monde en perdition, kidnappent d’une manière amateure la puissante dirigeante d’un grand groupe pharmaceutique. Car cette femme serait une extraterrestre envoyée afin d’asservir l’humanité. On pourrait imaginer un film “sur” le complotisme, l’une de ces satires contemporaines qui confirment le spectateur dans son bon sens, son biais cognitif qui est nécessairement le meilleur car le monde est nécessairement un miroir de son égo. Mais Lánthimos déteste la consolation. Très vite, Bugonia cesse d’être un récit “contre” quelque chose ; il devient un récit “sur” la manière dont, aujourd’hui, les récits eux-mêmes se battent, se dévorent, s’excluent.
Car l’enjeu central n’est pas tant de savoir qui a raison – qui ment, qui délire, qui manipule – que de regarder comment la vérité se transforme en arme, comment la certitude devient une architecture mentale qui autorise tous les gestes. Et c’est ici que le film frôle l’impensable : la vérité n’est plus seulement discutée, elle est performée, mise en scène, instrumentalisée — jusqu’à produire ses propres sophismes, ces raisonnements qui ont l’air irréfutables parce qu’ils ferment la discussion au lieu de l’ouvrir. Ce que le film met au travail, au plan intime et au plan politique, c’est ce nouveau champ de lutte psycho-philosophico-esthétique. Une guerre où l’on ne se contente plus de s’affronter pour l’argent ou pour le pouvoir, mais pour les régimes de sens, pour les cadres de réalité, pour la manière même de percevoir ce qui arrive. Dans ce paysage, les individus ne sont plus des sujets stables ; ils deviennent des surfaces d’inscription, des “personnages-valeurs”, des traducteurs involontaires des forces qui les traversent, des véhicules, des marionnettes d’eux-mêmes, et des points de vue en miroir du monde qui les conditionne.
Le réalisateur grec Lánthimos s’intéresse depuis l’origine à cette zone où l’humain se dérègle. Non pas seulement au plan psychologique (la folie, la névrose, l’obsession), mais au plan social. Comment une époque produit des comportements, comment une norme fabrique des corps, comment un langage modèle des affects… Bugonia radicalise ce geste. D’un côté, Teddy (Jesse Plemons), homme du ressentiment et de la conviction, persuadé de “voir clair” là où le monde vacille. De l’autre, Michelle (Emma Stone), incarnation glacée d’un système intégré, une femme, marionette du capitalisme manipulateur, qui maîtrise les codes, les signaux, les postures, et dont l’autorité est d’autant plus redoutable qu’elle n’a pas besoin d’élever la voix. Entre eux, il n’y a pas seulement un conflit social – “losers” contre “winners” – mais un conflit de langage. Deux mondes qui ne se parlent plus parce qu’ils n’habitent plus le même réel.
C’est là que le film devient profondément contemporain. La scène de séquestration n’est pas seulement une scène de violence ; c’est une scène de communication impossible. Chacun vient avec son système d’explication, sa morale, sa cosmologie. Chacun veut imposer au monde une cohérence totale. Et cette quête de cohérence, au lieu de délivrer, déshumanise. La personne se vide, elle devient l’avatar de son récit.
L’idée la plus forte de Bugonia est peut-être que la certitude mordicus n’est plus seulement une erreur ou une pathologie, mais qu’elle est devenue, au temps de l’information en continu et des réseaux sociaux, une puissance structurante. Une architecture qui donne une forme positive à l’angoisse. Teddy n’est pas un simple “imbécile” à moquer ; il est l’exemple d’une conscience violentée depuis l’enfance, qui se reconstitue à partir d’un besoin violent de sens. Là où la vie a été écrasée – par la pauvreté, l’humiliation, l’impuissance, une mère délirante, un auxiliaire à domicile qui le gardait enfant et abusait de lui avant de devenir policier – une théorie totalisante vient proposer un ordre, un ennemi, une mission. Le complotisme, ici, n’est pas réduit à un gag ; il est montré comme un refuge mental qui finit par exiger des sacrifices. Et ce qui rend l’observation plus inquiétante, c’est que la violence n’apparaît pas comme un dérapage ; elle apparaît comme une conséquence logique. Dans les pas de Dostoïevski, chez qui Ivan Karamazov affirme que “si Dieu n’existe pas, alors tout est permis”, le récit de Lánthimos dit : “Si On sauve l’humanité, alors tout est permis”.
Dans ce cadre, Yórgos Lánthimos refuse, en même temps, de transformer l’élite en simple contre-champ moral. Michelle n’est pas la figure de la raison face à la folie ; elle est une autre forme de certitude, autrement armée. Elle représente le cynisme d’une machine axiologique, un monde où la valeur se mesure, où l’humain se gère, où le discours se performe. Elle est parfaitement intégrée à un système vidé de sens, et ce vide n’est pas un manque : c’est une stratégie. Là encore, la personne se vide, mais dans l’autre direction ; non plus vidée par la misère et la rage, mais vidée par la maîtrise et l’impunité. Le film n’oppose pas la folie au bon sens , il oppose deux manières d’être possédé par un récit, deux formes de mise en marionnette. La tragédie, chez Lánthimos, n’est pas seulement que les gens se déchirent, mais qu’ils se déchirent au nom de récits qui les dépassent, et qui finissent par parler à leur place.
Ce face-à-face fonctionne d’abord parce que les acteurs y sont prodigieux. Emma Stone, une fois de plus, ne “joue” pas seulement, elle compose un organisme social. Son regard, sa diction, son économie de gestes, tout fabrique une souveraineté froide, presque inhumaine, qui fascine autant qu’elle révolte. Jesse Plemons, lui, apporte la dimension tragique du film en donnant à Teddy une intensité sourde, une fragilité presque enfantine, une violence qui semble toujours à deux doigts de se renverser en pleurs. Ce n’est pas un duel de “bons” et de “méchants”, c’est une collision de forces. L’histoire peut paraître simple, voire outrancière, mais l’affrontement est complexe, parce que les corps disent plus que les mots et les mots plus que les corps.
Bugonia adopte la forme de répétition des mots avec des interrogatoires, renversements, humiliations, nouvelles tentatives de convaincre, nouvelles scènes où chacun resserre sa logique. Cette répétition est brillante, car elle mime la mécanique de la certitude, ce disque rayé de l’époque où l’on n’écoute plus, où l’on récite, où l’on “prouve” à l’autre qu’il est fou. Mieux encore, Lanthimos la radicalise quelques instants jusqu’à ce que la mimésis devienne inertie ; le film donne alors l’impression de se complaire dans la boucle comme si l’enfermement mental devait se traduire en enfermement narratif. La mise en boucle se confond avec la stase et l’argument esthétique se paie d’un coût dramatique (le spectateur, lui aussi, doit éprouver l’épuisement).
Certains n’y verront qu’une satire socio-économique lourde, trop frontale, trop facile : rednecks contre élite, Big Pharma contre prolos complotistes, écologie en arrière-plan comme évidence morale. Là encore, le film marche sur une arête. Il vise tout le monde et tire sur tout être qui bouge. Pour autant, Lánthimos ne cherche pas seulement à dénoncer, il cherche à mettre en évidence un système afin de nous inviter à l’élucider. La satire, chez lui, n’est pas un discours ; c’est une opération ; il grossit les traits pour faire apparaître les structures. Certes, ce grossissement peut être reçu comme du mépris. Et le film, de fait, n’est pas un film charitable. Il a cette froideur glaçante que plusieurs spectateurs associent à Lánthimos : on admire, on rit, on s’inquiète, mais on ne se sent pas “pris dans les bras”. C’est une dissection, non une réconciliation.
Ce qui empêche la dissection de devenir pure démonstration, c’est la forme. Bugonia est un film d’atmosphère, de texture, d’angles. La mise en scène travaille l’enfermement ; l’espace se resserre, la lumière racle, la caméra observe avec une précision presque cruelle les micro-gestes de la domination. Les plans ne sont pas de simples cadres mais des instruments de pression. Bugonia est misanthrope, mais pas indifférent. Il regarde l’humain se défaire, et il en fait une expérience esthétique qui n’a rien d’un triomphe.
Reste la fin. C’est précisément ici que le film devient le plus intéressant. Il faut accepter de déplacer la question, car il ne s’agit pas de trancher “le vrai” du “faux”, mais de voir comment l’époque transforme cette distinction elle-même en champ de bataille.
Que Michelle (Emma Stone) soit ou non une extraterrestre est, au fond, une non-question. Et c’est précisément ce que Bugonia met en scène avec une lucidité presque cruelle. La question fonctionne comme le chat de Schrödinger : qu’il soit terrestre ou extraterrestre, vivant ou mort, n’altère en rien la structure du problème. Le film ne nous demande pas de trancher ; il nous montre que le fait même de vouloir trancher est déjà un piège.
Lorsque Michelle “sort de la boîte” sous la forme d’un artefact extraterrestre, Lanthimos n’opère pas un retournement réaliste, encore moins une validation tardive du délire complotiste. Il mobilise un artifice conceptuel, proche de la figure philosophique du mauvais génie : non pas une révélation, mais un opérateur apocalyptique. Une figure-limite chargée d’emmener à son terme la guerre des discours — non en la résolvant, mais en la dissolvant dans la destruction collective.
C’est pourquoi le vaisseau extraterrestre est volontairement bricolé, artisanal, presque grotesque avec son esthétique néo-1970. Il ne cherche jamais la crédibilité. Il n’a aucune valeur réaliste, seulement une valeur opératoire et symbolique. Yorgos Lanthimos signale ainsi très explicitement que nous ne sommes pas dans un registre de science-fiction spéculative, mais dans une mise en abyme du conflit lui-même. Le vaisseau ne vient pas du ciel, il surgit du langage, de l’impasse discursive où les personnages — et, au-delà, notre époque — se sont enfermés.
Ce choix esthétique est capital, car il redouble et retourne la fausse opposition entre sciences “autorisées” et doxa populaire, entre rationalité institutionnelle et croyances complotistes (Zone 51, extraterrestres, manipulations occultes). Le film ne dit pas : “les uns ont tort, les autres ont raison”. Il montre que tous les porteurs de discours sur le monde, quel que soit leur registre — scientifique, technocratique, militant, complotiste, moral, écologique — sont désormais engagés dans une guerre de la vérité où l’enjeu n’est plus la justesse, mais la domination.
Dans Bugonia, la vérité n’est plus un horizon commun ; elle est devenue une arme de destruction massive.
C’est ici que le film touche à quelque chose de plus profond, et de plus inquiétant. Yórgos Lánthimos ne filme pas seulement une époque saturée de récits concurrents ; il filme l’effondrement d’un modèle ancien — que son origine grecque rend particulièrement sensible – le rapport socratique entre discours et vérité. Autrement dit, l’idée qu’une énonciation — par le dialogue, l’argumentation, l’examen critique — puisse encore produire du vrai, ou du moins du partageable.
Or, dans Bugonia, ce rapport est en crise terminale. Toute tentative d’énonciation est immédiatement contrée, neutralisée, invalidée. Chaque discours rencontre son contre-discours non comme débat, mais comme annulation. La parole ne vise plus à éclairer ; elle vise à disqualifier. Il ne s’agit plus de convaincre, mais de réduire l’autre au statut de marionnette — folle, manipulée, aliénée, dangereuse.
C’est en ce sens que le film est profondément nihiliste — mais pas au sens vulgaire d’un “tout se vaut”. Il met en scène une situation où plus rien ne peut valoir, parce que le dispositif même de production du sens est devenu inopérant. Le langage tourne à vide. Les personnages parlent beaucoup, mais aucun discours ne peut plus ouvrir une sortie. Ils sont enfermés dans une séquence close, autoréférentielle, où chaque affirmation renforce la violence au lieu de la dissiper.
Yorgos Lanthimos ne nous dit donc pas que l’humanité disparaîtra à cause d’extraterrestres, ni même à cause des complotistes ou des multinationales et du techno-capitalisme. Il dresse un constat bien plus dérangeant, l’humanité se dirige vers l’autodestruction parce qu’elle ne sait plus produire de vérité commune, parce que toute tentative d’énonciation est aussitôt perçue comme une agression ou une manipulation.
La fin de Bugonia n’est pas une prophétie mais une figure logique. La destruction du monde n’est pas une punition extérieure, mais l’aboutissement interne d’une guerre totale des discours. Quand tout est vérité, plus rien ne l’est. Et quand plus rien ne l’est, il ne reste que le geste final : le reset.
Le reset tranche au plan symbolique notre fatigue collective. Ce moment où l’humanité, saturée de récits et de violences légitimées donne l’impression de vouloir “rebooter” faute de savoir se réparer. Bugonia ne dit pas “le monde est foutu”. Il montre comment, à force de se battre pour des vérités incompatibles, nous devenons les figurants d’un monde déjà post-humain — et comment le nihilisme, une fois nommé, cesse d’être une tentation esthétique pour redevenir une question politique.
C’est pourquoi à mon avis, Bugonia ne fait nullement l’apologie du nihilisme, il en fait le diagnostic. Yorgos Lanthimos ne célèbre pas la fin de l’humanité, il montre le point vers lequel nous nous dirigeons lorsque le langage cesse d’être un lieu de rencontre pour devenir un champ de bataille permanent.
Nommer ce nihilisme, le rendre visible, le pousser jusqu’à son image-limite, n’est pas un geste de complaisance. C’est un geste d’alerte. Le film agit comme un miroir noir. il ne propose aucune solution, aucune rédemption, parce que ce serait mentir sur l’état du monde qu’il observe. Il montre une impasse — et nous laisse face à la responsabilité d’en reconnaître la réalité.
En ce sens, Bugonia n’est pas un film “à twist”, ni même un film “à message”. C’est un film sur l’impossibilité contemporaine du message lui-même. Un film qui constate, avec une froideur clinique et une ironie désespérée que la guerre des vérités a remplacé la recherche du vrai — et que cette substitution pourrait bien être le véritable moteur de notre autodestruction. Bugonia filme un monde où l’on n’aime plus la vérité — non comme idée régulatrice mais comme horizon commun — et ce rejet fait qu’on ne sait plus quoi en faire, sinon s’en servir contre l’autre. Il filme un monde qui s’emploie à vider le concept même de vérité jusqu’à s’en débarrasser, une société où le monde des idées est en phase terminale. C’est ainsi que la farce (d’Aristophane) devient tragédie (de Laos).
« Bugonia » ?
Bugonia est un terme ancien issu du grec bous (le bœuf) et goneia (la génération, la naissance). Dans l’Antiquité — notamment chez Virgile, Aristote ou Pline l’Ancien — la bugonia désigne une croyance proto-scientifique selon laquelle des abeilles pouvaient naître spontanément de la chair en décomposition d’un bœuf sacrifié. Cette théorie aujourd’hui reconnue comme fausse n’en demeure pas moins fascinante, car elle témoigne d’une tentative ancienne de produire du vivant à partir du cadavre, de faire surgir l’ordre et la continuité depuis la destruction. La bugonia est ainsi un mythe de régénération par la mort, situé à la frontière du savoir, de la croyance et du rituel.
Le choix de ce titre par Yórgos Lánthimos est hautement significatif. Bugonia ne raconte pas l’invasion d’extraterrestres, mais la tentative désespérée d’une humanité en crise de sens de fabriquer un « reset », une renaissance artificielle, à partir de l’effondrement de ses propres régimes de vérité. Comme dans la bugonia antique, le dispositif est faux au plan scientifique, mais opératoire au plan symbolique. Le film suggère ainsi que, lorsque la vérité n’est plus aimée ni partagée, il ne reste parfois que des mythes de substitution — des récits apocalyptiques ou régénérateurs — pour tenter de donner une forme à la fin d’un monde.
La Fondation Lafayette Anticipations, dans le 4e arrondissement, présente l’exposition Ciel clair / eaux troubles de Steffani Jemison jusqu’au dimanche 8 février 2026. L’artiste américaine transforme l’espace en un champ de forces entre apesanteur, tension et mémoire, invitant à percevoir autrement ce qui nous retient, ce qui nous relie et ce qui nous met en mouvement.
Pour cette exposition personnelle, l’artiste Steffani Jemison, à la fois écrivaine et éducatrice, poursuit sa recherche sur les dynamiques du corps en mouvement et sur les contraintes invisibles qui l’influencent.
L’exposition, intitulée Ciel clair / eaux troubles, se déploie comme un paysage sensible où les éléments — air, eau, lumière — deviennent des acteurs à part entière. Les œuvres de Steffani Jemison convoquent la perception autant que l’émotion : le public est invité à ralentir, à écouter les frémissements du monde, à prêter attention aux tout petits gestes qui traduisent des états intérieurs. L’artiste tisse un dialogue entre sculpture, image en mouvement et performance, à la frontière du visible et du ressenti : chaque geste devient un signe, une oscillation, une suspension, une impulsion.
Technique d’impression lenticulaire (2025) : deux images sont découpées en fines bandes, puis assemblées sous de petites lentilles transparentes.Tempesta (2025) : girouette-autoportrait surmontée d’une flèche ornée d’un bras et d’un visage.
Les vidéos et projets multimédias de Steffani Jemison explorent la relation entre l’incarnation noire, les cultures sonores et les pratiques vernaculaires, et leur dialogue avec le modernisme et l’art conceptuel.
Steffani Jemison questionne la liberté de mouvement — celle des corps, mais aussi celle des pensées. En plaçant la gravité au centre, elle explore le rapport entre contrainte et libération, poids et légèreté, ancrage et élan.
Éléments réutilisés d’une exposition à l’autre : matériaux (acier, verre, quincaillerie) et peinture.
Biographie :
Steffani Jemison est née en 1981 en Californie, aux États-Unis. Elle est titulaire d’une licence en littérature comparée de l’Université Columbia (2003), puis d’un master en beaux-arts de la School of the Art Institute of Chicago. Elle est professeure adjointe en médias au département art et design de la Mason Gross School of the Arts (Université Rutgers). Aujourd’hui, elle vit et travaille à New York.
Le travail de Steffani Jemison s’enracine dans une tradition du militantisme noir américain et interroge les notions de déconstruction et d’improvisation, ainsi que certains récits hérités des Lumières. Parmi ses œuvres : Maniac Chase (2008–2009), Escaped Lunatic (2010–2011), Stroke et You Complete Me (2013), Projections, Personal et Personal (vidéo, 2014), Promise Machine (2015) et Prime (2016).
Infos pratiques :
Exposition Steffani Jemison, Ciel clair / eaux troubles jusqu’au dimanche 8 février 2026 Lafayette Anticipations — 9, rue du Plâtre — quartier du Marais, 4e arrondissement de Paris
Horaires : du mercredi au dimanche, de 14 h à 19 h — fermé lundi et mardi Entrée libre et gratuite
À noter : Lafayette Anticipations a été créée en octobre 2013 par le Groupe Galeries Lafayette.
En ces moments de fêtes, la table se fait, plus qu’à tout autre moment de notre vie, acte de communauté familiale et sociale. Elle rassemble, relie, pacifie. De tout temps, le repas est apparu comme un moment privilégié de la vie en société : une cérémonie où se renforcent les amitiés, où se célèbrent les événements heureux, qu’ils relèvent de la sphère privée ou de la vie publique.
Jean Muret le rappelle avec force dans son Traité des festins, publié en 1682 et aujourd’hui judicieusement réédité : le festin n’est pas un simple agrégat de mets, mais un fait social total, une scène où se joue l’équilibre entre le corps et l’âme.
Cette conception traverse toute l’histoire de la gastronomie. Jean-Anthelme Brillat-Savarin, que nous évoquions récemment dans Unidivers, souligne à son tour le rôle central de l’amphitryon et le soin qu’il doit porter à l’accueil de ses convives :
« Celui qui reçoit ses amis et ne donne aucun soin personnel au repas qui leur est préparé n’est pas digne d’avoir des amis. »
Derrière l’aphorisme se dessine une conviction durable : si l’art culinaire constitue la base de toute gastronomie, la salle à manger en est la sphère immédiate d’épanouissement, à la fois sociale, symbolique et presque mystérieuse.
Du faste à l’ordonnancement : l’évolution des services de table
À l’image de la cuisine, la physionomie des repas n’a cessé d’évoluer au fil des siècles. La mutation la plus radicale intervient au XIXᵉ siècle, mais elle s’inscrit dans une longue tradition.
Sous l’Ancien Régime domine le service « à la française » : plusieurs plats sont présentés simultanément et laissés au libre choix des convives. Ce mode de service sacrifie au faste et à la magnificence. La table se couvre alors de plats nombreux, mais aussi de surtouts, de corbeilles de fleurs, de candélabres, de porcelaines, sans oublier les pièces montées, parfois spectaculaires, destinées à demeurer visibles jusqu’à la fin du repas.
Un repas complet comporte ordinairement quatre services, chacun pouvant réunir, selon le nombre des invités, jusqu’à quarante-trois plats. Le premier, réservé aux potages et hors-d’œuvres, est disposé avant l’entrée des convives ; le second accueille les grandes pièces de viande et les salades ; viennent ensuite les légumes et entremets salés ; enfin, le quatrième service est consacré aux desserts, œuvres des pâtissiers et des confiseurs.
Le service « à la russe » : modernité et rationalité
Au XIXᵉ siècle s’impose progressivement une pratique qui nous semble aujourd’hui évidente : servir les plats l’un après l’autre. C’est le service « à la russe », introduit en France par le prince Kourakine, ambassadeur du tsar Alexandre Iᵉʳ à Paris.
Ce mode de service marque un nouveau triomphe du raffinement : les plats, moins nombreux, sont servis chauds et « à point » ; l’ornementation de la table s’allège, devenant luxueuse sans ostentation. Grimod de La Reynière et Carême y voient aussitôt un progrès réel. Pourtant, la transition est lente : les deux types de service coexistent durant une grande partie du XIXᵉ siècle, et ce n’est qu’après 1870 que le service « à la russe » s’impose définitivement.
Cette évolution modifie profondément la composition des menus, désormais plus rationnels et équilibrés. Les plats n’étant plus présentés simultanément, il devient nécessaire d’annoncer leur succession : les menus imprimés font alors leur apparition, bientôt illustrés. De simples feuillets fades et conventionnels à l’origine, ils deviennent, à la fin du siècle, de véritables objets d’art décoratif.
Le Traité des festins : un codex moral et social
Publié à Paris chez Guillaume Desprez en 1682, le Traité des festins de Jean Muret constitue une sorte de codex. Réédité à partir de l’édition originale par la BNF-Gallica, ce petit volume, dédié à François d’Aubusson, propose une réflexion théorique sur les festins, qu’il définit comme « l’âme de la société civile ».
Pour Muret, le festin doit rassasier pleinement « les deux parties essentielles de l’homme : son corps et son âme ». Après avoir défini sa fonction sociale, il passe en revue les différentes formes d’agapes : festins de naissance, de noces, militaires ou rustiques. Il en examine les usages, les règles de bienséance, et conclut par des « réflexions chrétiennes pour éviter tous les désordres des festins ».
L’ouvrage se distingue aussi par son ampleur comparative. Muret convoque l’Antiquité grecque et latine, les références bibliques, mais aussi les mœurs épulaires des Perses, des Turcs, des Scythes, des Moscovites, des Lapons, ou encore des Allemands. Il en a pleinement conscience : son traité présente un intérêt ethnographique certain, même s’il le considère comme secondaire face à son ambition morale.
« J’espère que l’on me saura gré, écrit-il, non seulement de la peine que j’ai prise pour donner aux Français le divertissement de voir manger les nations les plus civilisées de la terre […], mais d’avoir publié cet ouvrage dans une saison où il semble que l’on ait besoin de ces sortes d’exemples pour goûter tous les plaisirs de la bonne chère, et pour éviter les excès qui s’y commettent ordinairement. »
Une leçon toujours actuelle, à l’heure où la table demeure, plus que jamais, un lieu de partage, de transmission et de civilité.
Jean Muret, Traité des festins, 1682, rééd. Hachette-BNF, 2016, coll. « Littérature », EAN : 9782013605083 — Prix indicatif : 21,50 €.
À trois mois des élections municipales de mars 2026, Rennes s’apprête à vivre un scrutin décisif. Ville depuis longtemps bastion socialiste, la capitale bretonne voit s’aiguiser les appétits et se multiplier les candidatures. Dans un contexte social marqué par la crise du logement, la précarité étudiante et les débats relatifs à la sécurité, ce scrutin pourrait reconfigurer durablement l’équilibre politique rennais. En attendant les différents projets municipaux, le jeu des alliances a eu lieu et aura encore peut-être lieu…
Repères – Municipales 2026 à Rennes
Dates : 15 & 22 mars 2026 (décret du 27 août 2025).
Gauche PS : Nathalie Appéré a annoncé se présenter à un troisième mandat le 20 novembre 2025.
Centre-centre-droit : Charles Compagnon (Horizons) a fusionné sa liste le 24 septembre avec Carole Gandon (Renaissance), le MoDem 35 (Boucher et Vedrenne) ainsi que l’UDI [centre-droit humaniste de Hervé Marseille], Démocrates et progressistes Territoire de Progrès [centre-gauche de Jean-Yves Le Drian] et le Parti Breton [centre-gauche autonomiste] dans le collectif Vivre Rennes dès le premier tour.
Gauche EELV : projet porté collectivement par la liste Confluences (soutenu par UDB et Nouvelle Donne) ; deux porte-paroles : Gaëlle Rougier & Priscilla Zamord. Mais ralliement à la liste Appéré le 18 octobre 2025, les écologistes rennais réunis dans le collectif Confluences (EELV-UDB-ND) ont validé une alliance avec le Parti socialiste dès le premier tour.
Extrême-gauche LFI : Marie Mesmeur & Gwénolé Bourrée désignés chefs de file (juin 2025). Marie Mesmeur est désignée tête de liste le 21 novembre 2025.
Extrême-gauche PC : Yannick Nadesan, tête de file du PC rennais, se rallie à la liste PS le 14 novembre.
Liste gauche-extrême-gauche-autonomiste PS–EELV–PC-UDB : Alliance officialisée avec les écologistes et UDB le 18 octobre 2025 puis avec les communistes le 14 novembre.
Droite LR : Thomas Rousseau conduit la liste « L’Espoir rennais » (Les Républicains).
Extrême-droite RN : Julien Masson, tête de liste officielle avec l’intégration d’un ex-directeur de la police dans l’équipe pour crédibiliser le thème sécurité.
Liste citoyenne : initiatives indépendantes en cours de structuration, impact à confirmer. Le Parti animaliste constitue une liste nationale, liste rennaise à confirmer. Erell Duclos est tête de liste du collectif trotskyste révolutionnaire Révolution Permanente. –> Rappel des règles du scrutin : Une liste doit atteindre 10 % pour se maintenir au 2e tour, 5 % pour fusionner avec une autre. La répartition des sièges se fait avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête, puis répartition des sièges restants à la proportionnelle.
Le comité électoral de LFI a confirmé le 21 novembre 2025 la députée Marie Mesmeur (1ère circonscription d’Ille-et-Vilaine) tête de liste pour conduire la campagne rennaise. Mais la partie est loin d’être gagnée pour LFI, notamment en raison du clivage que suscite dans l’opinion le leadership contesté de J.-L. Mélenchon et des fortes dissensions internes que connaît la section de Rennes. Ainsi, l’insoumis Ulysse Rabaté, battu lors de la désignation des chefs de file de LFI Rennes, mène sa propre liste « Rennes Commune »..
Samedi 18 octobre 2025, les écologistes rennais réunis dans le collectif Confluences (EELV-UDB-ND) ont validé une alliance avec le Parti socialiste dès le premier tour. Les militants de LFI accusent mal le coup car ils savent que leur chance d’obtenir des positions futures est désormais réduite. Les vieux copains écolos ont préféré jouer la carte de la majorité plutôt que d’opter pour une alliance avec une section LFI rennaise minée par les guerres intestines. C’était attendu et de bonne guerre politicienne…
6 novembre 2025 – Présentation de Julien Masson comme tête de liste RN à Rennes avec l’intégration d’un ex-directeur de la police dans l’équipe afin de crédibiliser le thème sécurité.
14 novembre 2025 : sur les 127 adhérents qui constituent la section du PC à Rennes, 117 militants communistes se sont exprimés pour rejoindre la liste de la majorité municipale sortante, qui a accepté.
14 novembre 2025 : Charles Compagnon, 52 ans, conseiller municipal d’opposition et entrepreneur rennais, annonce officiellement sa candidature à la mairie de Rennes pour les municipales de 2026, depuis la dalle Kennedy à Villejean, lieu de la fusillade du 17 avril. Il fait de cet épisode un moment fondateur de son engagement contre la peur et le sentiment d’abandon dans les quartiers populaires. Il oppose sa « méthode Compagnon » – écoute de terrain, débats assumés, propositions concrètes – à ce qu’il décrit comme « onze ans de renoncements » et de communication sous Nathalie Appéré, qu’il accuse de déni au sujet de l’insécurité, de la saleté, de la bétonisation, de l’urbanisme, des finances et de la dégradation des services publics.
Son projet s’articule autour de trois priorités :
Un cadre de vie qui protège et rassemble – Doublement et armement de la police municipale, formation renforcée – Extension de la vidéoprotection et « tolérance zéro » pour les incivilités – Création de quatre commissariats mixtes (police nationale + municipale) à Villejean, Maurepas, le Blosne et Cleunay, afin que « la peur change de camp ».
Une ville durable, apaisée et accessible – « Écologie du quotidien » avec plus d’îlots de fraîcheur et d’espaces verts, désimperméabilisation des sols – Arrêt de la bétonisation jugée « non concertée », limitation des tours – Logements accessibles pour ménages et étudiants, mobilités facilitées et réseau express vélo renforcé.
Une ville qui travaille et qui rayonne – Lutte contre un chômage pouvant atteindre 30 % dans certains quartiers en reconnectant entreprises, écoles et jeunesse – Soutien aux artisans, commerçants, associations, développement industriel et technologique (références à « Safran 2, 3 et 4 ») – Défense de la patinoire Le Blizz, volonté d’un grand stade et d’un Zénith pour renforcer le rayonnement culturel et sportif de Rennes.
Au plan politique, Charles Compagnon (voir notre chronique de son livre de campagne) promeut la bannière « Vivre Rennes ! » avec Carole Gandon et un rassemblement qu’il présente comme inédit, lequel va de la social-démocratie à la droite républicaine et à la société civile, sans alliance avec « les extrêmes ». Il décrit ce bloc comme une union de conviction, opposée aux « alliances de façade » qu’il attribue à la majorité actuelle. Il se pose en candidat du terrain et des habitants plutôt que des partis, et conclut sur un appel à « l’alternance » et à un « nouveau souffle » pour que les Rennaises et les Rennais puissent « Vivre Rennes pleinement, librement, ensemble ».
Mercredi 17 décembre, plusieurs figures de la droite et du centre rennais ont annoncé dans un communiqué de presse leur soutien à la liste de Compagnon (voir au pied cet article)*.
Jeudi 20 novembre 2025
La maire socialiste de Rennes, Nathalie Appéré, a mis fin au faux suspense en confirmant, au Grand Huit de Rennes, devant la presse invitée, qu’elle comptait briguer un troisième mandat lors des municipales de 2026, tout en donnant « rendez-vous en janvier » pour l’officialisation de sa candidature et le lancement formel de sa campagne.
Nathalie Appéré et douze formations de gauche et d’extrême-gauche, notamment communiste et écologiste, lancent « Rennes Solidaire », plateforme commune en vue des municipales de mars 2026. Autour du Parti socialiste, des militants écologistes, du PCF, de Génération•s, de Place Publique, du Mouvement radical, de l’UDB, de Nouvelle Donne et de plusieurs collectifs citoyens, cette union revendique un socle de valeurs partagé : égalité, justice sociale et climatique, défense des services publics et des communs. Nathalie Appéré a confirmé qu’« au moment venu » elle sera candidate pour un troisième mandat, en s’appuyant sur un bilan qu’elle juge cohérent (végétalisation, logements, mobilités, éducation, santé) et sur la promesse d’amplifier la transformation de la ville. Dans les semaines à venir, Rennes Solidaire engagera une large démarche de concertation avec les habitants (réunions, échanges, contributions citoyennes) afin de construire un programme jugé ambitieux et fidèle à « l’esprit d’ouverture et de partage » de Rennes. A suivre…
…en janvier, soit quelques semaines avant les élections, pour découvrir le programme de la liste rouge-rose-verte-autonomiste-bretonne.
Alors ?…
…Quel scénario pour le premier tour à Rennes ?
Des facteurs pondérants -> La forte croissance démographique, la crise du logement et la précarité étudiante influenceront le scrutin, tout comme la sécurité.Les Rennais restent en attente du projet municipal de chaque liste. -> Si les projets municipaux s’avèrent peu convaincants ou, pire, anémiés car au seul service du jeu des alliances, cela n’ajoutera qu’au désintérêt, voire au dégoût des électeurs à l’égard des candidats et de cette élection*. -> En fonction, des jeunes et moins jeunes inscrits issus des quartiers estudiantins ou prioritaires de Rennes vont-ils se mobiliser ? C’est une importante variable imprévisible du scrutin. -> Le cas échéant, leur vote ira à LFI (Français d’origine immigrée aux revenus faibles ; en particulier de confession musulmane qui exprimeront leur soutien à Marie Mesmeur après sa participation à la flottille pour Gaza) et au RN (Français d’origine locale déclassés et une partie de jeunes de 18 à 24 ans qui éprouvent un sentiment d’abandon peu ou prou corrélé à une islamisation de la société et à une explosion de la délinquance que la municipalité comme la préfecture bretonnes peinent à endiguer). -> Pour autant, dans un climat socialement tendu, les craintes économiques nationales et géo-stratégiques pourraient inciter certains électeurs ancrés à gauche mais hésitants à privilégier la stabilité républicaine incarnée par Nathalie Appéré au détriment de l’alternative LFI radicale. A contrario, des écolos déçus par la politique de la majorité vont voter LFI.
> Bref, il y aun delta d’au moins 7 % d’électeurs susceptibles de voter aussi bien LFI que PS–PC–EELV–UDB. Ils seront l’objet de toutes les convoitises des militants des deux bords durant la campagne, car leur vote au premier tour constituera une variable capitale dans la confirmation de l’alliance PS–PC–EELV–UDB.
Voilà nos projections des tendances du premier tour [à l’heure actuelle*] :
La liste rouge-rose-vertePC – PS – EELV – UDB pourrait atteindre entre 38 et 45 %. À l’extrême gauche radicale, LFI (Mesmeur/Bourrée ) entre 10 et 15 % et quelques voix à Ulysse Rabaté et Erell Duclos. La coalition centre-droit, la liste de Charles Compagnon, Carole Gandon, M.-P. Vedrenne et Nicolas Boucher peut espérer 28 à 34 %. À droite, le LR Thomas Rousseau avec sa liste L’Espoir rennais serait entre 4 et 6 %. Enfin, à l’extrême droite, le RN de Julien Masson pourrait franchir le seuil des 5 % (et même largement en cas de la dégradation du rapport à l’islam chez une partie croissante de Français et d’accélération de la narco-criminalité à Rennes).
Au second tour, la triangulaire suivante paraît [à l’heure actuelle] probable :
Cela étant, si LFI ne passait pas la barre des 10 % au premier tour ou bien en raison d’une alliance de circonstance avec le PS (leurs représentants respectifs se détestent chaudement, mais l’appât du gain pourrait se révéler le plus fort), on aurait la situation suivante :
Et, en cas de duel :
PS–EELV–PC–UDB–(LFI) (54-59 %) et coalition centre-droit-droite (41–46 %).
Autre alternative peu probable, mais pas improbable :
Une alliance du LR Thomas Rousseau avec le RN Julien Masson. Si les deux listes étaient conduites à dépasser les 5 % au premier tour, ce qui est possible. Ces deux têtes de liste pourraient vouloir tenter de négocier avec la droite du centre droit, mais la vision politique des cadres centristes-centre-droit de Vivre Rennes étant tout à fait républicaine, le trio Compagnon-Gandon-Boucher est incompatible avec des idées extrémistes (d’extrême droite tout autant que d’extrême gauche). En pratique, une liste LR–RN au second tour réunirait, à notre avis, beaucoup moins de votes que le cumul de leurs deux scores respectifs obtenus au premier tour. En revanche, cela finirait d’assurer la victoire de l’arc gauche–ecolo-communiste conduit par Nathalie Appéré.
–> Par ailleurs, en 2026, à Rennes comme ailleurs, la question n’est plus seulement de savoir qui s’alliera avec qui, mais qui est prêt à signer noir sur blanc un socle minimal en réponse aux aggressions de Poutine.
Dès lors, une exigence élémentaire devrait s’imposer à tous les candidats — notamment aux candidats PC, LFI et RN — un engagement public d’opposition à la Russie poutinienne et de soutien à l’Ukraine. À l’heure où la perspective d’un conflit prolongé avec Moscou ne relève plus de la fiction, il serait paradoxal que Rennes se choisisse une majorité locale floue ou ambiguë sur ce point.
Charte d’engagement en réponse aux agissements hostiles de Moscou
Nommer le régime Reconnaître explicitement que la Russie postsoviétique de Vladimir Poutine est un régime autoritaire, responsable d’une guerre d’agression contre l’Ukraine et qu’elle représente aujourd’hui une menace majeure pour la sécurité nationale et européenne.
Reconnaître le droit de l’Ukraine à se défendre Affirmer sans ambiguïté que l’Ukraine a le droit de défendre son intégrité territoriale et que la France et l’Europe ont intérêt à ce qu’elle ne soit pas réduite à un protectorat russe.
Refuser toute dépendance envers Moscou S’engager à ne solliciter ni accepter aucun financement, direct ou indirect, lié à des intérêts russes et/ou au pouvoir poutinien, et à rendre publiques toutes les relations officielles entretenues avec ses représentants.
Ne pas relayer la propagande du Kremlin S’interdire de reprendre les éléments de langage russes (dénazification, relativisation des crimes de guerre, inversion des responsabilités) et s’engager à lutter contre les relais de désinformation pro-Kremlin et toute forme d’ingérence.
Assumer la solidarité avec les victimes du régime Affirmer le soutien durable aux Ukrainiens, aux opposants russes et aux exilés des régimes alliés de Moscou, y compris à l’échelle locale (accueil, coopération, mémoire), comme un devoir politique et moral.
*
Données de référence Population de Rennes (2025) : ~226 000 habitants. Population majeure (18 ans et +) : environ 170 000 personnes. Inscrits sur les listes électorales (2020) : ~111 000. → Cela signifie qu’environ 35 % des majeurs rennais n’étaient pas inscrits (soit par choix, soit par déménagement non signalé, soit par désintérêt).
Impact sur la légitimité électorale Prenons le scénario le plus “fort” de ces 20 dernières années à Rennes : Daniel Delaveau en 2008 : 39 500 voix. Rapporté aux inscrits : 36,5 %. Rapporté à l’ensemble des majeurs (inscrits + non-inscrits) : environ 23 %.
Le cas le plus faible : Nathalie Appéré en 2020 : 32 528 voix. 65,35 % au 2d tour Rapporté aux inscrits : 29,3 %. Rapporté à l’ensemble des majeurs : 19 %. Abstention : 68,32 %
Avec abstention seule, un maire de Rennes est élu avec autour de 1/3 des inscrits. Avec abstention + non-inscrits, entre 19 et 23 %.
Municipales 2020 (1er tour, liste EELV seule menée par Matthieu Theurier) Résultat : 25,4 % des exprimés Voix : 11 725 Inscrits : ~111 000 Abstention : 63 % → 10,5 % des inscrits → environ 6,9 % des majeurs rennais (si on rapporte aux ~170 000 adultes)
* En 2014, près de la moitié des Rennais se sont abstenus de voter et 68,32 % en 2020 (le COVID n’a pas aidé). Ce qui aurait dû et devrait alerter quant à la crise de la représentation élective en France et la nécessaire refondation plus élargie, plus populaire et dynamique de l’expression politique. Pourtant, peu de choses bougent, la classe politique française et ses 600 000 élus ne se remettent pas ou que peu en question, la moyenne générale des qualités intellectuelles et des capacités visionnaires des élus accuse un large repli aux yeux de l’opinion qui se méfie toujours plus du personnel politique, et le militantisme politique est en train de se recomposer dans de nouvelles expressions en communautés et réseaux en marge des processus institutionnels hérités de la Ve République.
La France compte 600 000 élus pour 69 millions d’habitants ; la Chine compte 2,6 millions d’élus (soit 4 fois plus) pour une population de 1,4 milliard (soit 20 fois plus). À la Chambre des représentants américaine, on trouve 435 représentants et au Sénat, 100 sénateurs. En France, entre l’Assemblée nationale et le Sénat, on arrive à 925 parlementaires, soit 1,7 fois plus qu’aux États-Unis pour une population 5 fois inférieure. Bref, on a 1 élu pour 100 habitants en France contre 1 pour 500 en Allemagne, 1 pour 550 en Chine, 1 pour 600 aux États-Unis. La réduction en France à 150 000 élus entraînerait une économie annuelle de 4 milliards d’euros selon la fondation IFRAP.
* Mercredi 17 décembre, plusieurs figures de la droite et du centre rennais ont annoncé dans un communiqué de presse leur soutien à la liste VIVRE RENNES ! : Droite (droite républicaine / LR / UMP, etc.)
Aude Bouvet : droite (candidate UMP aux législatives 2012).
Mahé Gargam : droite (candidat LR aux législatives 2024 – nuance LR).
Joëlle Le Gall : droite (candidate LR aux législatives 2024 – nuance LR).
Matthieu Guillemin : droite (référencé UMP dans des scrutins cantonaux).
Centre-droit / centre (UDF/UDI/MoDem/“droite et centre”, listes d’union locale)
Pierre Abegg : centre-droit (historiquement UDF, et inscrit sur la liste Compagnon 2020).
François Danchaud : centre-droit (profil “maison Méhaignerie” : tradition démocrate-chrétienne/centriste de droite).
Amélie Dhalluin : centre-droit (nuance DVD en départementales, et présente sur les listes locales de l’opposition de droite/centre).
Clarisse David : centre-droit (issue de la liste d’opposition municipale de droite/centre autour de Bruno Chavanat).
Hedwige de Villartay : centre-droit (même logique : liste Chavanat en 2014).
Gurval Guiguen : centre-droit (présent sur listes d’union de droite/centre à Rennes).
Les calvaires en France comptent parmi les grands marqueurs du christianisme populaire : ils structurent les paysages, fixent des mémoires locales, et disent autant une foi qu’une manière de représenter la mort, la souffrance et l’espérance.
Beaucoup remontent au Moyen Âge, mais nombre ont été édifiés ou remaniés aux XVIe–XVIIe siècles, et très souvent reconstruits au XIXe siècle. La Bretagne compte plus de 20 000 croix et calvaires qui émaillent son paysage. Datant pour certains de plus de cinq siècles, sept d’entre eux sont de très grande taille : ce sont les calvaires monumentaux, un ensemble exceptionnel à l’échelle de la France. Une association de sauvegarde prend soin d’eux.
Jadis, on se rassemblait autour des calvaires lors de divers événements : fête paroissiale, temps de prière, pardon en Bretagne, mais aussi rendez-vous de communauté à l’occasion des travaux agricoles, des vendanges ou lorsque l’on implorait une bonne récolte. On leur attribuait volontiers une fonction protectrice, face aux intempéries, aux maladies, aux malheurs du temps, et, plus largement, à l’inconnu qui vient de l’extérieur. Beaucoup de calvaires ont été détruits au cours de la Révolution française ; nombre d’entre eux ont ensuite été restaurés ou rebâtis, notamment dans la seconde moitié du XIXe siècle, au moment d’un grand mouvement de renouveau religieux et de missions paroissiales.
Fouesnant (29)
Leuhan (29)
Saint-Guy (22)
Cruguel (56)
L’Hermitage (35)
Il y a une différence entre un calvaire et une croix : une croix est un symbole, tandis qu’un calvaire comporte une croix portant un crucifix (Jésus-Christ cloué sur la croix), parfois accompagné d’autres scènes ou personnages. Tout au long des chemins, dans les villages et hameaux, les croix se rencontrent par milliers dans chaque département breton : autant de signes, de repères, et souvent de guides pour les pèlerins. Érigées par le clergé ou par les fidèles, les croix de dévotion implantées sur des hauteurs dominant les bourgs et les villages peuvent aussi marquer des itinéraires de pèlerinage. D’une grande diversité, elles témoignent de l’empreinte durable du christianisme au cœur de la région. Les croix jouaient également un rôle de repère à l’approche d’un village ou à un croisement de routes. De nos jours, elles sont très souvent entretenues par les habitants, des associations ou des communes.
Les croix en Bretagne
Un grand nombre de calvaires bretons ont été érigés pour demander à Dieu sa protection lors de grandes épidémies, notamment au tournant de l’année 1598, ou en action de grâce lorsque le fléau semblait reculer. La peste est d’ailleurs à l’origine de la construction du calvaire monumental de Plougastel-Daoulas. Longtemps, certaines croix et certains calvaires ont porté le nom breton de Kroaz ar vossen, qui signifie « croix de la peste ».
La peste en Bretagne
La peste à Rennes (35)
La peste à Rennes
Les grands calvaires appelés calvaires monumentaux sont un patrimoine emblématique de la Bretagne. Ils ont été construits principalement entre le milieu du XVe siècle et le début du XVIIe siècle et témoignent de la prospérité d’une population très pieuse, dans un contexte où les échanges maritimes et l’industrie de la toile enrichissaient une partie du territoire. Au nombre de sept, un seul se trouve dans le département du Morbihan, à Guéhenno, tandis que les six autres se situent dans le département du Finistère, dans les communes de Plougastel-Daoulas, Saint-Jean-Trolimon (Tronoën), Pleyben, Guimiliau, Saint-Thégonnec Loc-Eguiner et Plougonven. Ils racontent un âge d’or, mais portent aussi la mémoire d’épreuves collectives — notamment les épidémies — qui ont profondément marqué les communautés.
Le calvaire monumental de Plougastel-Daoulas
La commune de Plougastel-Daoulas a été durement éprouvée par l’épidémie de peste de 1598. Le calvaire, bâti entre 1602 et 1604, est traditionnellement présenté comme un ex-voto lié à la fin du fléau. La statuaire, autrefois polychrome, compte plus de 180 statues, en grande partie taillées dans la pierre de kersanton (Finistère). Le Christ crucifié est entouré de figures majeures de la Passion, dont Longin et le Centenier, Jean, Marie et Marie-Madeleine. On remarque aussi de petites excroissances sur certains corps : ce sont des bubons figurés, rappel explicite de la maladie. Le plan du monument, octogonal et prolongé par des ailes, est conçu pour être lu comme un récit : un escalier permet d’accéder à la plateforme d’où l’on prêchait. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le calvaire a subi de lourds dommages (août 1944). Un officier américain, John Davis Skilton, conservateur de musée dans le civil, a joué un rôle décisif dans la mise à l’abri des fragments et la mobilisation en faveur de sa restauration.
Plougastel-Daoulas
Le calvaire de Saint-Jean-Trolimon (Tronoën)
À Saint-Jean-Trolimon, près de la chapelle de Tronoën, face à la baie d’Audierne, se dresse le calvaire monumental réputé le plus ancien des sept. Sa construction est généralement située entre 1450 et 1470. Autour de son socle, plusieurs scènes retracent des étapes de la vie du Christ, réparties sur plusieurs registres superposés. Le massif est surmonté des trois croix de la Crucifixion. La statuaire mêle granite et kersanton. Parmi les scènes, on remarque notamment des anges recueillant le sang du Christ, la Nativité, ou encore un Baptême du Christ présenté à deux reprises. Soumis aux embruns et aux vents chargés de sable de la baie d’Audierne, le monument souffre d’une érosion importante.
Saint-Jean-Trolimon
Le calvaire de Pleyben
Il fait la réputation de l’enclos paroissial, impressionnant par sa grandeur et sa richesse. Construit en l’honneur de Dieu et de Notre-Dame, il a été remanié à plusieurs reprises. En 1650, le sculpteur Julien Ozanne intervient et réalise plusieurs scènes, dont la Cène, l’Entrée à Jérusalem et le Lavement des pieds. La figure de la Vierge de Pitié est particulièrement importante à Pleyben : on en retrouve plusieurs représentations. Le calvaire est déplacé en 1738 vers le sud-ouest, puis sa structure est remaniée jusqu’en 1743, période durant laquelle la porte monumentale adopte la forme d’un arc de triomphe. Le haut massif, avec sa trentaine de tableaux sculptés, joue un rôle majeur. Les statues paraissent clairsemées tant elles sont perchées sur une hauteur inhabituelle. Certaines sont en kersanton, d’autres en grès, un matériau plus fragile au regard de la conservation.
Le calvaire de Pleyben
Le calvaire de Guimiliau
Il a été réalisé entre 1581 et 1588. Ses sculptures relèvent de styles différents, ce qui laisse imaginer l’intervention d’au moins deux ateliers. Quatre contreforts, soutenus par quatre arcades imposantes, composent le massif. Un escalier donne accès à la plateforme d’où l’on pouvait prêcher. Une seule croix se dresse au sommet. Symbole de la Résurrection, le Christ se tient debout sur son tombeau. Environ 200 personnages mettent en scène de nombreux épisodes ; l’un d’eux est unique parmi les sept calvaires monumentaux : les Pèlerins d’Emmaüs. La croix du sommet a été restaurée en 1902 par le sculpteur breton Yann Larc’hantec (1829-1913).
Le calvaire de Guimiliau
Le calvaire de Saint-Thégonnec Loc-Eguiner
Il clôt symboliquement la grande période des calvaires monumentaux bretons. La base est rectangulaire en granite, formant un banc de faible hauteur. Les flancs s’élèvent ensuite avec peu de sculptures, mais, à l’ouest, un autel est surmonté d’une niche abritant la statue de Saint-Thégonnec, saint patron de l’église. Sur la table d’offrande, une quarantaine de personnages sont représentés. D’un style Renaissance, le calvaire ne comporte pas de scènes de l’enfance du Christ, mais de nombreuses scènes illustrent la Passion. Au pied de la colonne, Marie-Madeleine est visible sur le socle : elle lève la tête vers Jésus crucifié. Le sculpteur finistérien Roland Doré (1585-1663) a réalisé le groupe du Christ aux outrages : Jésus est entouré de deux bourreaux, dont l’un présente, selon une tradition souvent commentée, une ressemblance frappante avec Henri IV (1553-1610).
Le calvaire de Saint-Thégonnec Loc-Eguiner
Le calvaire de Saint-Thégonnec Loc-Eguiner
Le calvaire de Plougonven
Le grand calvaire de Plougonven a été réalisé en 1554 par les frères Bastien et Henry Prigent, dans leur atelier de Landerneau (29). Une dédicace gravée sur la croix centrale l’atteste. De plan octogonal, il occupe une place imposante dans l’enclos paroissial. Chaque angle est garni d’une petite colonne ronde. La tradition des volumes est respectée grâce à une élévation d’environ quatre mètres, composée d’un soubassement surmonté de corniches où reposent de petits personnages sculptés avec finesse, dominés par les trois croix de la Crucifixion. Les principales scènes de la mort du Sauveur y sont représentées. Certaines seront détruites pendant la Révolution française, puis reconstruites en 1897 par Yann Larc’hantec (1829-1913), sculpteur originaire de la commune. Parmi les scènes remarquables, on note celle du Diable de la tentation, au rictus grimaçant, qui ne peut échapper au regard.
Le calvaire de Plougonven
Le calvaire de Guéhenno
L’unique calvaire monumental du Morbihan est érigé en 1550 par un maître d’œuvre nommé Guillouic, en granite beige local à grain fin. Sa statuaire se déploie au-delà du monument, autour de l’autel, et donne à voir un véritable livre d’images : une catéchèse de pierre, pensée pour un peuple largement illettré. Pendant la Révolution française, à l’époque de la Terreur, l’ensemble est gravement endommagé. À partir de 1853, l’abbé Charles Jacquot entreprend une restauration majeure, aidé de son vicaire et grâce aux éléments conservés ou rassemblés par les paroissiens. Il recolle, redresse, sculpte aussi des compléments, et ajoute bas-reliefs, statues et colonnes, tout en poursuivant une ambition d’ensemble (ossuaire édifié derrière le calvaire en 1863). Le calvaire sera à nouveau rénové au début des années 2000 ; en 1999, un coup de vent endommage le Christ en croix.
Le calvaire de Guéhenno
Une association de sauvegarde a été créée en 2004 : l’Association des 7 calvaires monumentaux de Bretagne (Plougastel, Pleyben, Saint-Thégonnec-Loc-Eguiner, Plougonven, Guimiliau, Saint-Jean-Trolimon et Guéhenno). Elle est présidée par Louis Fagot, ancien maire de Guimiliau.
Des représentants de l’Association des 7 calvaires
Les objectifs de l’association sont l’entretien et la restauration des sept calvaires monumentaux, mais aussi leur mise en valeur : spectacles son et lumière racontant leur histoire et celle des communes ; illuminations estivales (et parfois en décembre, au moment des fêtes de fin d’année) ; actions de médiation ; et travaux autour de la polychromie ancienne, afin de rappeler qu’une partie de ces monuments furent autrefois peints.
L’association a également pour rôle l’apprentissage et la transmission de l’histoire — notamment aux jeunes générations — par le biais de l’art, de la culture et du développement de la fréquentation de ces lieux patrimoniaux.
Pleyben
Guimiliau
Plougastel
Saint-Thégonnec
L’Association des 7 calvaires monumentaux avec son président Louis Fagot (3e à partir de la gauche)
Festival Rue des livres 2026, la 18e édition aura lieu à Rennes, aux Cadets de Bretagne, les 14 et 15 mars 2026. Le festival dévoile ici son visuel 2026, signé Séverine Lorant des Ateliers Beaux Diables.
Après « Aventures » en 2025, la prochaine édition mettra à l’honneur les liens et l’amitié. Le nouveau visuel choisit un symbole simple et universel : la main, comme un geste de relation, de transmission, de soutien — et, au fond, comme une façon de dire que la lecture n’est jamais tout à fait solitaire. Poétiques et vivantes, ces mains semblent habitées par le regard curieux et attentif que l’on porte sur les autres, sur les histoires, sur le monde.
Au programme du festival : deux jours de fête autour du livre, de la lecture et de l’écriture, avec le salon du livre et ses 60 exposants (maisons d’édition, librairies, associations), des rencontres, des ateliers, des spectacles et des expositions… En compagnie de plus de 140 auteurs et illustrateurs. Gratuit et ouvert à toutes et tous.
Chaque mois de décembre, je reviens au même geste. Le beurre froid coupé en dés, la farine qui neige sur le plan de travail, et cette minute très particulière où la pâte passe du chaos poudreux à quelque chose d’unifié, de docile, de vivant. La pâte sablée, c’est un petit luxe d’hiver qui sent la maison, le calme, le four qui chauffe, les mains un peu froides qu’on réchauffe en travaillant. Doux, chaud, intime, une pointe de nostalgie au souvenir de ma grand-mère. Et surtout, elle a ce pouvoir simple qui est faire basculer la cuisine du côté de Noël. On n’est plus dans “je fais des biscuits”, on est dans “je fabrique des étoiles à croquer” !
La pâte sablée “qui ne trahit pas”
Je l’aime fondante mais nette, capable de garder une jolie découpe, sans durcir comme un galet. Une pâte qui se tient, mais qui s’effrite avec élégance, comme une promesse tenue.
Ingrédients (pour une belle fournée)
250 g de farine (T55, ou T45 si vous la voulez très fine)
125 g de beurre doux très froid (c’est le secret du sablé)
90 à 100 g de sucre glace (texture plus fondante qu’avec du sucre semoule)
1 œuf
1 pincée de sel
Au choix : vanille, zeste d’orange, zeste de citron, ou une pointe de cannelle
La méthode de mon père et de ma grand-mère
1) Je “sable” d’abord. Farine + sucre glace + sel, puis le beurre froid. Je frotte du bout des doigts. Ça devient une poudre fine, presque une plage d’hiver. C’est là que se joue le fondant.
2) J’ajoute l’œuf, et je m’arrête vite. On n’essaie pas de “pétrir”, on essaie d’assembler. Dès que la pâte se forme, je n’insiste pas : moins on la maltraite, plus elle est noble.
3) Je la laisse se reposer. Disque aplati, film, frigo minimum 1 heure. Pendant ce temps, la pâte se calme, se raffermit, et vous aussi.
4) J’étale sans la brusquer. Entre deux feuilles de papier cuisson si besoin. Épaisseur : 3–4 mm. C’est l’épaisseur “biscuit de Noël” idéale : assez fine pour croquer, assez épaisse pour fondre.
5) Cuisson. 170 °C (chaleur statique), 10 à 12 minutes. Je surveille les bords : à peine dorés. Si vous attendez qu’ils brunissent, vous perdez le côté tendre.
Les formes ou comment donner à la pâte une vie de décor
Mon plaisir, c’est la découpe. Le moment où le plan de travail ressemble à une petite cartographie des fêtes. Voilà des idées qui marchent très bien, et qui font tout de suite “Noël” sans en faire trop.
Les indispensables qui font toujours mouche
Étoiles : petites pour grignoter, grandes pour offrir. Encore mieux si vous les superposez (une grande + une petite collée au glaçage).
Sapins : minimalistes, ou très stylisés. Un trait de glaçage suffit à les rendre “habillés”.
Cœurs : les plus faciles à rendre beaux. Ils supportent tout : sucre glace, chocolat, zeste.
Bonshommes : le classique “gingerbread”, mais en version sablée. On peut leur dessiner une écharpe, trois boutons, un sourire.
Mes formes préférées, plus “poétiques”
Flocons : si vous aimez le détail, c’est magique. Même sans glaçage, une simple découpe fine donne un effet dentelle.
Lunes et étoiles filantes : pour une table plus nocturne, plus “conte d’hiver”.
Feuilles de houx : très chic, surtout si vous marquez les nervures au couteau (doucement).
Biscuits à suspendre (effet “waouh” facile)
Faites un petit trou avec une paille avant cuisson. Ensuite, vous passez un ruban. Et d’un coup, vous avez :
des étoiles à accrocher au sapin,
des étiquettes comestibles sur les paquets,
des marque-places (un prénom au glaçage, et c’est réglé).
Décorer sans étouffer le biscuit
Je préfère les décorations qui ressemblent à des gestes, pas à du maquillage. L’idée : garder le sablé lisible, tendre, appétissant.
Sucre glace : la neige la plus simple, la plus sûre.
Glaçage royal fin : pour dessiner des points, des bordures, des nervures. (On vise la délicatesse.)
Chocolat noir : en filets, comme une écriture rapide.
Pochoirs maison : posez un petit flocon en papier sur le biscuit, saupoudrez cacao ou cannelle, retirez : magie instantanée.
Petits détails qui changent tout
Beurre froid : c’est vraiment non négociable si vous voulez du fondant.
Repos au frigo : c’est lui qui donne une pâte docile et une découpe nette.
Cuisson courte : le sablé doit rester clair, presque blond.
Refroidissement : 5 minutes sur la plaque, puis sur grille, pour qu’ils finissent de “se poser”.
Et voilà. Avec cette pâte-là, vous pouvez faire un sapin entier, une constellation de flocons, une crèche gourmande, une petite armée de bonshommes ou juste une assiette de cœurs poudrés de neige. Le plus beau, au fond, c’est ce moment où la maison commence à sentir le beurre, la vanille, et l’hiver heureux.
La collective Girlxcott, née dans le sillage du mouvement de girlcott autour d’Angoulême 2026, lance les Fêtes interconnectées de la BD. Plusieurs villes accueilleront cette manifestation autogérée du 28 janvier au 2 février 2026, en écho aux dates initialement prévues pour le Festival international de la bande dessinée (FIBD).
« Mais c’est où ? » Au milieu d’une population de petits vers verts qui se baladent et discutent, l’un d’entre eux s’interroge. La réponse se lit dans la liste de villes qui parsèment l’affiche : Toulouse, Lyon, Nantes, Paris, Bordeaux… Et si l’on prête bien attention, en bas à droite, un vers rose rampe et grogne — reliquat, peut-être, d’un temps passé et déjà révolu. Signée Anouk Ricard, Grand Prix 2025 du festival d’Angoulême, l’illustration annonce un nouvel événement, joyeux et fédérateur, qui revendique la bienveillance et l’inclusivité comme conditions d’accueil. L’autrice a aussi été l’une des figures du mouvement de boycott de l’édition 2026.
Après l’annulation d’Angoulême 2026, un autre rendez-vous s’invente
Le point de bascule, c’est l’annulation officielle de l’édition 2026, annoncée le 1er décembre 2025. Depuis des mois, le festival était pris dans une succession de controverses et de ruptures : appels au boycott, retraits d’auteur·rices, prises de distance d’éditeur·rices, tensions avec les financeurs publics, débats sur la gouvernance et la transparence. Au cœur de la crise, la société 9e Art+ — organisatrice du FIBD depuis 2007 — a été visée par des accusations et récits publics portant sur le climat de travail, la gestion et des choix jugés trop commerciaux.
Sur ce dernier point, il faut tenir ensemble deux réalités : d’un côté, une contestation structurée et largement documentée, dont un texte collectif a été un marqueur important ; de l’autre, des réponses et contestations de la part de 9e Art+, qui impute la situation aux tensions avec les financeurs publics et évoque des ingérences, ainsi qu’un possible bras de fer juridique. Ce n’est pas qu’un “scandale” : c’est un conflit de gouvernance, de légitimité et de modèle culturel, dont les auteur·rices ont été l’un des moteurs les plus visibles.
En novembre, 285 autrices et autres professionnelles de la bande dessinée, toutes générations confondues, ont ainsi signé une tribune publiée dans l’Humanité expliquant pourquoi elles n’iraient pas à l’édition 2026. Le texte insiste notamment sur l’invisibilisation historique des femmes et des minorités de genre dans le champ de la BD et remet les violences sexistes et sexuelles au centre des préoccupations, y compris dans ce qui se joue “en marge” des festivals.
C’est dans ce contexte qu’est née la collective Girlxcott : un néologisme militant (le « x » comme symbole d’inclusivité), et un groupe d’abord formé sur WhatsApp, devenu mouvement et réseau. Le projet : ne pas seulement “refuser” un cadre jugé délétère, mais proposer un autre type de rassemblement.
Les Fêtes interconnectées de la BD : un réseau, pas un “mini-Angoulême”
Le réseau des Fêtes interconnectées de la bande dessinée se présente comme un événement bénévole et autogéré, organisé dans plusieurs villes, qui ne se définit pas comme un festival. L’idée n’est pas de reproduire la mécanique d’un grand rendez-vous centralisé, mais de relier des initiatives locales (expositions, rencontres, discussions, moments conviviaux) autour d’un socle de valeurs : lutte contre les violences sexistes et sexuelles, attention aux discriminations, féminisme, précarité des artistes-auteur·rices, et plus largement conditions de production de la BD.
La manifestation annonce des espaces joyeux et inclusifs dans une dizaine de villes (et au-delà). Chaque fête est autonome, façonnée par les personnes qui souhaitent lui donner vie, tout en s’inscrivant dans un cadre commun :
« Ce qui relie ces fêtes entre elles, c’est l’envie de renouveler nos façons de célébrer la BD, de valoriser celles et ceux qui la créent, la lisent et la font vivre, et de porter des valeurs communes d’inclusivité, de bienveillance et de justice sociale. »
Accessibilité, soin, et refus de la “pression” habituelle
Dans les textes publics de Girlxcott, un point revient : la volonté de ne pas reproduire les schémas dénoncés (domination, surexploitation, invisibilisation des métiers “du dessous”, injonctions à produire et vendre sans filet). L’attention au soin est formulée très concrètement : respect des lieux, des œuvres, des personnes qui travaillent (ménage, cuisine, organisation), des intervenant·es, des bénévoles, du public — et même du “vivant” au sens large, avec une vigilance écologique revendiquée.
Tous les événements sont annoncés gratuits (lieux d’exposition, rencontres, soirées). Des contributions volontaires peuvent être proposées pour soutenir artistes, lieux et équipes, mais les financements ou partenariats qui contrediraient les valeurs du mouvement sont refusés.
Autre choix éditorial : rendre visibles tous les métiers de la bande dessinée, sans hiérarchie symbolique — scénaristes, traducteur·rices, coloristes, maquettistes, libraires, éditeur·rices, dessinateur·rices, critiques, journalistes… Bref : la BD non comme “star-system”, mais comme chaîne de travail et de transmission.
Dessin de Brouette Girlxcottante
Une fête politique, au sens plein
Un point d’information par ville (ou par groupe d’événements) est annoncé pour des syndicats et associations défendant les droits des artistes-auteur·rices : STAA CNT-SO, SNAP CGT, Ligue des auteurs professionnels, Charte des auteurs et des illustrateurs de jeunesse, ABDIL, SCAA, etc. L’idée est de faire circuler les outils, les contacts, les ressources — et de rappeler que la BD est aussi un secteur où le droit social, les statuts et la rémunération restent des sujets brûlants.
Les équipes locales sont encouragées à organiser des discussions et tables rondes sur des thématiques explicites : sexisme, VHSS, racisme, LGBTphobies, précarité, mais aussi IA (dangers pour les métiers, usages dans l’édition) et défense du droit d’auteur. On n’est pas dans une “animation culturelle” hors-sol : c’est une fête qui assume de tenir la BD au plus près de ses rapports sociaux.
Un événement, et un livre à venir : Nos Angoulêmes
Parallèlement, trente-neuf membres du mouvement participent à la réalisation d’un ouvrage collectif : Nos Angoulêmes. Il s’agira de récits mêlant souvenirs personnels, anecdotes et éléments plus politiques sur les conditions de travail d’artiste-auteur·rice. Une campagne de crowdfunding est ouverte jusqu’à fin janvier 2026 ; la sortie est annoncée début 2027 (environ 130 pages).
Dessin de Sophie Darq pour l’ouvrage « Nos Angoulêmes »Dessin de Léa Jarrin, pour l’ouvrage « Nos Angoulêmes »
Des végétaux, à l’heure la plus sombre de l’année, refusent obstinément de disparaître. Quand tout se dénude, quand la terre se retire en elle-même, le gui, le houx et le sapin demeurent. Et cette persistance n’est jamais neutre.
À Noël, on les accroche, on les dispose, on les éclaire. On les croit décoratifs. Ils sont en réalité des survivants symboliques. Des messagers anciens. Des signes silencieux adressés à celles et ceux qui, depuis la nuit des temps, traversent l’hiver en espérant que le monde ne s’arrête pas là.
Car Noël, avant d’être une fête de l’enfant ou de la crèche, est d’abord une fête du solstice. Un moment de bascule cosmique où la nuit atteint son point extrême avant que la lumière, imperceptiblement, ne recommence sa remontée. Un instant fragile, incertain, où rien ne garantit encore que le soleil reviendra. Et c’est précisément à cet instant que l’humanité a cherché, dans le monde végétal, des alliés.
Le gui, le houx et le sapin appartiennent à cette catégorie singulière du vivant qui ne plie pas. Des végétaux qui ne se soumettent pas à la mort apparente de l’hiver. Toujours verts, toujours présents, ils démentent l’évidence du dépouillement général. Ils sont, littéralement, une contradiction offerte au paysage.
Le gui est sans doute le plus déroutant. Il ne touche pas la terre. Il n’enfonce aucune racine dans le sol. Il vit suspendu, accroché aux branches d’autres arbres, comme s’il refusait de choisir entre ciel et terre. Cette position intermédiaire lui confère depuis toujours un statut à part. Chez les Celtes, il est sacré non parce qu’il est utile, mais parce qu’il est inclassable. Ni tout à fait terrestre, ni tout à fait céleste, il appartient au domaine du seuil.
C’est sous le gui que l’on s’embrasse. Ce n’est pas un hasard. On y suspend des vœux, des promesses, des rapprochements. Le gui autorise ce que le reste de l’année tient à distance. Il est une permission symbolique donnée aux corps et aux désirs au moment précis où la nature semble les retenir. Il dit que la vie circule encore — autrement, peut-être, mais sûrement.
Le houx, lui, joue un tout autre rôle. Là où le gui est seuil et flottement, le houx est défense et résistance. Ses feuilles brillantes, épaisses, armées d’épines, semblent avoir été conçues pour tenir tête au froid, aux bêtes, aux intrusions. Ses baies rouges éclatent comme de petites braises dans le vert sombre de l’hiver. Le houx est une plante de frontière. On l’accroche aux portes, aux seuils, aux cheminées. Il garde.
Il protège la chaleur intérieure — celle des maisons, mais aussi celle des communautés humaines. Dans l’obscurité hivernale, le houx rappelle que le vivant n’est pas seulement fragile : il est aussi capable de se défendre. Il affirme une vitalité combative, presque farouche. Une manière de dire que survivre n’est pas seulement attendre, mais aussi tenir.
Quant au sapin, il concentre à lui seul une symbolique vertigineuse. Arbre toujours vert, dressé, vertical, il relie le sol au ciel. Il est un axe. Un repère. Introduit dans la maison, il devient un monde miniature. Lorsqu’on l’illumine, on ne fait pas que l’orner : on le transforme en constellation domestique. Une façon très ancienne de faire entrer les étoiles à l’intérieur.
Bien avant d’être un objet marchand, l’arbre de Noël est un arbre cosmique. Il matérialise cette intuition fondamentale : au cœur de la nuit la plus longue, la lumière peut être appelée, entretenue, transmise. Elle n’est pas donnée ; elle se construit, se veille, se partage.
Pris ensemble, gui, houx et sapin forment une grammaire végétale du solstice. Le premier ouvre les passages, le second protège l’espace humain, le troisième relie les mondes. Ils racontent une histoire très ancienne : celle d’une humanité qui refuse de croire que l’hiver a le dernier mot.
Ce que ces plantes disent, au fond, c’est que la mort apparente n’est jamais définitive. Que le vivant sait se mettre en réserve. Que la nuit est un moment, non un destin. Et que l’espérance n’est pas une abstraction, mais quelque chose que l’on touche, que l’on coupe, que l’on accroche, que l’on éclaire.
Ainsi, à travers ces arbustes et ces arbres que l’on croit familiers, c’est une métaphysique discrète qui se rejoue chaque année. Une sagesse ancienne, non écrite, transmise par les gestes plutôt que par les dogmes. Une manière de dire, sans discours, que la vie persiste — obstinée, silencieuse, irréductible — même quand tout semble se retirer.
Ce n’est pas de la décoration. C’est un langage. Et comme tous les langages très anciens, il parle moins à l’intellect qu’au corps, à la mémoire profonde, à cette part de nous qui sait, sans toujours pouvoir le formuler, que le retour de la lumière commence toujours dans l’obscurité.
Le Japon a récemment réaffirmé son refus d’engager une politique nationale qui faciliterait la création de nouveaux cimetières musulmans. Une position qui, au-delà de la question funéraire, met en lumière les tensions persistantes entre normes culturelles majoritaires, contraintes territoriales et reconnaissance effective des minorités religieuses dans l’archipel.
La controverse a ressurgi à l’automne 2025 lors d’une discussion en commission parlementaire consacrée aux questions sociales et sanitaires. À cette occasion, une élue japonaise a publiquement remis en cause la légitimité des demandes formulées par des représentants musulmans qui souhaitent disposer de lieux d’inhumation conformes à leurs rites religieux. Les propos tenus — suggérant que les personnes attachées à ces pratiques devraient envisager un rapatriement des défunts à l’étranger — ont suscité une vague de critiques au Japon comme à l’international.
Si les autorités ont ensuite rappelé que l’inhumation n’était pas interdite en droit japonais, elles ont également confirmé qu’aucune évolution de la politique nationale n’était envisagée. La gestion des cimetières demeure une compétence essentiellement locale, soumise à des contraintes foncières strictes et à l’acceptabilité des riverains.
Crémation quasi universelle et incompatibilité religieuse
Le cœur du problème tient à une réalité structurelle. Le Japon pratique la crémation dans une proportion quasi totale, proche de 100 %. Cette norme s’explique par la rareté du foncier, la densité urbaine et une longue tradition administrative qui visz à rationaliser l’espace funéraire.
Or, la crémation est formellement interdite par l’islam, qui prescrit l’inhumation rapide du corps, sans cercueil, dans la terre. Cette incompatibilité place les familles musulmanes vivant au Japon devant une alternative douloureuse, soit transgresser leurs convictions religieuses, soit parcourir de longues distances pour accéder à l’un des rares cimetières musulmans existants, soit rapatrier les corps à l’étranger, au prix de procédures lourdes et coûteuses.
Une pénurie de solutions concrètes
Le Japon compte une population musulmane modeste — estimée entre 200 000 et 300 000 personnes — mais en croissance, notamment du fait de l’immigration de travail (Indonésie) et des étudiants internationaux. Pourtant, les cimetières explicitement adaptés aux rites islamiques se comptent sur les doigts des deux mains et sont inégalement répartis sur le territoire.
Chaque tentative d’ouverture de nouveaux sites d’inhumation se heurte à des oppositions locales récurrentes. Les arguments avancés — risques environnementaux, pollution des nappes phréatiques, inquiétudes sanitaires — sont régulièrement contredits par les autorités sanitaires. Mais ces réticences traduisent aussi des peurs plus diffuses : transformation du paysage culturel, altérité religieuse visible, remise en cause de normes perçues comme homogènes.
L’islam au Japon : entre invisibilité et méfiance latente
Contrairement à l’Europe, le Japon n’a connu ni histoire coloniale avec des pays majoritairement musulmans, ni de vagues migratoires massives issues du monde islamique. L’islam y reste une religion largement méconnue, souvent perçue comme étrangère, abstraite, voire réduite à des stéréotypes importés par les médias internationaux.
Cette méconnaissance nourrit une forme de distance sociale générale. L’islam est rarement l’objet d’hostilité frontale dans la vie quotidienne, mais il peine à être reconnu comme une composante légitime et durable de la société japonaise. Les débats sur les mosquées, l’alimentation halal ou, aujourd’hui, les cimetières, révèlent moins un rejet explicite qu’une difficulté à penser le pluralisme religieux autrement que comme une exception tolérée.
Au Japon, l’islam demeure souvent moins familier que réellement connu. Faute de contacts ordinaires, il est fréquemment appréhendé à travers un mélange d’indifférence, de curiosité et d’exotisation, et certains stéréotypes importés — notamment l’idée d’une religion “dure”, “simpliste” et “archaïque” — persistent. Cette méconnaissance, plus que l’hostilité ouverte, alimente des résistances locales dès que des pratiques deviennent visibles dans l’espace public, comme la question de l’inhumation.
Une intégration pensée comme adaptation unilatérale
Dans les discours politiques dominants, l’intégration des étrangers au Japon repose largement sur un principe implicite. C’est à la minorité de s’adapter aux normes existantes, non à la société d’accueil de se transformer. Cette logique, cohérente avec l’histoire d’un pays longtemps perçu — et se percevant — comme culturellement homogène, montre aujourd’hui ses limites devant une mondialisation humaine devenue structurelle.
Le refus d’engager une réflexion nationale sur les cimetières musulmans illustre cette tension. Il ne s’agit pas d’une interdiction formelle de l’islam, mais d’un cadre institutionnel qui, de facto, rend l’exercice de certains droits religieux hétérogène difficile.
Un enjeu discret mais profondément symbolique
La question funéraire touche à l’intime, au sacré, à la dignité des morts. En contraignant certaines familles à enterrer leurs proches loin du lieu de vie qu’ils ont parfois occupé pendant des décennies, le Japon envoie un signal. L’accueil économique et social est possible, mais l’enracinement symbolique demeure conditionnel.
À mesure que la société japonaise vieillit et dépend davantage de la main-d’œuvre étrangère, ces questions, longtemps marginales, vont devenir centrales. Elles poseront alors une interrogation plus large : jusqu’où le Japon est-il prêt à reconnaître, non seulement la présence, mais la permanence de l’altérité religieuse sur son sol ?
Yamashita, Y. “Islam and Muslims in ‘non-religious’ Japan: caught in between prejudice against Islam and performative tolerance” (article académique / prépublication). https://www.researchgate.net/publication/349323451
Au Japon, une femme de 92 ans, Hisako Sakai, a remporté un tournoi de Tekken 8 organisé pour des seniors. Et soudain, c’est tout un petit appareil idéologique qui grésille.
Car enfin, 92 ans, ce n’est pas seulement un âge. Dans nos sociétés intoxiquées au jeunisme, c’est une provocation. Une transgression. Un sabotage du storytelling dominant, celui qui voudrait que la compétence, l’énergie, la vitesse, l’esprit de compétition, la maîtrise technique et la “culture du moment” appartiennent naturellement aux corps frais, aux articulations neuves, aux générations supposées “natives” du numérique. Une grand-mère qui gagne, c’est un bug dans la matrice.
Le détail qui rend l’affaire plus savoureuse encore, c’est que le tournoi est structuré, sérieux, inscrit dans une démarche suivie. Il est organisé par l’association japonaise Care e-sport, qui met en place depuis plusieurs années des compétitions pensées pour les personnes âgées, notamment en établissement, avec l’idée très simple que l’activité ludique peut aussi être une activité sociale, cognitive, et même… une joie. Pour cette édition, les participants étaient des seniors (65 ans et plus). Et Sakai, en choisissant Claudio, a simplement fait ce que font les champions : elle a gagné. Pas “malgré” son âge. Avec son âge. Dans son âge. Et surtout : sans demander la permission.
Voilà ce que le jeunisme ne supporte pas. Le jeunisme tolère volontiers les anciens dans deux rôles : la figure attendrissante (le papy mignon qui “découvre” un truc moderne) ou la figure tragique (l’aîné “dépassé”, “fragile”, “isolé”, “à protéger”). Ce sont des places assignées, sécurisantes pour l’ordre symbolique. Mais une nonagénaire qui met une rouste en finale, ce n’est ni attendrissant ni tragique : c’est compétitif. Et donc, pour le culte du jeune, intolérable.
On va bien sûr nous servir le commentaire prêt-à-porter : “preuve qu’on peut être performant à tout âge”. Ce qui est vrai, mais encore un peu timide. Ce que l’événement démontre, plus radicalement, c’est que notre définition de la performance est saturée de préjugés. Nous avons pris l’habitude de confondre vitesse et valeur, nouveauté et intelligence, fraîcheur et légitimité. Nous appelons “dynamisme” ce qui ressemble parfois à une agitation anxieuse. Nous appelons “innovation” ce qui n’est qu’un rebranding. Nous appelons “talent” ce qui colle au rythme des réseaux. Et nous appelons “déclin” tout ce qui refuse la dictature de l’instant.
Dans un jeu de combat, c’est presque comique : l’imaginaire collectif voudrait que la victoire appartienne au réflexe pur, au pouce supersonique, au cerveau dopé aux tutos et à l’optimisation. Mais Tekken, comme toute discipline réellement pratiquée, n’est pas une pub pour boisson énergisante. Il y a du rythme, oui, mais aussi de la lecture, de la patience, de l’anticipation, de la gestion du stress, une forme de sang-froid qui n’a rien à voir avec l’âge civil. Et puis, il y a ce que nos sociétés oublient : l’expérience n’est pas seulement un souvenir, c’est une méthode. Une manière d’habiter la pression. Une façon d’accepter la défaite sans se dissoudre, et de gagner sans s’enivrer.
Regardons aussi l’arrière-plan. Le Japon n’est pas exactement un pays naïf au sujet du vieillissement : la question y est frontale, structurelle, quotidienne. Là où d’autres cultures se contentent de slogans (“bien vieillir”, “silver economy”, “lien intergénérationnel”) tout en planquant les personnes âgées au bout du récit, certains acteurs japonais expérimentent des formes concrètes de présence : tournois, clubs, diffusions en ligne, commentaires, rituels collectifs. Ce n’est pas un gadget. C’est une proposition sociale : et si l’on cessait de réserver le jeu, la compétition et le plaisir à la jeunesse ?
Chez nous, on préfère souvent le discours à l’infrastructure. On célèbre “les seniors actifs” à condition qu’ils restent dans les cases : un peu de marche nordique, un peu de bénévolat, beaucoup de discrétion. On adore les aînés quand ils sont inspirants… mais pas quand ils sont menaçants. Or, une personne âgée compétente, c’est menaçant : cela rappelle que la hiérarchie des âges n’a rien de naturel. Elle est culturelle, économique, médiatique. Elle sert à vendre, à exclure, à accélérer le remplacement des individus comme on remplace les objets.
Le vrai scandale, au fond, n’est pas qu’une personne âgée joue à Tekken. C’est qu’elle y prenne visiblement du plaisir. Car le jeunisme ne se contente pas de hiérarchiser les âges : il confisque l’imaginaire de la jouissance. Une personne âgée peut être digne, attendrissante, sage, parfois même “inspirante” — mais jouisseuse, jamais. Le plaisir franc, gratuit, joueur, qu’il passe par une manette ou par le corps, est perçu comme déplacé, gênant, presque indécent. Comme si, passé un certain âge, il fallait renoncer non seulement à la performance, mais à la joie elle-même. On accepte que les personnes âgées existent ; on supporte mal qu’ils vivent. Alors on les enferme dans des images stéréotypées, inoffensives, asexuées, silencieuses, qui les rendent socialement visibles… à condition qu’ils soient symboliquement absents. Une nonagénaire qui gagne, qui s’amuse, qui insiste, qui recommence – voilà ce que le jeunisme ne pardonne pas, la preuve qu’il n’existe pas d’âge légal pour le plaisir.
La vraie ironie, c’est que le jeunisme fonctionne comme une peur panique de la mort déguisée en fête permanente. On ne veut pas seulement être jeune : on veut ne pas vieillir. On veut effacer les traces. On veut que le corps soit un produit en “version à jour”. Et l’on s’étonne ensuite que les sociétés deviennent nerveuses, tristes, et parfois cruelles. Quand l’idéal collectif est une peau sans rides, toute ride devient une faute morale. On fait porter aux individus ce qui relève d’une condition humaine. Au plan symbolique, c’est violent.
Alors oui, qu’une Japonaise de 92 ans gagne un tournoi de Tekken 8, c’est une petite nouvelle. Mais c’est aussi une leçon politique à bas bruit. Elle dit : le monde ne vous appartient pas parce que vous êtes jeunes. Il vous traverse parce que vous êtes vivants. Et “vivant” n’est pas une tranche d’âge.
Le plus beau dans cette histoire, au fond, n’est pas qu’elle “défie le temps”. C’est qu’elle le ridiculise. Elle rappelle que le temps n’est pas seulement ce qui nous use, c’est aussi ce qui nous forme. Et qu’à la fin, le jeunisme n’est peut-être qu’une industrie de l’infantilisation, tandis que la vieillesse, parfois, est une élégance combative.
On attend maintenant la suite logique : des marques qui découvriront, soudain, que la “silver audience” existe, et tenteront de lui vendre des claviers “senior-friendly” en forme de pitié. Qu’elles se rassurent : Hisako Sakai n’a pas besoin d’un marketing. Elle a déjà un trophée.
Avec 10 900 créations d’entreprises artisanales en 2024, en hausse de 16 % sur un an, la Bretagne administrative affiche l’une des progressions les plus fortes de France.
L’indicateur est flatteur, souvent mobilisé comme preuve de vitalité économique et d’esprit d’initiative. Mais que dit-il vraiment de l’état de l’économie régionale ? S’agit-il d’une tendance structurellement positive ou d’un signal plus ambivalent, révélateur de fragilités à venir ?
Pris isolément, le chiffre est bon. Il traduit d’abord une capacité d’initiative élevée dans une région où l’artisanat occupe une place centrale dans le tissu économique. La Bretagne se caractérise par un poids important des activités de proximité – bâtiment, alimentation, services à la personne, réparation – qui répondent à des besoins peu délocalisables et relativement stables.
Dans un contexte national marqué par l’incertitude (inflation récente, ralentissement économique, tensions sur certains secteurs), l’artisanat joue ici un rôle de tampon conjoncturel. Créer une petite entreprise devient pour certains un moyen de répondre à une demande locale existante, pour d’autres une façon de valoriser un savoir-faire, d’organiser une reconversion ou de sécuriser un revenu.
Autre élément à souligner : cette hausse ne s’inscrit pas dans un contexte d’effondrement de l’emploi salarié. En 2024, selon l’Insee, l’emploi continue de progresser en Bretagne, certes plus lentement qu’en 2023, mais sans rupture brutale. Cela distingue la région de territoires où la création d’entreprise est avant tout un refuge face à la pénurie d’emplois.
Un effet de structure… et de statut
Pour autant, le volume de créations ne doit pas être surinterprété. Comme ailleurs en France, une large part des nouvelles entreprises artisanales relève du régime de la micro-entreprise ou de l’entreprise individuelle. Ce cadre facilite fortement l’entrée dans l’entrepreneuriat : coûts réduits, formalités allégées, possibilité de tester une activité à petite échelle.
C’est un progrès en termes de fluidité économique, mais aussi un biais statistique. Créer devient plus simple, donc plus fréquent, sans que cela garantisse la solidité du projet, sa capacité d’investissement ou sa pérennité. Une partie de ces créations correspond à des activités à temps partiel, complémentaires, ou à des projets encore fragiles au plan économique.
Autrement dit, la dynamique quantitative ne dit rien, à elle seule, de la qualité économique des entreprises créées.
Des fragilités bien identifiées
Plusieurs indicateurs invitent à la prudence.
D’abord, les défaillances d’entreprises, même si leur rythme ralentit, restent à un niveau élevé au plan national. En Bretagne, le bâtiment – pilier historique de l’artisanat – demeure exposé, notamment dans la construction neuve, avec des tensions sur les marges, la trésorerie et les carnets de commandes. Il est donc possible d’observer simultanément beaucoup de créations et une fragilité accrue des entreprises les plus récentes.
Surtout, un point structurel ressort nettement : la faiblesse de la transmission-reprise. Moins d’une ouverture sur dix se ferait aujourd’hui par reprise d’une entreprise existante, alors que plusieurs milliers d’entreprises artisanales bretonnes devraient être cédées dans les cinq prochaines années, du fait des départs à la retraite.
Ce déséquilibre est stratégique. Il signifie que des entreprises viables risquent de disparaître faute de repreneurs, tandis que de nouvelles structures se créent ex nihilo, parfois sur des marchés déjà occupés, parfois sans reprise des savoir-faire ni des clientèles existantes. À terme, c’est un risque de perte nette de capital productif et de compétences, notamment dans les zones rurales ou peu denses.
Faut-il y voir une conséquence de la dégradation de l’emploi salarié qualifié ?
À l’échelle régionale, la réponse est nuancée. Les données disponibles ne permettent pas d’affirmer que la hausse des créations artisanales serait principalement le produit d’une dégradation massive des emplois salariés qualifiés.
Il existe certes un effet de “poussée” : certains actifs quittent un salariat jugé moins attractif (conditions de travail, sens, perspectives), ou peinent à retrouver un poste équivalent après une rupture professionnelle. Mais cet effet semble secondaire par rapport à des logiques d’opportunité, de reconversion choisie, ou de valorisation de compétences dans des secteurs en demande.
La dynamique bretonne relève davantage d’une recomposition des trajectoires professionnelles que d’un décrochage brutal du salariat.
Bonne tendance, donc… mais sous conditions
Ces indicateurs dessinent une tendance globalement positive, mais non auto-suffisante. Oui, la Bretagne montre une capacité d’initiative et de résilience économique. Oui, l’artisanat demeure un pilier vivant du territoire. Mais non, la hausse des créations ne garantit pas à elle seule une trajectoire durable.
Le véritable enjeu n’est plus tant de “créer plus”, que de transformer cette dynamique en tissu économique solide.
Quelles priorités d’action se dégagent ?
Faire de la transmission-reprise une priorité stratégique. Sans amélioration significative de la reprise d’entreprises existantes, la Bretagne risque une érosion silencieuse de son appareil artisanal. Cela suppose accompagnement des cédants, ingénierie financière pour les repreneurs, et valorisation des reprises par des salariés ou apprentis.
Accompagner la “seconde marche” des jeunes entreprises. Passer du statut de micro-entreprise à une structure pérenne (investissement, embauche, montée en gamme) est aujourd’hui l’un des principaux points de rupture. C’est là que l’accompagnement à 12–24 mois est décisif.
Sécuriser la trésorerie et les marges. Délais de paiement, fixation des prix, couverture des coûts : ces sujets, peu visibles, conditionnent pourtant la survie des TPE artisanales.
Travailler l’attractivité des métiers et des parcours. Apprentissage, conditions de travail, perspectives d’évolution : sans cela, la dynamique de création risque de se heurter rapidement à un plafond humain.
Un indicateur encourageant, mais exigeant
En définitive, la hausse des créations artisanales en Bretagne est un bon indicateur conjoncturel, mais un mauvais indicateur structurel s’il est pris isolément. Elle dit l’énergie d’un territoire, mais aussi ses défis : transmission, pérennité, qualité de l’emploi indépendant.
La question n’est donc pas de savoir s’il faut se réjouir ou s’inquiéter, mais de savoir si cette dynamique sera accompagnée, orientée et consolidée. C’est à cette condition que la croissance apparente de l’artisanat deviendra un véritable levier de développement économique durable pour la Bretagne.
Sources
Insee, Bilan économique 2024 – Bretagne, juin 2025.
Insee, « En 2024, rebond des créations d’entreprises et ralentissement des défaillances – Bretagne », juin 2025.
Insee, « En 2024, l’emploi ralentit en Bretagne », juin 2025.
MAAF / ISM, Baromètre « Créations et transmissions d’entreprises artisanales », décembre 2025.
Un placard, c’est du mètre carré immobilisé. À Rennes, où les logements se compactent et où l’on veut (souvent) respirer plus que stocker, une bascule s’opère : garder l’essentiel chez soi et accéder au reste quand il le faut. Avec JAM, l’objet occasionnel ne disparaît pas : il circule. Et c’est toute notre manière d’habiter, de consommer et de “s’équiper” à l’échelle du quartier qui se redessine.
Une perceuse qu’on utilise dix minutes par an. Une shampouineuse sortie une seule fois l’hiver. Une sono pour une fête, une tente pour trois nuits, un appareil à raclette pour un dimanche. Dans une ville où les logements se font plus compacts et où la vie urbaine accélère, une idée gagne du terrain : tout posséder devient moins rationnel que de pouvoir accéder à tout. Avec JAM, application rennaise de location d’objets entre particuliers disponible à Rennes et désormais également à Montpellier, ce basculement se donne à voir au ras du quotidien. Ce n’est pas l’avènement d’une “ville sans propriété”, mais plutôt l’émergence d’un monde domestique à deux vitesses : une partie des objets “monte” (on les garde), une autre “circule” (on y accède), au prix d’arbitrages très concrets. Alors nos placards vont-ils se vider ?
Dans les foyers urbains, le tri s’organise déjà, souvent sans qu’on le formule : d’un côté, l’essentiel stable (ce qui sert souvent, ce qui est intime, ce qui doit être disponible immédiatement) ; de l’autre, l’occasionnel (ce qui coûte cher, prend de la place, sert rarement, ou traverse des “phases” de vie).
Ce qui “monte” et reste chez soi : le petit électroménager quotidien, le linge, le matériel personnel, les objets d’hygiène, les indispensables de cuisine, quelques outils de base. La règle est simple : fréquence + intimité + disponibilité.
Ce qui “circule” de plus en plus facilement : les gros outils, le matériel de nettoyage “coup de boost”, l’événementiel (sono, lumières), le plein air (tentes, porte-vélos), certains équipements enfant de courte durée, et ces objets “de convivialité” qui ne vivent que par épisodes.
JAM ne crée pas cette division, elle l’outille. Elle rend praticable une intuition contemporaine, mieux vaut un accès fiable qu’une possession encombrante, surtout quand chaque mètre carré pèse dans le budget et dans la tête.
JAM en mode “gratuit + crédits”
Ces dernières semaines, JAM a annoncé une évolution forte de son modèle. L’application devient “100 % gratuite” pour les utilisateurs, et les échanges passent désormais par des crédits obtenus notamment en publiant ses objets et en contribuant à la communauté. L’idée est de faire baisser la barrière psychologique du “paiement” pour favoriser un réflexe d’accès.
Effet d’usage : l’arbitrage “j’achète / je loue” se transforme en “j’accède / je stocke”.
Effet social : le modèle peut avantager ceux qui sont déjà équipés (ils peuvent prêter et “gagner” des crédits) et être moins intuitif pour ceux qui ont peu d’objets à mettre en circulation.
Autrement dit : la question n’est plus seulement monétaire ; elle devient une question de capacité à participer (temps, équipement, logistique, aisance numérique), ce qui rejoint directement les “handicaps” de l’accès.
Le grain du quotidien, les arbitrages que tout le monde reconnaît
Ce qui rend le phénomène intéressant, c’est qu’il ne se décide pas en théorie, mais au niveau d’une micro-économie domestique. Chacun fait ses comptes, mais aussi ses calculs invisibles :
Le coût : acheter pour un usage rare, c’est immobiliser de l’argent. Accéder, c’est payer (ou échanger) au moment utile.
La place : un objet, ce n’est pas seulement son prix ; c’est un volume, une cave, un placard, un coin de pièce qu’on ne récupère jamais.
La disponibilité : l’objet qu’on garde est celui qui doit être là tout de suite. L’objet qui circule est celui qu’on peut planifier.
La charge mentale : trouver, réserver, récupérer, rendre. Si l’échange est simple, l’accès gagne. Si c’est pénible, la propriété reprend le dessus.
À Rennes, ville étudiante et mobile, cet arbitrage est presque structurel. On déménage plus, on stocke moins, on se rééquipe plus souvent. Le “superflu” devient naturellement candidat à la circulation, à condition que l’accès soit fiable et que la confiance tienne.
Les “handicaps” de l’accès : pourquoi la circulation ne remplacera jamais tout
Un monde où l’occasionnel tournerait en continu entre les habitations a quelque chose d’élégant. Mais au plan pratique, l’accès rencontre des obstacles très concrets. Ce sont eux qui dessinent les limites du modèle, et qui expliquent pourquoi le futur sera hybride.
La confiance : plus l’objet est cher, fragile ou complexe, plus la peur de la casse et du litige pèse. Le partage adore les objets robustes ; il hésite devant les objets “à risque”.
L’hygiène et l’intime : certains objets se prêtent mal, non par principe moral mais par évidence corporelle (literie, casques, certains accessoires).
La disponibilité au mauvais moment : si l’objet n’est pas là quand il faut, la propriété redevient une assurance. L’accès doit être prévisible pour devenir un réflexe.
La logistique : l’échange nécessite du temps, des rendez-vous, parfois un véhicule, parfois des escaliers. Le partage a une géographie : il favorise ceux qui ont du temps, de la souplesse, ou un réseau dense autour d’eux.
La fracture numérique et la barrière d’usage : s’inscrire, comprendre l’interface, gérer un litige, évaluer… Tout le monde n’a pas la même aisance, ni la même patience.
Ces freins ne disqualifient pas la circulation ; ils la délimitent. Ils disent aussi une vérité rarement formulée : l’économie de l’accès n’est pas seulement une question d’écologie ou de budget, c’est aussi une question de capacité (temps disponible, mobilité, maîtrise numérique, tolérance au risque).
Ce que JAM rend possible (et ce qu’elle ne promet pas)
L’application JAM est intéressante précisément parce qu’elle reste au contact de la réalité. Elle n’invente pas un “nouvel homme”, elle propose un outil pour une réalité déjà là. Elle facilite une rotation d’objets, mais ne supprime pas le besoin de propriété. Elle peut alléger l’équipement d’un foyer, mais elle ne remplace pas la stabilité du quotidien. Elle peut réactiver une confiance de proximité, mais sans faire du voisinage un idéal. Le vrai déplacement, au fond, est plus discret, il touche à la définition même du “bien” domestique. Longtemps, un objet était un capital matériel. Il devient peu à peu une capacité d’usage. On n’est plus équipé parce qu’on possède, on est équipé parce qu’on peut accéder.
Vers une ville “plus légère” : l’essentiel chez soi, le temporaire à portée de quartier
Si l’on veut décrire l’avenir sans prophétiser, on peut le formuler simplement : le foyer urbain tend vers un noyau dur (l’essentiel, l’intime, l’immédiat) et une périphérie mobile (l’occasionnel, l’encombrant, le saisonnier). Cette périphérie ne circule pas “dans le vide”, elle circule grâce à des outils, des règles, parfois des assurances, et une logistique minimale. C’est là que JAM devient un symptôme utile : non pas la promesse d’un monde sans objets, mais l’esquisse d’une ville où le superflu n’est plus stocké, il est partagé — à condition que cela reste simple, sûr, et réellement accessible.
Rennes n’est pas un village, et le quartier n’est pas une famille élargie. Mais entre l’isolement domestique et la possession totale, une troisième voie se dessine : habiter plus léger, en s’autorisant l’accès. Le placard ne disparaît pas. Il se spécialise. Et autour de lui, peut-être, un petit stock commun se met à circuler — non par vertu, mais parce que c’est devenu, tout bonnement, pratique.
Les objets qui “circulent” le mieux (et ceux qui résistent)
Circulent très bien : outils robustes, nettoyage ponctuel, matériel événementiel, camping, convivialité (raclette/fondue), porte-vélos, certains équipements enfant “phase courte”.
Résistent : objets intimes, hygiène, électronique fragile, objets dont on a besoin “tout de suite”, objets dont l’usure ou l’entretien est lourd.
Les 5 freins qui font basculer vers l’achat
Je dois l’avoir immédiatement.
Je crains la casse ou le litige.
Je n’ai pas le temps pour la logistique (rendez-vous, transport, retour).
Je ne suis pas à l’aise avec l’interface / les règles.
Je ne suis pas sûr que l’objet sera disponible quand j’en aurai besoin.
Ces “handicaps” ne sont pas des détails, ils dessinent la frontière entre ce qui restera propriété et ce qui pourra entrer dans une circulation de quartier. C’est là, précisément, que se joue l’évolution des usages ménagers.
La prochaine exposition du Château des ducs de Bretagne à Nantes consacrée aux Sorcières se déroulera du 7 février au 28 juin 2026.
S’inscrivant dans Le Voyage à Nantes, Sorcières proposera un voyage à la découverte de la figure mystérieuse et complexe de la sorcière, personnage emblématique qui a traversé les siècles, du crépuscule du Moyen Âge jusqu’à l’époque contemporaine, en passant par l’époque moderne.
Par définition, est qualifiée de sorcière « dans les contes de fées, une femme en général laide, qui possède des dons surnaturels qu’elle utilise pour faire le mal » ou une « femme laide, déplaisante, voire méchante et malfaisante ». Dans tous les cas, une personnification du mal. Si nous gardons en mémoire le nez crochu et la verrue de la sorcière de Blanche-Neige et les Sept Nains ou la méchante fée qui se transforme en dragon dans La Belle au bois dormant, la société s’est ouverte à un nouvel imaginaire collectif en réinvestissant la symbolique de cette figure et son héritage iconographique.
De la diabolisation à l’héroïsation, sa réappropriation par les mouvements féministes a entraîné sa réhabilitation : la sorcière maléfique à qui l’on reprochait tous les maux de la Terre, voire de l’univers, s’est muée en une figure complexe et héroïque. Nombre de livres relatent désormais ces histoires méconnues ou mal connues : Circé, de la mythologie grecque, a repris vie dans les pages de l’Américaine Madeline Miller ; Angrboda, puissante sorcière de la mythologie nordique, a eu son histoire contée par l’Américaine Genevieve Gornichec ; Mona Chollet, elle, a exploré préjugés et représentations dans son désormais incontournable Sorcières. La puissance invaincue des femmes ; etc.
Représentation initialement misogyne, héritée des procès et des bûchers des chasses aux sorcières, cette figure est désormais synonyme de force et de puissance, d’indépendance et d’émancipation féminine.
Regard critique et salutaire
Après l’exposition Sorcières (1860-1920) : fantasmes, savoirs, liberté au musée de Pont-Aven, du 7 juin au 16 novembre 2025, c’est au tour de la cité des ducs d’offrir à son public une exposition autour de ce personnage féminin emblématique. À travers 180 œuvres et objets, l’exposition s’attachera à apporter un nouveau regard sur l’histoire des sorcières. Elle invite les visiteurs à plonger dans leur univers énigmatique, entre mythes et réalités.
Avec un parcours immersif, l’exposition s’emploiera à éclairer ces femmes — isolées et/ou subversives — dont les représentations et les pratiques variées ont traversé les âges. De la vieille femme des légendes folkloriques aux jeunes sorcières des films et séries contemporains, le public voyagera à travers les croyances, symboles et pratiques de la sorcellerie : pendules, cristaux, cartes de tarot, herbiers et installations interactives inviteront à découvrir des rituels tels que la divination, les enchantements ou encore des pratiques de guérison, de protection.
Objets, ustensiles, manuscrits et peintures témoigneront des histoires de sorcières, notamment de la période particulièrement sombre des chasses aux sorcières, durant laquelle des dizaines de milliers de femmes furent persécutées entre le XVIe et le XVIIe siècle.
Infos pratiques
Exposition Sorcières, du 7 février au 28 juin 2026
Château des ducs de Bretagne, Musée d’histoire de Nantes 4 place Marc-Elder 44000 Nantes
Horaires
Intérieurs du château, musée et expositions Tous les jours : 10 h à 18 h, fermé le lundi Du 1er juillet au 31 août : 10 h à 19 h, 7 jours sur 7
L’association rennaise Artchivers invite à son marché de créateurs locaux à la Halle Martenot (place des Lices) dimanche 21 décembre avec plus de 80 créateurs et créatrices de tous horizons après un rendez-vous réussi au Grand Huit de Rennes samedi 15 et dimanche 16 novembre 2025.
Unidivers avait rencontré le créateur et trésorier de l’association, Gaël Simon, lors du premier événement rennais, le 15 mai dernier.
La team Artchivers : Maiann BASSET, Gaël SIMON, Alexiane LE SCOUARNEC
L’objectif principal de Artchivers est de promouvoir les créateurs locaux, qu’ils soient jeunes talents ou plus établis. Gaël, à l’origine de cet événement explique : « Le but de l’association est de mettre en avant des créateurs locaux, peu importe leur popularité ou leur nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux. Ce qui compte avant tout, c’est la qualité et l’authenticité des créations ». L’événement vise à offrir aux créateurs une occasion de rencontrer le public rennais, de partager leur savoir-faire et de faire découvrir des œuvres souvent uniques.
Au marché Artchivers, les visiteurs auront l’opportunité de découvrir une large palette de créations originales : céramique, illustration, photographie, mode upcyclée, accessoires faits main et bien plus encore. « L’objectif est d’offrir une diversité de créations. Nous avons des objets en crochet, des vêtements retravaillés, des illustrations originales, des bijoux éthiques… Tout est pensé pour permettre à chacun de trouver quelque chose qui lui plaît », précise Gaël.
En mai 2025, c’était 1200 m2 de stands, plus de 80 créateurs et créatrices, et pas moins 3000 visiteurs qui avaient répondu présents sur la journée… Les 15 et 16 novembre, l’association propose une version réduite avec une dizaine de créateurs et créatrices. Une fois le marché terminé, vous pourrez continuer de profiter de la restauration du lieu qui y est proposée, ainsi que des animations et concerts – Soul nation le samedi à 20h et Les aventures du Ténor de Brest le dimanche à 17h, et ce jusqu’à sa fermeture à 1h du matin le samedi et le dimanche jusqu’à 22h.
Elle dévoilera ensuite son marché de Noël à la halle Martenot dimanche 21 décembre, avec autant d’artistes et d’artisans qu’en mai dernier, prêts à vous faire découvrir leurs univers.
Si le mystère reste entier sur les stands créatifs présents aux deux rendez-vous, les deux événements sont à ne pas manquer pour tous les personnes qui s’intéressent à l’artisanat, à la mode éthique, aux créations originales, et à la culture locale, d’autant plus à l’approche de Noël ! L’événement promet une rencontre authentique entre les artistes et le public rennais, dans une ambiance à la fois créative et chaleureuse.
Infos pratiques :
15 et 16 novembre 2025, 14h–19h Grand Huit, 20 rue Pierre-Martin, 35000 Rennes Entrée gratuite
concert Soul Nation (samedi, 20h) + Les aventures du Ténor de Brest (dimanche, 17h)
21 décembre 2025, 10h–20h Halles Martenot, Place des Lices, Rennes Entrée gratuite
Que réserve le week-end du 19 au 21 décembre 2025 aux Rennais ? Retrouvez la sélection hebdomadaire d’Unidivers ! Payant ou gratuit, pour petits et grands, en intérieur ou à l’extérieur, à vous de choisir ce qui vous plaira…
Tout le week-end : GLAZ Festival #2, plusieurs lieux dans Rennes Métropole – Gratuit
Pour sa seconde édition, le remarquable festival GLAZ présente 33 expositions gratuites jusqu’au 4 janvier 2026. 63 artistes internationaux, nationaux et bretons sont accueillis dans 32 lieux. TOUTE LA PROGRAMMATION.
Tout le week-end : Exposition AH – UM de Bims. Galerie Upstairs, Rennes.
Avec AH-UM, jusqu’au dimanche 21 décembre, le street-artiste BIMS invite à plonger dans vingt dimanches de création passés dans un lieu abandonné. Entre peinture, musique et recherche de résonances sensorielles, il a utilisé l’album AH-UM de Charles Mingus comme fil rouge de cette résidence sauvage.
Infos pratiques : 24 avenue Jules Maniez – 35000 Rennes. Ouverture du mercredi, vendredi et samedi de 14h à 18h
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Tout le weekend : Weekend inauguralde l’expo Ce qui nous lie. Musée des beaux-arts – Maurepas – Gratuit
Le Musée des beaux-arts – site de Maurepas ouvre sa nouvelle exposition Ce qui nous lie, carte blanche à l’artiste Camille Bondon. Pour l’occasion, il invite à partager un moment convivial autour d’animations, de performances dansées et d’ateliers participatifs.
En continu de 14h à 18h : visite libre de l’exposition et atelier de création de sculptures en argile, « les bienveilleuses ». À 15h et à 16h : performance dansante et festive de LowLow et Fluide Complexe.
Vendredi 19/12, 19h – 20h30 : La Balade lumineuse. Place Saint-Germain, Rennes – Gratuit
La Petite Rennes relance sa Balade Lumineuse, une grande sortie à vélo conviviale où les guirlandes, néons et décorations déjantées remplacent les costumes de soirée. L’idée : illuminer la ville, faire la fête ensemble et célébrer le vélo comme moyen de transport joyeux, accessible et populaire.
Infos pratiques : Départ à 19h, place Saint-Germain, Rennes.
Vendredi 19/12, 20h30 : Spectacle Cendrillon. ADEC Maison du théâtre amateur, Rennes – 5/8€
Pièce de Joël Pommerat mise en scène par Edwin Halter, cette réécriture contemporaine du conte fait voler en éclats “cette histoire d’il y a très longtemps”. Elle interroge notre place au sein de la famille et de la société, entre noirceur, dérision et sensibilité.
Infos pratiques : 45 Rue Papu, 35000 Rennes. Billetterie
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Samedi 20/12, 19h30 – 20h30 : Nouvelle ère #1 – Level Santana. Le 360 (ancien 4bis) – 19€80
Et si la capitale bretonne devenait le terrain de jeu de la nouvelle vague rennaise ? 5 artistes rap, dont l’explosive tête d’affiche Level Santana, se produisent sur la scène du 360 pour du rap pur énergie et de la danse.
Infos pratiques : 360 – 4Bis. 6 cours des Alliés, 35 000 Rennes. Places limitées : Billetterie
Le Dj rennais transforme le bar Les Paradis perdus en un aquarium pailleté musical qui plonge dans son univers mi aquatique mi galactique.
Infos pratiques : 20 rue Vasselot, 35 000 Rennes
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Samedi 20/12, 20h30 : Rencontre « Le petit peuple des cadavres« . Les Champs Libres – Gratuit
Dans cette rencontre, le biologiste Damien Charabidzé, professeur à l’université de Lille, explique les processus de biodégradation des cadavres dans la nature. Principaux responsables de la décomposition, les asticots (larves de mouches) consomment un cadavre « aussi vite que ne le ferait un lion ». En contexte judiciaire, ils peuvent être utilisés par la police scientifique pour dater le décès. Mais le plus souvent, les corps humains ne subissent pas ces processus de recyclage naturels : ils sont pris en charge dans le cadre de rites funéraires.
Infos pratiques : 10 cours de alliés, 35 000 Rennes. Durée : 1h. Entrée libre dans la limite des places disponibles.
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Dimanche 21/12 : Musées gratuits, plusieurs lieux de Rennes
Venez découvrir gratuitement les collections et expositions permanentes de plusieurs structures rennaises :
Musée des beaux-arts (quai Emile Zola) de 10h à 18h
Musée des beaux-arts Maurepas (2 allée Georges-de-la-Tour) de 14h à 19h
Musée de Bretagne (aux Champs Libres) de 14h à 19h
Ecomusée de la Bintinais de 14h à 19h
La criée centre d’art contemporain (place Honoré Commeurec) de 14h à 19h
Frac- Fonds Régional d’art contemporain (19 Avenue André Mussat) de 12h à 19h
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Dimanche 21/12, 18h30 : Démocratie participative : bonne idée ou fausse promesse. Café des Champs Libres – Gratuit
Le Club de la Presse de Bretagne invite à une rencontre autour de la démocratie participative. Les pouvoirs publics, aussi bien locaux que nationaux, misent sur la participation citoyenne pour soigner la crise démocratique : budgets participatifs, conventions citoyennes… Que peuvent réellement ces dispositifs ? Parviennent-ils à redonner confiance dans les institutions ? Et quelles sont leurs limites ?
Infos pratiques : 10 cours de Alliés, 35 000 Rennes. Durée : 1h
À l’occasion du centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris, la Cité de l’architecture propose l’exposition Paris 1925 : l’Art déco et ses architectes. Elle se déploie dans la galerie d’architecture contemporaine jusqu’au dimanche 29 mars 2026.
À l’origine de l’exposition, on retrouve Bénédicte Mayer, attachée de conservation à la Cité de l’architecture et du patrimoine. Elle propose une reconstitution immersive de l’Exposition de 1925, événement emblématique qui a marqué l’histoire de l’architecture et des arts décoratifs. Les visiteurs pourront redécouvrir, notamment grâce à une maquette virtuelle, les édifices phares et les parcours créatifs des grands noms de l’architecture moderne.
L’exposition recrée l’atmosphère de 1925 tout en mettant en lumière la relation entre l’architecture et la nature, illustrée ici par un jardin Art déco. Elle rend hommage à toute une génération d’architectes et de créateurs qui ont façonné un style à la fois innovant et intemporel, posant les bases d’une modernité architecturale. Les visiteurs peuvent se repérer et localiser les pavillons comme s’ils parcouraient le site parisien en 1925…
Retour en 1925
Inaugurée le 28 avril 1925, l’Exposition internationale s’installe entre le Grand Palais et les Invalides. Elle reflète le bouillonnement créatif des années folles, dans une société d’après-guerre en pleine transformation.
Véritable tremplin pour le style Art déco, l’Exposition internationale met en avant des personnalités visionnaires et des architectes emblématiques : Auguste Perret (1874-1954), pionnier du béton armé ; Henri Sauvage (1873-1932), architecte et décorateur ; Le Corbusier, qui élabore entre 1922 et 1925 le plan Voisin, projet d’urbanisme pour le centre de Paris (rive droite) ; et Robert Mallet-Stevens (1886-1945), figure du modernisme, également décorateur pour le cinéma.
Sous la direction de l’architecte Charles Plumet (1861-1928), cofondateur du Groupe des Cinq — qui deviendra le mouvement L’Art dans Tout —, l’événement prône l’intégration des arts décoratifs à l’architecture. Les pavillons, construits pour l’occasion, se révèlent audacieux : ils explorent de nouvelles approches architecturales, urbaines et décoratives, avec modernité et une élégance durable.
La Manufacture de Sèvres à l’Exposition internationale de 1925 affirme sa place au cœur de la modernité artistique et architecturale. Ses façades en grandes surfaces de carreaux émaillés, ses colonnes décoratives, ses médaillons sculptés et ses vases monumentaux fusionnent architecture et décor. Le jardin prolonge cette esthétique avec ses bassins, ses animaux stylisés et ses céramiques intégrées.
À l’intérieur, chaque salle est confiée à un décorateur, responsable du mobilier, des revêtements et des luminaires. La porcelaine translucide, le grès et le verre moulé structurent la scénographie, avec des pièces emblématiques : le Salon de lumière et la Salle à manger, qui associent marbres et plafond en verre gravé.
Le Pavillon du Collectionneur à l’Exposition internationale de 1925 : aussi appelé pavillon Ruhlmann, il incarne le luxe et le raffinement de l’Art déco français. Autour d’une rotonde centrale, près de quarante artistes et artisans créent des intérieurs somptueux — salons, boudoirs, salles à manger — mêlant bois précieux, laques, bronzes et tapisseries, où le raffinement artisanal rencontre l’élégance classique.
L’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris (1925) a propulsé l’Art déco sur le devant de la scène mondiale.
Infos pratiques
Exposition Paris 1925 : l’Art déco et ses architectes jusqu’au 29 mars 2026 Cité de l’architecture et du patrimoine (Palais de Chaillot), 1 place du Trocadéro et du 11-Novembre, 75016 Paris
Un corps enchaîné, à terre, presque sans vie. Puis un œil qui s’ouvre, la lutte qui reprend, les liens qui se brisent. Avec Operation Scumbag, nouveau clip issu de leur premier album Watery Grave, le groupe rennais ATR!UM transforme un huis clos noir en manifeste visuel contre les violences sexuelles et les systèmes qui les protègent.
Operation Scumbag : du corps brisé au corps debout
Réalisé par Marie Leclercq dans les studios de l’université Rennes 2, le clip d’Operation Scumbag (sortie le 17 décembre) choisit la frontalité plutôt que la métaphore. Sur un fond noir radical, la caméra suit une chaîne lourde, rouillée, qui serpente jusqu’au corps nu et recroquevillé d’une femme, interprétée par Sadbh Tapie Connolly. Le sol, la solitude, les taches sombres sur la peau : tout dit l’isolement, l’épuisement, l’impuissance des victimes de crimes sexuels.
Puis quelque chose bascule. L’œil s’ouvre, la conscience revient, la colère affleure. La protagoniste se débat, tire sur ses liens, oscille entre écrasement et sursaut. Le montage alterne gros plans et plans larges sur ce corps tour à tour déshumanisé, cadavérique, sali, puis peu à peu combattif. Jusqu’à la libération finale : les chaînes tombent et la femme quitte le cadre en marchant, debout. Sans spectaculaire inutile, le clip raconte cette ligne de crête fragile entre sidération, survie et reprise de pouvoir.
Watery Grave : un premier album entre folk rock et fureur politique
Sorti le 28 novembre (Microcultures / L’Autre Distribution), Watery Grave est le premier album studio d’ATR!UM. Dix titres originaux, composés et interprétés par les cinq musicien·nes, portés par les textes de la poétesse irlandaise Bríd Ní Chonghaile, véritable cœur battant du projet. Ses poèmes, en anglais et parfois en gaélique, mêlent histoires personnelles traumatiques, récits politiques et appels au militantisme. On y croise la mémoire de George Floyd, les guerres de religion, les féminicides, les droits des femmes rognés, la montée des eaux…
Musicalement, le groupe revendique un folk rock puissant et progressif, enregistré en live aux Apiary Studios (Laval) avec Amaury Sauvé. Particularité : ATR!UM a fait le choix de se passer de guitare électrique, privilégiant une guitare folk bardée d’effets, une basse, une batterie acoustique et surtout un travail vocal très poussé. Les chœurs à cinq voix structurent l’album, avec des moments de chorale qui servent de paroxysmes émotionnels et politiques.
L’album s’ouvre et se clôt par My Prayer et My Prayer II, deux invocations adressées à Morrígan, déesse celte de la guerre et du massacre. Une façon de placer la musique dans un cercle rituel : demander protection pour le long combat protestataire qui se joue, titre après titre.
ATR!UM, safe place militant venu de Rennes
Derrière ATR!UM, cinq musicien·nes rennais·es : Sadbh (chant lead), Jeanne (chant lead), Alexis (batterie, chœurs), Elie (basse, chœurs) et Marie (guitare acoustique, chœurs). Le nom renvoie à l’atrium antique, pièce centrale où l’on accueillait les invités et où se déroulaient les discussions politiques. Tout un programme : ATR!UM se conçoit comme un espace sûr, un lieu de parole et de confrontation des idées.
Le projet naît d’un refus très clair des normes patriarcales et systémiques. Sadbh, alors seule fille dans un premier groupe, assiste à l’effritement de cette formation au moment où elle s’éveille comme femme. Elle retrouve Jeanne, et ensemble elles bâtissent ATR!UM comme un espace d’empouvoirement : un groupe leadé par deux femmes, où les textes de Bríd Ní Chonghaile structurent l’écriture musicale et scénique.
Sur scène, ATR!UM s’inscrit dans la tradition orale : continuer de raconter ces histoires qu’on préfère oublier, ces violences qu’on efface trop vite, ces luttes qu’on fatigue à force de les répéter. Depuis 2023, le groupe sillonne les scènes du Grand Ouest – Jardin Moderne, Transat en ville, I’m from Rennes, Pride de Brest, Bars en Trans… – avec un live qui mêle tension rock, montée chorale et prises de parole engagées.
Avec Watery Grave et son clip Operation Scumbag, ATR!UM signe un premier geste fort : un album qui pense le monde en le dénonçant frontalement, et un clip qui redonne un visage, un corps, une marche à celles et ceux qu’on a voulu laisser à terre.
À l’occasion des fêtes de fin d’année, le réseau STAR de Rennes met en place des offres pour permettre de profiter pleinement de cette période festive :
Le PASS 1 jour est en promo à 3.50€ (au lieu de 4,70 euros) du samedi 13 au mercredi 24 décembre. Valable 24h à compter de la première validation.
Pour stationner, pensez aux 8 parkings relais positionnés aux quatre coins de Rennes (gratuits avec un titre STAR validé) et rejoignez facilement le centre-ville de Rennes.
Le dimanche 21 décembre, les commerces seront ouverts et tout le réseau STAR sera GRATUIT !
4 parcs-relais seront ouverts à cette date : Saint-Jacques – Gaîté, Cesson- Viasilva, La Poterie et JF.Kennedy (exceptionnellement ouvert à la place de Villejean- Université, qui sera fermé sur cette journée)
Soirée du 31 décembre
Métro: les 2 lignes de métro circuleront toute la nuit. Parcs relais : Les parcs relais Saint-Jacques – Gaîté, Cesson-Viasilva, La Poterie et Villejean-Université seront ouverts toute la nuit. Les parcs relais Les Gayeulles, Les Préales, Henri Fréville et J.F. Kennedy seront ouverts jusqu’à 2h du matin.
Bus :
• Les lignes CHRONOSTAR (C1, C2, C3, C4, C5, C6 et C7) seront prolongées jusqu’à 01h35. • Les STAR de Nuit N1 – N3 – N4 – N5 circuleront, avec des horaires d’un samedi soir. • La ligne de bus STAR de Nuit N2 ne circulera pas. Nous vous invitons à prendre le métro. • Les lignes métropolitaines circuleront comme un samedi soir vers les communes, avec un départ à 00h15 (et non 00h) et à 01h35. • Le service HANDISTAR sera prolongé jusqu’à 2h (sur réservation – plus d’informations sur handistar.fr)
Jeudi 11 décembre 2025, une mobilisation agricole d’ampleur a traversé l’agglomération rennaise, avec des convois de tracteurs venus notamment de Châteaubourg avant une convergence vers Rennes. Le cœur du conflit tient en la révision du SAGE Vilaine (Schéma d’aménagement et de gestion des eaux), document de planification qui encadre la protection et les usages de l’eau à l’échelle du bassin-versant. Malgré le report annoncé et le signal de l’État indiquant que le texte ne serait pas signé « en l’état », les syndicats agricoles laissent circuler un appel implicite à maintenir la pression, avec l’idée d’une nouvelle séquence de mobilisation dès jeudi prochain (jeudi 18 décembre) si le dossier n’évolue pas.
La journée du 11 décembre a été marquée par des tensions, des perturbations de circulation, et des gestes symboliques forts – dont le déversement de fumier devant la préfecture – tandis que l’État annonçait que le texte ne serait pas signé « en l’état », et qu’un nouveau calendrier se dessinait.
Ce que l’on sait factuellement de la journée du 11 décembre
Les chiffres varient selon les sources et les moments de la journée. Des centaines d’agriculteurs se sont rassemblés en amont à Châteaubourg et plusieurs centaines de tracteurs ont circulé sur la rocade, puis vers le centre. La préfecture a donné comme chiffres du rassemblement environ 800 personnes à Châteaubourg et près de 200 tracteurs sur la rocade ; d’autres bilans évoquent une présence plus faible une fois dans Rennes, 150 tracteurs, et la préfecture mentionne quelques centaines de manifestants dans le centre en fin d’après-midi. Les perturbations ont été très concrètes pour les habitants : déviations et ralentissements, interruptions ponctuelles de circulation, impacts sur le réseau de bus STAR dans le centre-ville et rixes entre agriculeurs et forces de l’ordre autour des quais du centre de Rennes .
Le point de bascule médiatique et politique, lui, tient à deux éléments. D’une part l’image – fumier et foin déversés devant la préfecture et devant le siège de Rennes Métropole ; d’autre part la séquence institutionnelle – la perspective d’un SAGE adopté rapidement a été en pratique repoussée, avec l’idée d’une reprise du dossier ultérieurement, dans un format et un calendrier modifiés.
En fin de journée, la maire de Rennes, Nathalie Appéré, a condamné « très fermement » les dégradations commises lors de la mobilisation. Elle met en cause des syndicats agricoles identifiés — la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Coordination rurale — et évoque l’empêchement, « par la force », de la tenue d’une réunion de la Commission locale de l’eau à Châteaubourg, instance pourtant centrale dans l’élaboration du SAGE Vilaine. La municipalité affirme également qu’un rendez-vous avait été proposé aux représentants syndicaux à leur demande, sans être honoré, avant que ne soient déversés fumier, paille et déchets devant l’Hôtel de Rennes Métropole, la préfecture et dans le secteur République. La maire annonce enfin le dépôt d’une plainte, marquant un durcissement institutionnel dans un conflit désormais ouvert où la crise de la concertation apparaît aussi centrale que le désaccord de fond sur la gestion de l’eau.
Le SAGE Vilaine : un texte technique devenu explosif
Sur le papier, un SAGE n’est pas un slogan, c’est un document de planification prévu par le droit de l’eau, élaboré par une Commission locale de l’eau (CLE) qui vise à organiser la gestion de la ressource en quantité et en qualité, et à protéger les milieux aquatiques et les zones humides tout en conciliant les usages (eau potable, agriculture, industrie, urbanisme).
Dans le bassin de la Vilaine, la révision du SAGE est portée depuis 2022 et s’inscrit dans un contexte lourd : pollutions diffuses, enjeux de captages d’eau potable, conflits d’usage, mais aussi changement climatique (sécheresses, restrictions, inondations). L’Autorité environnementale a d’ailleurs rappelé, dans son avis, l’ampleur des pressions sur les milieux et la nécessité de renforcer la qualité des eaux et la gestion quantitative.
Le nœud politique de la contestation agricole tient notamment à des règles associées aux aires d’alimentation de captages (AAC) et à certaines pratiques. En particulier, une règle discutée publiquement ces derniers mois concerne des restrictions (voire interdictions ciblées) d’usage d’herbicides sur certaines parcelles de maïs dans des secteurs identifiés comme sensibles afin de limiter les transferts vers les cours d’eau et les captages. Pour les défenseurs du texte, c’est une mesure de protection de l’eau potable ; pour une partie du monde agricole, c’est un nouveau verrou, vécu comme un signal d’incompréhension du terrain et de l’économie des exploitations.
L’exaspération agricole : ce qui s’exprime derrière les tracteurs
Le mouvement observé autour de Rennes ne se résume pas à une revendication unique. Il agrège plusieurs colères : l’impression d’une accumulation de normes, une crainte de perdre des marges de manœuvre agronomiques, la peur d’être désigné comme cause principale de la dégradation de l’eau et un sentiment plus diffus d’être sommé de se transformer à marche forcée sans garanties économiques suffisantes.
Il y a aussi, et ce point mérite d’être entendu, un argument de méthode. Beaucoup d’agriculteurs affirment ne pas contester l’objectif de protéger l’eau, mais contestent le calibrage (quelles zones, quels délais, quelles exceptions, quels accompagnements) et la cohérence d’ensemble (à quels coûts, avec quels outils de transition, et selon quel partage de l’effort entre agriculture, urbanisme, assainissement, industrie, infrastructures).
Le recours à des actions symboliques dures (fumier, barrages, intimidation sonore) relève alors, pour les organisateurs, d’une logique de “dernier levier” pour redevenir visibles ; mais il produit aussi un effet boomerang, car il tend le débat, au risque d’écraser la complexité du dossier sous une opposition binaire.
Le camp de la protection de l’eau, santé publique, captages, et responsabilité collective
En réponse à la contestation, les défenseurs d’un SAGE plus exigeant (associations environnementales, certains élus, une partie des citoyens mobilisés lors de la consultation) mettent en avant une ligne simple. L’eau potable n’est pas un luxe, et les captages sont des points de vulnérabilité où l’on doit réduire les risques. Leur argumentation insiste sur le fait qu’un SAGE ne “punit” pas un métier ; il encadre un bien commun dans un bassin versant où les impacts de pratiques multiples se cumulent.
Ils rappellent aussi que la question n’est pas abstraite. Une règle sur une aire de captage n’est pas la même chose qu’une interdiction générale. Et l’objectif affiché consiste précisément à concentrer l’effort là où la protection est la plus justifiée. Mais ils reconnaissent, pour les plus sérieux d’entre eux, qu’une restriction sans accompagnement (technique, financier, filières, assurance-risque) risque de produire du ressentiment plutôt que de la transition…
L’État au milieu : maintien de l’ordre, arbitrage, et report du conflit
Dans ce type de séquence, l’État se retrouve à la fois arbitre et cible. D’un côté, encadrement policier et gendarmerie fortement mobilisés, gestion des flux routiers, sécurisation des abords des bâtiments publics. De l’autre, une responsabilité politique sur l’issue du texte. Le signal principal de la soirée du 11 décembre est que le préfet a fait savoir que le SAGE ne serait pas signé « en l’état » ; ce qui a été interprété par les manifestants comme une victoire d’étape – et par les défenseurs du texte comme un risque de recul.
Le report annoncé du vote final (ou sa reprogrammation) ne règle pas le désaccord, il le déplace. La question qui va revenir, dès le 16 janvier, est celle du “nouveau compromis” : quelles modifications et quelles garanties, sans détricoter la protection de l’eau et sans humilier un monde agricole déjà sous pression ?
Ce que cette journée dit de Rennes et de la France des conflits d’usage
Cette mobilisation a une dimension locale (le bassin de la Vilaine, les captages, la rocade, les institutions rennaises), mais elle raconte une histoire nationale. La multiplication des conflits d’usage autour de l’eau, l’arrivée du climat comme accélérateur de contraintes et la difficulté à produire des compromis socialement tenables quand chacun a le sentiment de payer plus que l’autre.
Pour Rennes, la journée du 11 décembre a aussi rappelé une réalité souvent sous-estimée en ville. La dépendance concrète au monde agricole et l’écart culturel entre une métropole qui raisonne en normes, en plans et en objectifs environnementaux, et des exploitations qui raisonnent en sols, en météo, en marges, en risques, en saisons. C’est précisément cet écart qu’un SAGE est censé réduire par la concertation. Quand la concertation échoue, les tracteurs reprennent la parole.
Ce qui va compter maintenant
Trois questions, très simples en apparence, vont déterminer la suite :
Le périmètre et le calendrier : quelles zones exactement, quels délais, quelles clauses d’ajustement, et avec quels indicateurs de suivi compréhensibles ?
L’accompagnement : quelles alternatives agronomiques réalistes, quelles aides, quelles sécurisations économiques, et comment éviter que la transition ne repose sur les seuls producteurs ?
La crédibilité démocratique : comment refaire de la CLE un lieu d’arbitrage respecté, plutôt qu’une scène où chacun vient constater l’échec de la négociation ?
Une chose est sûre, si le SAGE Vilaine est un texte de l’eau, il est devenu – à Rennes, ce 11 décembre – un texte sur la confiance. Et la confiance, elle, ne se répare ni par décret, ni par démonstration de force.
Dans la lutte contre le vol de cycles à Rennes et partout en France, il y a l’antivol, le point fixe, le marquage, la vigilance sur la revente, mais plusieurs points sont devenus centraux : l’identification obligatoire des vélos vendus par des professionnels depuis 2021, l’essor des VAE et l’offre locale de stationnement sécurisé qui s’est structurée. Petit tour d’horizon.
Les associations conseillent un vrai antivol en U (et déconseillent fortement les câbles “seuls”, trop faciles à sectionner).
Le bon choix d’antivol : un U solide… et parfois deux
Le principe reste simple : rendre le vol long, bruyant, risqué. L’antivol en U demeure la référence, surtout s’il est reconnu par des tests indépendants (classements FUB, par exemple). Et dans les contextes “à risque” (centre-ville, nuit, zones très passantes), deux antivols sont une vraie stratégie : l’objectif n’est pas l’inviolabilité, mais la dissuasion. En environnement critique, deux U (ou un U + un antivol de cadre/chaîne) compliquent fortement la tâche et font souvent changer de cible.
Un “bon” antivol coûte aujourd’hui plus souvent plusieurs dizaines d’euros (et parfois davantage pour les modèles très résistants). C’est un investissement, mais il est souvent moins cher qu’un vol (sans parler du temps perdu).
Les systèmes de notation existent, mais privilégiez les références testées par des organismes reconnus (ex. FUB).
La règle d’or : attacher cadre + roue arrière à un point fixe
Beaucoup de vols “faciles” tiennent à une mauvaise attache. La meilleure routine : un point fixe (arceau, mobilier solide), le cadre et la roue arrière pris ensemble par le U. Si vous le pouvez, sécurisez aussi l’avant (deuxième antivol ou câble secondaire, en complément – pas “seul”).
À faire : U autour du cadre + roue arrière + point fixe.
À éviter : attacher seulement une roue (notamment l’avant), ou n’utiliser qu’un câble fin.
À renforcer : remplacer les attaches rapides (roues/selle) par des vis ou antivols dédiés.
Les attaches rapides (roue/selle) sont un point faible classique : si possible, remplacez-les.
Identification : la norme depuis 2021
Depuis 2021, l’identification des cycles est obligatoire pour les vélos neufs vendus par des professionnels (à partir du 1er janvier 2021) et pour les vélos d’occasion vendus par des professionnels (à partir du 1er juillet 2021). L’idée : un identifiant apposé sur le cadre, et des coordonnées enregistrées dans le fichier national, afin de faciliter la restitution et de freiner la revente.
Si votre vélo n’est pas identifié (achat ancien, vente entre particuliers, etc.), le marquage reste une excellente idée ; c’est un geste simple qui augmente vos chances de retrouver votre vélo (et décourage une partie de la revente “rapide”).
Le marquage (type Bicycode) : utile pour dissuader et faciliter la restitution.
VAE : trois réflexes supplémentaires
Retirez la batterie et/ou l’écran amovible si possible (un VAE “amputé” se revend moins facilement).
Montez le niveau de protection (U sérieux + second antivol, si stationnement régulier en voirie).
Pensez traceur (tracker discret) et photos récentes : ce n’est pas magique, mais cela peut faire la différence quand vous réagissez vite.
Stationner plus malin à Rennes : utiliser les solutions sécurisées quand on peut
Rennes dispose d’une offre de stationnement vélo fermé (C-Park), accessible 24h/24 et 7j/7 avec une carte compatible et une adhésion valide. Pour un stationnement régulier (trajets domicile-travail, gare, centre), c’est l’un des meilleurs “antivols” : réduire l’exposition, tout simplement.
Si vous stationnez dehors : privilégiez les lieux éclairés, visibles, avec passage, et évitez les arceaux fragiles ou isolés. Le “meilleur” point d’attache est souvent celui où le voleur se sent observé.
Déposez plainte (plus c’est rapide, mieux c’est, notamment pour l’assurance).
Déclarez le vélo volé dans le registre associé à son identifiant (si vous en avez un) et vérifiez que vos coordonnées sont bien à jour.
Surveillez les annonces (Leboncoin, Marketplace, groupes locaux) en élargissant au-delà de la ville : la revente peut être très rapide et parfois hors département.
Les plateformes de petites annonces et places de marché restent un point de revente important : réagir vite compte.
On ne supprime pas le risque, mais on peut le faire chuter : un bon U (souvent complété), une attache cadre + roue arrière sur un point fixe, l’identification (désormais un standard), et, quand c’est possible, le recours aux parkings vélos fermés. Le vol n’est jamais “fatalité” : c’est souvent une addition de petites failles. Les combler, c’est déjà protéger sa liberté de rouler.
À l’automne 2025, l’Union européenne a adopté une réforme d’ampleur du permis de conduire. Dans les médias, elle a souvent été résumée par une formule : « fin du permis à vie ». C’est vrai… mais incomplet.
Au plan juridique, la directive vise surtout deux bascules : harmoniser la validité des titres (avec renouvellement périodique) et faire circuler les sanctions graves entre États membres pour éviter qu’une interdiction de conduire prononcée à l’étranger ne s’arrête à la frontière. Au plan pratique, la France est déjà proche de plusieurs exigences : les changements seront donc progressifs, mais potentiellement très concrets pour certains profils (seniors, conducteurs très mobiles, titulaires d’un permis étranger, professionnels de la route).
Important : même si on parle de « réforme 2025 », les effets sur la vie quotidienne dépendront de la transposition par chaque État membre et d’un calendrier de mise en œuvre technique. Autrement dit : le texte est adopté, mais son impact dépendra de la façon dont chaque pays l’applique.
1) La fin du “permis à vie” : une validité limitée… sans invalidation brutale des permis actuels
Le cœur symbolique de la réforme, c’est la durée. La directive fixe une validité maximale :
Voitures et motos : jusqu’à 15 ans.
Camions et autobus : 5 ans.
Option pour certains pays : abaisser à 10 ans si le permis est utilisé comme pièce d’identité.
Point décisif : les permis déjà délivrés ne deviennent pas invalides du jour au lendemain. On n’est pas dans une logique de “repasser le code” à échéance, mais dans une logique de renouvellement administratif (mise à jour des informations, photo, adresse, sécurisation du titre, etc.).
Ce que cela change au plan concret : davantage de renouvellements au cours d’une vie, donc plus de démarches… mais aussi moins de titres très anciens circulant sans actualisation. C’est précisément ce que recherchent les institutions européennes : un système plus “vivant”, plus traçable, moins propice à la fraude, et plus facile à contrôler dans l’ensemble de l’UE.
2) Permis numérique : la modernisation sans obligation de “tout-smartphone”
La réforme pousse à généraliser un permis numérique (sur smartphone), compatible avec le futur portefeuille d’identité numérique européen. Mais elle maintient un principe important : le permis physique reste disponible sur demande.
Au plan d’usage, c’est une simplification (contrôles, démarches, vérifications), mais elle soulève aussi des questions très prosaïques : batterie, accès, sécurité du téléphone, et acceptation hors UE. Voilà pourquoi l’option “document physique” demeure stratégique.
3) Le vrai tournant : les sanctions graves vont “suivre” le conducteur d’un pays à l’autre
C’est la partie la plus structurante et, paradoxalement, la moins “spectaculaire” dans les titres. La Commission européenne présente la réforme comme un système de reconnaissance mutuelle : une interdiction de conduire prononcée pour une infraction grave dans un État membre devra produire ses effets dans l’ensemble de l’Union.
Concrètement, la zone grise du « j’ai perdu mon permis en vacances / en mission, mais je peux conduire ailleurs » est appelée à se réduire fortement. Pour les conducteurs très mobiles (frontaliers, commerciaux, étudiants, tourisme routier, transporteurs), c’est un changement majeur : une sanction lourde à l’étranger peut devenir une immobilisation totale.
Ce dispositif vise explicitement à empêcher l’évitement des sanctions, en particulier pour des infractions graves (alcool, stupéfiants, grands excès de vitesse, faits entraînant mort ou blessures graves…).
4) Visite médicale : l’Europe n’impose pas un modèle unique, mais change le “cadre du débat”
La directive ne rend pas automatiquement la visite médicale obligatoire partout. Elle laisse aux États le choix : examen médical, auto-évaluation, ou dispositif national équivalent. C’est un point clef : le “durcissement” dépendra, pays par pays, des arbitrages politiques.
En France, la question est déjà présente (initiatives parlementaires récentes). La réforme européenne peut servir de levier : elle légitime l’idée d’un contrôle d’aptitude au moment du renouvellement, en particulier pour certains âges ou certains profils de risque.
–> France vs Italie vs Pays-Bas : renouvellement et contrôle médical (exemples)
La directive européenne fixe un socle ; les pratiques nationales restent déterminantes. Voici trois “styles” européens très parlants.
France : aujourd’hui, pas de visite médicale généralisée pour les permis B “classiques” (hors cas particuliers et permis professionnels). La réforme européenne pourrait conduire à des ajustements à la marge, selon les choix du législateur.
Italie : modèle nettement plus “médicalisé” et rythmé par l’âge : validité typique de 10 ans jusqu’à 50 ans, 5 ans entre 50 et 70 ans, 3 ans entre 70 et 80 ans, 2 ans après 80 ans, avec visites médicales associées au renouvellement.
Pays-Bas : modèle concentré sur un seuil : à partir de 75 ans, une évaluation médicale est requise à chaque renouvellement, en pratique tous les 5 ans.
Ce comparatif illustre un point simple : si l’UE harmonise la durée maximale, elle n’efface pas les cultures nationales. Au plan des seniors, l’enjeu est de savoir si la France s’orientera plutôt vers un modèle “seuil unique” (type Pays-Bas) ou un modèle “fréquence croissante” (type Italie).
5) Jeunes conducteurs : harmonisation, mais la France est déjà “dans les clous”
La directive prévoit une période probatoire minimale et des exigences accrues sur des sujets de sécurité (usagers vulnérables, angles morts, distraction et téléphone, etc.). Pour les jeunes Français, l’impact est limité : la France applique déjà un cadre probatoire strict, et a même pris de l’avance sur certains points (organisation de la conduite accompagnée, encadrement, sanctions pour alcoolémie au plan probatoire, etc.).
6) Assurance auto : l’effet domino que tout le monde sous-estime
La directive ne réforme pas l’assurance, mais elle modifie le “réel” auquel l’assurance se raccorde : validité du droit à conduire, traçabilité, portée transfrontalière des sanctions. Et cela peut peser très fort au plan financier.
A) Obligation d’informer l’assureur en cas de retrait/suspension
En France, vous devez informer votre assurance en cas de retrait du permis (annulation, invalidation), y compris si le retrait est provisoire (suspension administrative ou judiciaire). En pratique, ne pas déclarer peut créer des litiges lourds en cas de sinistre.
B) “Perdu à l’étranger = perdu partout” : le risque assurantiel augmente
Avec la reconnaissance européenne renforcée, une sanction grave prononcée dans un autre pays de l’UE est appelée à devenir, à terme, une réalité opposable dans votre pays. Pour l’assurance, cela signifie : obligation d’information, possible surprime, voire résiliation, et difficulté à se réassurer à un tarif standard.
C) Permis expiré / non renouvelé : un nouveau “piège” banal
Quand un titre devient valable 10–15 ans, le risque le plus courant n’est pas la fraude : c’est l’oubli. Un permis expiré (ou non renouvelé à temps) peut vous placer dans une situation de conduite sans droit valide. En cas d’accident, c’est le genre de détail qui fait basculer un dossier au plan des garanties et des responsabilités.
7) Trois profils qui seront les plus “touchés”
Les seniors : parce que les États peuvent choisir de réduire la durée de validité ou d’adosser le renouvellement à un contrôle médical (vision, cardio, etc.).
Les conducteurs très mobiles dans l’UE (frontaliers, tourisme routier, missions pro) : parce que la sanction grave “voyage” désormais avec le conducteur.
Les titulaires d’un permis étranger (UE) vivant en France : parce que la coordination des droits, des renouvellements et des restrictions va s’intensifier, au plan administratif comme au plan assurantiel.
8) Ce que vous pouvez faire dès maintenant
Repérer la date et la catégorie de votre permis, et anticiper le futur calendrier de renouvellement.
Si vous conduisez souvent dans l’UE : intégrer une règle simple, désormais plus vraie que jamais : une infraction grave n’est plus “locale”.
En cas de suspension/retrait : prévenir l’assureur rapidement et garder une preuve écrite.
Conserver un format physique si vous voyagez hors UE ou si vous souhaitez éviter une dépendance totale au smartphone.
Le Palais Saint-Melaine, situé place Saint-Melaine à Rennes, est un édifice historique dont la construction a débuté dans la seconde moitié du XVIIᵉ siècle. Érigé initialement en tant que manoir abbatial à partir de 1666, il a connu plusieurs transformations au fil des siècles. Après avoir appartenu à l’État depuis 1793, il a été vendu le 15 décembre 2025 à un opérateur privé, avec un projet de réhabilitation mêlant logements et bureaux.
Le palais se trouve en limite occidentale du parc du Thabor, l’un des principaux jardins publics de Rennes, offrant un cadre exceptionnel à cet ensemble chargé d’histoire. En 1720, une aile fut ajoutée à l’ouest pour séparer le palais de la rue. En 1770, l’évêque François Bareau de Girac apporta des modifications significatives au bâtiment, lui conférant son aspect actuel. Au cours de son histoire, le palais a servi de siège à l’archevêché de Rennes, a hébergé la faculté de droit, le rectorat, l’École nationale de santé et le Centre de préparation à l’administration générale. Classé au titre des monuments historiques par arrêté du 21 août 1959, l’ensemble, longtemps occupé au service public, était devenu vacant et dégradé avant sa cession.
L’ensemble immobilier dénommé « LE PALAIS SAINT MELAINE » dépend d’un ensemble plus vaste : l’ancienne Abbaye Saint-Melaine. Le palais se situe dans le quartier Thabor-Paris, en périphérie du centre ancien de Rennes, à environ 800 mètres de l’Hôtel de Ville et 600 mètres du Parlement de Bretagne, à proximité immédiate de la Préfecture et du Conseil régional. Il borde, avec l’abbaye, la place éponyme devant l’entrée ouest du Parc du Thabor.
L’entrée principale est située place Saint-Melaine, sur le parvis de l’église Notre-Dame, l’immeuble étant délimité à l’est par la rue du Général Maurice Guillaudot et au nord par la rue du Thabor. L’immeuble principal, en forme de « L », se prolonge côté nord-ouest d’un bâtiment annexe, dispose au sud d’une cour d’honneur et au nord d’un parc d’agrément aménagé.
Caractéristiques du bien :
Surface bâtie : environ 2 700 m² (ordre de grandeur communiqué lors de la mise en marché).
Assiette foncière : 6 620 m² (parcelles cadastrées section BH n° 148, 307 et 308).
Extérieurs : cour d’honneur et parc d’agrément au nord.
Localisation : place Saint-Melaine, en bordure immédiate du parc du Thabor.
L’État a finalement signé la vente le lundi 15 décembre 2025, tournant une page de plus de deux siècles d’usage public (propriété de l’État depuis 1793). Selon les informations rendues publiques, le site, vide et en mauvais état, doit faire l’objet d’une réhabilitation lourde.
L’acquéreur annoncé est un promoteur rennais (Groupe Bâtisseurs d’avenir), associé à une société d’investissement (Westone). Le programme communiqué prévoit l’aménagement d’environ 40 logements et de surfaces de bureaux, sous fortes contraintes patrimoniales liées au classement. Une phase d’études d’environ un an est évoquée, suivie d’environ deux ans de travaux, pour une livraison projetée à l’horizon 2029 (sous réserve des autorisations et aléas de chantier). Les coûts de réhabilitation sont décrits comme très élevés, de l’ordre de plusieurs milliers d’euros par m², ce qui rend déterminants les dispositifs et montages adaptés aux immeubles protégés.
Depuis plus de quarante ans, les Tombées de la Nuit développent une relation singulière à la ville. Ce lien intime, expérimental, joue sur les rythmes, les flux, les rencontres, les distances – les mobilités.
Ce lien fait de Rennes et de sa métropole non pas un simple décor mais une matière vivante, un organisme sensible et relationnel où l’art agit comme une énergie lente et transformatrice. Voilà pourquoi la synergie entre les Tombées de la Nuit, leur conception de l’art et de l’espace, un engagement écoresponsable et les mobilités douces reconduit l’expérimentation de la ville à travers… le pas du montagnard.
« Il faut substituer au voyage et au loisir passifs des créations permanentes de situations. » (Guy Debord, Rapport sur la construction des situations, 1957)
Chaque été, mais aussi à travers nombre de propositions dominicales toute l’année, les Tombées de la Nuit invitent le public à se déplacer, à marcher, pédaler, errer, dévier, être transporté. Les lieux choisis, souvent hors des circuits habituels, obligent à une redécouverte du territoire à travers des lieux et passages connus et empruntés puis des chemins de halage et de traverse, friches, places secondaires, cours intérieures, parcs en marge, bretelles de quartiers.
La mobilité douce devient alors une méthode d’arpentage. Les participants aux rendez-vous des Tombées de la Nuit traversent ainsi la ville au rythme de leur propre corps. Le paysage se recompose dans l’effort, le souffle, la chaleur, la pente. Chaque spectacle exige un déplacement, parfois minime mais signifiant ; un détour qui réveille les sens, défroisse les automatismes. Marcher jusqu’à un spectacle transforme déjà le rapport au spectacle lui-même et notre disponibilité à l’éprouver, voire à y participer plus intimement. C’est précisément ce que le festival expérimente : composer des ambiances, des situations, des cheminements où la ville devient un terrain de jeu sensible plutôt qu’un simple réseau de trajets utilitaires.
Temps, espace et variations du regard
La marche comme le vélo introduisent une dialectique subtile entre vitesse et lenteur, concentration et dispersion, observation et glissement. La mobilité douce crée ce que le festival cherche à produire chaque année : un regard décalé sur l’ordinaire.
En modifiant la vitesse, le champ perceptif s’agrandit. En changeant le rythme, le regard change. En modifiant le rapport au temps, arpenter réinterroge l’espace. Le spectateur rennais ne se contente pas d’aller à un spectacle ; il se met en mouvement avec. La ville n’est plus un trajet, elle devient un dé-roulé narratif. Une chorégraphie de chorégraphies individuelles et collectives.
C’est là qu’apparaît une autre « retombée de la nuit » : les mobilités repensées sont au service de la création de communautés d’expérimentation douce de la ville où l’expérience artistique intensifie, diversifie et varie la perception du territoire. Un groupe de spectateurs qui pédalent ensemble, un public qui traverse le même quartier à la même heure, des inconnus qui marchent côte à côte, ce sont autant de micro-communautés passagères qui reconfigurent socialement et symboliquement la ville en éphémères mais intenses expériences territoriales.
Festina lente…
Derrière cette vision, il existe une philosophie vieille comme Auguste : Festina lente, Hâte-toi lentement. Une oxymore devenue devise. La Fontaine en donne une version familière dans Le Lièvre et la Tortue, fable qui pourrait servir de petit manifeste aux mobilités douces…
Tout est posé d’entrée de jeu : « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. » Le lièvre méprise cette lenteur, il tarde, il traîne, il se disperse, tandis que la tortue suit son chemin, obstinée, régulière : « Elle part, elle s’évertue ; Elle se hâte avec lenteur. » La morale tombe à la fin, coupante, ironique, contemporaine dans ce qu’elle dit de nos rythmes urbains : « Eh bien ! lui cria-t-elle, n’avais-je pas raison ? De quoi vous sert votre vitesse ? Moi, l’emporter ! et que serait-ce si vous portiez une maison ? »
Tout y est. Le faux prestige aveuglant de la vitesse, la force discrète de la régularité, la victoire de celle qui assume sa lenteur active plutôt que de courir partout en croyant gagner du temps. C’est exactement ce que les Tombées de la Nuit travaillent dans la ville ; non pas l’immobilité, mais un mouvement qui refuse de se confondre avec la précipitation, qui épouse les rythmes de la ville mais toujours avec un pas de côté qui les domestique collectivement. C’est ainsi que les Tombées nous proposent de porter notre maison commune.
…et pas du montagnard
L’adage Festina lente correspond à la manière dont le festival orchestre la ville avec des pics d’intensité suivis de moments de suspension, des plongées sensibles succédant à des respirations calmes. Vitesse et lenteur ne s’opposent plus. Elles composent ensemble un paysage d’émotions et d’attention. Le spectateur avance pour ralentir ; il se dépêche pour mieux contempler ; il explore pour mieux habiter.
C’est ici que trouve place une autre image, complémentaire sans redondance, qui est celle du « pas du montagnard ». Une manière durable et lucide d’avancer qui déroule un pas après l’autre, régulier, solide, ajusté à son énergie, capable d’aller loin sans s’épuiser. Ce pas montagnard, lent mais ferme, permet autant la distance que la contemplation. Là où la ville contemporaine impose le sprint – précipitation, zapping, circulation tendue –, le festival propose ce pas dans la durée. Un art d’habiter le mouvement, de traverser Rennes à un rythme soutenable qui laisse place au regard, à la disponibilité, à la surprise, parfois à l’émerveillement.
En fait, le pas qui varie modifie la vitesse de la marche ou du pédalage, ce qui, ce faisant, modifie la chaleur intérieure du corps, le rythme du souffle, la manière dont on se sent « habiter » son propre corps. Quand le pas ralentit ou s’accélère, la température monte, le cœur se règle autrement, la perception de soi se déplace. Cet ajustement physiologique transforme l’économie de l’attention : présence plus aiguë à ses appuis, à la texture du sol, aux bruits, aux lumières, aux autres. En jouant ainsi sur les rythmes, Les Tombées de la Nuit travaillent quelque chose de très intime : notre sentiment de nous-mêmes en mouvement, et, à travers lui, notre conscience située dans l’espace urbain, notre manière d’entrer en relation avec les choses, les lieux et… les personnes.
La logistique cyclable
Cette vision ne serait qu’un discours si elle ne s’incarnait pas dans des pratiques. Or l’équipe du festival a fait des mobilités douces non seulement un outil pour le public, mais un pilier opérationnel. Produire un festival autrement, c’est aussi mobiliser la ville autrement.
Les Tombées de la Nuit privilégient et encouragent le recours aux mobilités douces pendant le festival comme au fil des spectacles organisés toute l’année. En partenariat avec le STAR, l’association s’attache à informer le public quant aux possibilités d’accès aux lieux, qu’il s’agisse des arrêts de bus, des stations de métro ou des bornes Vélostar. Et, depuis cinq ans déjà, le deux-roues a été intégré aux moyens de transport logistiques des Tombées ; aujourd’hui, environ 80 % de leurs besoins logistiques sont couverts par ce mode de déplacement.
Galapiat Cirque, tournée en roue libre
Avec Les Maîtres du désordre, présenté le 6 juillet 2025 place des Lices, Sébastien Wodjan pousse encore plus loin sa relation à la mobilité. Son projet rennais incorpore un déplacement lent : cinq étapes cyclables, de Pacé à Laillé, en passant par Le Rheu et Chartres-de-Bretagne. La lenteur du déplacement contraste avec l’intensité du spectacle. Cette tension – respiration avant la déflagration – donne toute sa profondeur au geste : la performance vient de loin, du trajet, du paysage, des efforts accumulés.
La Diagonale de JOUBe, voyage cyclo-électronique
Avec La Diagonale de JOUBe, les Tombées de la Nuit ont accueilli début juillet une autre forme de mobilité douce radicale : celle d’un musicien qui fait de son vélo à la fois son moyen de transport, son studio et son instrument. Parti des Nuits de Fourvière à Lyon, Romain Joubert parcourt 800 kilomètres à vélo pour rejoindre Rennes, jalonnant son trajet de concerts, de rencontres et de collectages sonores. À chaque étape, il glane des voix, des bruits, des ambiances, des paysages acoustiques qui viendront nourrir son set.
L’« enseignement » de ce projet est double. D’un côté, il propose une autre idée de la tournée : lente, sobre, traversant réellement les territoires plutôt que de les survoler en camion ou en avion. De l’autre, il montre que la mobilité douce peut devenir un moteur de création : le temps du trajet n’est plus une parenthèse logistique, mais un temps fertile d’écoute, de rencontres et de mise en récit. La Diagonale de JOUBe rappelle qu’on peut faire de la fête et du son en engageant moins de carbone et plus d’attention, en remplaçant la vitesse par l’épaisseur des expériences traversées.
Vers une ville plus douce, sensible, relationnelle, consciente
Les Tombées de la Nuit et les mobilités douces ne forment pas seulement un tandem pratique ou écologique. C’est un projet de transformation du regard. Une manière de réaccorder la ville avec ceux qui la vivent. Une esthétique de la disponibilité, de l’attention, de la conversation. Une politique de la lenteur fertile.
Cette dynamique passe par une prise en main de ses déplacements qui sous-entend l’acceptation de se laisser affecter par les lieux et les atmosphères afin de faire de la marche et du pédalage des gestes à la fois ludiques, critiques et profondément sensibles.
De fait, marcher ou pédaler vers un spectacle, c’est déjà commencer à en faire partie. C’est accepter d’entrer dans une dramaturgie collective où chaque déplacement est une expérience. C’est vivre pleinement l’adage Festina lente nourri du pas du montagnard : aller loin en avançant lentement, le corps, l’esprit et le cœur intelligemment échauffés. Rennes devient alors une scène ouverte où tout un chacun se découvre arpenteur et chaque spectacle, une manière d’habiter soi-même, notre ville et le monde autrement.
Christian Signol livre, aux éditions Albin Michel, son nouvel ouvrage : D’une beauté sauvage. Dans cette peinture de la vie sauvage émouvant, le lecteur suit l’histoire de deux couples et leur cohabitation avec les loups.
Voilà plus de quarante ans et autant de romans, parfois sous forme de diptyque ou de triptyque, que l’auteur nous raconte ses histoires, certaines étant portées à l’écran (La Rivière Espérance en 1995, La Clé des champs tiré de La promesse des sources en 1998, L’Enfant des terres blondes en 1999 et Les Enfants des justes (2021). Il nous livre ici un roman sur la cohabitation avec les loups, un roman couronné du Prix littéraire 30 Millions d’Amis. Un sujet revenant régulièrement dans l’actualité dès qu’un événement malheureux se produit sans pour autant que nous avancions vers une solution.
Ce livre a pour cadre le plateau du Limousin, un pays de hameaux de quelques maisons, entre collines et rivières, champs et forêts enveloppés dans la magie des saisons, les vents et la pluie, la chaleur et la sécheresse, la transparence de l’air et la lumière mais aussi les temps de pâturages et de bergerie, des temps où le foin peut manquer et où chacun cherche à survivre. Voici Jeanne, une maîtrise de lettres en poches, passionnée de lectures, et Damien, débardeur forestier, un couple éleveurs de brebis. Voilà Lucas, employé à l’office français de la biodiversité et son amie Mathilde, une défenseuse des animaux sauvages. Le premier occupé à suivre l’arrivée et les mouvements des loups au moyen de pièges photo, la seconde cherchant désespérément des solutions à la cohabitation.
Et puis il y a Lupo et Léna, deux loups qui nous deviennent familiers quand nous les voyons s’aimer, chercher de quoi se nourrir, suivre les premiers pas de leurs louveteaux. Quand nous les voyons se protéger, apprendre à se cacher dans leurs tanières et à deviner les pièges posés par les éleveurs et les chasseurs. Clôtures électriques ou filets de protection, garde par un Patou des Pyrénées, tirs d’effarouchement, veilles dans un abri précaire au milieu du troupeau à écouter les nuits, bénévoles pour surveiller les troupeaux, les efforts de Mathilde ne manqueront pas pour protéger les agnelles, celles que Jeanne aura nourri parfois au biberon.
L’auteur et l’éditeur, dans le bandeau de couverture, font référence à Croc blanc, un roman qui a marqué et marque encore l’adolescence et au-delà. C’est le grand Nord canadien de Jack London que nous retrouvons aussi dans Le fils du loup, L’appel de la forêt, etc. Nous pourrions ajouter dans les classiques les ouvrages James Oliver Curwood avec Kazan, Le Grizzly… Nous pourrions penser aussi à Henry David Thoreau et Walt Whitman. Une beauté sauvage appartient, lui, à notre monde d’aujourd’hui et à nos questionnements sur la biodiversité.
Outre l’écriture de ce livre, souple et belle, la vérité des personnages, humains et animaux, emporte la conviction. Aucun parti pris ici, sauf celui de décrire et de faire vivre devant nos yeux une réalité vraie. Il porte l’espoir qu’un jour, cette cohabitation sera acceptée, éloignant toute idée d’éradication de l’animal sauvage. Christian Signol ? Un fameux conteur ! N’hésitez pas puisque Noël est là !
Christian Signol, D’une beauté sauvage, 288 p., éditions Albin Michel, 21,90 €. Parution : 17/09/2025. Lire un extrait
Le musée Guimet, musée national des arts asiatiques dans le 16e arrondissement, déploie une vision inédite du manga avec l’exposition intitulée Manga. Tout un Art, jusqu’au vendredi 6 mars 2026.
À travers cette exposition organisée sur deux niveaux — les prémices du manga au second étage, et le manga d’aujourd’hui au rez-de-jardin — le musée Guimet explique d’où vient le dessin japonais, mêlant grande culture et héros contemporains.
https://youtu.be/dhUjGY8rAqg
1 — L’exposition, éblouissante, démontre que le manga existait déjà avant de devenir un empire de papier et d’écrans : on en retrouve des traces dans des rouleaux narratifs du XVIIIe siècle. Le public plonge dans l’histoire secrète d’un art populaire devenu planétaire, en découvrant des trésors visuels des siècles passés et des sculptures — de véritables œuvres.
Les Japonais ont toujours été d’extraordinaires dessinateurs de figures humaines. Le parcours croise les premières presses satiriques japonaises et les premiers livres.
Baitei Kinga : 1821-1893 – Kyokutei Bakim : 1767-1848Kamwatei Onitake : un serpent, 1760La courbe des images !
À l’époque Edo — période comprise entre 1603 et 1868, durant laquelle le pays se referme et coupe une grande part de ses échanges avec l’extérieur — apparaissent déjà des bulles de rêve et de pensée. C’est aussi à cette époque qu’évolue Kawanabe Kyōsai (1831-1889).
Témoin d’un Japon qui se transforme d’un pays féodal en État moderne, l’artiste japonais est, selon les mots d’un critique, un « individualiste » et un « indépendant », peut-être le dernier virtuose de la peinture japonaise traditionnelle. L’exposition propose notamment de découvrir son travail, parfois grotesque, révélateur de l’esprit critique et insolent de l’artiste.
Kawanabe Kyosai : 1831-1889
2 —La rencontre avec Manga. Tout un Art est une ode visuelle à la liberté du dessin. Le public traverse les premières bulles d’encre jusqu’aux pixels d’aujourd’hui : des estampes à Dragon Ball, des pinceaux d’Edo aux cheveux bleus de la pop culture contemporaine, sans oublier les kamishibaï de rue (théâtres de papier).
On découvre des planches du mangaka et animateur japonais Osamu Tezuka (1928-1989), et celles de ses héritiers ; des monstres post-apocalyptiques nés dans les cendres de la guerre ; Godzilla, figure emblématique de la culture populaire ; les mangas queer et les mangas féminins d’aujourd’hui…
Kamishibaï
Une forme ancestrale de kamishibaï est décrite dès le VIIIe siècle au Japon, lorsque des moines prêcheurs sillonnaient le pays pour convertir les paysans. Cependant, il faut attendre les années 1920 pour voir les kamishibaï dans les rues. En 1923, un écrivain et un illustrateur créent le premier kamishibaï pour enfants : La Chauve-souris d’or, une histoire de revenants, proche de notre célèbre Batman. S’ensuit une production variée de kamishibaï.
Tezuka Osamu (1928-1989) est considéré comme le dieu du manga et le père du manga moderne. Créateur de Astro Boy, il fait partie des plus grands mangakas japonais. Il a dessiné plus de 170 000 pages, signé 700 albums et réalisé 70 œuvres animées : une empreinte forte sur le monde de l’animation.
Mizuki Shigeru (1922-2015) est le maître des yōkai. Il est l’un des grands fondateurs du manga d’horreur, se spécialisant dans les histoires de monstres et de fantômes japonais, avec des créatures telles que les yōkai, les tengu et autres kappa. Il est également connu pour ses récits portant sur la Seconde Guerre mondiale, qui l’a profondément marqué.
Mizuki Shigeru
Eiichirō Oda (né en 1975) est connu pour avoir écrit le manga le plus vendu du XXIe siècle au Japon et dans le reste du monde : One Piece est entré dans le Guinness World Records pour être devenu le manga au tirage le plus important du monde en décembre 2014.
One Piece : signé par l’artiste
Après une rencontre avec Godzilla, monstre du cinéma japonais et figure emblématique de la culture populaire, et un passage par les mangas pour jeunes filles, l’exposition s’achève sur un dernier coup de projecteur : les mangas fashion, nés dans les années 1970-1980, qui mettent en scène des silhouettes, des styles et des costumes — parfois teintés de science-fiction — devenus, eux aussi, un phénomène mondial.
Infos pratiques :
Exposition Manga. Tout un Art à découvrir jusqu’au 6 mars 2026 Musée Guimet — 6, place Iéna — 16e arrondissement de Paris
Dates et horaires : tous les jours, sauf le mardi (fermeture), de 10 h à 18 h
En Bretagne, la dermatose nodulaire contagieuse des bovins (DNC) n’a, à ce stade, pas donné lieu à un foyer confirmé. Pourtant, dans les exploitations, la crise se vit déjà comme un choc à bas bruit. Parce que la Bretagne est une grande région d’élevage, parce que les images d’abattages massifs ailleurs ont marqué les esprits, et parce qu’une maladie transmise par les insectes peut se conjuguer à un autre facteur anxiogène : les mouvements d’animaux et les transports.
Au 16 décembre 2025, le ministère de l’Agriculture recense 115 foyers détectés en France depuis le 29 juin, concentrés notamment en Savoie/Haute-Savoie et dans le Sud (Pyrénées-Orientales, puis plusieurs départements d’Occitanie). Dans ce contexte, l’inquiétude bretonne tient moins à ce qui est déjà arrivé sur place qu’à ce qui pourrait arriver, et aux conséquences immédiates d’une crise qui reconfigure la filière.
“On n’a pas peur de la maladie, on a peur des abattages” : un basculement psychologique
Les témoignages publiés ces derniers jours dans la presse nationale racontent un basculement : la DNC n’est pas seulement perçue comme une menace sanitaire, elle devient l’emblème d’une stratégie redoutée, celle de l’abattage total dès qu’un foyer est confirmé. Ce nœud, hautement émotionnel, traverse désormais les discussions en Bretagne, même loin des foyers. Dans les élevages bretons, l’angoisse est alimentée par une question simple : que se passe-t-il si la DNC est suspectée, puis confirmée, dans un cheptel ? La perspective d’un abattage “préventif” de l’ensemble des animaux d’une exploitation agit comme un accélérateur de stress. D’autant qu’il ne s’agit pas seulement de perdre des bêtes, on perd parfois une lignée, un travail de sélection, une stabilité économique déjà fragile.
Un point a particulièrement frappé la profession en Bretagne : la DNC ne se résume pas à une diffusion “locale” par insectes. Des épisodes documentés dans la communication régionale ont montré que le facteur transport pouvait mettre des élevages sous pression, même loin des zones les plus touchées.
Dès l’automne, des exploitations bretonnes ont été concernées par des mesures de précaution liées à des animaux ayant transité dans les mêmes circuits logistiques que des bovins issus de zones à risque. La DRAAF Bretagne, dans son point de situation (17 octobre 2025), insiste sur la vigilance et rappelle que la maladie est strictement animale (sans risque pour l’humain), tout en décrivant la logique de gestion sanitaire. La presse agricole régionale a, elle aussi, relayé l’existence d’élevages bretons placés sous surveillance à la suite de mouvements d’animaux.
Cette dimension “camions, lots, itinéraires” est cruciale au plan breton. La Bretagne est une région interconnectée au plan commercial. Le moindre soupçon peut provoquer un enchaînement très concret : mise sous surveillance, restrictions de mouvements, désorganisation des ventes, décalage des calendriers d’élevage, etc.
Même sans foyer, la crise a déjà des effets collatéraux.
Les mouvements d’animaux deviennent un sujet sensible : l’éleveur qui vend, achète, échange, ou déplace des bovins (concours, rassemblements, circuits commerciaux) navigue dans un cadre plus contraint et plus anxiogène.
La trésorerie se tend : à la moindre immobilisation d’animaux, la mécanique financière se grippe (alimentation, charges fixes, incertitude sur la vente).
La charge mentale augmente : surveiller les symptômes, suivre les consignes, gérer l’incertitude, répondre aux rumeurs locales, et maintenir la production “comme si de rien n’était”.
Sur le terrain, cette tension est aussi sociale : l’éleveur se retrouve pris entre deux feux. D’un côté, l’État martèle que la situation est “sous contrôle” et que les mesures sont nécessaires ; de l’autre, une partie de la profession considère que l’abattage systématique est une ligne rouge et que la gestion devient inhumaine, voire “catastrophique” au plan de l’accompagnement, comme l’écrivent certains médias.
En Bretagne, une stratégie de “préparation” : information sanitaire et montée en compétence
En réponse à cette anxiété diffuse, la réponse bretonne passe beaucoup par l’anticipation. Le GDS Bretagne a publié plusieurs points de suivi début décembre, signalant les nouveaux foyers confirmés ailleurs en France et rappelant l’importance de la vigilance. Sur ses canaux d’information, il annonce également une série de réunions sur le territoire régional (fin 2025 – janvier 2026) pour informer et cadrer les bonnes pratiques. Cette approche, très bretonne dans l’esprit, vise à éviter le double écueil : la panique (qui abîme la filière et multiplie les comportements contre-productifs), la banalisation (qui retarde les signaux et fragilise la capacité de réaction).
À court terme, la Bretagne se sait “à l’écart” au plan géographique, mais elle se sait “dans le jeu” au plan économique et psychologique. Le scénario le plus redouté n’est pas une diffusion lente : c’est un premier foyer qui déclencherait immédiatement un protocole lourd, avec son cortège d’images (abattage), de fractures (désaccords dans la profession) et d’effets domino (mouvements, marchés, réputation, voisinage).
C’est cela, la tension bretonne : une région où la maladie n’est pas confirmée, mais où l’on vit déjà avec l’idée que la crise peut entrer à tout moment, et qu’elle ne serait pas seulement vétérinaire. Elle serait existentielle pour des exploitations qui, souvent, tiennent déjà à force d’endurance.
Dans ce contexte, le préfet de la région Bretagne appelle l’ensemble des éleveurs de bovins à une vigilance absolue : ⮕ Signaler sans délai à leur vétérinaire sanitaire tout signe clinique suspect ; ⮕ Respecter strictement l’interdiction de faire sortir des bovins des zones réglementées ; ⮕ Faire preuve, par conséquent, de la plus grande prudence lors de toute introduction de bovins dans les troupeaux. Des contrôles de camions transportant des bovins sont menés sur l’ensemble du territoire breton. Ces contrôles routiers, destinés à prévenir le risque d’introduction de la maladie, seront renforcés dans les prochains jours.
Lancée à l’initiative de Petitscommerces, une entreprise engagée dans la dynamisation du commerce local, La Plus Belle Vitrine de Noël de France est un concours national dédié aux vitrines de Noël. Pour cette 4e édition (2025), l’objectif reste le même : valoriser les vitrines des commerces indépendants qui illuminent nos rues pendant les fêtes — et leur offrir une visibilité, à l’échelle régionale puis nationale.
En 2025, le concours affiche un record : plus de 1 000 vitrines candidates partout en France. Après une première sélection, 126 commerces sont désormais en lice pour tenter de décrocher le titre régional, puis le grand titre national.
Les commerçants et artisans participants s’engagent à rendre leur vitrine visible pendant toute la période des fêtes. Pour eux, c’est à la fois une occasion de mobiliser leur communauté, de faire rayonner leur savoir-faire, et de gagner une récompense utile pour la suite (communication, visibilité, soutien local).
Plus de 15 000 € de prix sont annoncés : un portrait digital Petitscommerces pour chaque gagnant régional (valeur annoncée : 720 €) et, pour le gagnant national, un portrait digital + une campagne média sur les réseaux sociaux (valeur annoncée : 3 000 €), attribués après sélection par un jury.
Les critères de sélection
En plus de la photo de la vitrine, trois critères structurent le concours :
Conception durable et responsable : décors, choix des matériaux, démarche écoresponsable.
Communication locale : mobilisation des habitants, événements en boutique, réseaux sociaux.
Les dates clés 2025
Du 24 novembre au 9 décembre 2025 : inscriptions des commerces (formulaire en ligne).
Du 11 au 18 décembre 2025 (jusqu’à 17h) : votes du public sur Facebook (1 “j’aime” = 1 vote), avec vérification de l’authenticité des comptes.
19 décembre 2025 : annonce des gagnants régionaux.
20 décembre 2025 : analyse des dossiers par le jury (finale nationale).
24 décembre 2025 : annonce du gagnant national.
Près de Rennes, Au Temps des Cerises à Châteaubourg en lice pour représenter la Bretagne
À noter pour la Bretagne, parmi les 126 commerces retenus au niveau national, un commerce tout près de Rennes, à Châteaubourg (Ille-et-Vilaine), figure dans la sélection 2025 : Au Temps des Cerises. Une vitrine chaleureuse, très “Noël de quartier”, qui mise autant sur le décor que sur l’esprit du lieu — et qui mobilise déjà largement sa communauté.
Sélectionné(e) dans le cadre de La Plus Belle Vitrine de Noël de France (4e édition, 2025), Au Temps des Cerises tente de décrocher le titre régional, étape indispensable avant la finale nationale. Sur Facebook, le principe est simple : 1 “j’aime” sur la photo = 1 vote, comptabilisé jusqu’au jeudi 18 décembre 2025 à 17 h (heure limite annoncée pour la clôture des votes).
Pour rappel, les résultats régionaux sont annoncés le 19 décembre 2025, avant l’examen des dossiers par le jury (finale nationale) le 20 décembre 2025, puis l’annonce du gagnant national le 24 décembre 2025.
Comment voter ? Il suffit de “liker” la photo de vos vitrines préférées sur la page Facebook de Petitscommerces : les votes sont pris en compte jusqu’au 18 décembre à 17h. Les résultats régionaux sont annoncés le 19 décembre.
La bûche reste le dessert qui « ferme » Noël comme une porte en velours… une dernière bouchée, et tout le repas se met à scintiller. Pâtissière ou glacée, familiale ou individuelle, classique ou couture : voici ce qu’on sait (vraiment) de son origine, puis un grand palmarès (par départements) pour trouver, en Bretagne historique, des maisons où la bûche de Noël est un art.
À l’origine, la « bûche de Noël » n’était pas comestible. C’était un gros morceau de bois – parfois choisi selon l’essence, parfois béni, parfois arrosé – que l’on faisait brûler lors de la veillée, en écho à des rites du feu et du solstice d’hiver, puis à des usages christianisés. Selon les régions, on prêtait aux cendres et aux tisons des vertus protectrices (contre la foudre, les maléfices, ou pour favoriser l’abondance), et l’on conservait parfois un fragment comme porte-bonheur.
Le passage de la souche au dessert se joue surtout au XIXe siècle, quand les grandes cheminées disparaissent peu à peu des logements urbains : on ne fait plus brûler une « vraie » bûche… mais on continue d’aimer le symbole. La bûche pâtissière devient alors une translation gourmande de ce rite domestique. Les origines exactes de la première bûche « moderne » restent discutées (plusieurs récits coexistent), mais le nom de Pierre Lacam revient souvent : dans ses écrits de pâtisserie, il documente et popularise l’idée d’un gâteau en forme de bûche, à base de biscuit et de crème.
Après la Seconde Guerre mondiale, la bûche s’installe durablement sur les tables françaises, puis se métamorphose : crème au beurre ou mousse légère, inserts fruités, pralinés, agrumes, textures croustillantes, versions glacées, puis – depuis une quinzaine d’années – une bûche devenue parfois « pièce » (design, moules sur mesure, effets de matière). Elle peut rester rustique et délicieuse ; elle peut aussi devenir objet de haute pâtisserie.
Pierre Lacam
Ce palmarès (édition décembre 2025) privilégie des maisons reconnues pour la régularité de leur travail et leur offre « Fêtes » (bûches, bûchettes, desserts de Noël). Une précision importante : les collections changent chaque année ; l’idée est de vous orienter vers des adresses fiables sans vous dispenser de vérifier la carte de Noël au moment des précommandes (parfums, formats, dates de retrait, horaires spéciaux).
Le cœur de Bretagne
Avant de choisir : 5 bûches « types » à traquer cette année
La plus bretonne : sarrasin / blé noir, caramel au beurre salé, pomme, notes de « gâteau de fête » très terroir. La plus légère : agrumes, infusion, mousse peu sucrée (souvent la meilleure fin de repas). La plus régressive : praliné-noisette-chocolat (valeur refuge, surtout avec des enfants). La meilleure glacée : bûche glacée ou vacherin (net, frais, parfait après un repas copieux). La plus audacieuse : trompe-l’œil, textures multiples, associations inattendues (épices, fruits secs torréfiés, agrumes amers…).
Bûche douceur
ILLE-ET-VILAINE (35) : Top des maisons où la bûche vaut le détour
Pâtisserie Mathias Narcissot (Rennes) — Adresse : 3 quai de la Prévalaye, 35000 Rennes — Horaires : mercredi–samedi 7h30–19h ; dimanche 9h–14h — Le détail qui donne faim : une pâtisserie précise, nette, calibrée comme une vitrine de joaillier — ça brille sans crier. On y vient pour l’équilibre et la plus grande subtilité. Mathias Narcissot reste le meilleur pâtissier de Rennes pour les amateurs de pâtisseries créatrices complexes et subtiles ; donc, à mettre plutôt dans la bouche des palais sophistiqués. Site
Maison Laurent Le Daniel (Rennes) — Adresse : 19 rue Jules Simon et 13 rue de la Monnaie, 35000 Rennes (et autres boutiques) — Tél. : 02 99 78 85 82 (boutique Jules Simon) — Horaires : (selon boutique) — Le détail qui donne faim : l’ADN chocolatier, la main sûre, et des finitions « fêtes » qui sentent la crème bien montée et le praliné juste torréfié. Site
Yvan Chevalier (Rennes) — Adresse : 9 rue de Nemours, 35000 Rennes — Tél. : 02 99 22 62 06 — Horaires : variables (horaires « fêtes de fin d’année 2025 » publiés sur le site) — Le détail qui donne faim : une signature de MOF : textures propres, goûts lisibles, et une élégance un peu brute qui donne envie de couper la bûche « au cordeau ». Site
Maison Bouvier (Rennes – Place Toussaints) — Adresse : 3 rue Toullier, 35000 Rennes — Tél. : 02 99 78 14 08 — Horaires : (selon période) — Le détail qui donne faim : une maison « à classiques » qui assume la gourmandise : beurre, chocolat, vanille… et ce petit supplément de confort qui fait dire « encore une part ». Attention : ces préparations apparaîtront à certaines bouches (comme les nôtres) trop sucrées. Site
Cookiement (Vitré) — Ville : Vitré (35) — Le détail qui donne faim : si vous aimez les fêtes version « ultra-gourmand », c’est du moelleux, du fondant, du caramel qui colle gentiment aux souvenirs. Parfait pour les enfants. Instagram
Ty’Papo (Saint-Malo) — Adresse : 2 rue Jacques Cartier, 35400 Saint-Malo — Tél. : 02 23 18 40 07 — Horaires : publiés et mis à jour sur le site — Le détail qui donne faim : la bûche glacée comme une vague propre : froide, parfumée, nette, et pourtant terriblement réconfortante. Site
CÔTES-D’ARMOR (22) : Top des adresses à connaître pour Noël
Gaël Redouté (Dinan) — Adresse : 31 Grand Rue, 22100 Dinan — Le détail qui donne faim : une pâtisserie qui aime les lignes claires et les goûts profonds : ça sent le chocolat chaud, la noisette grillée, la fête bien tenue. Instagram
La Duchesse de Rohan (Saint-Brieuc) — Adresse : 2 rue Saint-Gouéno, 22000 Saint-Brieuc — Le détail qui donne faim : une institution où le beurre et le sucre travaillent « à l’ancienne », mais avec ce petit nerf qui rend une bûche inoubliable. Fiche officielle
Chocolaterie – Pâtisserie – Confiserie Jérôme Pinel (Saint-Brieuc) — Adresse : 7 rue Alexandre Glais-Bizoin, 22000 Saint-Brieuc — Tél. : 02 96 33 32 63 — Le détail qui donne faim : le genre d’adresse où le chocolat a du grain, du relief, et où les entremets de Noël ont l’air de sortir d’un écrin. Facebook
L’Atelier de Corentin (Paimpol) — Adresse : 25 place du Martray, 22500 Paimpol — Tél. : 02 96 22 32 77 — Le détail qui donne faim : douceur de salon de thé, parfums beurrés, et cette sensation de « bûche de Noël » qui arrive comme une écharpe chaude. Site
YQ Pâtisserie (Lamballe) — Adresse : 44 rue du Val, 22400 Lamballe — Tél. : 06 62 02 42 98 — Le détail qui donne faim : une maison contemporaine : lignes propres, textures contrastées, et des bûches qui jouent le croustillant comme une percussion. Site
Madeleine & Yuzu (Lannion) — Adresse : 7 avenue du Général de Gaulle, 22300 Lannion — Tél. : 02 96 47 45 50 — Le détail qui donne faim : si vous aimez les bûches « fruits / agrumes », c’est une piste qui respire : ça sent l’écorce, la mousse fine, la lumière d’hiver. Site
FINISTÈRE (29) : Top des maisons où la bûche vaut le détour
Pâtisserie Lallemand (Brest) — Adresse : 39 rue Traverse, 29200 Brest — Tél. : 02 98 44 27 12 — Le détail qui donne faim : une adresse où l’on vient chercher la bûche comme on va chercher du solide : du goût franc, de la tenue, et ce confort chocolaté qui fait taire la table. Fiche PagesJaunes
Maison Georges Larnicol (Quimper) — Adresse : 19 rue Kéréon, 29000 Quimper — Tél. : 02 98 64 83 19 — Le détail qui donne faim : le savoir-faire « maison » et l’esprit cadeau : parfait quand on veut une fin de repas qui a de l’allure et du chocolat qui « claque ». Site
Les Macarons de Philomène (Quimper) — Adresse : 13 rue Kéréon, 29000 Quimper — Tél. : 02 98 95 21 40 — Le détail qui donne faim : quand on aime les goûts « lisibles » : vanille nette, chocolat rond, fruits précis. Une bûche qui rassure et qui chante. Site
Nektar (Quimper) — Le détail qui donne faim : une piste très appréciée pour les collections de fêtes, souvent sur des équilibres « mousse / insert / croustillant » très actuels. Instagram
MORBIHAN (56) : Top pour une bûche très haut niveau
Pâtisserie Chocolaterie Pier-Marie (Vannes) — Adresse : 9 rue Le Hellec, 56000 Vannes — Tél. : 02 97 54 18 99 — Le détail qui donne faim : une maison qui fait des desserts de Noël comme des promesses : croustillant, fondant, et ce chic discret qui fait revenir la cuillère. Site
Pâtisserie Chocolaterie Pier-Marie (Lorient) — Adresse : 8 rue Victor Massé, 56100 Lorient — Tél. : 02 97 55 44 78 — Le détail qui donne faim : même esprit : des bûches « tenues », généreuses, avec un chocolat qui prend toute la bouche sans l’alourdir. Site
Alain Chartier (Vannes) — Ville : Vannes — Le détail qui donne faim : si vous visez la bûche glacée très propre, c’est souvent le bon réflexe : une fraîcheur chirurgicale, des parfums nets, zéro lourdeur. Site
Au Petit Prince (Arradon) — Adresse : 20 rue d’Irlande, 56610 Arradon — Tél. : 02 97 44 90 44 — Le détail qui donne faim : la « bonne adresse de quartier » qui sauve un réveillon : une bûche qui sent le fournil, la vanille, et le plaisir simple, bien fait. Fiche PagesJaunes
Terres Bleues (Cléguérec) — Adresse : Kerantourner, 56480 Cléguérec — Tél. : 02 97 38 13 35 — Horaires : boutique à la fabrique le samedi 10h–12h (click & collect selon périodes) — Le détail qui donne faim : la bûche glacée « propre » et festive, parfaite quand on veut finir le réveillon avec une fraîcheur nette plutôt qu’un final trop sucré ; une vraie adresse de glacier artisanal, sérieuse, régulière, sans esbroufe. Site — Facebook
LOIRE-ATLANTIQUE (44) : Top des incontournables pour une bûche mémorable
Vincent Guerlais – Boutique Franklin (Nantes) — Adresse : 11 rue Franklin, 44000 Nantes — Tél. : 02 40 08 08 79 — Le détail qui donne faim : la maison « fêtes » par excellence : du chocolat qui enveloppe, des pralinés qui craquent, et des finitions de vitrine qui donnent envie de tout goûter. Site
Stéphane Pasco – Boutique Nantes (Cité des Congrès) — Adresse : 16 bis rue de Mayence, 44000 Nantes — Tél. : 02 40 89 79 78 — Le détail qui donne faim : pâtisserie fine, moderne, très « texture » : mousse aérienne, croustillant précis, et un final qui laisse la bouche propre. Site
Stéphane Pasco – Boutique Vertou (Vertou) — Tél. : 02 40 03 00 83 — Le détail qui donne faim : même univers : une bûche qui joue la précision, et ce petit twist acidulé qui empêche la fin de repas de s’endormir. Site
Christophe Roussel (Guérande) — Adresse : 26 rue Saint-Michel, 44350 Guérande — Tél. : 02 51 73 75 65 — Le détail qui donne faim : chic presqu’île : chocolat ciselé, caramel bien cuit, et une bûche qui a l’air d’un objet… mais qui se mange avec un vrai sourire. Site