Comme chaque année — et pour la 15e fois — la rédaction d’Unidivers observe la Trêve de Dieu, du 23 décembre au 2 janvier 2026. Le temps de reprendre des forces avant de vous retrouver au seuil d’une année chargée d’incertitudes : tripolarisation de la vie politique française, érosion des élites nationales, asphyxie programmée de la presse indépendante locale, reflux des digues contre les vagues extrémistes, bruits de bottes et, au loin, le vol feutré des drones.
Les Valkyries prennent leur envol.
Pour 2026, nous vous souhaitons à tous ce que vous vous souhaitez pour vous-mêmes : le meilleur. Notamment la construction d’une véritable Union européenne communautaire et solidaire, aussi protectrice et puissante que nécessaire pour résister aux États voyous, aux paradis fiscaux, aux géants de la tech sans scrupule, aux menaces qui pèsent sur la civilisation démocratique — celles que nourrissent les velléités hégémoniques de certains régimes autoritaires. Les promesses d’épanouissement culturel, individuel et collectif, des pays despotiques — qu’ils se prétendent communistes, fascistes ou de droit divin — finissent toujours aux… oubliettes.
A contrario, grâce à une indépendance éditoriale réelle et à une liberté de ton assumée — qui tranchent dans un paysage médiatique aujourd’hui largement verrouillé et uniformisé par une poignée de milliardaires éditeurs de presse avec l’appui de la Direction des médias du ministère de la Culture (voir notre article) — notre rédaction continuera à produire des contenus exigeants malgré l’absence totale de soutiens, d’aides ou de subventions dans un système injuste et délétère.
Des travaux où la qualité, la rigueur, la curiosité et l’honnêteté intellectuelle sont mises au service de la culture, des arts, de la beauté, de l’intelligence collective, de la bienveillance et de la joie de vivre.
Oui, c’est notre manière à nous de résister aux cyniques — et au cynisme.
À tous — et aux autres — toute la rédaction d’Unidivers vous souhaite des réjouissances aussi bonnes qu’elles peuvent l’être en ce temps contraint et inquiet où l’ours, l’éléphant et les monstres, petits et grands, s’entrelèchent les babines à l’orée de nos jours.
Nicolas Roberti et Laurent Kontzler
D’ici à là, en cette période de Noël, plus de 2 milliards de chrétiens célèbrent la Nativité de Jésus-Christ (qu’ils considèrent comme le Fils de Dieu venu sur terre pour permettre de restaurer chez l’homme la ressemblance perdue avec l’image du Père créateur). Mais ce sont aussi des des milliards de non-chrétiens qui se réjouissent soit de la naissance du Christ (que les juifs et les musulmans considèrent comme un prophète) soit d’une fête qui plonge ses racines dans les temps ancestraux (la célébration du solstice symbolise le renouvellement de la victoire de la lumière sur les ténèbres) ou les temps nouveaux (le père Noël s’est répandu sur tous les continents).
Le Père Noël moderne est en fait le résultat de métamorphoses que nous pourrions suivre à travers les méandres des âges, depuis ce sorcier des origines, de Saturne, Janus et Pan en Merlin et Puck, Mercure et Gargan (le Gargantua de Rabelais), mais aussi Odin-Wotan, Belenos, les Seigneurs du Désordre médiévaux, Cernunnos, Herne, Peter Pan et Robin des bois, le Chevalier vert de la geste arthurienne, le Grand Veneur, maître de la Chasse sauvage, autrement dit le Erl-König, le roi de Hel (le monde des morts) qui deviendra Harlequin, meneur du Carnaval de la Saison, en passant encore par Knecht Ruprecht, le vieux père Gel, Saint-Nicolas, bien sûr, en expliquant comment ce dernier prend cette fonction avant de devenir Santa Claus sous la plume de Washington Irving et Clement Moore (avant d’être illustré admirablement par des Thomas Nast ou Haddon Sundblom – l’illustrateur de la fameuse boisson gazeuse qui lui a donné un cachet particulier et une notoriété dans sa robe rouge sans pour autant l’avoir créé). Au gré de l’aventure, on croiserait même des mères Noël avec la tante Erie, Chauchevieille, Perchta, Holle, la fameuse Befana italienne, Abundia ou Abonde (chez Jean de Meung, où l’on devine le souvenir de la corne d’abondance) et tant d’autres. Un raccourci – ou une remontée temporelle – ici assurément étourdissant qui mériterait maints développements pour faire revivre ces personnages et passeurs des heures sombres solsticiales
Gëzuar Krishtlindja ! Frohe Weihnachten ! fröhliche Weihnachten ! gleckika Wïanachta ! merry Christmas / happy Christmas ! ميلاد مجيد (miilaad majiid) ! Shnorhavor Surb tsnund ! Noel bayraminiz mubarak ! vrolik Kersfees ! Eguberri on ! subho baradin ! З Божым нараджэннем (Z Bozym naradzenniem) ! Christmas nay hma mue pyaw pa ! sretan Božić ! Nedeleg laouen ! весела коледа (vesela koleda) ! bon Nadal ! ulihelisdi danisdayohihvi ! 圣诞快乐 (shèng dàn kuài lè) ! Nadelek lowen ! bon Natale ! jwayé Nwèl ! jwaye Nowel ! bon Nwel ! zwayé Noèl ! sretan Božić ! glædelig jul ! feliz Navidad ! gojan Kristnaskon ! häid jõule ! gleðilig jól ! hyvää joulua ! joyeux Noël ! frohe Weihnachte ! noflike Krystdagen ! bon nadâl ! Nollaig chridheil ! Nollaig shona ! bo Nadal ! boune Neoua ! Nadolig llawen ! Gilotsavt Shobas ! kala christougenna / kala xristougenna ! mele Kalikimaka ! חג מולד שמח (hag molad saméa’h) ! Krismas ki subhkamna ! boldog karácsonyt ! annuri Ekeresimesi ! naragsak a paskua ! selamat Natal ! gleðileg jól ! buon Natale / gioioso Natale ! sugeng Natal ! merii kurisumasu ! assegass amegass ! Noheli nziza ! Noheli nziza ! Noela we pîroz be ! bon nadal ! souksan van Christmas ! felix dies Nativitatis ! priecīgus Ziemassvētkus ! bón dênâ / bón natâle ! Noël esengo ! su Kalėdomis / linksmų Kalėdų ! schéi Chrëschtdeeg ! среќен Божиќ (srećen Božić) ! selamat hari natal ! Christmas ashamshagal ! tratry ny Krismasy / arahabaina tratry ny Krismasy / arahaba tratry ny Krismasy ! il-milied it-tajjeb / milied hieni ! Nollick ghennal ! meri Kirihimete ! bon Natale ! vrolijk Kerstfeest ! bouòni Calèna ! god jul ! bon Nadal ! bon pasku ! کریسمس مبارک (Christmas mobaarak) ! wesołych świąt bożego Narodzenia ! feliz Natal ! bòn nové ! baxtalo Krečuno ! un Crăciun fericit ! Noheiri nungi / webale Noheiri ! C Pождеством Xристовом (S rozhdestvom Kristovom) ! ia manuia le Kerisimasi ! bona pasca’e Nadale (logudorois) / bona paschixedda (campidanois) ! Срећан Божић (srecan bozic) ! krisimas yakanaka ! Chrismas joon wadhayoon ! suba nattalak wewa ! vesele vianoce ! vesel božič / vesele božične praznike ! dobro dedek ! switi Krisneti ! god jul ! heri la Krismasi ! maligayang pasko ! ‘ia ‘oa’oa e teie Noera ! Nathaar thina vaalthukal ! veselé Vánoce ! สุขสันต์วันคริสต์มาส (souksaan wan Christmas) ! Noeliniz kutlu olsun ! Shuldyr Ymuśton ! Z Rizdvom Hrystovym ! Mừng Chúa Giáng Sinh ! djoyeus Noyé ! אַ גוטע ניטל (a gute nitl) ! UKhisimusi omuhle !
Quel est le meilleur burger à Rennes ? Le top of the top, le king burger de la capitale bretonne ? Cheese, Unidivers est parti en quête du hamburger ultime ! Sur place ou à emporter, carnassier ou végétarien, avec ou sans bacon, le burger n’arrête pas de faire des petits (pains) dans les villes et Rennes n’y coupe pas. Il est temps de remettre les compteurs à zéro et de découvrir où se trouve LE burger ultime !
Il est loin le temps du burger classique. Depuis des années, le burger a pris une place de choix dans notre gastronomie au point de se décupler sous des formes sophistiquées, parfois authentiques, très souvent marketées. Les puristes le veulent américain, les rigoristes allemand ; d’autres le rêvent ethnique, régionaliste, fermier… Que ces pains renferment autre chose que de la nourriture ne les empêchent pas d’être aimés. Ce que les Québécois appellent le hambourgeois nous énerve ou nous ravit. Une chose est sûre, le burger passionne.
La burgerologie est-elle une science d’avenir ? Pour certains, disons-le, sa confection relève de l’art culinaire. Plusieurs critères entrent en compte. L’accompagnement, coleslaw, salades ou les inévitables frites, dont il s’agit de mesurer le dosage du sel, de l’huile (le plus souvent végétale, rarement désormais de bœuf), la saveur, voire le craquant de la peau parfaitement grillée. L’équilibre savant de la garniture sur la viande. La cuisson du steak – poulet, champignons, pour les profanes – l’origine du produit, le facteur biologique, local. La divine proportion des pains – véritable reliquaire – le degré de cuisson, le fait-maison. Le petit plus, le cornichon qui fait la différence, l’oignon rouge, l’ingrédient magique. Et crème de la crème, la sauce : ketchup pour les conservateurs, mayonnaise, burger, moutarde, samouraï pour les progressistes. Ne parlons même pas du fromage, de l’éternelle controverse sur les graines de pavot, la saveur aérienne du bun, le caractère sucré de la tomate. Comme le produit ne suffit pas toujours, les spécialistes du métier plastronnent sur les prix, l’emballage marketing, la communication, l’originalité. Bref, sur la route du burger rennais, Unidivers a dégusté. Résultat : un paysage du hamburger rennais. En vous souhaitant une bun dégustation…
Rang
Adresse
Pourquoi on y va
Rapport qualité-prix
1
Smash Eats (142 rue de Fougères)
Smash maîtrisé, croustillant des bords, efficacité immédiate
Très bon si mangé sur place ; la livraison fait baisser le “crousti” ; prix doux !
2
Juppĭter (24 place Saint-Germain)
Smash urbain, sauces marquées, adresse centrale
Plaisir fort mais addition “centre-ville” tarif élevé !
3
La Burger Attitude (13 rue Saint-Malo)
Valeur sûre “bistrot burger”, recettes travaillées, desserts maison
Très bon équilibre : prix lisibles, cohérence et régularité globales
4
Roadside (13 rue Maréchal Joffre)
Option efficace, rapide, lisible, budget encore respirable
Très bon “prix d’entrée” si service fluide, bon rapport qualité-prix
5
Karr Bara (food truck)
Produit, saison, vraie cuisine de camion “gourmet” sans esbroufe
Très bon quand on tombe sur le bon créneau (et qu’il reste des burgers…)
6
La Gamelle (food truck)
Street-food sérieuse, fait-maison, bon plan mobile
Ratio plaisir/prix très solide (avec la contrainte camion)
7
Homies Burger (239 rue de Nantes / 5 place des Marelles, Chantepie)
Gros burgers “repas”, généreux, pratique pour groupes/familles
Plutôt cher mais portions et gourmandise au rendez-vous
8
Le Lapin Noir (2 rue du Vau Saint-Germain)
Végétal qui a du goût : on cuisine, on n’imite pas
Bon prix au regard du travail (selon recettes et affluence)
9
Hungry Boys (food truck)
BBQ/comfort food : sauce, gourmandise, fumé
Correct si maîtrisé ; peut basculer “trop gras/trop sauce” selon rush
Bien sur place ; en livraison, valeur plus fragile
Outsider
Les Grands Gamins (40 mail François-Mitterrand)
Lieu de vie bistro : bon burger selon jours, mais pas “destination burger”
Ambiance + assiette chouette mais l’ensemble a un peu baissé
Outsider
La Piste (68 mail François-Mitterrand)
Bon combo bar + burger ; régularité dépendante de l’affluence
Bon mais la qualité varie selon le rythme du service
Outsider
Big Fernand (15 place du Colombier / 2 place Saint-Michel)
Enseigne “sans risque”, burgers corrects
Bon mais trop cher au regard du niveau
Outsider
Fox & Friends (13 rue de la Monnaie)
Pub : très bien pour “bière + burger”, moins pour l’obsession burger…
Bon si pour le pub (et que le burger suit)
Top 10
Cette mise à jour 2026 s’appuie sur un principe simple propre à tous les guides de notre rédaction : on teste, puis on pondère selon une grille « plaisir / constance / générosité / prix ». Une adresse peut être très bien notée et pourtant se révéler un peu chère au regard de la portion ou inversement.
1) Smash Eats — smash net, croustillant, meilleur rapport qualité-prix
Pitch. Ici, le burger ne fait pas de littérature, il fait du croustillant. Smash bien saisi, équilibre simple, efficacité redoutable.
Ce qui plaît, c’est cette prise en main immédiate : bun moelleux, steak volontairement “écrasé” pour maximiser la réaction de Maillard, fromage qui fond sans bavarder, pickles (souvent) là pour remettre un peu d’angle dans la gourmandise. On est sur une logique “moins d’ingrédients, plus de précision”. Quand c’est bien envoyé, le burger sort juteux mais pas spongieux, et le croustillant des bords fait le travail à lui seul.
Pitch. Le smash au cœur de Rennes, carte courte, gourmandise franche ; quand c’est réussi, c’est exactement ce qu’on attend.
Juppĭter joue une partition très urbaine : adresse centrale, rythme soutenu, carte resserrée pour tenir une promesse claire. Le smash y est bien snacké avec des recettes qui assument des sauces plus présentes et des associations plus “gourmandes” que minimalistes. C’est typiquement l’endroit où l’on va quand on veut un burger qui marque — pas un burger qui s’excuse.
Ce qui fait la différence quand la maison est en forme : un équilibre entre le gras du smash et une touche d’acidité (cornichons, condiments, pickles), et une exécution assez “propre” pour éviter le burger qui s’effondre à mi-parcours. Le revers logique : à cette adresse, le rapport prix/plaisir est rarement équilibré.
Repère budget. Souvent plus “sortie centre” : comptez autour de 19 € à 21,50 € pour burger + frites.
Pitch. Local/saison, burger construit, et une sensation rare : payer pour manger, pas pour sponsoriser un storytelling.
Karr Bara a ce talent précieux : faire du “gourmet” sans se déguiser en concept. La base, c’est le produit : pain sérieux, garnitures pensées, recettes qui s’adaptent aux saisons et une impression de cuisine réellement fabriquée plutôt qu’assemblée. Le burger y a souvent un profil plus “bistronomique” que smash : texture, relief, ingrédient central et accompagnements qui ne sont pas là pour faire joli.
La sensation de bien manger pour son argent, à condition d’accepter la loi du camion : un bon jour, un créneau pris d’assaut, et parfois… plus rien. C’est le prix de la fraîcheur et du fait-maison : quand ça part, ça part.
Repère budget. Variable (truck), souvent plus doux qu’un “signature burger” en dur à qualité comparable.
Bémols : Attente au rush, ruptures, dépendance au créneau/lieu.
Pour qui ? Chasseurs de trucks, recettes qui tournent, bon produit.
Pitch. Adresse installée, recettes travaillées, esprit bistrot : ça tient la route quand d’autres se contentent de tenir Instagram.
L’ambiance est au bistrot et à la décontraction dans ce temple du burger ouvert depuis 2014. L’emballage marketing promet de l’authentique : les hamburgers confirment ! Les produits sont achetés en fonction des saisons et localement pour des recettes travaillées et originales. La maison cuisine des burgers à la française en s’inspirant de spécialités régionales. Ce bistrot burger sait innover et surprendre sa clientèle jusqu’aux pâtisseries préparées le matin : far breton et succulent cheesecake au rendez-vous.
Repère budget. Burger seul autour de 8 € ; menus 11–13 € ; boisson 3 € ; menu bon enfant à 5,50 €.
Bémols : Service parfois inégal quand c’est plein, suppléments jugés pingres, expérience variable selon affluence.
Pour qui ? Burger “bistrot”, recettes plus construites, sortie tranquille.
5) La Gamelle — le bon plan mobile qui régale
Adresse. Food truck (emplacements variables dans Rennes et la métropole).
Pitch. Produits frais, burgers maison, frites généreuses : le camion qui fait mentir l’idée que “street-food” veut dire “au rabais”.
Au son du générateur qui annonce leur arrivée, la rédaction confesse ne pas résister souvent à la tentation. La Gamelle a un vrai style : une cuisine qui travaille le produit, sans le transformer en prétexte marketing. La carte tourne, l’exécution vise l’équilibre, et l’on sent la main derrière les sauces et les assaisonnements. Mention spéciale à l’approche végé (falafels maison en remplacement de la viande) : ce n’est pas un “plan B”, c’est une proposition.
Repère budget. Variable (truck). Au plan plaisir/prix, le ratio reste généralement fort.
Bémols : Attente au rush, ruptures, croustillant parfois amoindri si trajet/livraison.
Pour qui ? Déjeuners efficaces, budget malin, carnés et végés.
Pitch. Plus “repas” que “snack”, souvent généreux, bien calibré pour les faims sérieuses (et les groupes).
Homies Burger coche une case très rennaise : la valeur refuge quand on veut un vrai burger “repas”, avec une sensation de portion et de gourmandise assumée. La maison vise des burgers bien garnis avec des sauces qui jouent le rôle de liant et une exécution pensée pour être confortable. Ça se mange, ça cale, ça fait plaisir.
Pitch. Burgers 100 % végétal, beaux, cohérents, et surtout vraiment bons : ici, on ne “compense” pas, on cuisine.
Le Lapin Noir s’est imposé comme l’une des adresses les plus sérieuses de la scène végé rennaise, parce qu’il ne joue pas le burger “par défaut”. Tout est pensé au plan texture et assaisonnement : tofu frit aux algues, falafel, butternut… et surtout une capacité à produire de la gourmandise sans l’artifice de la viande. La veganaise fait partie du plaisir, les frites ont une vraie présence, et l’ensemble se tient avec cette élégance rare : un burger végétal qui n’imite pas, mais invente.
Repère budget. Généralement dans la zone 12–13 € selon recettes (à confirmer selon carte).
Pitch. Une option “efficace” quand on veut un bon équilibre sans y laisser un demi-SMIC.
Roadside, c’est l’école du burger sans cérémonie : on vient pour manger vite et correctement, avec l’impression d’en avoir pour son argent. Les burgers sont moins “signature” que d’autres du classement, mais l’adresse tient par sa régularité au plan pratique : recettes compréhensibles, service pensé pour le flux, et une zone de prix qui reste (relativement) respirable à Rennes.
Repère budget. Historiquement : menu autour de 12 € (selon période/offres).
Bémols : frites très molles
Pour qui ? Budget raisonnable, repas rapide, semaine, “safe choice” si service fluide.
9) Hungry Boys — l’option BBQ / généreuse (à suivre sur la régularité)
Adresse. Food truck (emplacements variables dans Rennes et la métropole).
Pitch. Burgers plus costauds, identité plus fumée/BBQ : quand on veut du “lourd assumé”, pas du minimalisme.
Hungry Boys, c’est l’école “comfort food” : sauce, gourmandise, parfois une touche fumée, et un burger qui ne prétend pas être une étude diététique. Quand la maison est dans le bon tempo, on a une vraie sensation de burger “plaisir” : viande juteuse, fromage qui colle, sauce qui enveloppe, frites qui suivent.
Mais trop de sauce ou trop de gras peut vite basculer en “lourd”, et la régularité peut varier selon le rush. En clair : sur place, au bon moment, c’est souvent très réjouissant ; en période de grosse affluence, on peut tomber sur une version moins nette.
Repère budget. Souvent dans la zone 13–15 € burger-frites (selon recettes).
Bémols : Parfois trop gras, et attente selon le service.
Pour qui ? Fans de BBQ, sauces généreuses, gros appétits.
10) Black & White Burger — “signature burger” à surveiller dans le temps
Pitch. Recettes marquées, burgers démonstratifs : quand c’est bien tenu, c’est gourmand et mémorable ; quand ça l’est moins, on le sent au moment de payer.
Black & White Burger, c’est la tentation du burger “signature” : recettes plus typées, associations plus affirmées, et une promesse implicite — vous allez vous souvenir de ce que vous avez mangé. Sur place, quand tout est aligné, l’expérience est souvent très gourmande, avec une vraie “personnalité” (sauces, assaisonnement, garniture).
Mais attention : quand l’exécution baisse d’un cran (cuisson, assaisonnement, frites), le tarif paraît immédiatement plus (trop ?) haut. Et comme beaucoup de burgers “signature”, ça voyage parfois mal : en livraison, le bun se tasse, les frites perdent leur tenue, et la magie se dissout dans la boîte.
Ils restent recommandables, mais ils ne cochent pas tous les critères au plan “top 10” (spécialisation burger, constance, valeur sûre, rapport prix/plaisir). En clair : on y mange bien, mais on ne les met pas en tête de liste pour une chasse au burger “ultime”.
Les Grands Gamins — sympa, mais pas “destination burger”
Adresse. 40 mail François-Mitterrand, 35000 Rennes.
Les Grands Gamins, c’est d’abord une adresse de vie : café-restaurant où l’on vient autant pour l’ambiance que pour l’assiette. Le burger y existe, souvent au déjeuner, parfois avec une garniture qui bouge, et il peut être une vraie bonne surprise — surtout quand on cherche un repas simple, propre, sans se sentir “dans un concept”. Mais justement : on ne vient pas ici pour une obsession burger, on vient pour une adresse bistronomique conviviale qui propose (parfois) un burger solide.
La rédaction a aussi noté une petite baisse de qualité entre 2022 et 2025 : rien d’alarmant, plutôt un effet de régularité qui se joue dans le détail (cuisson, précision, tenue des frites). Autrement dit : toujours sympa, mais moins “immanquable”.
La Piste — bon spot “burger + bar”, régularité dépendante de l’affluence
Adresse. 68 mail François-Mitterrand, 35000 Rennes.
La Piste coche une promesse simple : manger un burger à deux pas d’un bar, au cœur d’un quartier où l’on vient aussi pour l’apéro. Quand c’est bien tenu, c’est un vrai bon plan : burgers carnés et végés, prix encore raisonnables, et un esprit “bar à manger” qui fait le job. Mais l’expérience dépend beaucoup de l’affluence : à plein régime, le débit peut peser sur la précision.
À noter, sur la carte, deux burgers qui ont marqué des lecteurs : le Végé (falafel de patate douce, achard de légumes, toum) et le Seigneur (effiloché d’agneau, feta, patate douce rôtie, ricotta). Là encore : quand la maison est en forme, c’est franchement agréable ; quand ça l’est moins, on sent tout de suite l’écart.
Le VégéLe Seigneur
Big Fernand — bon, mais trop onéreux pour ce niveau de qualité
Adresse (Colombier). 15 place du Colombier, 35000 Rennes.
Adresse (Saint-Michel). 2 place Saint-Michel, 35000 Rennes.
Big Fernand fait partie de ces enseignes qui savent produire du burger correct avec une identité de marque très assumée. À Rennes, l’adresse peut satisfaire une envie de burger “sans risque” — mais le sujet, au plan éditorial, c’est la valeur : pour beaucoup de lecteurs, le tarif paraît disproportionné par rapport à l’expérience réelle. On y mange bien, mais on a souvent le sentiment de payer autant l’emballage que l’assiette.
Fox & Friends (pub) — très bien pour “bière + burger”, moins pour “burger obsession”
Fox & Friends est un pub, et il faut le juger comme tel : l’adresse brille d’abord par l’atmosphère, la bière, et le plaisir d’un repas simple entre amis. Les burgers sont souvent une bonne option, servis dans de bonnes proportions, avec ce qu’il faut de réconfort pour accompagner une pinte. Mais on n’est pas dans la quête du burger “chirurgical” : l’expérience est plus “pub food réussie” que “destination burger”.
À vous
Quel est votre burger rennais : l’inattaquable, celui que vous défendez même à 2 h du matin, même après un “oui mais c’est un peu cher” ? Donnez-nous vos adresses favorites, on ira les tester. Contact
Jingle Bells ! Les fêtes approchent, le calendrier de l’Avent est entamé et le sapin déjà décoré, mais vous n’avez pas encore d’idées pour votre repas de Noël ? Unidivers est allé faire ses emplettes au marché des Lices de Rennes et a demandé aux commerçants leurs recettes pour le réveillon (avec des options végétaliennes pour satisfaire tout le monde)…
Deuxième plus grand marché de France, et premier du Grand-Ouest, le marché des Lices s’impose comme le lieu incontournable des samedis matins à Rennes. C’est à ce rendez-vous hebdomadaire que les Rennais et Rennaises viennent remplir leur panier de produits locaux pour la semaine, avant de profiter des terrasses du bas de Lices ou place Sainte-Anne pour manger une galette saucisse et siroter un verre. Mais ce rendez-vous est aussi un lieu d’échange avec nos commerçants producteurs, et à cette occasion, Unidivers est allé leur demander conseil pour un repas de Noël chic et festif. Légumes, fruits, viandes ou poissons, le marché des Lices regorge de produits régionaux et de saison que nous mettons en avant cette année pour le réveillon !
Nous arrivons sur la place des Lices du côté des halles aux poissons. Les stands d’huîtres de Cancale nous font de l’œil… et quoi de mieux que des crustacés pour commencer notre repas ! On se laisse tenter par les bons conseils de Marie et Bruno de la maison ostréicole Cancalaise Bravig (qui veut dire « joyau » en breton). « Pour l’apéritif, nous proposons des huîtres creuses numéro 4, très petites mais au goût délicat et la texture tendre. Le meilleur étant de les manger nature ou avec un peu de citron, vous pouvez néanmoins surprendre vos convives cette année avec des huîtres chaudes », explique Marie. « Pour cette recette, il faut des huîtres creuses numéro 2, les faire cuire à la casserole puis les servir avec un beurre blanc et un julienne de légume juste snackée », ajoute Bruno.
Marie et Bruno, oestréiculteurs à Cancale chez Bravig
Pour les régimes végétaliens, avec les carottes acquises au marché, nous vous proposons une recette d’un amuse-bouche de la blogueuse culinaire Marie Laforêt : des blinis et gravlax de carotte. Pour le gravlax, laissez mariner 12 heures des carottes coupées en fines tranches à la mandoline avec du sel, de l’aneth hachée, du sucre de canne, du poivre blanc concassé et des baies roses. Pour les blinis, mélangez 200 grammes de farine avec 2 c. à s. de levure, 2 c. à s. de fécule de mais, 1 c. à s. de sucre, une pincée de sel, 200 ml de yaourt de soja et 4 c. à s. de lait d’amande. Dans une poêle huilée, déposez une cuillère de pâte et faites cuire une minute de chaque côté. Répétez l’opération de façon a obtenir environ vingt blinis. Au moment de servir, étalez un peu de crème de soja lacto-fermentée sur chaque blini et garnissez de gravlax de carotte et d’un trait de jus de citron. Pour plus de couleurs, alternez les variétés de carottes à retrouver sur le marché.
Crédit : Marie Laforêt
Nous retrouvons ensuite l’équipe pleine d’énergie du Marché du poisson qui s’affaire entre l’écaillage, la découpe et le vidage des poissons. L’étal a été dévalisé ce matin, mais les poissonniers nous trouvent une dernière dorade pour préparer pour notre entrée festive : un ceviche de dorade. « Il vous faut une belle dorade, et ne pas oublier de demander de retirer la peau et de lever les filets ! A la maison, vous la détailler en fines lamelles puis l’arroser d’un jus d’agrume à l’orange et au citron jaune et vert, d’un peu de gingembre frais, de tabasco ou de piment pour les plus costauds. Vous terminez par un bon filet d’huile d’olive, de la coriandre ciselée, du sel et du poivre », explique Gaspard. Une entrée tout en fraîcheur et élégance pour attaquer le repas.
Gaspard, poissonnier au Marché du poisson
À quelques pas de ce stand, nous tombons sur Christophe, de la Poissonnerie La Pêche Côtière, en pleine découpe d’un bar. Aurait-il une recette pour les fêtes ?« Pour Noël, je conseille de préparer un bar en croûte de sel. J’en ai justement un sous la main ! ». Pour cette recette délicate et parfumée, il vous faudra mélanger du sel gros, environ 1,5 kg pour un bar, avec des herbes de Provence. « Je rajoute aussi du blanc d’oeuf pour obtenir une croûte bien craquante à la cuisson », ajoute Christophe. Dans un bar évidé, disposer une julienne de légumes et du thym dans son ventre et le recouvrir de la préparation de sel gros. Enfournez 25 à 30 min à 200°C, laissez reposer 5 minutes puis cassez la croûte… de sel ! « Il n’y a pas besoin de sauce, le goût du poisson se suffit à lui même », ajoute t-il. Accompagné de pommes de terre Grenailles, c’est le plat idéal à poser au milieu de la table et à partager en famille ou entre amis.
Christophe, poissonnier à la Pêche côtière
Une alternative végétarienne et vegan pour votre plat : des châtaignes confites aux petits oignons, fenouil et noix. Une recette réconfortante et librement inspirée de celle de Joel Robuchon. Pour quatre personnes : chauffez un peu d’huile dans un sautoir, mettre 100 grammes de petits oignons, 8 échalotes entières, un fenouil émincé grossièrement et 1 kilo de châtaignes épluchées. Colorez l’ensemble puis recouvrir à hauteur de bouillon de légumes et couvrez. Laissez cuire à feu doux pendant 40 minutes et remuez le moins possible pour éviter de briser les châtaignes. Retirez le couvercle, faites réduire, et nappez délicatement les oignons, échalotes, fenouil et châtaignes de cette réduction. Ajoutez 80 noix fraîches décortiquées et continuez de confire l’ensemble cinq minutes.
Crédit : Hérvé AmiardChâtaignes de Marlaine, maraîchère à Bédée
Nous continuons notre tour du marché en s’engouffrant dans les halles Martenot. Nous tombons nez à nez avec Olivier, producteur de coucous de Rennes et fervent défenseur de l’agriculture paysanne à Louvigné-de-Bais, en Ille-et-Vilaine. La chair tendre au goût de noisette confère à cette ancienne race locale le statut de reine des volailles. « Vous mettez votre coucou entière dans une cocotte avec un peu d’eau. Pour une coucou de 2 kilos, vous enfournez à 180°C pendant deux heures sans matière grasse », explique Olivier. La volaille va perdre son gras pendant la cuisson et donner un moelleux incomparable. À servir avec une purée de panais, vous pouvez aussi cuire les légumes de saison de votre choix directement dans la cocotte. Alternative à la classique dinde aux marrons de Noel, la coucou de Rennes est un gage de qualité : race à croissance lente, ce poulet est élevé minimum 130 jours et dispose de 10m2 minimum de parcours herbeux. Il est aussi nourri de façon traditionnelle avec une alimentation végétale et minérale, et finit au « petit lait », ce qui lui ajoute une saveur unique. Sauvée du déclin dans les années 1990, la filière est une nouvelle fois menacée par les différentes crises qui se sont succédé, comme la grippe aviaire ou le covid. « Nous sommes une poignée de producteurs de coucous sur l’ensemble du bassin Rennais, et espérons compter sur nos clients pour pérenniser l’activité » ajoute Olivier.
Olivier, producteur de coucous de Rennes chez Volaille Renault
Nous sortons des halles et déambulons parmi les étals de fruits et légumes. Nous nous arrêtons au stand de Laurent et Karine, maraîchers à Soucelles près d’Angers. Leur recette : des pommes farcies aux raisins secs, miel et épices de Noel. « Avec nos pommes Pilot bien sûr ! Croquante et juteuse, c’est une variété qui se tient à la cuisson et apporte une belle acidité pour un dessert ou un accompagnement salé à Noel ».
Laurent et Karine, maraîchers à Soucelles
Pas très loin, le joli stand garni de légumes biologiques, si ce n’est pour la plupart en permaculture, est tenu par Tony. Le producteur des Jardins de la Brutz, à Teillay en Ille-et-Vilaine, nous donne sa recette de dessert gourmand et de saison : « C’est un moelleux au chocolat et au butternut que j’ai moi même réalisé pour une soirée entre amis. Pour cette recette, épluchez, coupez en morceaux puis cuisez votre butternut bien mûre à la vapeur pour en faire une purée. Mélangez trois œufs, 80 grammes de sucre roux et deux cuillères à soupe de poudre d’amande. Ajoutez à cette préparation votre purée de butternut, 200 grammes de chocolat noir fondu, puis 40 grammes de farine. Versez la préparation dans un moule et enfournez 10 minutes à 200°C. » Tony nous donne aussi son astuce pour reconnaître un butternut bien mûre : « Il faut choisir un butternut sans veines vertes, mais il est bien sûr possible de la remplacer par une autre courge comme du potimarron. Je vous conseille d’ailleurs un velouté réconfortant à base de potimarron, carotte et orange pour commencer votre repas ». Comptez le jus d’une orange pour 1 kilo de légumes, et ajoutez les zestes avant de servir, accompagné de pain d’épices toasté.
Tony, maraîcher bio aux Jardins de la Brutz
Le marché touche à sa fin, et nous terminons par un dernier dessert pour terminer le repas en beauté : une bûche vanille, poire et caramel. Plus technique, mais très gourmande, nous étions obligés de vous donner cette recette végane qui régalera vos invités.
Pour le biscuit : Mélangez au fouet 100 grammes de farine, 40 grammes de poudre de noisette, 1 c. à s. de cacao en poudre, 1 c. à c. de poudre à lever, une pincée de sel et 35 grammes de sucre. Ajoutez 3 c. à s. d’huile neutre et 125 ml de lait d’amande. Versez la préparation sur une plaque recouverte de papier cuisson et enfournez à 180°C pendant 10 minutes. Une fois refroidi, redécoupez les bords du biscuits de façon à former un rectangle droit. Pour les poires caramélisées : Mélangez dans une casserole 45 grammes de margarine végane, 60 grammes de sucre, 2 c. à s. de crème de soja, 2 pincées de sel et 2 poires épluchées et coupées en dés. Portez à feu vif jusqu’à ébullition, ajoutez les poires et continuez de remuez et de cuire pendant 10 à 15 minutes, jusqu’à ce que le mélange réduise et caramélise.
Pour la crème à la vanille : Mélangez 250 ml de crème de soja, 250 ml de lait d’amande, 1 c. à c. d’agar-agar, 4 c. à c. de fécule de mais, 4 c. à c. de sucre et une gousse de vanille fendue et grattée. Portez le tout à ébullition dans une casserole, mélangez vigoureusement pendant une minute puis réservez tout en remuant de temps en temps pour ne pas qu’une peau se forme à la surface. Montage de la bûche : Versez la crème vanille dans le fond d’un moule à bûche. Déposez les poires caramélisées tout le long de la bûche bien au centre. Par dessus, déposez le rectangle de biscuit, face lisse contre les poires et appuyer légèrement. Réservez au frais pendant trois heures, puis démoulez délicatement sur un plat à service. Décorez selon vos goûts !
Bûche vanille, poire caramel. Crédit : Marie Laforêt
Notre menu est enfin élaboré ! Il ne reste plus qu’à tester les recettes avant les fêtes. Retrouvez le marché des Lices les samedis 7, 14 et 21 décembre pour faire vos courses et avoir les derniers conseils culinaires de ses commerçants avant Noël. À vos casseroles !
Marché des Lices : 7h30 – 13h30 tous les samedis place des Lices de Rennes.
La bûche reste le dessert qui « ferme » Noël comme une porte en velours… une dernière bouchée, et tout le repas se met à scintiller. Pâtissière ou glacée, familiale ou individuelle, classique ou couture : voici ce qu’on sait (vraiment) de son origine, puis un grand palmarès (par départements) pour trouver, en Bretagne historique, des maisons où la bûche de Noël est un art.
À l’origine, la « bûche de Noël » n’était pas comestible. C’était un gros morceau de bois – parfois choisi selon l’essence, parfois béni, parfois arrosé – que l’on faisait brûler lors de la veillée, en écho à des rites du feu et du solstice d’hiver, puis à des usages christianisés. Selon les régions, on prêtait aux cendres et aux tisons des vertus protectrices (contre la foudre, les maléfices, ou pour favoriser l’abondance), et l’on conservait parfois un fragment comme porte-bonheur.
Le passage de la souche au dessert se joue surtout au XIXe siècle, quand les grandes cheminées disparaissent peu à peu des logements urbains : on ne fait plus brûler une « vraie » bûche… mais on continue d’aimer le symbole. La bûche pâtissière devient alors une translation gourmande de ce rite domestique. Les origines exactes de la première bûche « moderne » restent discutées (plusieurs récits coexistent), mais le nom de Pierre Lacam revient souvent : dans ses écrits de pâtisserie, il documente et popularise l’idée d’un gâteau en forme de bûche, à base de biscuit et de crème.
Après la Seconde Guerre mondiale, la bûche s’installe durablement sur les tables françaises, puis se métamorphose : crème au beurre ou mousse légère, inserts fruités, pralinés, agrumes, textures croustillantes, versions glacées, puis – depuis une quinzaine d’années – une bûche devenue parfois « pièce » (design, moules sur mesure, effets de matière). Elle peut rester rustique et délicieuse ; elle peut aussi devenir objet de haute pâtisserie.
Pierre Lacam
Ce palmarès (édition décembre 2025) privilégie des maisons reconnues pour la régularité de leur travail et leur offre « Fêtes » (bûches, bûchettes, desserts de Noël). Une précision importante : les collections changent chaque année ; l’idée est de vous orienter vers des adresses fiables sans vous dispenser de vérifier la carte de Noël au moment des précommandes (parfums, formats, dates de retrait, horaires spéciaux).
Le cœur de Bretagne
Avant de choisir : 5 bûches « types » à traquer cette année
La plus bretonne : sarrasin / blé noir, caramel au beurre salé, pomme, notes de « gâteau de fête » très terroir. La plus légère : agrumes, infusion, mousse peu sucrée (souvent la meilleure fin de repas). La plus régressive : praliné-noisette-chocolat (valeur refuge, surtout avec des enfants). La meilleure glacée : bûche glacée ou vacherin (net, frais, parfait après un repas copieux). La plus audacieuse : trompe-l’œil, textures multiples, associations inattendues (épices, fruits secs torréfiés, agrumes amers…).
Bûche douceur
ILLE-ET-VILAINE (35) : Top des maisons où la bûche vaut le détour
Pâtisserie Mathias Narcissot (Rennes) — Adresse : 3 quai de la Prévalaye, 35000 Rennes — Horaires : mercredi–samedi 7h30–19h ; dimanche 9h–14h — Le détail qui donne faim : une pâtisserie précise, nette, calibrée comme une vitrine de joaillier — ça brille sans crier. On y vient pour l’équilibre et la plus grande subtilité. Mathias Narcissot reste le meilleur pâtissier de Rennes pour les amateurs de pâtisseries créatrices complexes et subtiles ; donc, à mettre plutôt dans la bouche des palais sophistiqués. Site
Maison Laurent Le Daniel (Rennes) — Adresse : 19 rue Jules Simon et 13 rue de la Monnaie, 35000 Rennes (et autres boutiques) — Tél. : 02 99 78 85 82 (boutique Jules Simon) — Horaires : (selon boutique) — Le détail qui donne faim : l’ADN chocolatier, la main sûre, et des finitions « fêtes » qui sentent la crème bien montée et le praliné juste torréfié. Site
Yvan Chevalier (Rennes) — Adresse : 9 rue de Nemours, 35000 Rennes — Tél. : 02 99 22 62 06 — Horaires : variables (horaires « fêtes de fin d’année 2025 » publiés sur le site) — Le détail qui donne faim : une signature de MOF : textures propres, goûts lisibles, et une élégance un peu brute qui donne envie de couper la bûche « au cordeau ». Site
Maison Bouvier (Rennes – Place Toussaints) — Adresse : 3 rue Toullier, 35000 Rennes — Tél. : 02 99 78 14 08 — Horaires : (selon période) — Le détail qui donne faim : une maison « à classiques » qui assume la gourmandise : beurre, chocolat, vanille… et ce petit supplément de confort qui fait dire « encore une part ». Attention : ces préparations apparaîtront à certaines bouches (comme les nôtres) trop sucrées. Site
Cookiement (Vitré) — Ville : Vitré (35) — Le détail qui donne faim : si vous aimez les fêtes version « ultra-gourmand », c’est du moelleux, du fondant, du caramel qui colle gentiment aux souvenirs. Parfait pour les enfants. Instagram
Ty’Papo (Saint-Malo) — Adresse : 2 rue Jacques Cartier, 35400 Saint-Malo — Tél. : 02 23 18 40 07 — Horaires : publiés et mis à jour sur le site — Le détail qui donne faim : la bûche glacée comme une vague propre : froide, parfumée, nette, et pourtant terriblement réconfortante. Site
CÔTES-D’ARMOR (22) : Top des adresses à connaître pour Noël
Gaël Redouté (Dinan) — Adresse : 31 Grand Rue, 22100 Dinan — Le détail qui donne faim : une pâtisserie qui aime les lignes claires et les goûts profonds : ça sent le chocolat chaud, la noisette grillée, la fête bien tenue. Instagram
La Duchesse de Rohan (Saint-Brieuc) — Adresse : 2 rue Saint-Gouéno, 22000 Saint-Brieuc — Le détail qui donne faim : une institution où le beurre et le sucre travaillent « à l’ancienne », mais avec ce petit nerf qui rend une bûche inoubliable. Fiche officielle
Chocolaterie – Pâtisserie – Confiserie Jérôme Pinel (Saint-Brieuc) — Adresse : 7 rue Alexandre Glais-Bizoin, 22000 Saint-Brieuc — Tél. : 02 96 33 32 63 — Le détail qui donne faim : le genre d’adresse où le chocolat a du grain, du relief, et où les entremets de Noël ont l’air de sortir d’un écrin. Facebook
L’Atelier de Corentin (Paimpol) — Adresse : 25 place du Martray, 22500 Paimpol — Tél. : 02 96 22 32 77 — Le détail qui donne faim : douceur de salon de thé, parfums beurrés, et cette sensation de « bûche de Noël » qui arrive comme une écharpe chaude. Site
YQ Pâtisserie (Lamballe) — Adresse : 44 rue du Val, 22400 Lamballe — Tél. : 06 62 02 42 98 — Le détail qui donne faim : une maison contemporaine : lignes propres, textures contrastées, et des bûches qui jouent le croustillant comme une percussion. Site
Madeleine & Yuzu (Lannion) — Adresse : 7 avenue du Général de Gaulle, 22300 Lannion — Tél. : 02 96 47 45 50 — Le détail qui donne faim : si vous aimez les bûches « fruits / agrumes », c’est une piste qui respire : ça sent l’écorce, la mousse fine, la lumière d’hiver. Site
FINISTÈRE (29) : Top des maisons où la bûche vaut le détour
Pâtisserie Lallemand (Brest) — Adresse : 39 rue Traverse, 29200 Brest — Tél. : 02 98 44 27 12 — Le détail qui donne faim : une adresse où l’on vient chercher la bûche comme on va chercher du solide : du goût franc, de la tenue, et ce confort chocolaté qui fait taire la table. Fiche PagesJaunes
Maison Georges Larnicol (Quimper) — Adresse : 19 rue Kéréon, 29000 Quimper — Tél. : 02 98 64 83 19 — Le détail qui donne faim : le savoir-faire « maison » et l’esprit cadeau : parfait quand on veut une fin de repas qui a de l’allure et du chocolat qui « claque ». Site
Les Macarons de Philomène (Quimper) — Adresse : 13 rue Kéréon, 29000 Quimper — Tél. : 02 98 95 21 40 — Le détail qui donne faim : quand on aime les goûts « lisibles » : vanille nette, chocolat rond, fruits précis. Une bûche qui rassure et qui chante. Site
Nektar (Quimper) — Le détail qui donne faim : une piste très appréciée pour les collections de fêtes, souvent sur des équilibres « mousse / insert / croustillant » très actuels. Instagram
MORBIHAN (56) : Top pour une bûche très haut niveau
Pâtisserie Chocolaterie Pier-Marie (Vannes) — Adresse : 9 rue Le Hellec, 56000 Vannes — Tél. : 02 97 54 18 99 — Le détail qui donne faim : une maison qui fait des desserts de Noël comme des promesses : croustillant, fondant, et ce chic discret qui fait revenir la cuillère. Site
Pâtisserie Chocolaterie Pier-Marie (Lorient) — Adresse : 8 rue Victor Massé, 56100 Lorient — Tél. : 02 97 55 44 78 — Le détail qui donne faim : même esprit : des bûches « tenues », généreuses, avec un chocolat qui prend toute la bouche sans l’alourdir. Site
Alain Chartier (Vannes) — Ville : Vannes — Le détail qui donne faim : si vous visez la bûche glacée très propre, c’est souvent le bon réflexe : une fraîcheur chirurgicale, des parfums nets, zéro lourdeur. Site
Au Petit Prince (Arradon) — Adresse : 20 rue d’Irlande, 56610 Arradon — Tél. : 02 97 44 90 44 — Le détail qui donne faim : la « bonne adresse de quartier » qui sauve un réveillon : une bûche qui sent le fournil, la vanille, et le plaisir simple, bien fait. Fiche PagesJaunes
Terres Bleues (Cléguérec) — Adresse : Kerantourner, 56480 Cléguérec — Tél. : 02 97 38 13 35 — Horaires : boutique à la fabrique le samedi 10h–12h (click & collect selon périodes) — Le détail qui donne faim : la bûche glacée « propre » et festive, parfaite quand on veut finir le réveillon avec une fraîcheur nette plutôt qu’un final trop sucré ; une vraie adresse de glacier artisanal, sérieuse, régulière, sans esbroufe. Site — Facebook
LOIRE-ATLANTIQUE (44) : Top des incontournables pour une bûche mémorable
Vincent Guerlais – Boutique Franklin (Nantes) — Adresse : 11 rue Franklin, 44000 Nantes — Tél. : 02 40 08 08 79 — Le détail qui donne faim : la maison « fêtes » par excellence : du chocolat qui enveloppe, des pralinés qui craquent, et des finitions de vitrine qui donnent envie de tout goûter. Site
Stéphane Pasco – Boutique Nantes (Cité des Congrès) — Adresse : 16 bis rue de Mayence, 44000 Nantes — Tél. : 02 40 89 79 78 — Le détail qui donne faim : pâtisserie fine, moderne, très « texture » : mousse aérienne, croustillant précis, et un final qui laisse la bouche propre. Site
Stéphane Pasco – Boutique Vertou (Vertou) — Tél. : 02 40 03 00 83 — Le détail qui donne faim : même univers : une bûche qui joue la précision, et ce petit twist acidulé qui empêche la fin de repas de s’endormir. Site
Christophe Roussel (Guérande) — Adresse : 26 rue Saint-Michel, 44350 Guérande — Tél. : 02 51 73 75 65 — Le détail qui donne faim : chic presqu’île : chocolat ciselé, caramel bien cuit, et une bûche qui a l’air d’un objet… mais qui se mange avec un vrai sourire. Site
Et si vos menus des réveillons de Noël et de la Saint-Sylvestre étaient typiquement bretons ?
La Bretagne est l’une des régions phares des fruits de mer, des poissons, des conserves, des douceurs au beurre salé, des biscuits et des boissons de caractère. Pour composer des tables festives qui sentent l’iode, la lande et la gourmandise, voici des idées de recettes « esprit Bretagne » et, surtout, un carnet d’adresses rééquilibré et beaucoup plus riche (10 recommandations par département).
Les fêtes de fin d’année sont profondément ancrées dans une tradition culinaire, et la dinde est devenue l’un des plats emblématiques de Noël. Aujourd’hui, beaucoup de tables recherchent aussi des formats plus légers, plus marins et plus locaux : entrées iodées, plats moins lourds, desserts au beurre salé, et accords cidre/bière/chouchenn.
Pour l’apéritif
Chips au blé noir (sarrasin) : elles changent des chips habituelles avec leur goût toasté (petite note de noisette). À côté, pensez « Bretagne apéro » : rillettes de poisson, tartinables d’algues, beurre demi-sel et pain noir. Une règle simple : du croustillant, du salin, une touche fumée, et un verre bien choisi.
Les entrées
Huîtres au Pommeau de Bretagne
Pour changer des huîtres crues, on peut les servir chaudes avec un accompagnement doux-salé : pommes (idéalement Reinettes) et Pommeau de Bretagne. Simple, chic, et très « table de fête ». Pour l’accord : un cidre brut (ou un blanc sec) fait merveille.
Coquille Saint-Jacques : l’incontournable
La baie de Saint-Brieuc est l’un des hauts lieux de la Saint-Jacques. Pour une version de fête : poêlée minute au beurre salé, tombée de poireaux, ou simplement snackée avec une émulsion légère. Celtarmor (Saint-Quay-Portrieux) propose notamment des noix de Saint-Jacques avec vente en ligne.
Toasts de foie gras et confit d’oignons de Roscoff sur pain d’épices
Le foie gras reste un classique de Noël, mais l’angle breton peut venir des oignons rosés (façon confit) et d’un pain d’épices qui apporte une profondeur épicée. Variante : en mini-burgers briochés pour un apéro dînatoire.
Tartare de saumon à l’huile de homard
Une entrée tendance et rapide : saumon très frais, herbes, zestes si vous aimez, et une touche d’huile de homard pour le relief. À servir bien froid, fleur de sel, ciboulette, et un verre qui claque (cidre brut, ou blanc sec tendu).
Les plats de résistance
Risotto à la bière, champignons et poireaux
Un risotto « d’hiver breton » : champignons, poireaux, et bière en place d’une partie du vin (ou en complément). Le résultat est rond, parfumé, très convivial.
Filet mignon, petits légumes et potimarron rôti au miel
La voie « terre » : filet mignon tendre, légumes de saison, potimarron rôti au miel pour la nuance sucrée. Variante festive : farce pain d’épices + fruits secs.
Kig ha farz
Le pot-au-feu breton (Finistère, Léon) : viandes, légumes, far noir et far blanc cuits en sacs à far, et la sauce lipig au beurre salé et échalotes. Convivial, généreux, parfait pour un grand déjeuner d’hiver.
Cotriade
La grande soupe de poissons bretonne (chaudronnée) : merlu, morue, rascasse, julienne, grondin, maquereau… avec pommes de terre et bouillon. Un plat unique quand il fait froid, surtout si l’on a de très beaux poissons.
Les desserts
Roses des sables aux crêpes dentelle
La version bretonne remplace les corn flakes par des crêpes dentelle (type gavottes) : même croustillant, plus fin en bouche. Chocolat noir, lait, blanc, praliné : à vous de choisir.
Far breton flambé
Incontournable : nature ou pruneaux. Petit twist de fête : un flambage après cuisson (Grand Marnier ou autre, selon vos goûts) pour un far plus « réveillon ».
Bûche chocolat et paillettes de crêpes dentelle
La bûche n’est pas bretonne à l’origine, mais la crêpe dentelle lui donne une signature locale immédiate : chocolat + croustillant, duo imparable.
Gâteau glacé breton au caramel
Portions individuelles : crème glacée caramel au beurre salé, crème glacée « palet breton », éclats de caramel salé. C’est simple, efficace, et très « fin de repas ».
L’Igloo (dessert signature)
Mousse mascarpone, confit mangue-passion, sablé amandes : un dessert très frais pour le 31. Au Régal Breton (Auray) confirme bien l’existence de la maison, de son adresse et de ses activités pâtisserie/chocolat.
–> Menus de réveillon « Bretagne contemporaine »
Si la dinde reste un héritage des réveillons traditionnels, beaucoup de tables bretonnes optent aujourd’hui pour des menus plus marins, plus légers et plus locaux, mieux accordés aux produits du territoire. Voici trois propositions de menus bretons contemporains, à adapter selon le budget et l’envie.
Menu breton – version gourmet
Entrée : huîtres chaudes au pommeau de Bretagne ou tartare de saumon à l’huile de homard.
Plat : lieu jaune ou bar rôti, tombée de poireaux, sauce beurre blanc (ou beurre Bordier).
Dessert : bûche chocolat aux paillettes de crêpes dentelle ou gâteau glacé breton au caramel.
Menu breton – version très festive
Entrée : noix de Saint-Jacques snackées, purée de panais ou de potimarron, émulsion légère.
Plat : homard breton (ou langoustines), simplement rôti ou en demi-bretonne, accompagné de légumes d’hiver.
Dessert : entremets de pâtissier (type « igloo ») ou assortiment de chocolats et caramels bretons.
Menu breton – version budget maîtrisé
Entrée : rillettes ou tartinables de poisson (sardine, maquereau, thon) sur pain de seigle ou blinis.
Plat : cotriade (soupe de poissons bretonne) ou poisson blanc du jour accompagné de pommes de terre vapeur et beurre demi-sel.
Dessert : far breton (nature ou pruneaux) ou roses des sables aux crêpes dentelle.
Accords bretons : simples et efficaces
Pour accompagner les plats des réveillons sans se tromper, quelques accords bretons font toujours mouche :
Huîtres & cidre brut : la vivacité du cidre équilibre l’iode et nettoie le palais. Fonctionne aussi très bien avec des huîtres chaudes.
Saint-Jacques & vin blanc sec : muscadet, chenin sec ou blanc breton quand il existe, pour souligner la finesse sans masquer le produit. Poissons & bière blonde artisanale : une bière bretonne légère peut remplacer avantageusement le vin sur un plat simple. Chocolat & whisky breton ou lambig : en fin de repas, un spiritueux breton (whisky de blé noir, eau-de-vie de cidre) prolonge les saveurs du cacao. Desserts au caramel & chouchen : l’hydromel breton accompagne naturellement le beurre salé et les notes sucrées.
L’idée n’est pas de multiplier les bouteilles, mais de choisir des accords francs, lisibles et cohérents avec l’esprit du repas.
Carnet d’adresses ou 10 recommandations par département
Rennes et ses pizzerias ou la quête de la part parfaite. En effet, un dictionnaire pourrait être publié tant la capitale bretonne recense de tables italiennes. L’occasion pour Unidivers de vous accompagner dans votre quête de la pizza (presque) parfaite – pâte vraiment travaillée, bons produits, cuisson maîtrisée, et addition qui ne ressemble pas à une amende.
Cette mise à jour de fin 2025 s’appuie sur un principe simple, calqué sur nos guides : on teste, puis on pondère selon une grille « plaisir / constance / générosité / prix ». Une adresse peut être très bien notée et pourtant se révéler un peu chère au regard de la portion ou inversement.
Le classement 2026 Unidivers
À lire comme un guide, pas comme un tribunal, car la pizza reste une affaire de goûts (pâte fine romaine, napolitaine alvéolée, garniture minimaliste ou généreuse). Nous avons volontairement privilégié les adresses régulières et cohérentes au plan tarifaire pour un déjeuner/dîner à Rennes.
Rang
Adresse
Pourquoi on y va
Signal « qualité-prix »
1
A Fuoco Nero (7 rue Saint-Georges)
Très haut niveau de satisfaction + accueil, belle surprise à l’addition
Excellent compromis gourmand / pas abusif
2
La Trévise (37 bis boulevard de Verdun)
Pizzeria très bonne, constante quant aux produits et à la pâte
Bon marché au regard du plaisir
3
Mono (bd de la Liberté)
Napolitaine sérieuse, ambiance qui claque, régularité
Prix plutôt premium, mais cohérent avec l’exécution
Très bon équilibre : simple, net, sans addition qui dérape
6
Casa Antonio (42 rue Vasselot)
Accueil et constance, « bonne bouffe » sans esbroufe
Portions correctes, prix abordables
7
Angello (Pl. de Bretagne / rue des Innocents)
Institution rennaise, carte travaillée, options vegan
Très bon, mais irrégulier : dépend des soirs et de l’affluence
8
Ciao Bella (24 rue du Maréchal Joffre)
Napolitaine solide, ambiance « Little Italy », succès stable
Très Bon et prix raisonnables
9
Rossa (12 rue de l’Arsenal)
Très bonne et régulière
Cohérent au regard du niveau et de la constance
10
Mamma Vespa (secteur Hoche)
Adresse chaleureuse, généreuse, appréciée par un public large
Impression d’équilibre : ni cheap, ni surfait
11
Tripletta (mail François Mitterrand)
Chaîne bien tenue, ingrédients italiens revendiqués, carte saisonnière
Valeur sûre surtout sur place (terrasse)
12
Chez Geppetto (rue Rallier du Baty)
Pizzas « géantes », option pratique, centrale
Fort sur les grands formats ; qualité irrégulière
Les adresses en détail
Tripletta, 38B mail François Mitterrand
Commençons par la plus récente qui a poussé sur le mail François Mitterrand. Tripletta est née à Belleville avant de se multiplier dans plusieurs villes de France. À Rennes, elle a pris place dans une maison retapée avec soin, avec une réussite au plan du décor ; industriel chic, chaleureux, et surtout une terrasse qui fonctionne très bien quand le Mail se remet à respirer.
Dans l’assiette, on est sur une proposition napolitaine « grand public » mais bien tenue : pâte généreuse, corniche marquée, recettes lisibles, et une sensation de constance. Le meilleur choix, ici, c’est souvent de jouer la carte « spécialité de saison » ; on gagne en relief, on évite le piège des classiques vus mille fois ailleurs.
Mention sucrée : les desserts peuvent faire basculer une fin de repas. Certains soirs, c’est précisément ce qui justifie le détour plutôt qu’une autre pizzeria, pourtant très correcte, à deux rues de là.
Infos : pour les horaires et réservations, privilégiez les canaux officiels. Site – Instagram
Chez Geppetto, 6 rue Rallier du Baty
Chez Geppetto, c’est l’adresse centrale, efficace, celle que l’on retient aussi pour une raison très simple : le format. Les « grandes pizzas » plaisent à celles et ceux qui veulent une assiette qui en impose sans que le ticket grimpe au plafond. L’intérieur est plutôt agréable malgré l’espace compté, et le lieu reste pratique quand on veut manger vite et bien, au cœur de Rennes.
Au plan qualité-prix, Geppetto est un cas typique de notre méthode : l’adresse est très bonne, mais jamais excellente. Donc, c’est le bon plan “gros appétit / centre-ville”, mais moins “pizza d’auteur” que les meilleures napolitaines de la liste.
Dans le restaurant de street-food italienne A Fuoco Nero, la pizza se plie en quatre… au sens propre. Le lieu reste convivial et la proposition a un vrai avantage. On peut y aller pour une pizza classique comme pour une version “pliée” (plus nomade), sans perdre en gourmandise.
Ce qui propulse A Fuoco Nero très haut dans notre classement 2025, c’est la combinaison rare : grande satisfaction pour une addition “bonne surprise”. À Rennes, c’est un critère qui pèse.
Il y a des adresses qui traversent les années sans avoir besoin de se réinventer tous les six mois. La Tomate appartient à cette catégorie. Une pizzeria de quartier (au bon sens du terme), avec ses habitués, où l’on vient chercher une pizza franche, une pâte fine, une cuisson nette, et un moment sans manières. Plaisir simple, constance, et addition qui n’essaie pas de vous convaincre que vous venez de vivre une expérience gastronomique “conceptuelle”.
Rossa s’est imposée comme une expérience régulière, une carte lisible et bien tenue, et un sérieux qui ne s’effondre pas quand la salle est pleine. Ici, la pizza est pensée pour le plaisir immédiat : pâte bien menée, garnitures équilibrées, et une exécution qui rassure. C’est typiquement l’adresse que l’on recommande quand on veut réduire le risque de déception.
À deux pas de la place Hoche, Mamma Vespa coche la case “pizzeria où l’on se sent bien”. Ambiance chaleureuse, générosité et exécution solide qui tient la route même quand le service s’emballe. C’est une adresse qui parle à un public large – amateurs de napolitaine moelleuse comme fans de classiques bien calibrés. Au plan qualité-prix, son atout est clair : l’équilibre, celle qui fait qu’on se dit “c’était juste” — ni cheap, ni surfait, ni vendu comme un miracle.
À Casa Antonio, on tombe amoureux de la simplicité de l’accueil et de la douce lenteur du lieu ; ce genre d’endroit où l’on se hâte sans se presser. Les pizzas sont équilibrées, les produits soignés, et l’adresse coche une case précieuse en 2025 : manger bon, à un prix raisonnable, sans que l’expérience soit “au rabais”. Casa Antonio n’est pas forcément l’adresse la plus “hype” mais c’est précisément ce qui la rend durable. Une atmosphère connue, un sourire bien établi, et ce goût de “reviens-y” qui n’a pas besoin de storytelling pour exister.
Angello, 4 place de Bretagne et 4 rue des Innocents
Angello, c’est une institution rennaise. Une adresse qui appartient au paysage, avec une vraie identité, des recettes travaillées et un public fidèle. C’est aussi une maison dont on connaît le niveau d’exigence au plan du savoir-faire, et dont la carte sait sortir du binaire “Reine / 4 fromages”.
Pourquoi Angello descend un peu dans la hiérarchie 2025 ? Pour une raison simple : l’irrégularité grandissante selon les moments, l’affluence, le service. Une grande adresse doit être grande un mardi banal comme un samedi plein. Angello reste une valeur sûre, mais moins assurée que les premières de notre liste.
Mono est à goûter… Notamment pour sa napolitaine sérieuse, l’équilibre de la garniture, la pâte bien travaillée et une expérience globale (service, ambiance) à la hauteur. C’est typiquement le lieu où l’on envoie sans trembler une personne “difficile” quant aux pizze ; celle qui a mangé à Naples, celle qui traque la corniche, celle qui veut du goût sans lourdeur.
Au plan qualité-prix, Mono se situe plutôt dans le haut du panier : ce n’est pas “bon marché”, mais c’est très cohérent, et c’est ce qui compte. Quand la pizza est nette, le client accepte mieux le prix…
Boonus : Les pizzas du Oan’s Pub, 1 rue Georges Dottin
Vous avez rendez-vous au bar, vous n’avez pas mangé, et vous refusez de vous contenter d’une planche ? Le Oan’s Pub a développé une proposition pizza qui dépasse l’appoint : une vraie option “soirée” où l’on mange, on boit, on discute, et la pizza suit le rythme. C’est une adresse à part dans le guide : moins “pizzeria”, plus “lieu de vie” — mais le résultat compte.
Notre lecture qualité-prix : en mode convivial, c’est souvent imbattable. La pizza devient un carburant heureux, et pas un poste de dépense à regretter.
Un réveillon réussi doit-il se mesurer à l’aune de son budget ? Comme si la fête devait forcément passer par le luxe, l’ostentation, la rareté. C’est une illusion. Les plus belles tables ne sont pas celles qui brillent le plus, mais celles où l’on a su choisir, cuire, attendre, assembler avec justesse. En somme, aimer.
Car l’extraordinaire, en cuisine, ne tient ni au caviar ni aux crustacés hors de prix. Il naît d’un geste précis, d’un produit simple porté à son point de grâce, d’un plat humble qui, soudain, fait silence autour de la table. Voici vingt recettes capables de transformer un réveillon ordinaire en véritable moment de fête — sans grever le mois de janvier, sans renoncer à l’élégance, sans tricher avec le goût.
Entrées — Ouvrir la fête avec intelligence
Œufs mimosa tièdes au beurre noisette et herbes fraîches Tarif moyen : 1,50 € / personne Le mimosa cesse d’être un souvenir de buffet froid. Tiédi, nappé d’un beurre noisette, relevé d’herbes ciselées, il devient une entrée de douceur et de profondeur. Clin d’œil breton : remplacez une partie de la mayonnaise par un peu de fromage frais et ajoutez une pointe de ciboulette et de salicornes hachées (si vous en trouvez en bocal). Un soupçon de fleur de sel de Guérande suffit à signer l’assiette.
œufs mimosa tièdes
Poireaux rôtis, vinaigrette chaude, noisettes grillées et citron confit Tarif moyen : 2,50 € / personne Le poireau, souvent cantonné au second rôle, révèle ici une chair presque charnue, soutenue par l’acidité et le croquant. Clin d’œil breton : ajoutez une touche de cidre brut dans la vinaigrette chaude, et terminez avec quelques éclats de noix à la place des noisettes.
Poireaux rôtis, vinaigrette chaude noix et citron confit
Velouté de lentilles corail, lait de coco et cumin doux Tarif moyen : 2,00 € / personne Un bol chaud, enveloppant, qui installe immédiatement l’idée de partage et de lenteur. Clin d’œil breton : donnez-lui un accent plus “terre-mer” avec une tombée de poireau au beurre, et une larme de crème (à la place d’une partie du coco), puis ajoutez au moment de servir un voile de poudre d’algues (dulse, nori) ou de simples paillettes d’algues alimentaires.
Velouté de lentilles corail, lait de coco et cumin doux
Rillettes de sardines maison, citron et poivre long Tarif moyen : 2,50 € / personne La mer populaire sublimée. Peu d’ingrédients, mais une intensité franche et joyeuse. Clin d’œil breton : privilégiez des sardines de Bretagne et écrasez le tout avec un peu de beurre demi-sel plutôt que seulement du fromage frais. À servir sur du pain de seigle ou une tranche de pain au levain bien toastée.
Rillettes de sardines maison, citron et poivre long
Carpaccio de betteraves rôties, feta émiettée et miel chaud Tarif moyen : 2,50 € / personne Couleurs profondes, douceur terrienne, équilibre sucré-salé parfaitement maîtrisé. Clin d’œil breton : remplacez la feta par un fromage de chèvre local (frais ou mi-sec), et choisissez un miel de sarrasin pour un contraste plus sombre, plus “noir et or”.
carpaccio de betteraves rôties
Plats — Le cœur battant du réveillon
Poulet rôti entier au beurre, ail et citron Tarif moyen : 5,50 € / personne Il n’a jamais quitté la table des grandes fêtes. Bien choisi, bien rôti, partagé à la main presque, il reste souverain. Clin d’œil breton : glissez sous la peau un mélange beurre demi-sel + thym + échalote. Et pour le jus, déglacez au cidre brut (ou, plus audacieux, un trait de chouchen très discret).
Poulet rôti entier au beurre, ail et citron
Joue de porc braisée longuement au vin rouge et au thym Tarif moyen : 6,50 € / personne La lenteur fait tout. La chair se défait, le jus se concentre. Plat de profondeur et de patience. Clin d’œil breton : remplacez le vin par un braisage au cidre et ajoutez une cuillerée de moutarde à l’ancienne en fin de cuisson.
Joue de porc braisée longuement au vin rouge et au thym
Chou-fleur rôti entier, sauce tahini-citron Tarif moyen : 3,50 € / personne Un plat végétarien qui impose le respect. Texture, puissance, simplicité radicale. Clin d’œil breton : servez-le avec une sauce à base de yaourt ou fromage blanc + citron + herbes, puis ajoutez des paillettes d’algues pour une note iodée.
Chou-fleur rôti entier, sauce tahini-citron
Pâtes fraîches au beurre, sauge et parmesan Tarif moyen : 3,50 € / personne Trois ingrédients, une vérité. Le luxe véritable du minimalisme italien. Clin d’œil breton : faites un beurre noisette au demi-sel, et ajoutez un peu de tomme bretonne râpée finement à la place d’une partie du parmesan.
Pâtes fraîches au beurre, sauge et parmesan
Gratin dauphinois lentement confit Tarif moyen : 2,50 € / personne Lorsque la cuisson est juste, il devient le centre de la table, sans avoir besoin de rien d’autre. Clin d’œil breton : au moment de servir, une pluie de fleur de sel. Si vous souhaitez un écart assumé : un soupçon de sarrasin très finement torréfié pour le croquant.
Gratin dauphinois lentement confit
Accompagnements — Les discrets qui font tout
Pommes de terre grenaille au four, romarin et ail en chemise Tarif moyen : 1,50 € / personne Croustillantes dehors, fondantes dedans. Toujours justes. Clin d’œil breton : terminez avec un filet de beurre fondu demi-sel et quelques cristaux de fleur de sel de Guérande.
Pommes de terre grenaille rôties au romarin
Carottes glacées au miel et au cumin Tarif moyen : 1,50 € / personne Une douceur profonde, presque orientale, qui équilibre les plats plus riches. Clin d’œil breton : utilisez du miel de sarrasin pour donner une profondeur plus sombre.
Carottes glacées au miel de sarrasin et cumin
Choux de Bruxelles rôtis, citron et parmesan Tarif moyen : 2,00 € / personne La réhabilitation par le four. Amertume domptée, croustillant affirmé. Clin d’œil breton : remplacez le parmesan par une tomme locale, et ajoutez quelques lardons bien grillés si vous souhaitez un registre plus “table d’hiver”.
Choux de Bruxelles rôtis, fromage et lardons
Purée de pois cassés à l’huile d’olive Tarif moyen : 1,20 € / personne Dense, rustique, d’une noblesse rare lorsqu’elle est bien assaisonnée. Clin d’œil breton : servez-la avec une cuillerée de beurre demi-sel qui fond au centre, et un poivre fumé si vous en avez.
Purée de pois cassés, beurre demi-sel et poivre fumé recette
Salade d’endives, noix, pommes et fromage bleu Tarif moyen : 2,50 € / personne Croquant, fraîcheur, caractère : tout ce qu’il faut pour relancer l’appétit. Clin d’œil breton : choisissez une pomme locale bien acidulée, et ajoutez quelques gouttes de cidre dans l’assaisonnement.
Salade d’endives, pommes, noix et fromage bleu
Desserts — Finir sans lourdeur, avec mémoire
Riz au lait vanillé, caramel maison Tarif moyen : 1,50 € / personne Dessert d’enfance, transfiguré par la justesse du caramel. Clin d’œil breton : caramel au beurre demi-sel, évidemment, avec une pointe de fleur de sel au moment du service.
Riz au lait caramel au beurre salé
Pommes au four, miel et épices douces Tarif moyen : 1,20 € / personne Simple, chaud, réconfortant. La fin idéale d’un repas d’hiver. Clin d’œil breton : remplacez le miel par une cuillerée de caramel au beurre salé, ou faites un mélange miel + cidre réduit quelques minutes à la casserole.
Pommes au four, caramel au beurre salé et épices douces
Gâteau au chocolat fondant (sans farine) Tarif moyen : 2,50 € / personne Dense, intense, inratable. Le chocolat à l’état pur. Clin d’œil breton : servez-le avec une cuillerée de crème épaisse et un soupçon de fleur de sel sur la part.
Gâteau au chocolat fondant, crème épaisse et fleur de sel
Clémentines rôties au sucre brun et romarin Tarif moyen : 1,50 € / personne Acidité, parfum, fraîcheur. Une respiration sucrée. Clin d’œil breton : un trait de lambig ou de Fine Bretagne (très léger, juste pour parfumer) fait basculer ce dessert dans le registre des fêtes.
Clémentines rôties, sucre brun et romarin
Crème au citron rapide, biscuits émiettés Tarif moyen : 1,80 € / personne Un dessert vif, presque insolent, qui ferme le repas sans l’alourdir. Clin d’œil breton : émiettez des palets bretons ou des galettes à la place de biscuits neutres : le contraste citron-beurre devient irrésistible.
Crème au citron rapide, biscuits émiettés
La vraie fête
Un réveillon réussi n’est pas une démonstration. C’est une attention. Une manière de dire aux autres : j’ai pris le temps. J’ai choisi avec soin. J’ai cuisiné pour vous. Ces vingt recettes rappellent une chose essentielle. La cuisine festive n’est pas une question de moyens, mais de regard. Celui que l’on porte sur les produits simples, sur le temps qu’on leur accorde, sur la joie de les partager. Et c’est peut-être là, finalement, que commence la vraie célébration. Dans l’amour.
À la Saint-Sylvestre, une fois les douze coups de minuit passés, nous serons le 1er janvier, et viendra le moment de se souhaiter une bonne et heureuse année 2025, d’échanger des vœux de bonheur, d’amour, de réussite et de prospérité. Après les embrassades, les convives passeront aux desserts et aux gâteaux que les hôtes auront préparés. Parmi les plus originaux, il y a le calendrier du Nouvel An !
Mais au fond, quelle est l’histoire du Nouvel An ? Fêter l’entrée dans la nouvelle année est une tradition très ancienne, dont les repères varient selon les civilisations et les calendriers. Ici, nous vivons au rythme d’un calendrier solaire (le calendrier grégorien), tandis que d’autres cultures suivent un calendrier luni-solaire, comme en Chine, où la date du Nouvel An change chaque année.
Pour le monde romain, un tournant majeur survient avec Jules César, qui réforme le calendrier (calendrier julien) : le 1er janvier s’impose alors comme un repère fort, et il est placé sous la protection de Janus, le dieu des commencements et des passages, représenté avec deux visages. L’un regarde en arrière (le passé), l’autre vers l’avant (l’avenir). C’est à lui que nous devons le nom de janvier : le mois des portes qui s’ouvrent.
Au fil du temps, en Europe, le début de l’année n’a pourtant rien d’évident : selon les régions et les usages, on a pu faire commencer l’année à Noël, au 25 mars (l’Annonciation) ou encore à Pâques — ce qui, on l’imagine, compliquait considérablement la datation des actes et la vie administrative.
En France, l’unification se fait avec l’édit de Roussillon (signé en 1564 sous Charles IX), qui fixe officiellement le 1er janvier comme début de l’année dans tout le royaume (application pleine et entière à partir de 1567). Quelques années plus tard, la réforme du calendrier par Grégoire XIII (1582) stabilise durablement notre chronologie moderne.
De nos jours, le Nouvel An est devenu un moment de partage où l’on se réunit en famille et entre amis pour festoyer autour d’un bon repas. Et pour qu’un réveillon soit parfait, il se termine souvent par une note sucrée. Après la bûche de Noël et avant la galette des rois à l’Épiphanie, il existe donc un dessert moins connu, mais plein de charme : le calendrier du Nouvel An.
En France, pour fêter le 1er janvier, certains préparent (ou commandent chez leur pâtissier) un gâteau qui ressemble à un calendrier : un dessert “à message”, qui annonce la page suivante. Traditionnellement, il s’agit d’un biscuit nature (souvent de type génoise) fourré d’une crème au beurre légère, parfumée selon les goûts : vanille, chocolat, café, praliné, kirsch… et décorée comme une date qu’on encadre.
Ce “calendrier” est particulièrement présent dans certaines régions de tradition pâtissière germanique (où la crème au beurre est reine) : on le retrouve, sous différentes formes, dans des vitrines de fin décembre. Sa force : il fait le lien entre le dernier repas de l’année et la première gourmandise de la suivante, comme un passage de relais sucré.
Les traditions sont cependant différentes d’un pays à l’autre, et même d’une région à l’autre. À l’image de La Réunion, où le pâté se confectionne traditionnellement avec du saindoux et de la viande de porc. Aujourd’hui, d’autres recettes circulent, notamment avec de la confiture de papaye. Et pour le dessert du réveillon de la Saint-Sylvestre, ce sont souvent les fameux petits beignets parfumés à la cardamome et à la vanille, en forme de serpentin, qui s’invitent sur les tables.
La Réunion
Au Portugal, les fêtes de fin d’année célèbrent volontiers le Bolo-Rei (le “gâteau du roi”) : une brioche en forme de couronne, percée d’un trou central, garnie et décorée de fruits confits et de fruits secs. Un dessert solaire, comme une promesse de jours plus longs.
En Espagne, la manière de célébrer le Nouvel An — La Nochevieja (“la vieille nuit”) — est très particulière. Les Espagnols se réunissent souvent sur la place principale. Lorsque l’horloge entame les douze coups de minuit, la tradition veut que chacun avale douze raisins, un à chaque coup, pour s’assurer chance et prospérité mois par mois. Un rituel simple, collectif, presque musical.
PortugalEspagne
En Suède et en Norvège, il est de coutume de célébrer la Saint-Sylvestre en terminant le repas par un riz au lait. Beaucoup y glissent une amande : celle ou celui qui la trouve serait assuré de vivre une année prospère. Une superstition douce, qui transforme le dessert en jeu de destin.
En Bulgarie, le banitsa est une tarte feuilletée au fromage dans laquelle sont cachés des porte-bonheurs : pièces de monnaie, petits objets symboliques ou brindilles. On y lit l’année à venir comme on déplie un feuilleté : couche après couche.
En Albanie, le baklava est incontournable au Jour de l’An. Par tradition, il est souvent préparé longtemps à l’avance, et chacun doit en manger un morceau pour s’assurer de la chance. On raconte parfois qu’il peut contenir jusqu’à 90 couches de pâte : une façon de dire que la patience est déjà une vertu de l’année nouvelle.
Suède – NorvègeBulgarieAlbanie
Au Luxembourg, après un repas de réveillon souvent conçu autour de viandes et de poissons, la coutume veut que les convives dégustent de petites figurines en massepain (pâte d’amande) : des ramoneurs et des cochons, symboles de chance et de prospérité. Une tradition d’inspiration germanique, très ancrée dans la culture populaire.
Luxembourg
Et en Bretagne ?
Les Bretons ne manquent jamais d’imagination quand il s’agit de fêter une date. Dans le Morbihan, la Pâtisserie Au Petit Prince (Auray, Baud, Belz, Carnac-Plage, Locoal-Mendon et Pluvigner) propose un Number Cake : un gâteau conçu pour de nombreuses occasions, dont le 1er janvier — mais aussi les anniversaires, les fêtes de famille et les grandes dates symboliques. Une manière contemporaine de faire “calendrier” autrement : en transformant le chiffre en célébration.
Le Number 1 en version XL, vanille-fraise, est annoncé pour sept à huit personnes : sablé vanille, biscuit madeleine à la vanille, crémeux fraise des bois, fine feuille de chocolat blanc, ganache montée à la vanille. Le tout se pare de pastilles, de cœurs en chocolat, de cubes de guimauve et de pâquerettes blanches en pâte à sucre… Comme un petit jardin d’hiver posé sur la table, juste avant que l’année ne commence.
Animal Totem n’est ni agile comme l’animal ni immobile comme le totem, il piétine. Le film piétine avec l’obstination d’un pèlerin sans boussole et la vacuité d’un slogan écrit au marqueur sur un tote bag. Benoît Delépine signe une fable écolo d’une indigence confondante. Le pesticide au menu, oui, mais servi dans une panière où toute profondeur a été soigneusement retirée, comme la pulpe d’un fruit trop mûr qu’on ne veut pas mâcher. Entre catéchisme standardisé et conte cruel de la boboitude.
De l’aéroport de Beauvais à La Défense, accompagné de sa valise à roulettes, Darius traverse à pied campagnes et banlieues pour mener à bien, et sans empreinte carbone, une mystérieuse mission…
Le principe narratif tient en une phrase — et encore : un homme marche. Mais dans Animal Totem, Darius marche d’abord pour ne pas avoir à raconter. Le réalisateur avance pour éviter le scénario. On déambule afin de déguiser l’absence d’architecture en geste d’épure. Et comme souvent dans ce type d’ascèse revendiquée, l’« épure » ressemble surtout à un dénuement. D’où une série de pastilles, de vignettes, de sketchs, de sentences qui se veulent à la fois démonstratives, moralisatrices et drolatiques, et qui sont surtout mécaniques.
Le pitch, lui, a pourtant de quoi tenir debout et son traitement sous forme de fable écolo à l’humour grinççant promettait d’être prometteur. Roundup bidon, limace en danger, morts, et la marche comme trajectoire de vengeance vers une entreprise d’énergie au nom trop transparent — Totem, comme un clin d’œil à l’affreux méchant Total. Mais l’idée se dissout vite dans son exécution. Chaque étape ajoute un message, puis un autre, puis un autre… Le film semble confondre progression et accumulation, et prend la leçon pour une dramaturgie. Résultat : c’est long, c’est répétitif, donc pénible.
Cette mécanique de l’“étape-message” produit deux scènes si bêtement fabriquées qu’elles résument, à elles seules, le problème d’écriture. Par exemple, la séquence d’abus de fonction où un vigile, depuis sa voiture, se prend pour un petit shérif : autorité de pacotille, intimidation lourde, situation montée comme un “sketch” censé symboliser l’arbitraire du système. Mais rien ne prend, parce que tout est écrit au stabilo : le vigile n’est pas un personnage, c’est une pancarte qui clignote « oppression ».
Ensuite, ce moment lunaire où le héros croise un couple et un enfant laissé sur un toit — gag-badge moral assorti de répliques “prêtes à l’emploi” : « Ne l’oubliez pas… » ; « Ce serait difficile… » ; « Pourtant, on a bien oublié nos enfants… » Comme si la satire devait absolument se traduire en phrase-slogan ; comme si le film craignait qu’on ne comprenne pas que l’époque est “inhumaine” s’il ne l’énonçait pas littéralement. C’est moins du burlesque que du PowerPoint.
On reconnaît le style Delépine : un vague pitch plutôt qu’un récit, une désinvolture brandie comme une esthétique, l’anti-bourgeoisie de carton-pâte, la posture “anar” qui pique. Sauf qu’ici, l’aiguillon est en mousse. La critique du capitalisme sauvage, la dénonciation des pesticides, la contemplation de la nature — tout cela n’est pas faux, tout cela est même nécessaire, tout cela pourrait être beau. Mais tout cela est traité à plat comme un enchaînement d’évidences qu’on s’échange entre convaincus en hochant la tête, sans contradiction interne, sans complexité humaine, sans ironie véritable. Tellement gros pâté.
Et c’est le cœur du problème : le film ne pense pas. Il affirme. Il balise. Il moralise. On peut appeler ça « révolte lumineuse » si l’on veut ; j’y vois surtout la lumière crue d’une morale simplifiée, si française, qui confond colère et profondeur et qui finit par produire l’inverse de ce qu’elle prétend défendre. Car quand on réduit l’écologie à une suite d’images-signaux (la campagne, l’empoisonnement, le grand méchant système), on abandonne le terrain du réel — et l’on prépare, malgré soi, la pente glissante des récupérations les plus nauséabondes. Oui, à force de démagogie et de puérilité, ce film est susceptible de nourrir une réaction, précisément parce qu’il offre à l’adversaire une caricature commode de “l’écolo bobo moralisateur” : hors-sol, répétitif, si satisfait de son indignation.
Le clou, c’est la scène attendue comme une délivrance avec le grand patron chasseur, donc méchant (incarné par Olivier Rabourdin) — bureau-trophées de chasse, capitalisme caricatural. Le héros arrive, le “face-à-face” prend l’air d’une leçon de morale dessinée au feutre, puis le film bascule dans un geste “radical” aussi lourd que prévisible. Et comme si la maladresse devait être bouclée par un nœud rose, on revient ensuite… à la ferme écologiste qui est, bien sûr, l’alpha et oméga..
Le plus irritant, au fond, est que le film tient un fil réellement intriguant, mais le lâche. La production revendique explicitement un dispositif de regard “double” : le regard humain (chef opérateur Hugues Poulain) et le regard animal (chef opérateur animalier Thomas Labourasse), comme si l’image devait mêler “l’imagina” et “l’anima”. Sur le papier, l’idée est belle ; à l’écran, elle apparaît par éclairs trop rares. Ainsi cette scène filmée depuis le point de vue d’une mouche dans un bar — un décentrement qui, enfin, ouvre quelque chose. Mais, dans ce monde de brutes, quelqu’un écrase la mouche. Fin de l’éclair. Le point de vue animal, qui pouvait être la vraie singularité du film, est sous-exploité. Utilisé comme gimmick, il est sacrifié à la mécanique implacable de la démonstration implacable. Bref, implacable.
Animal Totem ressemble à un long-métrage de sortie de la Fémis. Correctement cadré, correctement intentionné, impeccablement conscient de son “camp moral”, il est incapable de distance, incapable d’épaisseur, incapable d’inventer autre chose qu’un parcours symbolique où le spectateur est prié d’applaudir le message plutôt que de vivre un film. Benoît Delépine voulait une flèche vers sa cible, il livre un bâton d’encens qui se consume lentement dans une pièce mal aérée.
Rennes se drape d’habits d’hiver du 28 novembre 2025 au 4 janvier 2026.
La Ville de Rennes reconduit en 2025 ses grands rendez-vous de Noël : marché du mail François-Mitterrand, village gourmand place du Parlement, marché des créateurs place Hoche, Arts du feu, marchés alternatifs et ateliers ouverts. Comme chaque année, l’offre s’élargit aussi aux communes de Rennes Métropole qui programment leurs propres marchés, souvent durant un seul week-end de décembre.
Le marché de Noël du mail François-Mitterrand
On ne le présente plus. Les petits chalets blancs, la grande roue, le carrousel et les gourmandises de saison reviennent du vendredi 21 novembre au mercredi 31 décembre 2025. On y trouve artisanat, spécialités sucrées, idées cadeaux, décorations, ainsi que les animations de Noël. Comme les autres années, le marché bio est déplacé à l’arrière de la grande roue pendant la période.
Infos pratiques : mail François-Mitterrand, du 21/11 au 31/12/2025. Du lundi au jeudi et le dimanche de 10h30 à 20h ; vendredi et samedi de 10h30 à 22h ; les 24 et 31 décembre fermeture à 20h.
Le village de Noël, place du Parlement
Tout l’écrin patrimonial du centre-ville sera aménagé par les services de la Ville avec un décor plus chaleureux, des chalets gourmands façon nordique, un sapin illuminé et la traditionnelle boîte aux lettres du Père Noël. Le village sera ouvert du samedi 29 novembre 2025 au dimanche 4 janvier 2026. La boîte aux lettres sera installée du 29 novembre au 24 décembre pour que les enfants envoient leur courrier.
Infos pratiques : place du Parlement, tous les jours 12h-21h, fermeture à 19h le 24 décembre. 24 et 31 décembre 12h-19h et le 25/12 et 01/01 de 15h à 21h.
Organisé par l’association Renn’arts, ce marché abrité sous chapiteau rassemble une quarantaine de créateurs et créatrices du grand Ouest. On y trouve beaucoup de pièces uniques : céramique, bijoux, textile, illustration, déco. En 2025, il aura lieu du 24 novembre au 23 décembre 2025.
Infos pratiques : place Hoche, tous les jours 10h-19h.
Le marché d’artisans qui travaillent la matière par le feu (terre, verre, métal, mosaïque) revient du jeudi 11 au dimanche 14 décembre 2025. Démonstrations, pièces d’exception, rencontres avec les créateurs et créatrices : c’est l’un des rendez-vous d’art les plus identifiés de l’hiver à Rennes.
Infos pratiques : place de la Mairie, jeudi-samedi 10h30-19h30, dimanche 10h30-18h.
Créations locales, textiles, cosmétiques, joaillerie, petite restauration. L’événement est prévu jeudi 11 et vendredi 12 décembre 2025 de 16h à 22h, place Clara-Zetkin.
Infos pratiques : Les Ateliers du Vent, place Clara-Zetkin (Rennes), 11 et 12/12/2025, 16h-22h.
Le Noël des établis
Installé dans le grand atelier partagé “Comme un établi” (5 rue Bahon-Rault), ce marché industriel et chaleureux réunit les artisans résidents et des invités samedi 13 et dimanche 14 décembre 2025 de 11h à 18h.
Infos pratiques : Comme un établi, 5 rue Bahon-Rault, Rennes.
Week-end festif avec marché, concerts et manèges au 20 rue Pierre-Martin, les 20 et 21 décembre 2025. Une proposition plus tardive pour celles et ceux qui n’ont pas encore trouvé tous leurs cadeaux. Manèges, confiserie, bistrot, marché de Noël, ateliers “Fabrique ton cadeau” Le samedi soir, concert du trio vocal Christmas Swing et danse avec Swingin’ in the Rennes. Le dimanche, le Père-Noël viendra nous rendre visite…
Festival Ancrages
Le festival Ancrages revient pour une deuxième édition les samedi 22 et dimanche 23 novembre, à la Brasserie Saint-Hélier. Une multitude de stands pour dénicher le cadeau idéal qui fera plaisir sous le sapin.
Noël approche, les Rennais seront ravis de redécouvrir leur ville parée de ses couleurs de Noël. Comme à son habitude, l’Hôtel de Ville, sis place de la Mairie de Rennes, accueille un nouveau spectacle musical intitulé Rêve de lumière…
Chaque soir, à la tombée du jour à partir du 19 décembre, la place de la Mairie se remplit de familles, de poussettes, de touristes qui lèvent la tête vers la façade de l’Hôtel de Ville. Les fenêtres s’éteignent, le son monte, et la pierre devient écran géant. Pour l’hiver 2025-2026, Rennes confie de nouveau sa façade à Spectaculaires – Allumeurs d’images, avec un spectacle intitulé « Rêve de lumière ». Pendant douze minutes, la ville se raconte en images, en musique, en couleurs, dans une atmosphère à la fois douce, drôle et franchement féérique.
Héroïne inattendue de ce conte, une poule Coucou de l’écomusée de la Bintinais s’échappe de son poulailler pour partir explorer Rennes illuminée. On la suit du parc du Thabor à la fête foraine de Noël sur l’esplanade Charles-de-Gaulle, en passant par les mosaïques d’Odorico, un musée qui s’anime et l’Opéra où surgit même Cendrillon. En sept tableaux, la projection tisse un parcours qui mêle patrimoine, imagination et clins d’œil aux lieux emblématiques de la ville, accessible aux enfants mais suffisamment riche pour que les adultes s’y laissent prendre aussi.
Les projections se déroulent du 19 décembre 2025 au 4 janvier 2026, tous les soirs à partir de 18h, en continu toutes les 20 minutes jusqu’à la dernière séance à 21h40. Le spectacle dure environ 12 minutes et reste entièrement gratuit. Le 31 décembre, la magie se prolonge exceptionnellement jusqu’à 23h59, avant le décompte collectif du passage à la nouvelle année, puis le traditionnel bal du Nouvel An au Liberté pour celles et ceux qui veulent continuer la nuit. Une parenthèse lumineuse au cœur de l’hiver, à vivre en regardant simplement s’illuminer la façade la plus emblématique de Rennes (avec celle du Parlement de Bretagne, bien entendu !).
Le Bal du Nouvel an : Le Liberté, esplanade du Général de Gaulle, 35000 Rennes, Le jeudi 1er janvier 2026, de 0h à 5h, Entrée possible jusqu’à 3h.
Le chantier de déconstruction du parking Vilaine, dans le centre-ville, avance à grands pas. Sur la plateforme flottante, les ouvriers s’activent, libérant peu à peu la Vilaine de sa prison de béton.
À travers les grillages du chantier, qui strient et assombrissent la vue, il est tentant de jeter un regard curieux sur l’avancée de ce chantier colossal qui occupe le centre-ville de Rennes depuis le 13 octobre 2025. Sous le ciel bleu de ce vendredi 19 décembre 2025, au milieu des engins imposants et du matériel de chantier, la Vilaine refait surface.…
L’objectif de ce chantier historique est de redonner toute sa place à la Vilaine en supprimant le parking, qui la recouvre depuis les années 1960, pour une ville plus verte, apaisée et résiliente. In fine, le centre-ville rennais sera doté de nouveaux espaces publics végétalisés, accessibles et pensés pour les mobilités douces. D’une envergure de 29 millions d’euros, le chantier est porté par Rennes Métropole et la Ville de Rennes, dans la continuité de la concertation « Rennes 2030 », lancée en 2018. En 2021, un jury citoyen avait proposé la suppression du parking Vilaine pour redécouvrir le fleuve. Cette vision a ensuite été validée par les procédures réglementaires et les décisions des assemblées locales.
Un centre-ville réinventé autour du fleuve
Une fois le chantier achevé, la Vilaine sera redécouverte sur 270 mètres, entre le pont de la Mission et le pont Pasteur. Ce dévoilement s’accompagne d’un réaménagement intégral des quais nord et sud, de la place de la République et des abords du Palais du Commerce. L’objectif : créer une ville plus fraîche, plus perméable et plus vivable.
Vue depuis la passerelle Saint-Germain
Une réponse urbaine au changement climatique
184 arbres seront plantés et plus de 5 000 m² d’espaces végétalisés seront aménagés, représentant 53 % de surfaces désimperméabilisées. L’infiltration des eaux pluviales dans les sols, le rafraîchissement urbain et la préservation de la biodiversité sont au cœur du projet. À terme, 500 arbres auront été implantés en centre-ville d’ici 2030.
Apaisement urbain et mobilités douces en priorité
Plus de 40 % de la surface du projet sera dédiée aux piétons. Le Réseau express vélo sera renforcé sur les quais nord (Duguay-Trouin, Lamartine, Chateaubriand). Une vélorue et des pistes cyclables sécurisées seront mises en place, tandis que la rue du Pré-Botté deviendra piétonne. Les transports en commun, notamment les lignes de trambus T1, T2 et T3, seront réorganisés pour améliorer leur lisibilité et leur accessibilité.
Calendrier des travaux
Les travaux s’échelonneront entre l’automne 2025 et l’été 2028, en plusieurs grandes étapes :
Déconstruction du parking Vilaine (8 mois, depuis octobre 2025)
Réhabilitation de la dalle République (2026-2027)
Création de pontons, passerelles, gradins, jardins flottants (jusqu’à fin 2027)
Aménagement des espaces publics et de la place de la République (jusqu’en 2028)
Ce vaste projet redéfinit la place de la nature et de l’eau en ville, à l’heure du dérèglement climatique et de la transition écologique. En redécouvrant la Vilaine, Rennes ne se contente pas de réaménager son centre, la ville réinvente sa relation au vivant.
Le 18 décembre 2025, Rennes Métropole a validé un choix structurant pour son avenir numérique qui consiste à confier l’exploitation et la commercialisation de son réseau métropolitain de fibres optiques à Orange Concessions, dans le cadre d’une Délégation de service public (DSP) de sept ans.
Une décision technique en apparence, mais aux implications bien plus larges, qui dit beaucoup de la manière dont la Métropole entend piloter ses infrastructures numériques à l’heure de la fin du cuivre, de la montée en puissance de la fibre professionnelle et des nouveaux usages connectés.
Contrairement à la fibre grand public, le réseau concerné ne dessert pas directement les particuliers. Il s’agit d’un réseau d’infrastructures “de gros”, destiné aux entreprises, aux communes, aux administrations et aux opérateurs télécoms. Initié en 2007, ce réseau relie l’ensemble des zones d’activités de la métropole et accompagne aujourd’hui près de 800 entreprises, ainsi que plusieurs sites publics.
Ce type de réseau est un outil d’aménagement du territoire : il conditionne l’attractivité économique, la qualité des services publics, la capacité des collectivités à déployer des outils numériques sécurisés, ou encore l’accueil d’activités innovantes.
Pourquoi changer d’exploitant aujourd’hui ?
La Métropole a fait le choix de résilier par anticipation l’ancienne DSP, jusque-là confiée à Rennes Métropole Télécom, pour ouvrir une nouvelle séquence. En toile de fond :
la fermeture progressive du réseau cuivre, qui oblige entreprises et collectivités à basculer vers des solutions fibre plus robustes ;
des besoins en forte évolution, allant bien au-delà du simple accès internet (sécurisation des réseaux, interconnexion de sites, vidéoprotection, objets connectés, réseaux mobiles privés, etc.) ;
la volonté de redynamiser la commercialisation du réseau et d’en moderniser l’offre.
Orange Concessions, opérateur spécialisé dans les Réseaux d’Initiative Publique (RIP), a été retenu pour assurer l’exploitation, l’évolution et la commercialisation du réseau à partir du 1er juillet 2026.
Ce que la DSP avec Orange peut apporter
Le choix d’un acteur industriel de cette envergure présente plusieurs avantages concrets.
D’abord, une capacité de déploiement et de prospection renforcée. Orange Concessions opère déjà des réseaux similaires dans plus de 30 départements. Cette expérience peut permettre de mieux faire connaître le réseau métropolitain, notamment auprès des communes et des entreprises qui n’en utilisaient pas encore toutes les possibilités.
Ensuite, une modernisation du catalogue de services. La nouvelle DSP prévoit des offres mieux adaptées aux besoins professionnels, avec des tarifs révisés, une baisse annoncée sur certaines offres activées, et l’intégration de nouveaux services : Internet des objets, 5G privée, réseaux multiservices, mobile indoor ou encore solutions de vidéoprotection.
Enfin, un cadre contractuel plus exigeant, négocié par la Métropole, avec des engagements de service, de qualité et de transparence présentés comme compatibles avec la stratégie de “numérique responsable” adoptée en 2022.
Le point clé, la Métropole garde la main sur le génie civil
Mais l’aspect le plus structurant – et le plus politique – de cette décision se situe ailleurs : Rennes Métropole a choisi de conserver en régie la gestion des infrastructures de génie civil.
Concrètement, cela signifie que les fourreaux, chambres, tranchées et ouvrages physiques qui permettent le passage de la fibre restent gérés directement par les services métropolitains, et non par le délégataire.
Ce choix présente plusieurs avantages majeurs.
Il permet d’abord de préserver une véritable souveraineté publique sur un patrimoine stratégique. La fibre ne se résume pas aux câbles : celui qui maîtrise les accès physiques, les travaux et les arbitrages d’occupation du sol conserve un levier décisif.
Il garantit ensuite une meilleure neutralité du réseau. En gardant la main sur le génie civil, la Métropole limite le risque qu’un opérateur – même indirectement – contrôle l’accès à l’infrastructure au détriment d’autres acteurs.
Il facilite aussi la réversibilité future. À l’issue de la DSP, ou en cas d’évolution de la stratégie, la collectivité disposera d’une connaissance fine de son patrimoine et pourra plus aisément changer d’exploitant ou ajuster son mode de gestion.
Enfin, ce retour partiel en régie s’inscrit dans une logique de service public renforcé, où l’exploitation peut être déléguée, mais où les actifs structurants restent pleinement publics.
Un équilibre à surveiller dans le temps
Ce nouveau modèle repose donc sur un équilibre délicat : confier l’animation, la commercialisation et l’innovation à un opérateur industriel, tout en conservant les leviers structurants au sein de la collectivité.
Comme toute DSP, il appelle une vigilance continue : sur la neutralité réelle du réseau, sur la clarté des tarifs de gros, sur la qualité de la transition entre anciens et nouveaux exploitants, et sur la capacité de la Métropole à piloter son délégataire sur la durée.
Mais en choisissant de séparer exploitation et maîtrise des infrastructures, Rennes Métropole esquisse une voie intermédiaire entre délégation totale et régie intégrale. Une approche pragmatique, qui cherche à conjuguer efficacité opérationnelle et contrôle public, dans un domaine devenu aussi essentiel que l’eau, l’énergie… ou les transports.
À l’heure où le numérique structure de plus en plus nos vies économiques et collectives, ce type de choix mérite sans doute d’être regardé autrement que comme un simple dossier technique.
Il y a 122 ans, le 30 décembre 1903, un incendie catastrophique éclate à Chicago, dans l’Illinois aux États-Unis, lors d’une représentation devant 1 700 personnes…
Chicago, un après-midi d’hiver. Le 30 décembre 1903, la neige poudroie sur les toits d’ardoise, les tramways tintinnabulent, et les enfants sont en congé pour les fêtes de fin d’année. Ce jour-là, le théâtre Iroquois affiche complet. Plus de 1 900 spectateurs, en majorité des femmes et des enfants, prennent place dans la plus grande salle de spectacles de la ville. On joue Mr. Blue Beard, une féerie musicale importée de Londres, une promesse de lumière et de magie pour oublier le froid et la grisaille.
Mais c’est une autre forme de lumière, brutale, incontrôlable, qui s’invitera dans la salle : celle des flammes.
Le feu entre en scène
Il est environ 15h15 lorsque, au-dessus de la scène, une étincelle électrique provoque l’embrasement d’un projecteur défectueux. Le feu, d’abord discret, lèche les décors suspendus. En quelques secondes, il s’élance vers les cintres, s’agrippe aux toiles peintes à l’huile, à ces rideaux qui représentent des palais orientaux, des jungles, des cieux étoilés. Les machinistes tentent de faire descendre le rideau coupe-feu. Il se bloque. Un souffle brûlant traverse alors la scène. Les acteurs fuient. La salle, elle, demeure figée un instant dans l’incrédulité.
Puis la panique éclate.
L’élégance pour l’éternité
Le théâtre Iroquois, inauguré à peine un mois plus tôt, se voulait le plus sûr et le plus luxueux du pays. Colonnes de marbre, balcons en ferronnerie, velours épais, dorures, escaliers majestueux. On y montait comme dans une cathédrale du loisir bourgeois. Mais tout n’était qu’apparat.
Les portes de sortie sont dissimulées, parfois verrouillées. Les grilles de fer décoratives censées « canaliser » les foules deviennent des pièges. Les balcons s’effondrent partiellement sous la bousculade. Les corps glissent sur les rampes, tombent les uns sur les autres. On crie, on s’étouffe. Le feu, lui, se nourrit de tout : bois, tissu, os, chair. Un souffle incandescent surgit des trappes techniques, projetant des flammes dans les hauteurs du théâtre. Certains spectateurs se jettent dans le vide depuis les étages, espérant échapper au brasier. Beaucoup meurent dans l’escalier, écrasés.
Des centaines de morts en habits de fête
À l’extérieur, les passants stupéfaits regardent sortir des enfants en feu, des mères les bras brûlés. Des corps sont déposés sur les trottoirs enneigés. On recouvre les victimes de manteaux. Les morgues débordent. Des gymnases, des écoles sont réquisitionnés pour aligner les corps. Les médecins pleurent en silence, incapables d’agir devant tant de défiguration.
Bilan final : environ 602 morts, dont des dizaines d’enfants. Le chiffre exact reste flou : beaucoup de corps ne sont jamais identifiés. Il s’agit encore aujourd’hui de la catastrophe théâtrale la plus meurtrière de l’histoire mondiale.
L’après : entre colère et culpabilité
Dans les jours qui suivent, Chicago est saisie d’une émotion muette, traversée de silences plus lourds que des discours. Mais très vite, la colère monte. On découvre que les normes de sécurité ont été ignorées : aucun exercice d’évacuation, portes de secours verrouillées, pas d’alarme, et des matériaux hautement inflammables partout.
L’architecte du théâtre, Benjamin Marshall, est incriminé. Les propriétaires plaident l’accident. Personne ne sera jamais condamné.
Mais quelque chose s’est brisé. Le théâtre, jadis lieu de rêve, devient tombe. On redéfinit les codes de la sécurité incendie dans les lieux publics : barres anti-panique, portes battantes vers l’extérieur, rideaux ignifugés, plans d’évacuation visibles. Le mot « irréprochable » ne pourra plus jamais désigner un lieu sans penser à ceux qui s’y sont immolés sans le vouloir.
Mémoire vive
Aujourd’hui, une plaque discrète sur Randolph Street à Chicago rappelle les faits. Le théâtre Iroquois fut rasé, remplacé par un nouvel édifice, mais l’émotion, elle, n’a pas disparu. Chaque année, des familles déposent des fleurs. Des descendants de victimes, parfois, lisent des noms dans la lumière pâle du matin. D’autres, anonymes, s’arrêtent quelques minutes. Comme si l’air portait encore un goût de cendres.
Le 30 décembre 1903, la beauté, la joie, l’enfance, furent englouties en pleine représentation. Et peut-être faut-il se souvenir de cela, toujours : que les feux de la rampe, s’ils ne sont pas maîtrisés, peuvent brûler bien plus que la scène.
Encadré pratique
Lieu : Iroquois Theater, Chicago (Illinois, États-Unis)
Date : 30 décembre 1903
Nombre de victimes : environ 602 morts
Conséquences : réforme nationale des normes de sécurité incendie dans les lieux publics
Mémoire : Plaque commémorative au 24-28 West Randolph Street, Chicago
Un objet interstellaire baptisé 3I/ATLAS s’apprête à effectuer son passage le plus proche jamais observé à la Terre, à une distance inimaginable pour un visiteur des profondeurs du cosmos. Les télescopes scrutent, spéculent, s’échinent à comprendre s’il s’agit d’une simple comète ou d’un signe, quelque peu capricieux, venu nous inviter à élargir notre regard. Pendant qu’il approche, il émet un scintillement rythmique, presque comme un cœur cosmique, qui change subtilement au fil de son voyage. Certains y lisent des patterns disciplinés ; d’autres y cherchent des réponses aux questions qu’aucune physique ne peut résoudre.
Cette semaine, le ciel nous chuchote : « Si un voyageur venu de l’infini peut changer sa cadence, alors toi aussi, tu peux changer la tienne. »
Bélier
Ancrage astral : Nouvelle Lune en Sagittaire (ton secteur des voyages, études, convictions) ; Soleil + Mars + Vénus en Capricorne (ton secteur carrière/ambition) ; Jupiter rétrograde en Cancer (ton secteur foyer).
Tu as envie de partir, d’élargir, de respirer plus grand. La Nouvelle Lune t’offre une permission : apprendre, planifier un déplacement, reprendre un chantier intellectuel, reformuler une croyance qui t’étriquait. Mais le Capricorne, en face, t’attrape par l’épaule : « Très bien, maintenant, prouve-le. »
Travail : semaine puissante pour structurer, assumer une responsabilité, poser une stratégie. Mars en Capricorne te donne une endurance rare ; utilise-la sans te transformer en machine. Foyer : Jupiter rétrograde te rappelle qu’on ne conquiert pas le monde si l’on néglige la base.
Conseil : choisis un objectif visible, puis un geste quotidien. L’héroïsme, cette semaine, c’est la régularité.
Taureau
Ancrage astral : Nouvelle Lune en Sagittaire (intimité, dettes, partages, mues) ; Capricorne (vision, études, horizons concrets) ; Jupiter rétrograde en Cancer (échanges, écrits, entourage proche).
On te demande une vérité douce et ferme : ce que tu partages, ce que tu refuses, ce que tu veux protéger. La Nouvelle Lune remue l’arrière-boutique : confiance, argent commun, désir, secrets. Rien d’obligatoire, mais tout devient plus clair si tu oses regarder.
Le Capricorne te propose une sortie par le haut : un projet d’apprentissage, une démarche administrative, une perspective qui te rend plus libre. Jupiter rétrograde en Cancer, lui, te fait relire des messages, renouer un fil, réentendre une phrase ancienne avec une signification neuve.
Conseil : fais un inventaire : de tes ressources, de tes peurs, de tes appuis. Nommer, c’est déjà reprendre la main.
Gémeaux
Ancrage astral : Nouvelle Lune en Sagittaire (relations, contrats, face-à-face) ; Capricorne (engagements, finances partagées, profondeur) ; Jupiter rétrograde en Cancer (valeur, argent, estime).
Tu n’es pas dans une semaine de bavardage ; tu es dans une semaine de pacte. La Nouvelle Lune se pose dans ton secteur du « toi + moi » : elle peut ouvrir une rencontre, relancer un contrat, ou demander une clarification nette dans une relation existante.
Et le Capricorne insiste : si l’on se choisit, il faut choisir aussi la façon de gérer le réel — temps, argent, fidélité, responsabilités. Jupiter rétrograde te ramène à ta valeur : ce que tu vaux, ce que tu factures, ce que tu acceptes.
Conseil : formule une demande simple, sans détour, sans ironie. Ton courage est là : parler clair.
Cancer
Ancrage astral : Nouvelle Lune en Sagittaire (travail quotidien, santé, organisation) ; Capricorne (couple, associations, alliances) ; Jupiter rétrograde dans ton signe (retour à soi, révision d’identité).
Tu as l’impression de te réécrire en silence. Jupiter rétrograde chez toi fait remonter des souvenirs, des besoins anciens, une manière d’être au monde que tu avais peut-être maquillée pour tenir. Cette semaine, tu ajustes le masque : pas pour choquer, pour respirer.
La Nouvelle Lune te donne un bon levier concret : routine, sommeil, rythme, hygiène mentale. Le Capricorne, en face, met les relations sous lumière froide : qui est fiable ? qui est flou ? qui tient sa parole quand la fête est finie ?
Conseil : soigne ton quotidien comme on soigne un cœur. Le grand changement commence par l’heure du lever.
Lion
Ancrage astral : Nouvelle Lune en Sagittaire (amour, créativité, joie, enfants) ; Capricorne (travail, discipline, corps) ; Jupiter rétrograde en Cancer (repos, retrait, guérison invisible).
Tu retrouves une étincelle. Pas un show. Une vraie braise. La Nouvelle Lune réveille le désir de créer, d’aimer, de jouer, de prendre un risque esthétique ou affectif. Mais le Capricorne, lui, demande un prix : si tu veux cette joie, il faut un cadre, une méthode, un corps qui suit.
Jupiter rétrograde t’invite à respecter tes zones de fatigue. Cette semaine, la grandeur consiste à ne pas te forcer à rayonner quand tu as besoin de te recharger. Et paradoxalement, c’est là que tu redeviens magnétique.
Conseil : choisis une discipline qui sert ton plaisir (et non une discipline qui le punit).
Vierge
Ancrage astral : Nouvelle Lune en Sagittaire (foyer, racines, intérieur) ; Capricorne (création, amour, vitalité) ; Jupiter rétrograde en Cancer (amis, réseaux, projets collectifs).
On te parle de maison, au sens large : une pièce, une famille, une mémoire, un lieu intérieur. La Nouvelle Lune peut déclencher un tri, un rangement, une décision domestique, ou une conversation familiale qui remet de l’air.
Le Capricorne te redonne ensuite l’élan vital : créer, séduire, produire quelque chose de beau et de fini. Jupiter rétrograde réactive d’anciens liens : un ami reparaît, une équipe se reforme, un projet revient sous une forme plus mature.
Conseil : rends ton espace plus simple. Ton esprit suivra.
Balance
Ancrage astral : Nouvelle Lune en Sagittaire (communication, fratrie, déplacements) ; Capricorne (foyer, structure, ancrage) ; Jupiter rétrograde en Cancer (carrière, réputation, direction).
La semaine parle d’abord par messages : appels, rendez-vous, trajets, discussions décisives. La Nouvelle Lune te donne une voix plus franche, plus droite, presque plus rapide. Mais attention : dire vrai n’est pas dire tout.
Le Capricorne te ramène au socle : maison, famille, frontières. Et Jupiter rétrograde en haut de ton ciel pro réévalue ta trajectoire : tu ne veux plus seulement « réussir », tu veux que la réussite ressemble à ta vie.
Conseil : écris ce que tu n’arrives pas à dire. Tu trouveras la formule juste.
Scorpion
Ancrage astral : Nouvelle Lune en Sagittaire (argent, ressources, valeur) ; Capricorne (parole, contrats, décisions) ; Jupiter rétrograde en Cancer (sens, horizons, convictions).
La Nouvelle Lune met un projecteur sur la valeur : ce que tu gagnes, ce que tu dépenses, mais surtout ce que tu t’autorises. Il y a peut-être une négociation à rouvrir, un tarif à assumer, une dépendance à alléger.
Le Capricorne te pousse à formaliser : un papier, un accord, une conversation cadrée. Et Jupiter rétrograde te fait relire tes croyances : ce que tu pensais « évident » ne l’est plus. Tu changes de boussole, et c’est une bonne nouvelle.
Conseil : ne brade pas ton énergie. Ce que tu offres doit être respecté, y compris par toi.
Sagittaire
Ancrage astral : Nouvelle Lune dans ton signe (renaissance, intentions, identité) ; Capricorne (argent, corps, sécurité) ; Jupiter rétrograde en Cancer (intimité, liens profonds).
Tu te remets au monde. La Nouvelle Lune dans ton signe n’est pas une simple humeur : c’est un recommencement. Tu peux décider d’un cap, d’une attitude, d’une audace. Mais la semaine te demande de l’incarner dans le concret : le Capricorne parle budget, limites, discipline, corps.
Jupiter rétrograde creuse l’intime : tu comprends mieux ce que tu attends d’un lien profond, ce que tu refuses de revivre, ce que tu veux guérir. L’aventure, cette fois, a lieu à l’intérieur.
Conseil : formule une intention (une seule), puis donne-lui une preuve matérielle.
Capricorne
Ancrage astral : Soleil entrant dans ton signe (solstice, vitalité, visibilité) ; Mars + Vénus en Capricorne (ambition + charme sobre) ; Nouvelle Lune en Sagittaire (retrait, coulisses) ; Jupiter rétrograde en Cancer (relations).
Tu redeviens le centre de ton propre calendrier. Le Soleil arrive chez toi : présence, gravité, autorité intérieure. Mars t’offre le courage de tenir, Vénus te donne un magnétisme discret, presque classique : celui de la personne qui sait où elle va.
Mais la Nouvelle Lune en Sagittaire te rappelle que tu ne peux pas tout montrer. Il y a des choses à préparer en secret, à protéger, à laisser mûrir. Jupiter rétrograde en face oblige les relations à se réévaluer : qui te soutient vraiment ? qui demande sans rendre ?
Conseil : avance sans expliquer. Les résultats parleront pour toi.
Verseau
Ancrage astral : Pluto dans ton signe (mutation identitaire longue) ; Nouvelle Lune en Sagittaire (amis, collectif, projets) ; Capricorne (repos, arrière-plan, clôtures) ; Jupiter rétrograde en Cancer (rythme, santé, organisation).
Tu changes de peau, lentement, irréversiblement. Pluto dans ton signe ne fait pas de bruit, mais il réoriente ta vie. Cette semaine, la Nouvelle Lune en Sagittaire rallume la vie sociale : une équipe, un cercle, un projet commun te redonne envie d’y croire.
Pourtant, le Capricorne te demande du retrait : terminer, fermer, ranger, dormir. Et Jupiter rétrograde te rappelle la base : ton corps, ton emploi du temps, ton système nerveux. Le futur a besoin d’un organisme solide.
Conseil : choisis un engagement collectif, mais protège tes heures de récupération.
Poissons
Ancrage astral : Saturne en Poissons (structure intérieure, limites) + Neptune en fin de Poissons (sensibilité, inspiration) ; Nouvelle Lune en Sagittaire (carrière, visibilité) ; Capricorne (réseaux, alliances) ; Jupiter rétrograde en Cancer (amour, création).
Tu vis une saison paradoxale : une hypersensibilité (Neptune) et une exigence de cadre (Saturne) dans le même ciel. Cette semaine, la Nouvelle Lune éclaire ta vocation : ce que tu veux incarner publiquement, ce que tu refuses de faire par simple conformité.
Le Capricorne favorise les alliances : amis, réseau, collectif, soutien professionnel. Et Jupiter rétrograde, en terrain ami (Cancer), réchauffe l’amour, le désir de créer, la tendresse. Si tu doutes, reviens à ce qui t’émeut : c’est ton vrai nord.
Conseil : pose une limite nette pour protéger une source d’inspiration.
Rennes Métropole veut préfigurer un dispositif de Paiements pour services environnementaux (PSE) pour rémunérer des agricultrices et agriculteurs engagés dans la transition (avec, au cœur, l’objectif de réduction forte jusqu’à l’arrêt des pesticides de synthèse pour une première vague d’entrées à partir de 2027). Avant d’en juger l’ambition, une question s’impose : qu’est-ce que donnent les PSE là où ils existent déjà ?
La réponse est nuancée : les résultats sont globalement encourageants en matière de mobilisation et d’adhésion, mais la “preuve” d’impacts environnementaux massifs (baisse mesurée des pesticides dans l’eau, restauration de biodiversité à grande échelle) est souvent encore en construction, parce que ces effets demandent du temps, un ciblage fin et une évaluation solide.
Ce que montrent les évaluations nationales : un outil attractif, mais exigeant
Le bilan (novembre 2024) de la première phase d’évaluation nationale du dispositif PSE (piloté par le ministère et financé via les Agences de l’eau) donne une photographie utile :
Montée en puissance réelle : 113 projets engagés financièrement avant fin 2022, portés majoritairement par des syndicats d’eau (40 %) et des intercommunalités (37 %).
Un outil “sur-mesure” : indicateurs construits localement, rémunération souvent sur 5 ans, logique de paiement liée au niveau de pratiques / résultats observés.
Une réussite nette : embarquer. L’évaluation parle d’une “mobilisation des territoires” qui est un succès, et d’un taux d’engagement jugé satisfaisant.
Point clé : le PSE a permis de mobiliser de nouveaux agriculteurs : 85 % des exploitants engagés n’étaient pas déjà dans une autre action de la collectivité (selon cette évaluation).
Des ordres de grandeur : début 2023, environ 131,7 M€ engagés sur 5 ans pour la rémunération directe ; montants annuels par hectare souvent entre 75 et 125 €/ha (fortes variations selon projets).
Le dispositif a aussi été “sécurisé” juridiquement pour faciliter l’entrée des collectivités : un régime d’aide “exempté” (juillet 2024) encadre les conditions et insiste sur un point : l’accompagnement/animation des agriculteurs n’est pas un bonus, mais un élément central pour maximiser l’impact (animation territoriale, accès à l’expertise, formation si besoin, etc.).
Exemples urbains et métropolitains : des modèles utiles pour Rennes
Sur le terrain, la diversité des montages est grande. Pour une métropole comme Rennes, quatre familles d’exemples sont particulièrement éclairantes.
A. Les “villes de l’eau” : quand un opérateur d’eau potable pilote la transition
Eau de Paris est l’exemple le plus documenté, parce qu’il relie un dispositif d’aides agricoles à un enjeu lisible : l’eau potable. La régie a lancé un PSE (ou régime d’aides sur le principe des PSE) approuvé au niveau européen, ouvert sur la période 2020–2025. Elle a communiqué sur un ensemble d’engagements d’exploitants (115) et sur un accompagnement technique + financier avec des montants annoncés entre 150 et 450 €/ha.
Le retour d’expérience le plus intéressant n’est pas “tout est réglé”, mais plutôt : lorsque la collectivité investit dans la prévention (changement de pratiques en amont), elle peut espérer des gains concrets (réduction de pressions, conversions, etc.) et défendre politiquement l’idée que cela coûte moins cher que le curatif à long terme. Des articles de suivi (Banque des Territoires, Le Monde) évoquent des signaux positifs (dont des baisses de pics de pesticides dans certaines nappes, sous réserve des détails méthodologiques et du temps long des tendances).
Pour Rennes, la leçon est simple : si le PSE est attaché à un enjeu très lisible (captages / eau potable / santé), il devient “narrable” et défendable — y compris face aux contribuables.
B. Les métropoles “agro-écologie territoriale” : PSE comme outil d’animation et de cohérence
L’Eurométropole de Strasbourg déploie un PSE sur des zones à enjeux eau, érosion, biodiversité, avec une rémunération sur 5 ans (projet 2022–2027). C’est typiquement un montage “métropolitain” : le PSE n’est pas une prime isolée, mais une pièce au sein d’une stratégie plus large de transition agricole.
Le point fort pour Rennes : ce modèle montre qu’un PSE peut tenir ensemble plusieurs objectifs (eau + sols + biodiversité) à condition d’éviter le piège du “trop large, trop flou”. La contrepartie : plus l’ambition est plurielle, plus le dispositif doit être lisible et l’évaluation robuste.
C. Les agglomérations “PSE thématiques” : un objectif clair, donc des critères plus simples
Le Havre Seine Métropole illustre l’approche “PSE thématique” : candidature à un appel à projet “PSE Herbe” visant à protéger les prairies. Sur la fiche projet nationale, les indicateurs sont concrets (part de prairies non traitées, niveau d’azote minéral) et les règles d’éligibilité sont cadrées.
Pour Rennes, si l’objectif prioritaire est la sortie des pesticides de synthèse, une approche “thématique” peut être un avantage : elle réduit les débats sans fin sur des indicateurs multiples. En revanche, elle peut exclure des exploitations qui ne rentrent pas dans le “bon profil”, d’où la nécessité d’une stratégie parallèle (conseil technique, aides à l’investissement, filières, débouchés, restauration collective) pour ne pas laisser les autres sur le bord du chemin.
D. Les grandes villes et agglos “captages/AAC” : efficacité attendue, mais bataille des périmètres
Beaucoup de PSE sont structurés autour des aires d’alimentation de captage (AAC). C’est logique : c’est là qu’un effet environnemental (sur l’eau) est le plus attendu, donc le plus “évaluable”. Mais c’est aussi là que naissent des frictions : définition des périmètres, arbitrages entre “ciblage strict” et “approche exploitation entière”, acceptation locale, etc.
L’évaluation nationale note d’ailleurs que l’enjeu “eau captage” est majoritaire dans plusieurs bassins, et que l’engagement peut porter sur la totalité de l’exploitation (logique système) — ce qui peut améliorer l’adhésion, mais aussi diluer l’effet si l’on cherche un impact rapide sur une zone très précise.
Freins, limites et “échecs” possibles : ce qui fait dérailler un PSE
Dans les retours d’expérience, les “échecs” ne prennent pas toujours la forme d’un abandon officiel. Ils ressemblent plus souvent à des dispositifs qui se déploient lentement, qui “embarquent” mais transforment peu, ou dont les effets sont impossibles à attribuer. Les principaux points de vigilance sont connus :
Le coût d’ingénierie : monter un PSE, animer, suivre les indicateurs, payer à temps, contrôler… cela demande des moyens. Sans équipe dédiée, un PSE devient un millefeuille administratif.
Indicateurs mal calibrés : trop simples (effet d’aubaine, paiement du statu quo) ou trop complexes (incompréhensibles, décourageants). L’enjeu est de payer le service environnemental sans créer un “Excel de la culpabilité”.
Montant insuffisant : si le paiement ne compense pas le risque économique (rendement, investissement, organisation du travail), l’adhésion plafonne ou ne concerne que les plus “déjà prêts”.
Temps long de l’environnement : l’eau souterraine et les métabolites de pesticides réagissent sur des horizons parfois longs. Annoncer une “baisse” trop tôt expose à des retours de bâton.
Articulation avec les aides existantes : MAEC, aides bio, politiques de filières, etc. Une mauvaise articulation crée des doublons ou des zones grises (certains PSE excluent des exploitants déjà engagés dans certaines aides, selon projets).
Le risque politique : un PSE peut être attaqué comme “subvention” injuste, ou à l’inverse comme “rustine” insuffisante. Il faut un récit public clair : prévention, santé, eau, économie agricole, justice territoriale.
Ce qui ressemble à une réussite : les conditions qui font “prendre” le dispositif
Au vu des évaluations et des cas urbains, trois conditions reviennent comme des facteurs de réussite :
Un objectif prioritaire lisible (eau potable, captages, pesticides, prairies, biodiversité) et un périmètre cohérent.
Une animation agricole solide : conseil, accompagnement, formation, suivi — l’État insiste sur ce point dans le cadre du régime 2024.
Une chaîne complète : paiements + débouchés (restauration collective, filières locales), foncier, structuration logistique, communication. C’est précisément la logique d’un PAT bien piloté.
Le bilan national souligne déjà la capacité du PSE à mobiliser des agriculteurs “nouveaux” et à donner aux collectivités un outil “sur-mesure” jugé valorisant. Ce sont des acquis importants : un PSE peut devenir une porte d’entrée vers des changements plus profonds.
Le potentiel pour Rennes Métropole si le pari réussit
Si Rennes Métropole réussit sa préfiguration et évite les pièges classiques, le potentiel est double.
A. Au plan environnemental et sanitaire
Réduction durable de la pression pesticides sur les zones prioritaires (eau, santé publique), avec un suivi d’indicateurs qui rend la progression visible.
Effet de levier sur l’agro-écologie : rotations, infrastructures agroécologiques, prairies, baisse d’azote minéral — selon le design retenu.
B. Au plan économique et territorial
Sécurisation économique pour des exploitations qui prennent des risques de transition (le nerf de la guerre).
Cohérence renforcée avec le PAT : foncier, installation, Terres de Sources, restauration collective, circuits courts. Un PSE peut devenir l’outil “financier” qui manque souvent à l’animation.
Attractivité agricole : rendre l’installation et la conversion plus réalistes sur un territoire urbain sous pression foncière.
En clair : le PSE n’est pas une baguette magique, mais, bien conçu, il peut être le chaînon entre discours et bascule réelle — en particulier si la métropole rennaise assume une priorité (pesticides de synthèse) tout en restant capable d’élargir ensuite aux autres enjeux (eau, biodiversité, sols) sans perdre en lisibilité.
Une boussole pour la préfiguration rennaise : trois questions décisives
À qui paye-t-on quoi, exactement ? (réduction, non-usage, résultats mesurés, moyens mis en œuvre, mix d’indicateurs)
Où cible-t-on en premier ? (AAC / zones à enjeux santé-eau / périmètres expérimentaux) et avec quel équilibre entre “zone” et “exploitation entière”.
Avec quelle ingénierie ? (animation, expertise, simplification administrative, cofinancements) — parce que c’est là que se joue la différence entre un dispositif vivant et une usine à gaz…
Sources
Ministère de la Transition écologique (CGDD) — Bilan de la 1ère phase de l’évaluation des PSE publics, version novembre 2024 (PDF) : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/Resume%20de%20l%20evaluation%20fini-2.pdf
Ministère de la Transition écologique — Portail officiel PSE (projets, dispositif) : https://pse-environnement.developpement-durable.gouv.fr/
Ministère de la Transition écologique — SA.115044 – Régime exempté PSE_2024 (PDF, juillet 2024) : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/SA.115044%20-%20R%C3%A9gime%20exempt%C3%A9%20PSE_2024.pdf
Eurométropole de Strasbourg — Fiche projet “PSE 2022/2027” : https://pse-environnement.developpement-durable.gouv.fr/projets/pse-eurometropole-de-strasbourg-2022-2027
Eau de Paris — Présentation du dispositif financier d’aides agricoles / PSE (2020–2025) : https://www.eaudeparis.fr/le-dispositif-financier-daides-agricoles-deau-de-paris
Eau de Paris — Actualité sur le dispositif (montants/engagements) : https://www.eaudeparis.fr/actualit%C3%A9s/un-dispositif-unique-pour-accompagner-les-agriculteurs-vers-une-transition-durable
Le Havre Seine Métropole — Actualité sur l’expérimentation PSE (17/07/2023) : https://www.lehavreseinemetropole.fr/actualites/la-communaute-urbaine-experimente-les-paiements-pour-services-environnementaux-pse-afin
Le Havre Seine Métropole — Fiche projet PSE (portail national) : https://pse-environnement.developpement-durable.gouv.fr/projets/paiement-pour-services-environnementaux-le-havre-seine-metropole
Banque des Territoires — “Eau de Paris constate des diminutions des pics de pesticides…” (02/12/2024) : https://www.banquedesterritoires.fr/eau-de-paris-constate-des-diminutions-des-pics-de-pesticides-dans-certaines-nappes-grace-un
Ils referment un chapitre rare dans l’histoire culturelle rennaise. Après quatre décennies à faire vivre un théâtre flottant amarré quai Saint-Cyr, Hugues Charbonneau et Annie Desmoulin font leurs adieux à la Péniche spectacle. Les deux bateaux — L’Arbre d’eau (la salle) et La Dame blanche (l’accueil, les résidences, l’atelier du lieu) — sont désormais à vendre, dans l’espoir qu’un nouvel équipage s’empare de « l’esprit » et de « l’utopie » de cette scène unique.
La Péniche spectacle n’a jamais été seulement un point fixe sur la Vilaine. Sa singularité tient aussi à son mouvement : à partir d’avril, le théâtre quittait Rennes pour naviguer de village en village via les canaux. Au plan symbolique, c’est toute une idée de la culture qui circule : une scène à hauteur d’habitants, qui accoste, s’installe, et fabrique du commun.
Des années 1980 à l’ancrage rennais : une sablière transformée en “bateau à rêver”
La création remonte aux années 1980. D’abord Le Théâtre du Pré Perché (début de la décennie), puis l’achat d’une première péniche au milieu des années 1980. Le bateau — une sablière construite dans les années 1960, acquise auprès d’un des derniers mariniers — est alors sorti de l’eau, retapé, puis aménagé de fond en comble. « À la base, ce n’étaient que deux sablières, des bacs à sable qu’on a développés au fil des années », se souvient Annie Desmoulin.
L’aventure se construit à l’huile de coude : apprendre, durer, ne pas réduire le projet à une simple image de carte postale. Les “secrets” des mariniers — ceux qui font qu’un bateau tient au long cours — deviennent une école de rigueur, loin du folklore. « Les mariniers m’ont livré leurs secrets pour que ça dure, pour que ce ne soit pas juste un décor », raconte Annie Desmoulin. Et l’ambition scénographique se dessine très tôt : « On a voulu aménager un bateau à la Jules Verne, pour faire écho aux voyages et aux bateaux ».
Crédit : Julien Migot
Une programmation “cousue main” : musiques, voix du monde et art de l’accueil
Sur cette base, un projet artistique pluridisciplinaire se déploie, avec un fil rouge revendiqué : musiques et voix du monde. Et une philosophie d’ouverture — tolérance, curiosité, goût de l’autre — où l’accueil compte autant que l’affiche, au point que le spectacle déborde souvent dans la rencontre. « On a toujours conservé la pluridisciplinarité, avec cette thématique spécifique qui nous a menés à la découverte de l’autre », résume Annie Desmoulin.
Jusqu’à 150 spectacles par an, 80 spectateurs “à fond de cale”
Au fil des années, la Péniche spectacle devient un lieu passeur, de rencontres et de fidélités, capable d’accueillir jusqu’à 150 spectacles par an. « On a voulu maintenir la rencontre et un accueil dans le lien intergénérationnel », confie-t-elle. À chaque représentation, une jauge resserrée — autour de 80 spectateurs — embarque dans un rapport de proximité rare : assis à quelques mètres, on descend littéralement “à fond de cale” pour découvrir des perles artistiques dans un écrin minuscule.
Des noms ont marqué cette histoire, entre artistes fidèles, découvertes et coups de cœur : Sergi López, Raul Barboza, Antonio Rivas, Marion Rouxin, Jeanne Cherhal, Annabelle Sergent… Avec une logique assumée : être un “petit poucet” qui doit briller par l’exigence, l’invention et l’intimité.
Destination Rennes – Franck Hamon
La Dame blanche : élargir l’outil, accueillir les artistes, tenir la maison
Une dizaine d’années après le premier bateau, le duo acquiert une deuxième péniche : La Dame blanche. Elle élargit l’outil : accueil, répétitions, réunions, résidences d’artistes. La Péniche spectacle tisse aussi des partenariats et accueille des propositions de festivals rennais — Travelling notamment — renforçant au plan local sa place de “petite grande scène”, à l’écart des formats standard.
Dire adieu, transmettre : “l’heure juste”
Après quarante années de bons et loyaux services culturels, Hugues Charbonneau et Annie Desmoulin ne partent pas amers : “que des beaux souvenirs”. « Le contexte n’est pas facilitant, mais c’était surtout l’heure, pour nous », explique Annie Desmoulin. « La Péniche Spectacle s’arrête, mais le Théâtre du Pré Perché continue son aventure », autrement, sans renier son ADN. « Hugues a toujours travaillé dans la rencontre de la musique et des mots : cela continuera ». Le duo entend donc poursuivre sa vie d’artistes, simplement délesté du poids quotidien d’un lieu-bateau à faire fonctionner, entre technique, navigation, accueil et programmation.
Les archives, elles, ont été conservées et classées : programmes, photos, livres d’or — mémoire d’un lieu qui a compté, et qui pourrait compter encore si un repreneur choisit d’en prolonger la vocation. « On espère trouver des personnes avec un beau projet, et que les péniches restent à Rennes », confie Annie Desmoulin. En attendant, des week-ends portes ouvertes sont organisés pour dire au revoir, et pour permettre aux curieux, aux habitués, aux professionnels, de mesurer ce qui se transmet : un bateau, certes, mais aussi une méthode, une technique, un esprit d’accueil, une certaine idée du spectacle vivant.
Le dernier lever de rideau : Le Bal à l’entrepont, le 16 janvier 2026
L’ultime représentation annoncée à bord sera Le Bal à l’entrepont, le 16 janvier 2026 : un récit chanté, une histoire de traversée, par Le Théâtre du Pré Perché, qui poursuit par ailleurs ses activités. Une dernière soirée comme une signature : la navigation au réel, et l’imaginaire comme cargaison.
Ce que la vente pose à Rennes : un lieu, mais aussi une forme de vie
La vente de L’Arbre d’eau et de La Dame blanche pose une question simple, mais décisive : que devient une scène quand elle est aussi un bateau, quand son identité tient à la fois à un ancrage urbain et à une itinérance au fil des canaux ? Un repreneur devra reprendre une technique, une logistique, une relation au territoire — et, au plan artistique, un pari : celui d’une culture de proximité, exigeante, et obstinément vivante. Un pari d’autant plus délicat dans une période contrainte, où les lieux fragiles sont souvent les premiers à vaciller.
Repères
Lieu : quai Saint-Cyr (Rennes), hiver ; itinérance au printemps et en été sur les canaux.
Deux bateaux : L’Arbre d’eau (salle) ; La Dame blanche (accueil, travail, résidences).
ADN : pluridisciplinarité, musiques et voix du monde, proximité avec les artistes, art de l’accueil.
Dernière date annoncée : 16 janvier 2026, Le Bal à l’entrepont (Théâtre du Pré Perché).
Le chantier du futur Musée & École Giacometti a débuté en novembre 2025, autour de l’ancien bâtiment voyageurs de la gare des Invalides, dans le 7e arrondissement de Paris.
En 2028, la Fondation Giacometti ouvrira ici un lieu inédit en France par son format : un musée (collection permanente et expositions temporaires) doublé d’une école de création ouverte à tous, installés dans le bâtiment historique de l’ancienne gare (1900) et dans les sous-sols de l’esplanade.
Pour l’instant, l’ancienne gare se devine derrière de grands panneaux de chantier et des visuels annonçant le projet. À terme, l’ensemble doit déployer environ 6 000 m² : une collection patrimoniale de premier plan, des espaces d’expositions pluridisciplinaires et une École de création conçue comme un prolongement vivant de l’esprit d’atelier. La Fondation annonce aussi un lieu pensé pour durer au quotidien : cour végétalisée, librairie et cafés-restaurants, afin de faire de l’adresse une destination culturelle, mais aussi un point de vie.
Un musée entre exposition permanente et rendez-vous temporaires
Outre les expositions temporaires, le musée proposera un parcours permanent rassemblant plusieurs centaines d’œuvres d’Alberto Giacometti (1901-1966) : sculptures (plâtres et bronzes), peintures, dessins, ainsi que des ensembles et archives liés à l’atelier et aux recherches de l’artiste. L’architecture est annoncée comme généreuse en lumière naturelle et en respirations, afin d’offrir des conditions de présentation à la hauteur d’une œuvre où la présence se joue souvent à un fil : une silhouette, un visage, une distance.
Le projet s’inscrit aussi dans une histoire de lieu singulière. Édifiée pour l’Exposition universelle de 1900, la gare des Invalides a connu plusieurs vies avant de devenir un bâtiment largement fermé au public. Sa reconversion en musée réactive donc une question parisienne récurrente : comment redonner un usage collectif à un site patrimonial et stratégique, sans le figer en décor.
L’École de création : l’esprit d’atelier, du geste amateur au geste exigeant
L’École de création, associée au musée, s’adressera à tous. Elle promet une approche fondée sur l’expérimentation et l’esprit d’atelier, entre beaux-arts, arts appliqués et métiers d’art, pour une pratique aussi bien amatrice que professionnelle. Autrement dit : faire de Giacometti non seulement un nom à contempler, mais une œuvre à interroger par le faire, par le regard, par le dessin, par la matière.
Alberto Giacometti
Repères biographiques
Sculpteur, peintre et graveur, Alberto Giacometti naît le 10 octobre 1901 à Borgonovo, dans la vallée de la Bregaglia (Suisse), près de la frontière italienne. Son père, Giovanni Giacometti (1868-1933), peintre impressionniste, joue un rôle décisif : l’atelier familial est une école du regard, et le jeune Alberto y réalise très tôt dessins, estampes et gravures, au contact direct de la pratique.
Après une formation à Genève (École des beaux-arts puis École des arts et métiers), Giacometti multiplie les voyages d’étude. En 1921, l’Italie — et notamment Rome — le marque profondément : églises, musées, mosaïques, fresques, sculptures antiques nourrissent ses carnets. À Paris, où il s’installe au début des années 1920, il découvre aussi les avant-gardes (cubisme, arts extra-européens, modernités), qui élargissent son vocabulaire formel sans jamais remplacer son obsession centrale : la justesse d’une présence.
Entre 1930 et 1935, il participe au mouvement surréaliste. Cette période, loin d’être un simple épisode, laisse une trace durable dans sa manière de penser l’objet et l’image : formes à fonctionnement symbolique, assemblages, déplacements du réel, puissance de l’onirique. Après la rupture avec le groupe, Giacometti revient avec une intensité redoublée à la figure, au visage, à l’épreuve du modèle.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se replie en Suisse. À partir de 1944-1945, son travail bascule vers ce qui deviendra sa signature d’après-guerre : des figures de plus en plus minces, dressées, comme usées par l’air et le temps, mais paradoxalement indestructibles dans leur entêtement à tenir debout.
Son œuvre met en place un système d’échos entre l’humain et le monde : une tête comme une pierre, un buste comme une montagne, une figure comme un arbre. Mais ces analogies ne relèvent pas de l’illustration : elles disent plutôt la façon dont Giacometti « mesure » la réalité en la reconduisant à des intensités simples (verticalité, densité, distance, silence). Ses portraits, peints ou sculptés, ne cherchent pas l’effet psychologique : ils rendent une altérité irréductible, quelque chose qui se dérobe au moment même où l’on croit saisir.
Il pratique aussi l’estampe sous de multiples formes (bois, burin, eau-forte, aquatinte), et utilise largement la lithographie à partir de la fin des années 1940, prolongeant sur le papier cette vibration inquiète du trait qui caractérise ses dessins.
Alberto Giacometti
En 1958, il est sollicité pour imaginer un monument destiné à une place devant le siège new-yorkais de la Chase Manhattan Bank (projet développé jusqu’au début des années 1960). Là encore, l’artiste travaille l’espace à partir de plans et de maquettes, construisant mentalement une scène urbaine à la mesure de ses figures : l’immense et le fragile, le minéral et le vivant.
Alberto Giacometti meurt le 11 janvier 1966 à l’hôpital cantonal de Coire (Suisse), d’une péricardite à la suite d’une bronchite chronique. Il est enterré à Borgonovo, sa ville natale. Célébré de son vivant, il demeure aujourd’hui l’une des références majeures de la sculpture du XXe siècle, à la fois populaire et inépuisable pour l’histoire de l’art.
Infos pratiques
Gare des Invalides — 2, rue Robert-Esnault-Pelterie, 75007 Paris.
La Bretagne vient de perdre l’une de ses figures politiques les plus discrètes et les plus constantes. Claude Renoult, ancien maire de Saint-Malo et président de Saint-Malo Agglomération de 2014 à 2020, est décédé ce jeudi 18 décembre 2025, à l’âge de 77 ans.
Ingénieur de formation, passé par EDF-GDF, Claude Renoult avait conservé de ce parcours une manière singulière de faire de la politique : rigoureuse, patiente, fondée sur la méthode plus que sur l’esbroufe. Élu maire de Saint-Malo en 2014, il s’est attaché à gouverner la cité corsaire avec un sens aigu de l’intérêt général, convaincu que l’avenir d’un territoire se construit dans la durée, par le dialogue et la coopération.
Son mandat restera notamment marqué par un choix stratégique fortn celui du rapprochement assumé entre Saint-Malo et Rennes. À rebours des réflexes de concurrence territoriale, Claude Renoult fut un artisan convaincu de l’alliance métropolitaine, persuadé que la complémentarité entre la capitale bretonne et la cité maritime pouvait devenir un levier de développement équilibré pour toute la région.
Économie, French Tech Rennes / Saint-Malo, mobilités, culture : sous son impulsion, une coopération solide s’est progressivement structurée, dépassant les clivages administratifs pour se concentrer sur les enjeux réels — attractivité, emploi, innovation, rayonnement culturel. Cette vision, à la fois pragmatique et politique au sens noble, aura contribué à installer durablement une nouvelle grammaire des relations entre les deux villes.
Symbole fort de cet élan commun, le partenariat autour de la course au large incarnait parfaitement ce qu’il défendait : une Bretagne ouverte, maritime et technologique, fière de ses traditions mais tournée vers l’avenir. Chez Claude Renoult, la mer n’était jamais un décor ; elle était un horizon, une exigence, une promesse collective.
Homme d’engagement plus que de discours, il laissait volontiers la lumière aux projets plutôt qu’à sa personne. Ceux qui l’ont côtoyé évoquent un élu fidèle à ses convictions, déterminé sans jamais être brutal, soucieux de transmission et de continuité. Un maire qui croyait aux institutions locales, au travail d’équipe, et à la responsabilité publique exercée avec retenue.
Claude Renoult s’en est allé, mais l’empreinte qu’il laisse dans l’histoire récente de Saint-Malo — et plus largement dans celle de la coopération territoriale bretonne — demeure. Elle est faite de ponts plutôt que de frontières, de chantiers concrets plutôt que de slogans, et d’une certaine idée du service public.
Saint-Malo gardera la mémoire d’un maire qui sut regarder au loin sans jamais oublier le rivage.
Jeudi 13 mars 2025, le conseil de Rennes métropole a approuvé l’avant-projet et l’enveloppe budgétaire des deux premières lignes de Trambus. À partir de 2027, Rennes va progressivement accueillir un nouveau système de transport en commun : le Trambus 100 % électrique.
Mise à jour du 28 décembre 2025: Rennes Métropole a adopté l’avant-projet des sections nord-ouest de la ligne T1 (du giratoire de La Plesse à Saint-Grégoire à l’avenue Tillon à Rennes). L’investissement annoncé pour ce tronçon est de 43,9 M€ HT (dont 41,9 M€ HT pour les travaux de voirie et 2 M€ HT pour les stations et le terminus, hors matériel roulant). Le démarrage des travaux est prévu fin 2026, pour une mise en service en 2029.
La ligne T2 doit être mise en service en 2027, la T1 en 2029, puis les lignes T3 et T4 à l’horizon 2030. Ce projet ambitieux vise à combiner les avantages du tramway et du bus. Une transformation majeure pour la mobilité dans la métropole bretonne.
Si certains saluent cette initiative comme une avancée écologique et pratique, d’autres émettent des réserves quant à son coût, ses perturbations et ses limites en termes de desserte. L’année 2025 est celle du lancement des enquêtes publiques et des premiers travaux préparatoires du futur Trambus de Rennes, d’abord sur le tracé de la ligne T2 (entre la route de Lorient et Cesson-Sévigné). Sur les quatre lignes prévues, certains aménagements déplaisent.
Voilà des avis pour et des avis contre…
Le Trambus : un concept hybride
Le Trambus est un bus à haut niveau de service (BHNS) qui combine la rapidité du tramway et la flexibilité du bus. Il circule sur des voies dédiées sur une partie importante de son tracé, mais peut aussi emprunter des routes classiques. Contrairement aux bus traditionnels, il dispose d’une capacité de transport plus importante et d’une fréquence de passage plus élevée, notamment aux heures de pointe.
« Le concept du Trambus est intéressant, surtout pour ceux qui habitent un peu en périphérie. Cela pourrait vraiment faciliter mes trajets vers le centre sans avoir à attendre une éternité pour un bus », explique Sophie, une habitante de Saint-Jacques-de-la-Lande. Mais d’autres sont plus sceptiques. « Cela semble bien en théorie, mais j’ai du mal à voir comment cela va se passer avec les travaux et les changements dans la circulation », ajoute Marc, un conducteur de bus rennais.
Le projet rennais prévoit l’installation de quatre lignes de Trambus (T1 à T4). La première mise en service sera la ligne T2, prévue en 2027, entre la route de Lorient à Rennes et le secteur de la Rigourdière à Cesson-Sévigné. Les lignes T1, T3 et T4 suivront d’ici 2030, cette dernière reliant notamment Saint-Jacques-de-la-Lande à Bruz et desservant plusieurs zones périphériques de la métropole. Ce système est en phase avec la volonté de la métropole de renforcer son réseau de transport en commun tout en réduisant son empreinte carbone.
T1 en chiffres
13 km de ligne et 31 stations
Un corridor desservi : 65 000 habitants et 47 000 actifs le long de la ligne
34 000 voyageurs/jour attendus, soit +30 % par rapport à la fréquentation de la ligne C4 actuelle
3 parcs-relais : Les Préales, Villejean-Université et le nouveau parking-relais La Plesse (terminus de Saint-Grégoire)
Temps de trajet annoncé Saint-Grégoire → République : 23 min
Horaires annoncés : de 5h25 à 0h35 en semaine
Fréquence annoncée : un passage toutes les 4 à 8 minutes (avec une cible à 4 min en heure de pointe sur les troncs les plus chargés)
Les avantages du Trambus
Un mode de transport plus écologique
L’un des principaux arguments en faveur du Trambus est son impact environnemental réduit. Fonctionnant en grande partie à l’électricité, il représente une alternative plus écologique aux bus traditionnels qui fonctionnent à l’essence ou au diesel. Le Trambus contribue ainsi à la diminution des émissions de gaz à effet de serre, un enjeu crucial face aux objectifs de transition énergétique de la ville. En réduisant la pollution de l’air, il améliore également la qualité de vie des habitants.
« C’est une excellente initiative d’opter pour un mode de transport électrique. Avec la qualité de l’air de plus en plus dégradée, chaque petite action compte », estime Julien, un habitant du centre-ville. Cependant, certains expriment des préoccupations. « Ce serait bien que la ville investisse aussi dans des espaces verts et la réduction de la pollution provenant des voitures », remarque Léa, une habitante du quartier Sud.
Une mobilité améliorée
Le Trambus permettra de renforcer l’efficacité du réseau de transport de Rennes. Le projet prévoit des lignes avec une fréquence de passage élevée (toutes les 6 minutes en moyenne, davantage encore sur les troncs communs), ce qui permettra de fluidifier les déplacements, en particulier aux heures de pointe. Le Trambus sera également accessible à un grand nombre de passagers, grâce à des véhicules modernes de grande capacité. Il est conçu pour répondre aux besoins croissants de mobilité dans une ville en pleine expansion.
« Ça va vraiment nous faciliter la vie », se réjouit Marc, un jeune cadre vivant à Rennes. « J’ai parfois du mal à prendre le bus car il est trop plein ou il passe trop rarement. Avec le Trambus, on pourra enfin avoir un service plus fiable. » Pourtant, certains restent sceptiques. « Franchement, ça risque de faire des bouchons à certains endroits. On a déjà assez de difficultés pour circuler dans Rennes », s’inquiète Claire, une habitante de la périphérie.
Une meilleure desserte des zones périphériques
Une des ambitions du Trambus est d’offrir une meilleure desserte aux zones périphériques de la métropole rennaise. Par exemple, la ligne T4 reliera, à partir de 2030, des quartiers comme Saint-Jacques-de-la-Lande et Bruz, qui ne sont pas actuellement bien connectés au centre-ville. L’ensemble du projet vise à desservir environ 200 000 habitants et 135 000 emplois d’ici 2035. Il est perçu comme un levier pour l’aménagement du territoire et la répartition plus équitable des services de transport public.
« Enfin un moyen de transport rapide vers Rennes ! J’habite à Bruz et c’est toujours compliqué de rejoindre le centre-ville. Ce Trambus, si ça fonctionne bien, pourrait changer beaucoup de choses », explique Françoise, une habitante de Bruz. D’autres, cependant, ne sont pas convaincus : « Pourquoi investir dans ce Trambus et ne pas plutôt améliorer les lignes existantes qui sont déjà saturées dans certains quartiers ? », s’interroge Antoine, un Rennais vivant dans le quartier de Cleunay.
Un réseau plus fluide et moins congestionné
Le Trambus est conçu pour circuler sur des voies dédiées, permettant d’éviter les embouteillages et d’assurer une meilleure régularité du service. Les travaux prévus pour le Trambus permettront de réaménager certaines voies et intersections, ce qui pourrait avoir un impact positif sur la fluidité générale du trafic dans la ville, à long terme.
« J’espère que cela va vraiment désengorger les rues aux heures de pointe. C’est déjà tellement stressant de circuler à Rennes », partage Yves, un habitant de la rue de Fougères. « Mais je crains que cela n’aggrave la circulation dans d’autres zones de la ville », prévient Émilie, une conductrice régulière dans le centre.
Les désavantages du Trambus
Perturbation de la circulation pendant les travaux
L’un des principaux arguments des détracteurs du projet est l’impact des travaux de construction du Trambus sur la circulation et le quotidien des Rennais. Les aménagements nécessaires à l’installation des voies dédiées entraîneront des fermetures temporaires de certaines rues et des modifications dans l’organisation du trafic. De plus, la durée des travaux, programmés par phases de 2025 à 2030 selon les lignes, risque de perturber la vie des habitants, des commerçants et des travailleurs.
« Je crains que les travaux fassent plus de mal que de bien », affirme Thierry, un commerçant du centre-ville. « Les clients auront du mal à se rendre dans mes magasins. Et les nuisances sonores ne vont pas aider. » Anne, résidente de l’hyper-centre, partage son avis : « Je pense qu’on va subir ces travaux pendant des années, et à la fin, est-ce que ça va vraiment changer la circulation ? »
Le coût et le financement
Le coût du projet, estimé à un peu plus de 200 millions d’euros pour l’ensemble des quatre lignes, est une autre source de débat. Bien que les autorités locales défendent l’investissement en soulignant les avantages à long terme, certains estiment que ces fonds auraient pu être mieux utilisés pour améliorer d’autres aspects du réseau de transport ou pour résoudre des problèmes urgents dans la ville, comme les problématiques de logement. De plus, la mise en place d’un tel projet pourrait entraîner une augmentation des taxes locales.
« C’est une bonne idée, mais le coût est vraiment élevé. Est-ce qu’on ne pourrait pas mieux utiliser cet argent ailleurs ? Pour la rénovation de certains quartiers ou pour l’extension des transports en commun qui existent déjà », s’interroge Lucie, une Rennaise. Un autre habitant, Jean-Pierre, abonde : « Si cela entraîne une hausse des taxes locales, je ne vois pas pourquoi on investirait dans un projet qui risque de durer encore plusieurs années. »
Des limites de desserte pour certaines zones
Malgré son ambition de mieux desservir les zones périphériques, le Trambus ne pourra pas couvrir toutes les régions de Rennes ou de son agglomération. Certaines zones rurales ou les quartiers plus éloignés du réseau de transport pourraient être laissés pour compte. Les habitants de ces zones risquent de ne pas bénéficier des avantages de ce nouveau mode de transport. Le projet semble davantage axé sur la zone centrale et les zones urbaines, ce qui soulève des interrogations sur son accessibilité pour tous les Rennais.
« C’est super pour ceux qui habitent près des lignes, mais que feront ceux qui vivent dans des zones rurales ou dans des quartiers mal desservis ? On a déjà du mal avec les transports actuels », critique Luc, un habitant de la zone nord de Rennes. « Ce projet semble encore plus centré sur les zones urbaines. Quid des zones plus éloignées ? »
Un impact incertain sur les autres modes de transport
Certains se demandent si l’arrivée du Trambus ne risque pas de cannibaliser d’autres modes de transport, notamment le bus traditionnel ou les lignes de métro déjà en place. Bien que le Trambus soit censé compléter le réseau existant, certains experts estiment qu’il pourrait créer des chevauchements avec d’autres lignes, ce qui pourrait rendre certaines lignes moins attractives ou moins efficaces. « Cela va peut-être être ennuyeux pour ceux qui prennent déjà le bus traditionnel. On pourrait perdre en confort ou en efficacité si le Trambus prend trop de place », prévient Claire, une habituée des transports en commun.
Calendrier du projet
2025 – 2030 : études opérationnelles et travaux sur les quatre lignes de Trambus.
2027 : mise en service de la ligne T2 (Rennes – Cesson-Sévigné). Les travaux de la T2 sont annoncés jusqu’à fin 2027.
Fin 2026 – 2029 : travaux de la ligne T1.
2029 : mise en service de la ligne T1.
2028 – 2030 : travaux des lignes T3 (Saint-Grégoire – Rennes – Chantepie) et T4 (Saint-Jacques-de-la-Lande – Bruz), pour une mise en service à l’horizon 2030.
Nous entrons dans une société paradoxale. Jamais le temps de loisirs n’a été aussi central dans nos existences, et jamais ceux qui fabriquent ce temps symbolique n’ont été aussi fragilisés. Jamais le travail n’a été aussi discontinu, fragmenté, projetisé, et jamais le modèle salarial continu n’a été aussi obstinément défendu comme norme. Jamais la création n’a été aussi omniprésente, et jamais les créateurs n’ont été aussi sommés de se justifier économiquement.
Si l’on veut sortir des procès d’intention, il faut d’abord nommer le fait brut. Nous vivons une transition où les carrières se désagrègent en missions, où les employeurs se multiplient, où le “temps hors contrat” s’étend — et où les protections, elles, restent largement indexées sur l’emploi continu. C’est dans ce décalage que s’inscrit une question trop souvent traitée comme technique : que devient le régime des intermittents du spectacle dans une société de loisirs pauvre, automatisée et fragmentée ? Et, plus avant, pourquoi, au moment précis où l’intermittence devient une norme sociale (bien au-delà de la culture), fragilise-t-on le dispositif qui avait su organiser une continuité de droits dans un univers d’emplois discontinus ?
L’intermittence comme anticipation du monde à venir
Le régime des intermittents n’a jamais été une anomalie folklorique ni un privilège corporatiste. Il a été une invention sociale. Une tentative — imparfaite mais lucide — de répondre à une réalité que le capitalisme industriel pensait mal parce qu’elle ne rentre pas dans ses cases, autrement dit, un travail discontinu par nature, mais exigeant, qualifié, et dont la production ne peut pas être organisée en emploi continu sans déformer le secteur.
Là où le salariat classique repose sur la continuité du poste, l’unicité de l’employeur et la rémunération du temps mesurable, l’intermittence a reconnu autre chose : la pluralité des employeurs, la discontinuité structurelle de l’activité, la valeur d’un temps “hors contrat” qui n’est pas un loisir, mais un temps préparatoire inscrit dans la production (répétitions, repérages, préparation technique, recherche, apprentissage).
Autrement dit, elle reconnaissait que tout le travail ne se réduit pas à l’exécution immédiate, et qu’une société peut légitimement amortir, par un mécanisme assurantiel, les interstices entre contrats — dès lors que la profession est déclarée, encadrée, et contrôlable. On peut débattre de ses paramètres ; il est plus difficile de contester la réalité qu’il prend en charge : l’œuvre ne surgit pas d’un simple pointage.
Aujourd’hui, ce que vivent les intermittents depuis des décennies devient la condition ordinaire de millions de travailleurs. Qu’ils se nomment pigistes (le mode de paiement à la pige est en chute libre), chercheurs précaires, designers, développeurs freelances, créateurs numériques, travailleurs des plateformes. L’intermittence n’est plus l’exception, elle est l’avant-poste. Ce parallèle n’implique pas d’étendre mécaniquement les annexes 8/10 à tous ; il signifie que le débat n’est plus sectoriel ; il préfigure une question générale de protection dans un monde d’emplois discontinus.
Et pourtant, on s’emploie à normaliser le régime au modèle de l’emploi continu avec des seuils, plafonds, modes de calcul, exigences de traçabilité conçues pour un autre monde. Le risque est que le dispositif demeure juridiquement, mais produise de moins en moins de continuité réelle de droits pour les trajectoires les plus hachées.
Quand l’œuvre est ramenée au travail
Hannah Arendt distinguait le travail (la reproduction de la vie), l’œuvre (la fabrication d’un monde durable) et l’action (l’espace du politique). Cette distinction n’est pas un vernis. Elle éclaire un point très concret. Quand une société ne reconnaît que l’emploi mesurable, elle traite le temps de création comme un défaut et non comme une condition de production.
Ce que nous faisons aujourd’hui, en alignant l’intermittence sur les standards du salariat continu ou de l’intérim, c’est l’inverse : ramener l’œuvre au travail et le travail à l’emploi immédiatement comptable. Le problème n’est pas le contrôle en soi — il est légitime — mais le modèle implicite qu’il impose qui consiste à exiger du continu là où le discontinu est constitutif.
La conséquence est profonde. On ne supprime pas la culture, on la dépolitise, on la détemporalise, on la déprofessionnalise. Elle survit comme flux et comme contenu, elle s’érode comme métier. Ce n’est pas un jugement esthétique mais une transformation industrielle.
Un angle mort – la responsabilité de l’audiovisuel dans la “permittence”
Il serait trop simple — et trop confortable — de faire du régime un pur martyr de l’actuelle rigueur budgétaire. Car une large part de sa fragilisation vient aussi de son usage dévoyé, notamment dans certains segments de l’audiovisuel. Là où l’intermittence devait protéger la discontinuité de l’œuvre, des employeurs ont parfois organisé une continuité de fait (équipes récurrentes, postes structurels, activité quasi permanente) sous forme de CDD d’usage en chaîne qui a transféré sur l’assurance chômage ce qui relève normalement de la responsabilité salariale ordinaire.
Le point décisif, pour sortir de la polémique, est de poser un critère non moral mais structurel. Quand un même besoin, un même poste, une même organisation se reproduisent durablement, l’emploi n’est plus “d’usage”, il est permanent déguisé. La “permittence” n’est pas d’abord une ruse individuelle, c’est souvent une ingénierie d’emploi, nourrie par la sous-traitance, la pression des calendriers, et la recherche de flexibilité-coût.
Le résultat est politiquement explosif. En laissant prospérer ce détournement, on offre aux adversaires du régime l’argument le plus efficace… et l’on finit par durcir indistinctement les règles, au détriment de ceux qui incarnent l’intermittence légitime (compagnies, scènes fragiles, artistes et techniciens réellement discontinus). Reconnaître la permittence ne justifie pas la casse. Au contraire, cela impose une réforme ciblée qui est de contraindre l’emploi permanent déguisé et protéger l’intermittence réelle.
Pourquoi l’État n’a-t-il pas “tranché” contre la permittence ?
C’est ici que le débat devient vraiment politique, parce que l’on touche à une tension structurelle. L’État a plus facilement réformé la protection que la production. Il a plus facilement modifié les règles d’indemnisation que les règles d’emploi. C’est curieux… Pourquoi ? D’abord parce que l’assurance chômage n’est pas une simple politique ministérielle, elle relève d’un système de gouvernance où l’État encadre et agrée, mais où la réforme passe largement par l’Unédic et les partenaires sociaux.
Ensuite parce que la permittence se nourrit d’un levier juridique central, le CDD d’usage, autorisé dans des secteurs comme l’audiovisuel. Tant que ce levier demeure large, la reconstitution de chaînes de contrats courts est un réflexe économique. Enfin, parce que traiter la permittence “au bon endroit” suppose de viser des employeurs structurants — y compris des acteurs où l’État est financeur, tutelle ou donneur d’ordre, notamment le ministère de la Culture — et donc d’assumer des coûts (requalifications, hausse de masse salariale, réorganisations) immédiatement visibles.
Autrement dit, au lieu de corriger l’architecture de l’emploi, on corrige l’assurance. Au lieu de contraindre l’amont, on discipline l’aval. Et l’intermittence légitime finit par payer pour des contournements qu’elle n’a pas fabriqués. Si l’on veut négocier, il faut un principe commun acceptable par tous : on ne réforme pas un secteur discontinu en punissant la discontinuité ; on le réforme en empêchant que le permanent se déguise en temporaire.
Si l’État hésite à trancher, c’est parce que ses institutions vivent de contrats courts structurels !
On ne peut pas dénoncer la permittence dans l’audiovisuel privé tout en organisant, à bas bruit, une permittence administrative dans les institutions publiques — musées, conservatoires, scènes labellisées, établissements d’enseignement artistique, services culturels territoriaux — où des besoins manifestement durables sont couverts par une poussière de contrats courts qui prennent la forme de vacations à l’acte, CDD minuscules, renouvelés dix, vingt, cinquante fois, jusqu’à faire tenir une carrière entière sur une suite de morceaux administratifs.
C’est là que la critique devient intenable. L’État exige de “rationaliser” les protections sociales, mais ne rationalise pas sa propre fabrique d’emploi. Peu importe le régime juridique — droit du travail ou droit public — l’esprit est le même… un besoin permanent appelle une stabilisation. Or l’État fustige l’optimisation des annexes, tout en tolérant — et souvent en fabriquant — le contournement structurel de cette évidence, externalisant sur l’assurance chômage (ou sur l’endettement intime des travailleurs) le coût réel de sa politique culturelle.
Ce passage n’a pas pour but d’innocenter le privé. Il vise à montrer que la précarité est devenue une norme de gestion jusque dans les institutions qui prétendent la combattre. Tant que l’État ne mettra pas d’ordre dans cette précarité publique organisée, toute réforme du régime des intermittents restera moralement fragile et politiquement bancale. Elle aura la forme d’une vertu budgétaire, mais le fond d’un déplacement de charge — corriger l’assurance pour ne pas corriger l’emploi, discipliner les personnes pour ne pas contraindre les employeurs, et, finalement, demander à la culture de survivre à crédit humain.
L’obsolescence de l’humain… et du créateur
Günther Anders parlait de l’obsolescence de l’homme confronté aux systèmes techniques qu’il a lui-même produits. L’automatisation, et désormais l’intelligence artificielle, accentuent cette dissymétrie. Nous produisons plus vite que nous ne comprenons, plus que nous ne rémunérons, plus que nous ne reconnaissons.
Dans la chaîne culturelle, l’IA ne remplace pas l’art, elle redistribue la valeur et, souvent, la concentre. Elle automatise les segments standardisables (montage basique, illustration, écriture fonctionnelle), tout en renforçant la position de quelques figures “bankables” et d’intermédiaires capables de capter la distribution. Entre les deux, une masse de travailleurs culturels devient interchangeable, assistée par machine, sous-payée ou non payée.
Le sujet n’est pas d’être pour ou contre l’IA, il est de savoir qui capte les gains et qui porte le risque. Dans ce contexte, le régime des intermittents protégeait quelque chose d’insupportable pour l’idéologie dominante qui est le droit à un temps humain non optimisé, non immédiatement rentable. Sa remise en cause n’est pas seulement budgétaire, elle est anthropologique.
La responsabilité envers le temps long
Le régime des intermittents incarnait, sans le dire, une éthique de la responsabilité qui consiste à accepter de financer aujourd’hui un temps de création dont les effets ne sont ni immédiats ni garantis.
Détricoter ce régime au nom de la rigueur budgétaire, c’est choisir le court terme contre le long terme. C’est accepter que la culture se réduise à ce qui est immédiatement monétisable. C’est renoncer à une écologie du temps où toutes les activités humaines ne sont pas sommées de produire un retour rapide sur investissement.
Ne pas financer le temps long ne supprime pas le besoin. On le paie autrement, par déqualification, turnover, concentration de la production, et désertification culturelle des territoires. La société de loisirs pauvre n’est pas pauvre parce qu’elle manque de richesses, elle est pauvre parce qu’elle refuse de les redistribuer vers ce qui ne se mesure pas immédiatement — et parce qu’elle laisse se concentrer les rentes là où l’automatisation accroît pourtant la productivité.
L’injustice symbolique du “vrai travail”
David Graeber a montré comment nos sociétés valorisent ce qui est immédiatement mesurable, conforme à l’organisation, et facilement justifiable, tout en dénigrant des activités utiles mais difficiles à quantifier. Le régime des intermittents était l’un des rares dispositifs à contester cette hiérarchie en reconnaissant que créer, répéter, chercher, transmettre est un travail, même sans fiche de poste continue.
Aujourd’hui, on inverse la charge de la preuve. On demande aux intermittents — et, au-delà, à tous les travailleurs discontinus — de prouver en permanence leur utilité, leur rentabilité, leur conformité à des critères pensés pour l’emploi industriel du XXᵉ siècle. Ce n’est pas une réforme, c’est une violence qui, au nom de l’équité, finit par rendre suspect tout ce qui ne ressemble pas à un CDI. CDI dont de moins en moins de jeunes veulent…
Il n’y aura sans doute pas de décret abolissant le régime des intermittents. Sa disparition peut prendre une forme plus efficace bien connue dans la culture étatique française… administrative, cumulative, silencieuse. On durcit les seuils, on plafonne, on mensualise, on individualise les protections. Le régime demeure juridiquement, mais il cesse de produire de la continuité de droits pour les trajectoires les plus hachées — celles qui, paradoxalement, incarnent le mieux la discontinuité réelle.
Ce que l’on tue ainsi, ce n’est pas seulement un statut. C’est une idée. Celle qu’une société peut reconnaître et protéger des formes de travail qui ne se laissent pas enfermer dans la norme salariale classique et qu’elle peut, au lieu de moraliser les individus, corriger les architectures d’emploi qui fabriquent la précarité.
Une question de civilisation
La question n’est pas : peut-on encore se payer les intermittents ? La question est : que devient une société qui consomme toujours plus de culture tout en rendant invisibles ceux qui la produisent ? Le régime des intermittents n’est pas un vestige du passé. Il est peut-être l’un des rares outils conçus pour un monde où le travail est discontinu, la valeur diffuse, et le temps humain menacé d’obsolescence.
Pour rendre ce débat négociable, il faut tenir ensemble trois exigences que chacun peut entendre : l’équité (ne pas sanctuariser des abus), la responsabilité (ne pas déplacer le coût sur la collectivité quand l’emploi est en réalité permanent), et la soutenabilité culturelle (ne pas détruire les métiers en prétendant “normaliser” le réel). Cela conduit à une boussole simple : cibler la permittence — le permanent déguisé — et protéger l’intermittence réelle ; stabiliser les besoins structurels, y compris et surtout dans le service public ; et ouvrir enfin le chantier d’une protection plus portable pour l’ensemble des travailleurs discontinus.
Le détricoter au moment même où il devient pertinent, c’est refuser de penser notre avenir social. Et, pour reprendre Arendt, c’est accepter que le monde que nous fabriquons ne soit plus habitable pour ceux qui le font exister.
La Marathon de la danse, c’est le rendez-vous incontournable du festival Waterproof, coorganisé par le Triangle – Cité de la danse et les Trans musicales. Samedi 31 janvier 2026, l’UBU de Rennes accueillera un dancefloor géant sur lequel les participants relèveront des défis pendant quatre heures non-stop. Après deux dates en France, le marathon voyagera à l’international.
Pendant une semaine, du 15 au 19 décembre 2025, le Rennais Simon Tanguy et les Québécoises Nelly Paquentin et Julia-Maud Cloutier réalisent une résidence de création au Triangle – cité de la danse. L’objectif : préparer l’un des événements phares du festival Waterproof. Unidivers est allé les rencontrer à la fin de leur première journée de travail pour récupérer à chaud leurs premières impressions et envies.
Simon Tanguy, Julia-Maud Cloutier et Nelly Paquentin
Simon Tanguy a déjà l’expérience de deux éditions du Marathon de la danse à son actif – en 2020 et en 2023 -. Pour l’édition 2026, il sera accompagné des Québécoises Nelly Paquentin et Julia-Maud Cloutier. Si le chorégraphe rennais avait trouvé la bonne formule – un arbitre, une maître de cérémonie et des défis – pour les éditions précédentes, il souhaite cette année proposer autre chose et changer de direction. Ce qu’il fera avec le regard neuf des deux chorégraphes venues de Québec : « On a un objectif commun, on est arrivés avec des défis similaires« , déclare Julie-Maud Cloutier.
Au moment de la rencontre, les contours se dessinaient seulement et les trois chorégraphes préféraient garder le mystère sur la thématique. Mais le trio a des envies, des « défis de rêve » : Simon souhaite se laisser surprendre par d’autres consignes ; Julia-Maud, elle, a envie de développer l’idée d’un dancefloor intemporel. Nelly ajoute : « L’UBU est un lieu assez petit, on est limité par l’espace, mais cette contrainte invite à envisager les choses autrement par rapport au fait de faire bouger les personnes dans l’espace« .
« C’est un moment collectif et joyeux. ça permet de découvrir d’autres manières de danser », Simon Tanguy.
Le trio sera accompagné des Djs de l’édition 2025. « La musique est au cœur de la proposition. » Sur la base d’influences techno/house, l’après-midi prendra des couleurs musicales variées afin de permettre à différentes physicalités de s’exprimer. « Ils ont participé à des booms pour enfants et donne des cours de hip hop donc les influences sont diversifiées. »
Les chorégraphes s’interrogent sur la manière d’adapter les défis auprès, notamment, des personnes malvoyantes ou à mobilité réduite. Le trio cherche des moyens de les nommer ou de les expliquer autrement. « Simon a l’expérience des autres années donc il met en lumière des choses auxquelles on n’aurait pas pensé« , souligne Nelly Paquentin. Simon Tanguy ajoute : « Il faut penser des consignes spatiales et physiques simples à expliquer en évitant le vocabulaire chorégraphique parfois technique, sans pour autant qu’elles soient infantilisantes.«
A quoi vous attendre ?
Pendant 4h, les participants devront relever des défis à 1, à 2 ou en groupe ; certains demanderont beaucoup de mouvements dans l’espace, d’autres moins.
Parmi les défis à retrouver, le trio a abdiqué et nous en a confié quelques uns : l’incontournable Soul Train, rassembleur et festif, et un défi qui demandera de danser au ralenti, du moins sur une autre temporalité. « Le défi à la manière de » invitera à danser en faisant référence à une comédie musicale que tout le monde connaît. Pour ce dernier, il sera peut-être proposé aux participants et participantes d’apprendre le refrain d’une chanson pour un moment de chant collectif, tout en dansant à la manière de.
Le festival Waterproof n’est cette année que la première étape d’une ‘mini-tournée » : Le marathon de la danse, envié à l’International, voyagera pour s’exporter à l’étranger. Après une « mini-tournée » dans le Grand-Ouest, entre les festivals Trajectoires et Waterproof, il traversera l’Atlantique pour la ville de Québec, au Québec, et la Méditerranée pour Tunis, en Tunisie. Pour cette dernière date, le trio collabore avec la chorégraphe Oumaima Manaï qui orchestrera l’événement.
« on célèbre juste le fait d’être ensemble. C’est un bel acte de rassemblement collectif », Nelly Paquentin.
Dates et lieux :
Du lundi 15 au vendredi 19 décembre 2025 : résidence de création du Marathon de la danse 2026 au Triangle, à Rennes
Samedi 31 janvier 2026 : Marathon à Rennes, à l’UBU – Festival Waterproof Dimanche 1er février : Marathon à Rezé Nantes, à la Barakason – Festival Trajectoires Dimanche 15 février : Marathon à Tunis, à La Centrale – Festival Premières Chorégraphiques Samedi 25 avril : M%arathon à Québec, à la Maison pour la danse – Fait Maison
Avec Bugonia, Yórgos Lánthimos poursuit son dispositif favori qui consiste à poser une intrigue comme on pose un piège afin de capturer un fragment de notre époque, de l’immobiliser un instant, et de le rendre visible au prix d’un malaise.
Le film commence comme une farce paranoïaque – deux hommes persuadés d’avoir identifié l’ennemie absolue – et glisse, par degrés, vers une comédie noire de plus en plus irrespirable. On rit, parfois franchement. Et l’on se surprend aussitôt à se demander : pourquoi ce rire sonne-t-il comme un réflexe de défense ? De défense langagière… Bugonia met en scène une guerre des vérités et l’étrange “bugonia” antique – la naissance des abeilles à partir d’un bœuf – comme si notre époque, à défaut d’aimer la vérité, ne savait plus que la fabriquer en se fabriquant elle-même comme marionnette.
Le point de départ est d’une simplicité trompeuse. Deux cousins qui entretiennent une bulle où ils apparaissent les derniers êtres lucides d’un monde en perdition, kidnappent d’une manière amateure la puissante dirigeante d’un grand groupe pharmaceutique. Car cette femme serait une extraterrestre envoyée afin d’asservir l’humanité. On pourrait imaginer un film “sur” le complotisme, l’une de ces satires contemporaines qui confirment le spectateur dans son bon sens, son biais cognitif qui est nécessairement le meilleur car le monde est nécessairement un miroir de son égo. Mais Lánthimos déteste la consolation. Très vite, Bugonia cesse d’être un récit “contre” quelque chose ; il devient un récit “sur” la manière dont, aujourd’hui, les récits eux-mêmes se battent, se dévorent, s’excluent.
Car l’enjeu central n’est pas tant de savoir qui a raison – qui ment, qui délire, qui manipule – que de regarder comment la vérité se transforme en arme, comment la certitude devient une architecture mentale qui autorise tous les gestes. Et c’est ici que le film frôle l’impensable : la vérité n’est plus seulement discutée, elle est performée, mise en scène, instrumentalisée — jusqu’à produire ses propres sophismes, ces raisonnements qui ont l’air irréfutables parce qu’ils ferment la discussion au lieu de l’ouvrir. Ce que le film met au travail, au plan intime et au plan politique, c’est ce nouveau champ de lutte psycho-philosophico-esthétique. Une guerre où l’on ne se contente plus de s’affronter pour l’argent ou pour le pouvoir, mais pour les régimes de sens, pour les cadres de réalité, pour la manière même de percevoir ce qui arrive. Dans ce paysage, les individus ne sont plus des sujets stables ; ils deviennent des surfaces d’inscription, des “personnages-valeurs”, des traducteurs involontaires des forces qui les traversent, des véhicules, des marionnettes d’eux-mêmes, et des points de vue en miroir du monde qui les conditionne.
Le réalisateur grec Lánthimos s’intéresse depuis l’origine à cette zone où l’humain se dérègle. Non pas seulement au plan psychologique (la folie, la névrose, l’obsession), mais au plan social. Comment une époque produit des comportements, comment une norme fabrique des corps, comment un langage modèle des affects… Bugonia radicalise ce geste. D’un côté, Teddy (Jesse Plemons), homme du ressentiment et de la conviction, persuadé de “voir clair” là où le monde vacille. De l’autre, Michelle (Emma Stone), incarnation glacée d’un système intégré, une femme, marionette du capitalisme manipulateur, qui maîtrise les codes, les signaux, les postures, et dont l’autorité est d’autant plus redoutable qu’elle n’a pas besoin d’élever la voix. Entre eux, il n’y a pas seulement un conflit social – “losers” contre “winners” – mais un conflit de langage. Deux mondes qui ne se parlent plus parce qu’ils n’habitent plus le même réel.
C’est là que le film devient profondément contemporain. La scène de séquestration n’est pas seulement une scène de violence ; c’est une scène de communication impossible. Chacun vient avec son système d’explication, sa morale, sa cosmologie. Chacun veut imposer au monde une cohérence totale. Et cette quête de cohérence, au lieu de délivrer, déshumanise. La personne se vide, elle devient l’avatar de son récit.
L’idée la plus forte de Bugonia est peut-être que la certitude mordicus n’est plus seulement une erreur ou une pathologie, mais qu’elle est devenue, au temps de l’information en continu et des réseaux sociaux, une puissance structurante. Une architecture qui donne une forme positive à l’angoisse. Teddy n’est pas un simple “imbécile” à moquer ; il est l’exemple d’une conscience violentée depuis l’enfance, qui se reconstitue à partir d’un besoin violent de sens. Là où la vie a été écrasée – par la pauvreté, l’humiliation, l’impuissance, une mère délirante, un auxiliaire à domicile qui le gardait enfant et abusait de lui avant de devenir policier – une théorie totalisante vient proposer un ordre, un ennemi, une mission. Le complotisme, ici, n’est pas réduit à un gag ; il est montré comme un refuge mental qui finit par exiger des sacrifices. Et ce qui rend l’observation plus inquiétante, c’est que la violence n’apparaît pas comme un dérapage ; elle apparaît comme une conséquence logique. Dans les pas de Dostoïevski, chez qui Ivan Karamazov affirme que “si Dieu n’existe pas, alors tout est permis”, le récit de Lánthimos dit : “Si On sauve l’humanité, alors tout est permis”.
Dans ce cadre, Yórgos Lánthimos refuse, en même temps, de transformer l’élite en simple contre-champ moral. Michelle n’est pas la figure de la raison face à la folie ; elle est une autre forme de certitude, autrement armée. Elle représente le cynisme d’une machine axiologique, un monde où la valeur se mesure, où l’humain se gère, où le discours se performe. Elle est parfaitement intégrée à un système vidé de sens, et ce vide n’est pas un manque : c’est une stratégie. Là encore, la personne se vide, mais dans l’autre direction ; non plus vidée par la misère et la rage, mais vidée par la maîtrise et l’impunité. Le film n’oppose pas la folie au bon sens , il oppose deux manières d’être possédé par un récit, deux formes de mise en marionnette. La tragédie, chez Lánthimos, n’est pas seulement que les gens se déchirent, mais qu’ils se déchirent au nom de récits qui les dépassent, et qui finissent par parler à leur place.
Ce face-à-face fonctionne d’abord parce que les acteurs y sont prodigieux. Emma Stone, une fois de plus, ne “joue” pas seulement, elle compose un organisme social. Son regard, sa diction, son économie de gestes, tout fabrique une souveraineté froide, presque inhumaine, qui fascine autant qu’elle révolte. Jesse Plemons, lui, apporte la dimension tragique du film en donnant à Teddy une intensité sourde, une fragilité presque enfantine, une violence qui semble toujours à deux doigts de se renverser en pleurs. Ce n’est pas un duel de “bons” et de “méchants”, c’est une collision de forces. L’histoire peut paraître simple, voire outrancière, mais l’affrontement est complexe, parce que les corps disent plus que les mots et les mots plus que les corps.
Bugonia adopte la forme de répétition des mots avec des interrogatoires, renversements, humiliations, nouvelles tentatives de convaincre, nouvelles scènes où chacun resserre sa logique. Cette répétition est brillante, car elle mime la mécanique de la certitude, ce disque rayé de l’époque où l’on n’écoute plus, où l’on récite, où l’on “prouve” à l’autre qu’il est fou. Mieux encore, Lanthimos la radicalise quelques instants jusqu’à ce que la mimésis devienne inertie ; le film donne alors l’impression de se complaire dans la boucle comme si l’enfermement mental devait se traduire en enfermement narratif. La mise en boucle se confond avec la stase et l’argument esthétique se paie d’un coût dramatique (le spectateur, lui aussi, doit éprouver l’épuisement).
Certains n’y verront qu’une satire socio-économique lourde, trop frontale, trop facile : rednecks contre élite, Big Pharma contre prolos complotistes, écologie en arrière-plan comme évidence morale. Là encore, le film marche sur une arête. Il vise tout le monde et tire sur tout être qui bouge. Pour autant, Lánthimos ne cherche pas seulement à dénoncer, il cherche à mettre en évidence un système afin de nous inviter à l’élucider. La satire, chez lui, n’est pas un discours ; c’est une opération ; il grossit les traits pour faire apparaître les structures. Certes, ce grossissement peut être reçu comme du mépris. Et le film, de fait, n’est pas un film charitable. Il a cette froideur glaçante que plusieurs spectateurs associent à Lánthimos : on admire, on rit, on s’inquiète, mais on ne se sent pas “pris dans les bras”. C’est une dissection, non une réconciliation.
Ce qui empêche la dissection de devenir pure démonstration, c’est la forme. Bugonia est un film d’atmosphère, de texture, d’angles. La mise en scène travaille l’enfermement ; l’espace se resserre, la lumière racle, la caméra observe avec une précision presque cruelle les micro-gestes de la domination. Les plans ne sont pas de simples cadres mais des instruments de pression. Bugonia est misanthrope, mais pas indifférent. Il regarde l’humain se défaire, et il en fait une expérience esthétique qui n’a rien d’un triomphe.
Reste la fin. C’est précisément ici que le film devient le plus intéressant. Il faut accepter de déplacer la question, car il ne s’agit pas de trancher “le vrai” du “faux”, mais de voir comment l’époque transforme cette distinction elle-même en champ de bataille.
Que Michelle (Emma Stone) soit ou non une extraterrestre est, au fond, une non-question. Et c’est précisément ce que Bugonia met en scène avec une lucidité presque cruelle. La question fonctionne comme le chat de Schrödinger : qu’il soit terrestre ou extraterrestre, vivant ou mort, n’altère en rien la structure du problème. Le film ne nous demande pas de trancher ; il nous montre que le fait même de vouloir trancher est déjà un piège.
Lorsque Michelle “sort de la boîte” sous la forme d’un artefact extraterrestre, Lanthimos n’opère pas un retournement réaliste, encore moins une validation tardive du délire complotiste. Il mobilise un artifice conceptuel, proche de la figure philosophique du mauvais génie : non pas une révélation, mais un opérateur apocalyptique. Une figure-limite chargée d’emmener à son terme la guerre des discours — non en la résolvant, mais en la dissolvant dans la destruction collective.
C’est pourquoi le vaisseau extraterrestre est volontairement bricolé, artisanal, presque grotesque avec son esthétique néo-1970. Il ne cherche jamais la crédibilité. Il n’a aucune valeur réaliste, seulement une valeur opératoire et symbolique. Yorgos Lanthimos signale ainsi très explicitement que nous ne sommes pas dans un registre de science-fiction spéculative, mais dans une mise en abyme du conflit lui-même. Le vaisseau ne vient pas du ciel, il surgit du langage, de l’impasse discursive où les personnages — et, au-delà, notre époque — se sont enfermés.
Ce choix esthétique est capital, car il redouble et retourne la fausse opposition entre sciences “autorisées” et doxa populaire, entre rationalité institutionnelle et croyances complotistes (Zone 51, extraterrestres, manipulations occultes). Le film ne dit pas : “les uns ont tort, les autres ont raison”. Il montre que tous les porteurs de discours sur le monde, quel que soit leur registre — scientifique, technocratique, militant, complotiste, moral, écologique — sont désormais engagés dans une guerre de la vérité où l’enjeu n’est plus la justesse, mais la domination.
Dans Bugonia, la vérité n’est plus un horizon commun ; elle est devenue une arme de destruction massive.
C’est ici que le film touche à quelque chose de plus profond, et de plus inquiétant. Yórgos Lánthimos ne filme pas seulement une époque saturée de récits concurrents ; il filme l’effondrement d’un modèle ancien — que son origine grecque rend particulièrement sensible – le rapport socratique entre discours et vérité. Autrement dit, l’idée qu’une énonciation — par le dialogue, l’argumentation, l’examen critique — puisse encore produire du vrai, ou du moins du partageable.
Or, dans Bugonia, ce rapport est en crise terminale. Toute tentative d’énonciation est immédiatement contrée, neutralisée, invalidée. Chaque discours rencontre son contre-discours non comme débat, mais comme annulation. La parole ne vise plus à éclairer ; elle vise à disqualifier. Il ne s’agit plus de convaincre, mais de réduire l’autre au statut de marionnette — folle, manipulée, aliénée, dangereuse.
C’est en ce sens que le film est profondément nihiliste — mais pas au sens vulgaire d’un “tout se vaut”. Il met en scène une situation où plus rien ne peut valoir, parce que le dispositif même de production du sens est devenu inopérant. Le langage tourne à vide. Les personnages parlent beaucoup, mais aucun discours ne peut plus ouvrir une sortie. Ils sont enfermés dans une séquence close, autoréférentielle, où chaque affirmation renforce la violence au lieu de la dissiper.
Yorgos Lanthimos ne nous dit donc pas que l’humanité disparaîtra à cause d’extraterrestres, ni même à cause des complotistes ou des multinationales et du techno-capitalisme. Il dresse un constat bien plus dérangeant, l’humanité se dirige vers l’autodestruction parce qu’elle ne sait plus produire de vérité commune, parce que toute tentative d’énonciation est aussitôt perçue comme une agression ou une manipulation.
La fin de Bugonia n’est pas une prophétie mais une figure logique. La destruction du monde n’est pas une punition extérieure, mais l’aboutissement interne d’une guerre totale des discours. Quand tout est vérité, plus rien ne l’est. Et quand plus rien ne l’est, il ne reste que le geste final : le reset.
Le reset tranche au plan symbolique notre fatigue collective. Ce moment où l’humanité, saturée de récits et de violences légitimées donne l’impression de vouloir “rebooter” faute de savoir se réparer. Bugonia ne dit pas “le monde est foutu”. Il montre comment, à force de se battre pour des vérités incompatibles, nous devenons les figurants d’un monde déjà post-humain — et comment le nihilisme, une fois nommé, cesse d’être une tentation esthétique pour redevenir une question politique.
C’est pourquoi à mon avis, Bugonia ne fait nullement l’apologie du nihilisme, il en fait le diagnostic. Yorgos Lanthimos ne célèbre pas la fin de l’humanité, il montre le point vers lequel nous nous dirigeons lorsque le langage cesse d’être un lieu de rencontre pour devenir un champ de bataille permanent.
Nommer ce nihilisme, le rendre visible, le pousser jusqu’à son image-limite, n’est pas un geste de complaisance. C’est un geste d’alerte. Le film agit comme un miroir noir. il ne propose aucune solution, aucune rédemption, parce que ce serait mentir sur l’état du monde qu’il observe. Il montre une impasse — et nous laisse face à la responsabilité d’en reconnaître la réalité.
En ce sens, Bugonia n’est pas un film “à twist”, ni même un film “à message”. C’est un film sur l’impossibilité contemporaine du message lui-même. Un film qui constate, avec une froideur clinique et une ironie désespérée que la guerre des vérités a remplacé la recherche du vrai — et que cette substitution pourrait bien être le véritable moteur de notre autodestruction. Bugonia filme un monde où l’on n’aime plus la vérité — non comme idée régulatrice mais comme horizon commun — et ce rejet fait qu’on ne sait plus quoi en faire, sinon s’en servir contre l’autre. Il filme un monde qui s’emploie à vider le concept même de vérité jusqu’à s’en débarrasser, une société où le monde des idées est en phase terminale. C’est ainsi que la farce (d’Aristophane) devient tragédie (de Laos).
« Bugonia » ?
Bugonia est un terme ancien issu du grec bous (le bœuf) et goneia (la génération, la naissance). Dans l’Antiquité — notamment chez Virgile, Aristote ou Pline l’Ancien — la bugonia désigne une croyance proto-scientifique selon laquelle des abeilles pouvaient naître spontanément de la chair en décomposition d’un bœuf sacrifié. Cette théorie aujourd’hui reconnue comme fausse n’en demeure pas moins fascinante, car elle témoigne d’une tentative ancienne de produire du vivant à partir du cadavre, de faire surgir l’ordre et la continuité depuis la destruction. La bugonia est ainsi un mythe de régénération par la mort, situé à la frontière du savoir, de la croyance et du rituel.
Le choix de ce titre par Yórgos Lánthimos est hautement significatif. Bugonia ne raconte pas l’invasion d’extraterrestres, mais la tentative désespérée d’une humanité en crise de sens de fabriquer un « reset », une renaissance artificielle, à partir de l’effondrement de ses propres régimes de vérité. Comme dans la bugonia antique, le dispositif est faux au plan scientifique, mais opératoire au plan symbolique. Le film suggère ainsi que, lorsque la vérité n’est plus aimée ni partagée, il ne reste parfois que des mythes de substitution — des récits apocalyptiques ou régénérateurs — pour tenter de donner une forme à la fin d’un monde.
La Fondation Lafayette Anticipations, dans le 4e arrondissement, présente l’exposition Ciel clair / eaux troubles de Steffani Jemison jusqu’au dimanche 8 février 2026. L’artiste américaine transforme l’espace en un champ de forces entre apesanteur, tension et mémoire, invitant à percevoir autrement ce qui nous retient, ce qui nous relie et ce qui nous met en mouvement.
Pour cette exposition personnelle, l’artiste Steffani Jemison, à la fois écrivaine et éducatrice, poursuit sa recherche sur les dynamiques du corps en mouvement et sur les contraintes invisibles qui l’influencent.
L’exposition, intitulée Ciel clair / eaux troubles, se déploie comme un paysage sensible où les éléments — air, eau, lumière — deviennent des acteurs à part entière. Les œuvres de Steffani Jemison convoquent la perception autant que l’émotion : le public est invité à ralentir, à écouter les frémissements du monde, à prêter attention aux tout petits gestes qui traduisent des états intérieurs. L’artiste tisse un dialogue entre sculpture, image en mouvement et performance, à la frontière du visible et du ressenti : chaque geste devient un signe, une oscillation, une suspension, une impulsion.
Technique d’impression lenticulaire (2025) : deux images sont découpées en fines bandes, puis assemblées sous de petites lentilles transparentes.Tempesta (2025) : girouette-autoportrait surmontée d’une flèche ornée d’un bras et d’un visage.
Les vidéos et projets multimédias de Steffani Jemison explorent la relation entre l’incarnation noire, les cultures sonores et les pratiques vernaculaires, et leur dialogue avec le modernisme et l’art conceptuel.
Steffani Jemison questionne la liberté de mouvement — celle des corps, mais aussi celle des pensées. En plaçant la gravité au centre, elle explore le rapport entre contrainte et libération, poids et légèreté, ancrage et élan.
Éléments réutilisés d’une exposition à l’autre : matériaux (acier, verre, quincaillerie) et peinture.
Biographie :
Steffani Jemison est née en 1981 en Californie, aux États-Unis. Elle est titulaire d’une licence en littérature comparée de l’Université Columbia (2003), puis d’un master en beaux-arts de la School of the Art Institute of Chicago. Elle est professeure adjointe en médias au département art et design de la Mason Gross School of the Arts (Université Rutgers). Aujourd’hui, elle vit et travaille à New York.
Le travail de Steffani Jemison s’enracine dans une tradition du militantisme noir américain et interroge les notions de déconstruction et d’improvisation, ainsi que certains récits hérités des Lumières. Parmi ses œuvres : Maniac Chase (2008–2009), Escaped Lunatic (2010–2011), Stroke et You Complete Me (2013), Projections, Personal et Personal (vidéo, 2014), Promise Machine (2015) et Prime (2016).
Infos pratiques :
Exposition Steffani Jemison, Ciel clair / eaux troubles jusqu’au dimanche 8 février 2026 Lafayette Anticipations — 9, rue du Plâtre — quartier du Marais, 4e arrondissement de Paris
Horaires : du mercredi au dimanche, de 14 h à 19 h — fermé lundi et mardi Entrée libre et gratuite
À noter : Lafayette Anticipations a été créée en octobre 2013 par le Groupe Galeries Lafayette.
En ces moments de fêtes, la table se fait, plus qu’à tout autre moment de notre vie, acte de communauté familiale et sociale. Elle rassemble, relie, pacifie. De tout temps, le repas est apparu comme un moment privilégié de la vie en société : une cérémonie où se renforcent les amitiés, où se célèbrent les événements heureux, qu’ils relèvent de la sphère privée ou de la vie publique.
Jean Muret le rappelle avec force dans son Traité des festins, publié en 1682 et aujourd’hui judicieusement réédité : le festin n’est pas un simple agrégat de mets, mais un fait social total, une scène où se joue l’équilibre entre le corps et l’âme.
Cette conception traverse toute l’histoire de la gastronomie. Jean-Anthelme Brillat-Savarin, que nous évoquions récemment dans Unidivers, souligne à son tour le rôle central de l’amphitryon et le soin qu’il doit porter à l’accueil de ses convives :
« Celui qui reçoit ses amis et ne donne aucun soin personnel au repas qui leur est préparé n’est pas digne d’avoir des amis. »
Derrière l’aphorisme se dessine une conviction durable : si l’art culinaire constitue la base de toute gastronomie, la salle à manger en est la sphère immédiate d’épanouissement, à la fois sociale, symbolique et presque mystérieuse.
Du faste à l’ordonnancement : l’évolution des services de table
À l’image de la cuisine, la physionomie des repas n’a cessé d’évoluer au fil des siècles. La mutation la plus radicale intervient au XIXᵉ siècle, mais elle s’inscrit dans une longue tradition.
Sous l’Ancien Régime domine le service « à la française » : plusieurs plats sont présentés simultanément et laissés au libre choix des convives. Ce mode de service sacrifie au faste et à la magnificence. La table se couvre alors de plats nombreux, mais aussi de surtouts, de corbeilles de fleurs, de candélabres, de porcelaines, sans oublier les pièces montées, parfois spectaculaires, destinées à demeurer visibles jusqu’à la fin du repas.
Un repas complet comporte ordinairement quatre services, chacun pouvant réunir, selon le nombre des invités, jusqu’à quarante-trois plats. Le premier, réservé aux potages et hors-d’œuvres, est disposé avant l’entrée des convives ; le second accueille les grandes pièces de viande et les salades ; viennent ensuite les légumes et entremets salés ; enfin, le quatrième service est consacré aux desserts, œuvres des pâtissiers et des confiseurs.
Le service « à la russe » : modernité et rationalité
Au XIXᵉ siècle s’impose progressivement une pratique qui nous semble aujourd’hui évidente : servir les plats l’un après l’autre. C’est le service « à la russe », introduit en France par le prince Kourakine, ambassadeur du tsar Alexandre Iᵉʳ à Paris.
Ce mode de service marque un nouveau triomphe du raffinement : les plats, moins nombreux, sont servis chauds et « à point » ; l’ornementation de la table s’allège, devenant luxueuse sans ostentation. Grimod de La Reynière et Carême y voient aussitôt un progrès réel. Pourtant, la transition est lente : les deux types de service coexistent durant une grande partie du XIXᵉ siècle, et ce n’est qu’après 1870 que le service « à la russe » s’impose définitivement.
Cette évolution modifie profondément la composition des menus, désormais plus rationnels et équilibrés. Les plats n’étant plus présentés simultanément, il devient nécessaire d’annoncer leur succession : les menus imprimés font alors leur apparition, bientôt illustrés. De simples feuillets fades et conventionnels à l’origine, ils deviennent, à la fin du siècle, de véritables objets d’art décoratif.
Le Traité des festins : un codex moral et social
Publié à Paris chez Guillaume Desprez en 1682, le Traité des festins de Jean Muret constitue une sorte de codex. Réédité à partir de l’édition originale par la BNF-Gallica, ce petit volume, dédié à François d’Aubusson, propose une réflexion théorique sur les festins, qu’il définit comme « l’âme de la société civile ».
Pour Muret, le festin doit rassasier pleinement « les deux parties essentielles de l’homme : son corps et son âme ». Après avoir défini sa fonction sociale, il passe en revue les différentes formes d’agapes : festins de naissance, de noces, militaires ou rustiques. Il en examine les usages, les règles de bienséance, et conclut par des « réflexions chrétiennes pour éviter tous les désordres des festins ».
L’ouvrage se distingue aussi par son ampleur comparative. Muret convoque l’Antiquité grecque et latine, les références bibliques, mais aussi les mœurs épulaires des Perses, des Turcs, des Scythes, des Moscovites, des Lapons, ou encore des Allemands. Il en a pleinement conscience : son traité présente un intérêt ethnographique certain, même s’il le considère comme secondaire face à son ambition morale.
« J’espère que l’on me saura gré, écrit-il, non seulement de la peine que j’ai prise pour donner aux Français le divertissement de voir manger les nations les plus civilisées de la terre […], mais d’avoir publié cet ouvrage dans une saison où il semble que l’on ait besoin de ces sortes d’exemples pour goûter tous les plaisirs de la bonne chère, et pour éviter les excès qui s’y commettent ordinairement. »
Une leçon toujours actuelle, à l’heure où la table demeure, plus que jamais, un lieu de partage, de transmission et de civilité.
Jean Muret, Traité des festins, 1682, rééd. Hachette-BNF, 2016, coll. « Littérature », EAN : 9782013605083 — Prix indicatif : 21,50 €.
À trois mois des élections municipales de mars 2026, Rennes s’apprête à vivre un scrutin décisif. Ville depuis longtemps bastion socialiste, la capitale bretonne voit s’aiguiser les appétits et se multiplier les candidatures. Dans un contexte social marqué par la crise du logement, la précarité étudiante et les débats relatifs à la sécurité, ce scrutin pourrait reconfigurer durablement l’équilibre politique rennais. En attendant les différents projets municipaux, le jeu des alliances a eu lieu et aura encore peut-être lieu…
Repères – Municipales 2026 à Rennes
Dates : 15 & 22 mars 2026 (décret du 27 août 2025).
Gauche PS : Nathalie Appéré a annoncé se présenter à un troisième mandat le 20 novembre 2025.
Centre-centre-droit : Charles Compagnon (Horizons) a fusionné sa liste le 24 septembre avec Carole Gandon (Renaissance), le MoDem 35 (Boucher et Vedrenne) ainsi que l’UDI [centre-droit humaniste de Hervé Marseille], Démocrates et progressistes Territoire de Progrès [centre-gauche de Jean-Yves Le Drian] et le Parti Breton [centre-gauche autonomiste] dans le collectif Vivre Rennes dès le premier tour.
Gauche EELV : projet porté collectivement par la liste Confluences (soutenu par UDB et Nouvelle Donne) ; deux porte-paroles : Gaëlle Rougier & Priscilla Zamord. Mais ralliement à la liste Appéré le 18 octobre 2025, les écologistes rennais réunis dans le collectif Confluences (EELV-UDB-ND) ont validé une alliance avec le Parti socialiste dès le premier tour.
Extrême-gauche LFI : Marie Mesmeur & Gwénolé Bourrée désignés chefs de file (juin 2025). Marie Mesmeur est désignée tête de liste le 21 novembre 2025.
Extrême-gauche PC : Yannick Nadesan, tête de file du PC rennais, se rallie à la liste PS le 14 novembre.
Liste gauche-extrême-gauche-autonomiste PS–EELV–PC-UDB : Alliance officialisée avec les écologistes et UDB le 18 octobre 2025 puis avec les communistes le 14 novembre.
Droite LR : Thomas Rousseau conduit la liste « L’Espoir rennais » (Les Républicains).
Extrême-droite RN : Julien Masson, tête de liste officielle avec l’intégration d’un ex-directeur de la police dans l’équipe pour crédibiliser le thème sécurité.
Liste citoyenne : initiatives indépendantes en cours de structuration, impact à confirmer. Le Parti animaliste constitue une liste nationale, liste rennaise à confirmer. Erell Duclos est tête de liste du collectif trotskyste révolutionnaire Révolution Permanente. –> Rappel des règles du scrutin : Une liste doit atteindre 10 % pour se maintenir au 2e tour, 5 % pour fusionner avec une autre. La répartition des sièges se fait avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête, puis répartition des sièges restants à la proportionnelle.
Le comité électoral de LFI a confirmé le 21 novembre 2025 la députée Marie Mesmeur (1ère circonscription d’Ille-et-Vilaine) tête de liste pour conduire la campagne rennaise. Mais la partie est loin d’être gagnée pour LFI, notamment en raison du clivage que suscite dans l’opinion le leadership contesté de J.-L. Mélenchon et des fortes dissensions internes que connaît la section de Rennes. Ainsi, l’insoumis Ulysse Rabaté, battu lors de la désignation des chefs de file de LFI Rennes, mène sa propre liste « Rennes Commune »..
Samedi 18 octobre 2025, les écologistes rennais réunis dans le collectif Confluences (EELV-UDB-ND) ont validé une alliance avec le Parti socialiste dès le premier tour. Les militants de LFI accusent mal le coup car ils savent que leur chance d’obtenir des positions futures est désormais réduite. Les vieux copains écolos ont préféré jouer la carte de la majorité plutôt que d’opter pour une alliance avec une section LFI rennaise minée par les guerres intestines. C’était attendu et de bonne guerre politicienne…
6 novembre 2025 – Présentation de Julien Masson comme tête de liste RN à Rennes avec l’intégration d’un ex-directeur de la police dans l’équipe afin de crédibiliser le thème sécurité.
14 novembre 2025 : sur les 127 adhérents qui constituent la section du PC à Rennes, 117 militants communistes se sont exprimés pour rejoindre la liste de la majorité municipale sortante, qui a accepté.
14 novembre 2025 : Charles Compagnon, 52 ans, conseiller municipal d’opposition et entrepreneur rennais, annonce officiellement sa candidature à la mairie de Rennes pour les municipales de 2026, depuis la dalle Kennedy à Villejean, lieu de la fusillade du 17 avril. Il fait de cet épisode un moment fondateur de son engagement contre la peur et le sentiment d’abandon dans les quartiers populaires. Il oppose sa « méthode Compagnon » – écoute de terrain, débats assumés, propositions concrètes – à ce qu’il décrit comme « onze ans de renoncements » et de communication sous Nathalie Appéré, qu’il accuse de déni au sujet de l’insécurité, de la saleté, de la bétonisation, de l’urbanisme, des finances et de la dégradation des services publics.
Son projet s’articule autour de trois priorités :
Un cadre de vie qui protège et rassemble – Doublement et armement de la police municipale, formation renforcée – Extension de la vidéoprotection et « tolérance zéro » pour les incivilités – Création de quatre commissariats mixtes (police nationale + municipale) à Villejean, Maurepas, le Blosne et Cleunay, afin que « la peur change de camp ».
Une ville durable, apaisée et accessible – « Écologie du quotidien » avec plus d’îlots de fraîcheur et d’espaces verts, désimperméabilisation des sols – Arrêt de la bétonisation jugée « non concertée », limitation des tours – Logements accessibles pour ménages et étudiants, mobilités facilitées et réseau express vélo renforcé.
Une ville qui travaille et qui rayonne – Lutte contre un chômage pouvant atteindre 30 % dans certains quartiers en reconnectant entreprises, écoles et jeunesse – Soutien aux artisans, commerçants, associations, développement industriel et technologique (références à « Safran 2, 3 et 4 ») – Défense de la patinoire Le Blizz, volonté d’un grand stade et d’un Zénith pour renforcer le rayonnement culturel et sportif de Rennes.
Au plan politique, Charles Compagnon (voir notre chronique de son livre de campagne) promeut la bannière « Vivre Rennes ! » avec Carole Gandon et un rassemblement qu’il présente comme inédit, lequel va de la social-démocratie à la droite républicaine et à la société civile, sans alliance avec « les extrêmes ». Il décrit ce bloc comme une union de conviction, opposée aux « alliances de façade » qu’il attribue à la majorité actuelle. Il se pose en candidat du terrain et des habitants plutôt que des partis, et conclut sur un appel à « l’alternance » et à un « nouveau souffle » pour que les Rennaises et les Rennais puissent « Vivre Rennes pleinement, librement, ensemble ».
Mercredi 17 décembre, plusieurs figures de la droite et du centre rennais ont annoncé dans un communiqué de presse leur soutien à la liste de Compagnon (voir au pied cet article)*.
Jeudi 20 novembre 2025
La maire socialiste de Rennes, Nathalie Appéré, a mis fin au faux suspense en confirmant, au Grand Huit de Rennes, devant la presse invitée, qu’elle comptait briguer un troisième mandat lors des municipales de 2026, tout en donnant « rendez-vous en janvier » pour l’officialisation de sa candidature et le lancement formel de sa campagne.
Nathalie Appéré et douze formations de gauche et d’extrême-gauche, notamment communiste et écologiste, lancent « Rennes Solidaire », plateforme commune en vue des municipales de mars 2026. Autour du Parti socialiste, des militants écologistes, du PCF, de Génération•s, de Place Publique, du Mouvement radical, de l’UDB, de Nouvelle Donne et de plusieurs collectifs citoyens, cette union revendique un socle de valeurs partagé : égalité, justice sociale et climatique, défense des services publics et des communs. Nathalie Appéré a confirmé qu’« au moment venu » elle sera candidate pour un troisième mandat, en s’appuyant sur un bilan qu’elle juge cohérent (végétalisation, logements, mobilités, éducation, santé) et sur la promesse d’amplifier la transformation de la ville. Dans les semaines à venir, Rennes Solidaire engagera une large démarche de concertation avec les habitants (réunions, échanges, contributions citoyennes) afin de construire un programme jugé ambitieux et fidèle à « l’esprit d’ouverture et de partage » de Rennes. A suivre…
…en janvier, soit quelques semaines avant les élections, pour découvrir le programme de la liste rouge-rose-verte-autonomiste-bretonne.
Alors ?…
…Quel scénario pour le premier tour à Rennes ?
Des facteurs pondérants -> La forte croissance démographique, la crise du logement et la précarité étudiante influenceront le scrutin, tout comme la sécurité.Les Rennais restent en attente du projet municipal de chaque liste. -> Si les projets municipaux s’avèrent peu convaincants ou, pire, anémiés car au seul service du jeu des alliances, cela n’ajoutera qu’au désintérêt, voire au dégoût des électeurs à l’égard des candidats et de cette élection*. -> En fonction, des jeunes et moins jeunes inscrits issus des quartiers estudiantins ou prioritaires de Rennes vont-ils se mobiliser ? C’est une importante variable imprévisible du scrutin. -> Le cas échéant, leur vote ira à LFI (Français d’origine immigrée aux revenus faibles ; en particulier de confession musulmane qui exprimeront leur soutien à Marie Mesmeur après sa participation à la flottille pour Gaza) et au RN (Français d’origine locale déclassés et une partie de jeunes de 18 à 24 ans qui éprouvent un sentiment d’abandon peu ou prou corrélé à une islamisation de la société et à une explosion de la délinquance que la municipalité comme la préfecture bretonnes peinent à endiguer). -> Pour autant, dans un climat socialement tendu, les craintes économiques nationales et géo-stratégiques pourraient inciter certains électeurs ancrés à gauche mais hésitants à privilégier la stabilité républicaine incarnée par Nathalie Appéré au détriment de l’alternative LFI radicale. A contrario, des écolos déçus par la politique de la majorité vont voter LFI.
> Bref, il y aun delta d’au moins 7 % d’électeurs susceptibles de voter aussi bien LFI que PS–PC–EELV–UDB. Ils seront l’objet de toutes les convoitises des militants des deux bords durant la campagne, car leur vote au premier tour constituera une variable capitale dans la confirmation de l’alliance PS–PC–EELV–UDB.
Voilà nos projections des tendances du premier tour [à l’heure actuelle*] :
La liste rouge-rose-vertePC – PS – EELV – UDB pourrait atteindre entre 38 et 45 %. À l’extrême gauche radicale, LFI (Mesmeur/Bourrée ) entre 10 et 15 % et quelques voix à Ulysse Rabaté et Erell Duclos. La coalition centre-droit, la liste de Charles Compagnon, Carole Gandon, M.-P. Vedrenne et Nicolas Boucher peut espérer 28 à 34 %. À droite, le LR Thomas Rousseau avec sa liste L’Espoir rennais serait entre 4 et 6 %. Enfin, à l’extrême droite, le RN de Julien Masson pourrait franchir le seuil des 5 % (et même largement en cas de la dégradation du rapport à l’islam chez une partie croissante de Français et d’accélération de la narco-criminalité à Rennes).
Au second tour, la triangulaire suivante paraît [à l’heure actuelle] probable :
Cela étant, si LFI ne passait pas la barre des 10 % au premier tour ou bien en raison d’une alliance de circonstance avec le PS (leurs représentants respectifs se détestent chaudement, mais l’appât du gain pourrait se révéler le plus fort), on aurait la situation suivante :
Et, en cas de duel :
PS–EELV–PC–UDB–(LFI) (54-59 %) et coalition centre-droit-droite (41–46 %).
Autre alternative peu probable, mais pas improbable :
Une alliance du LR Thomas Rousseau avec le RN Julien Masson. Si les deux listes étaient conduites à dépasser les 5 % au premier tour, ce qui est possible. Ces deux têtes de liste pourraient vouloir tenter de négocier avec la droite du centre droit, mais la vision politique des cadres centristes-centre-droit de Vivre Rennes étant tout à fait républicaine, le trio Compagnon-Gandon-Boucher est incompatible avec des idées extrémistes (d’extrême droite tout autant que d’extrême gauche). En pratique, une liste LR–RN au second tour réunirait, à notre avis, beaucoup moins de votes que le cumul de leurs deux scores respectifs obtenus au premier tour. En revanche, cela finirait d’assurer la victoire de l’arc gauche–ecolo-communiste conduit par Nathalie Appéré.
–> Par ailleurs, en 2026, à Rennes comme ailleurs, la question n’est plus seulement de savoir qui s’alliera avec qui, mais qui est prêt à signer noir sur blanc un socle minimal en réponse aux aggressions de Poutine.
Dès lors, une exigence élémentaire devrait s’imposer à tous les candidats — notamment aux candidats PC, LFI et RN — un engagement public d’opposition à la Russie poutinienne et de soutien à l’Ukraine. À l’heure où la perspective d’un conflit prolongé avec Moscou ne relève plus de la fiction, il serait paradoxal que Rennes se choisisse une majorité locale floue ou ambiguë sur ce point.
Charte d’engagement en réponse aux agissements hostiles de Moscou
Nommer le régime Reconnaître explicitement que la Russie postsoviétique de Vladimir Poutine est un régime autoritaire, responsable d’une guerre d’agression contre l’Ukraine et qu’elle représente aujourd’hui une menace majeure pour la sécurité nationale et européenne.
Reconnaître le droit de l’Ukraine à se défendre Affirmer sans ambiguïté que l’Ukraine a le droit de défendre son intégrité territoriale et que la France et l’Europe ont intérêt à ce qu’elle ne soit pas réduite à un protectorat russe.
Refuser toute dépendance envers Moscou S’engager à ne solliciter ni accepter aucun financement, direct ou indirect, lié à des intérêts russes et/ou au pouvoir poutinien, et à rendre publiques toutes les relations officielles entretenues avec ses représentants.
Ne pas relayer la propagande du Kremlin S’interdire de reprendre les éléments de langage russes (dénazification, relativisation des crimes de guerre, inversion des responsabilités) et s’engager à lutter contre les relais de désinformation pro-Kremlin et toute forme d’ingérence.
Assumer la solidarité avec les victimes du régime Affirmer le soutien durable aux Ukrainiens, aux opposants russes et aux exilés des régimes alliés de Moscou, y compris à l’échelle locale (accueil, coopération, mémoire), comme un devoir politique et moral.
*
Données de référence Population de Rennes (2025) : ~226 000 habitants. Population majeure (18 ans et +) : environ 170 000 personnes. Inscrits sur les listes électorales (2020) : ~111 000. → Cela signifie qu’environ 35 % des majeurs rennais n’étaient pas inscrits (soit par choix, soit par déménagement non signalé, soit par désintérêt).
Impact sur la légitimité électorale Prenons le scénario le plus “fort” de ces 20 dernières années à Rennes : Daniel Delaveau en 2008 : 39 500 voix. Rapporté aux inscrits : 36,5 %. Rapporté à l’ensemble des majeurs (inscrits + non-inscrits) : environ 23 %.
Le cas le plus faible : Nathalie Appéré en 2020 : 32 528 voix. 65,35 % au 2d tour Rapporté aux inscrits : 29,3 %. Rapporté à l’ensemble des majeurs : 19 %. Abstention : 68,32 %
Avec abstention seule, un maire de Rennes est élu avec autour de 1/3 des inscrits. Avec abstention + non-inscrits, entre 19 et 23 %.
Municipales 2020 (1er tour, liste EELV seule menée par Matthieu Theurier) Résultat : 25,4 % des exprimés Voix : 11 725 Inscrits : ~111 000 Abstention : 63 % → 10,5 % des inscrits → environ 6,9 % des majeurs rennais (si on rapporte aux ~170 000 adultes)
* En 2014, près de la moitié des Rennais se sont abstenus de voter et 68,32 % en 2020 (le COVID n’a pas aidé). Ce qui aurait dû et devrait alerter quant à la crise de la représentation élective en France et la nécessaire refondation plus élargie, plus populaire et dynamique de l’expression politique. Pourtant, peu de choses bougent, la classe politique française et ses 600 000 élus ne se remettent pas ou que peu en question, la moyenne générale des qualités intellectuelles et des capacités visionnaires des élus accuse un large repli aux yeux de l’opinion qui se méfie toujours plus du personnel politique, et le militantisme politique est en train de se recomposer dans de nouvelles expressions en communautés et réseaux en marge des processus institutionnels hérités de la Ve République.
La France compte 600 000 élus pour 69 millions d’habitants ; la Chine compte 2,6 millions d’élus (soit 4 fois plus) pour une population de 1,4 milliard (soit 20 fois plus). À la Chambre des représentants américaine, on trouve 435 représentants et au Sénat, 100 sénateurs. En France, entre l’Assemblée nationale et le Sénat, on arrive à 925 parlementaires, soit 1,7 fois plus qu’aux États-Unis pour une population 5 fois inférieure. Bref, on a 1 élu pour 100 habitants en France contre 1 pour 500 en Allemagne, 1 pour 550 en Chine, 1 pour 600 aux États-Unis. La réduction en France à 150 000 élus entraînerait une économie annuelle de 4 milliards d’euros selon la fondation IFRAP.
* Mercredi 17 décembre, plusieurs figures de la droite et du centre rennais ont annoncé dans un communiqué de presse leur soutien à la liste VIVRE RENNES ! : Droite (droite républicaine / LR / UMP, etc.)
Aude Bouvet : droite (candidate UMP aux législatives 2012).
Mahé Gargam : droite (candidat LR aux législatives 2024 – nuance LR).
Joëlle Le Gall : droite (candidate LR aux législatives 2024 – nuance LR).
Matthieu Guillemin : droite (référencé UMP dans des scrutins cantonaux).
Centre-droit / centre (UDF/UDI/MoDem/“droite et centre”, listes d’union locale)
Pierre Abegg : centre-droit (historiquement UDF, et inscrit sur la liste Compagnon 2020).
François Danchaud : centre-droit (profil “maison Méhaignerie” : tradition démocrate-chrétienne/centriste de droite).
Amélie Dhalluin : centre-droit (nuance DVD en départementales, et présente sur les listes locales de l’opposition de droite/centre).
Clarisse David : centre-droit (issue de la liste d’opposition municipale de droite/centre autour de Bruno Chavanat).
Hedwige de Villartay : centre-droit (même logique : liste Chavanat en 2014).
Gurval Guiguen : centre-droit (présent sur listes d’union de droite/centre à Rennes).
Les calvaires en France comptent parmi les grands marqueurs du christianisme populaire : ils structurent les paysages, fixent des mémoires locales, et disent autant une foi qu’une manière de représenter la mort, la souffrance et l’espérance.
Beaucoup remontent au Moyen Âge, mais nombre ont été édifiés ou remaniés aux XVIe–XVIIe siècles, et très souvent reconstruits au XIXe siècle. La Bretagne compte plus de 20 000 croix et calvaires qui émaillent son paysage. Datant pour certains de plus de cinq siècles, sept d’entre eux sont de très grande taille : ce sont les calvaires monumentaux, un ensemble exceptionnel à l’échelle de la France. Une association de sauvegarde prend soin d’eux.
Jadis, on se rassemblait autour des calvaires lors de divers événements : fête paroissiale, temps de prière, pardon en Bretagne, mais aussi rendez-vous de communauté à l’occasion des travaux agricoles, des vendanges ou lorsque l’on implorait une bonne récolte. On leur attribuait volontiers une fonction protectrice, face aux intempéries, aux maladies, aux malheurs du temps, et, plus largement, à l’inconnu qui vient de l’extérieur. Beaucoup de calvaires ont été détruits au cours de la Révolution française ; nombre d’entre eux ont ensuite été restaurés ou rebâtis, notamment dans la seconde moitié du XIXe siècle, au moment d’un grand mouvement de renouveau religieux et de missions paroissiales.
Fouesnant (29)
Leuhan (29)
Saint-Guy (22)
Cruguel (56)
L’Hermitage (35)
Il y a une différence entre un calvaire et une croix : une croix est un symbole, tandis qu’un calvaire comporte une croix portant un crucifix (Jésus-Christ cloué sur la croix), parfois accompagné d’autres scènes ou personnages. Tout au long des chemins, dans les villages et hameaux, les croix se rencontrent par milliers dans chaque département breton : autant de signes, de repères, et souvent de guides pour les pèlerins. Érigées par le clergé ou par les fidèles, les croix de dévotion implantées sur des hauteurs dominant les bourgs et les villages peuvent aussi marquer des itinéraires de pèlerinage. D’une grande diversité, elles témoignent de l’empreinte durable du christianisme au cœur de la région. Les croix jouaient également un rôle de repère à l’approche d’un village ou à un croisement de routes. De nos jours, elles sont très souvent entretenues par les habitants, des associations ou des communes.
Les croix en Bretagne
Un grand nombre de calvaires bretons ont été érigés pour demander à Dieu sa protection lors de grandes épidémies, notamment au tournant de l’année 1598, ou en action de grâce lorsque le fléau semblait reculer. La peste est d’ailleurs à l’origine de la construction du calvaire monumental de Plougastel-Daoulas. Longtemps, certaines croix et certains calvaires ont porté le nom breton de Kroaz ar vossen, qui signifie « croix de la peste ».
La peste en Bretagne
La peste à Rennes (35)
La peste à Rennes
Les grands calvaires appelés calvaires monumentaux sont un patrimoine emblématique de la Bretagne. Ils ont été construits principalement entre le milieu du XVe siècle et le début du XVIIe siècle et témoignent de la prospérité d’une population très pieuse, dans un contexte où les échanges maritimes et l’industrie de la toile enrichissaient une partie du territoire. Au nombre de sept, un seul se trouve dans le département du Morbihan, à Guéhenno, tandis que les six autres se situent dans le département du Finistère, dans les communes de Plougastel-Daoulas, Saint-Jean-Trolimon (Tronoën), Pleyben, Guimiliau, Saint-Thégonnec Loc-Eguiner et Plougonven. Ils racontent un âge d’or, mais portent aussi la mémoire d’épreuves collectives — notamment les épidémies — qui ont profondément marqué les communautés.
Le calvaire monumental de Plougastel-Daoulas
La commune de Plougastel-Daoulas a été durement éprouvée par l’épidémie de peste de 1598. Le calvaire, bâti entre 1602 et 1604, est traditionnellement présenté comme un ex-voto lié à la fin du fléau. La statuaire, autrefois polychrome, compte plus de 180 statues, en grande partie taillées dans la pierre de kersanton (Finistère). Le Christ crucifié est entouré de figures majeures de la Passion, dont Longin et le Centenier, Jean, Marie et Marie-Madeleine. On remarque aussi de petites excroissances sur certains corps : ce sont des bubons figurés, rappel explicite de la maladie. Le plan du monument, octogonal et prolongé par des ailes, est conçu pour être lu comme un récit : un escalier permet d’accéder à la plateforme d’où l’on prêchait. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le calvaire a subi de lourds dommages (août 1944). Un officier américain, John Davis Skilton, conservateur de musée dans le civil, a joué un rôle décisif dans la mise à l’abri des fragments et la mobilisation en faveur de sa restauration.
Plougastel-Daoulas
Le calvaire de Saint-Jean-Trolimon (Tronoën)
À Saint-Jean-Trolimon, près de la chapelle de Tronoën, face à la baie d’Audierne, se dresse le calvaire monumental réputé le plus ancien des sept. Sa construction est généralement située entre 1450 et 1470. Autour de son socle, plusieurs scènes retracent des étapes de la vie du Christ, réparties sur plusieurs registres superposés. Le massif est surmonté des trois croix de la Crucifixion. La statuaire mêle granite et kersanton. Parmi les scènes, on remarque notamment des anges recueillant le sang du Christ, la Nativité, ou encore un Baptême du Christ présenté à deux reprises. Soumis aux embruns et aux vents chargés de sable de la baie d’Audierne, le monument souffre d’une érosion importante.
Saint-Jean-Trolimon
Le calvaire de Pleyben
Il fait la réputation de l’enclos paroissial, impressionnant par sa grandeur et sa richesse. Construit en l’honneur de Dieu et de Notre-Dame, il a été remanié à plusieurs reprises. En 1650, le sculpteur Julien Ozanne intervient et réalise plusieurs scènes, dont la Cène, l’Entrée à Jérusalem et le Lavement des pieds. La figure de la Vierge de Pitié est particulièrement importante à Pleyben : on en retrouve plusieurs représentations. Le calvaire est déplacé en 1738 vers le sud-ouest, puis sa structure est remaniée jusqu’en 1743, période durant laquelle la porte monumentale adopte la forme d’un arc de triomphe. Le haut massif, avec sa trentaine de tableaux sculptés, joue un rôle majeur. Les statues paraissent clairsemées tant elles sont perchées sur une hauteur inhabituelle. Certaines sont en kersanton, d’autres en grès, un matériau plus fragile au regard de la conservation.
Le calvaire de Pleyben
Le calvaire de Guimiliau
Il a été réalisé entre 1581 et 1588. Ses sculptures relèvent de styles différents, ce qui laisse imaginer l’intervention d’au moins deux ateliers. Quatre contreforts, soutenus par quatre arcades imposantes, composent le massif. Un escalier donne accès à la plateforme d’où l’on pouvait prêcher. Une seule croix se dresse au sommet. Symbole de la Résurrection, le Christ se tient debout sur son tombeau. Environ 200 personnages mettent en scène de nombreux épisodes ; l’un d’eux est unique parmi les sept calvaires monumentaux : les Pèlerins d’Emmaüs. La croix du sommet a été restaurée en 1902 par le sculpteur breton Yann Larc’hantec (1829-1913).
Le calvaire de Guimiliau
Le calvaire de Saint-Thégonnec Loc-Eguiner
Il clôt symboliquement la grande période des calvaires monumentaux bretons. La base est rectangulaire en granite, formant un banc de faible hauteur. Les flancs s’élèvent ensuite avec peu de sculptures, mais, à l’ouest, un autel est surmonté d’une niche abritant la statue de Saint-Thégonnec, saint patron de l’église. Sur la table d’offrande, une quarantaine de personnages sont représentés. D’un style Renaissance, le calvaire ne comporte pas de scènes de l’enfance du Christ, mais de nombreuses scènes illustrent la Passion. Au pied de la colonne, Marie-Madeleine est visible sur le socle : elle lève la tête vers Jésus crucifié. Le sculpteur finistérien Roland Doré (1585-1663) a réalisé le groupe du Christ aux outrages : Jésus est entouré de deux bourreaux, dont l’un présente, selon une tradition souvent commentée, une ressemblance frappante avec Henri IV (1553-1610).
Le calvaire de Saint-Thégonnec Loc-Eguiner
Le calvaire de Saint-Thégonnec Loc-Eguiner
Le calvaire de Plougonven
Le grand calvaire de Plougonven a été réalisé en 1554 par les frères Bastien et Henry Prigent, dans leur atelier de Landerneau (29). Une dédicace gravée sur la croix centrale l’atteste. De plan octogonal, il occupe une place imposante dans l’enclos paroissial. Chaque angle est garni d’une petite colonne ronde. La tradition des volumes est respectée grâce à une élévation d’environ quatre mètres, composée d’un soubassement surmonté de corniches où reposent de petits personnages sculptés avec finesse, dominés par les trois croix de la Crucifixion. Les principales scènes de la mort du Sauveur y sont représentées. Certaines seront détruites pendant la Révolution française, puis reconstruites en 1897 par Yann Larc’hantec (1829-1913), sculpteur originaire de la commune. Parmi les scènes remarquables, on note celle du Diable de la tentation, au rictus grimaçant, qui ne peut échapper au regard.
Le calvaire de Plougonven
Le calvaire de Guéhenno
L’unique calvaire monumental du Morbihan est érigé en 1550 par un maître d’œuvre nommé Guillouic, en granite beige local à grain fin. Sa statuaire se déploie au-delà du monument, autour de l’autel, et donne à voir un véritable livre d’images : une catéchèse de pierre, pensée pour un peuple largement illettré. Pendant la Révolution française, à l’époque de la Terreur, l’ensemble est gravement endommagé. À partir de 1853, l’abbé Charles Jacquot entreprend une restauration majeure, aidé de son vicaire et grâce aux éléments conservés ou rassemblés par les paroissiens. Il recolle, redresse, sculpte aussi des compléments, et ajoute bas-reliefs, statues et colonnes, tout en poursuivant une ambition d’ensemble (ossuaire édifié derrière le calvaire en 1863). Le calvaire sera à nouveau rénové au début des années 2000 ; en 1999, un coup de vent endommage le Christ en croix.
Le calvaire de Guéhenno
Une association de sauvegarde a été créée en 2004 : l’Association des 7 calvaires monumentaux de Bretagne (Plougastel, Pleyben, Saint-Thégonnec-Loc-Eguiner, Plougonven, Guimiliau, Saint-Jean-Trolimon et Guéhenno). Elle est présidée par Louis Fagot, ancien maire de Guimiliau.
Des représentants de l’Association des 7 calvaires
Les objectifs de l’association sont l’entretien et la restauration des sept calvaires monumentaux, mais aussi leur mise en valeur : spectacles son et lumière racontant leur histoire et celle des communes ; illuminations estivales (et parfois en décembre, au moment des fêtes de fin d’année) ; actions de médiation ; et travaux autour de la polychromie ancienne, afin de rappeler qu’une partie de ces monuments furent autrefois peints.
L’association a également pour rôle l’apprentissage et la transmission de l’histoire — notamment aux jeunes générations — par le biais de l’art, de la culture et du développement de la fréquentation de ces lieux patrimoniaux.
Pleyben
Guimiliau
Plougastel
Saint-Thégonnec
L’Association des 7 calvaires monumentaux avec son président Louis Fagot (3e à partir de la gauche)
Festival Rue des livres 2026, la 18e édition aura lieu à Rennes, aux Cadets de Bretagne, les 14 et 15 mars 2026. Le festival dévoile ici son visuel 2026, signé Séverine Lorant des Ateliers Beaux Diables.
Après « Aventures » en 2025, la prochaine édition mettra à l’honneur les liens et l’amitié. Le nouveau visuel choisit un symbole simple et universel : la main, comme un geste de relation, de transmission, de soutien — et, au fond, comme une façon de dire que la lecture n’est jamais tout à fait solitaire. Poétiques et vivantes, ces mains semblent habitées par le regard curieux et attentif que l’on porte sur les autres, sur les histoires, sur le monde.
Au programme du festival : deux jours de fête autour du livre, de la lecture et de l’écriture, avec le salon du livre et ses 60 exposants (maisons d’édition, librairies, associations), des rencontres, des ateliers, des spectacles et des expositions… En compagnie de plus de 140 auteurs et illustrateurs. Gratuit et ouvert à toutes et tous.
Chaque mois de décembre, je reviens au même geste. Le beurre froid coupé en dés, la farine qui neige sur le plan de travail, et cette minute très particulière où la pâte passe du chaos poudreux à quelque chose d’unifié, de docile, de vivant. La pâte sablée, c’est un petit luxe d’hiver qui sent la maison, le calme, le four qui chauffe, les mains un peu froides qu’on réchauffe en travaillant. Doux, chaud, intime, une pointe de nostalgie au souvenir de ma grand-mère. Et surtout, elle a ce pouvoir simple qui est faire basculer la cuisine du côté de Noël. On n’est plus dans “je fais des biscuits”, on est dans “je fabrique des étoiles à croquer” !
La pâte sablée “qui ne trahit pas”
Je l’aime fondante mais nette, capable de garder une jolie découpe, sans durcir comme un galet. Une pâte qui se tient, mais qui s’effrite avec élégance, comme une promesse tenue.
Ingrédients (pour une belle fournée)
250 g de farine (T55, ou T45 si vous la voulez très fine)
125 g de beurre doux très froid (c’est le secret du sablé)
90 à 100 g de sucre glace (texture plus fondante qu’avec du sucre semoule)
1 œuf
1 pincée de sel
Au choix : vanille, zeste d’orange, zeste de citron, ou une pointe de cannelle
La méthode de mon père et de ma grand-mère
1) Je “sable” d’abord. Farine + sucre glace + sel, puis le beurre froid. Je frotte du bout des doigts. Ça devient une poudre fine, presque une plage d’hiver. C’est là que se joue le fondant.
2) J’ajoute l’œuf, et je m’arrête vite. On n’essaie pas de “pétrir”, on essaie d’assembler. Dès que la pâte se forme, je n’insiste pas : moins on la maltraite, plus elle est noble.
3) Je la laisse se reposer. Disque aplati, film, frigo minimum 1 heure. Pendant ce temps, la pâte se calme, se raffermit, et vous aussi.
4) J’étale sans la brusquer. Entre deux feuilles de papier cuisson si besoin. Épaisseur : 3–4 mm. C’est l’épaisseur “biscuit de Noël” idéale : assez fine pour croquer, assez épaisse pour fondre.
5) Cuisson. 170 °C (chaleur statique), 10 à 12 minutes. Je surveille les bords : à peine dorés. Si vous attendez qu’ils brunissent, vous perdez le côté tendre.
Les formes ou comment donner à la pâte une vie de décor
Mon plaisir, c’est la découpe. Le moment où le plan de travail ressemble à une petite cartographie des fêtes. Voilà des idées qui marchent très bien, et qui font tout de suite “Noël” sans en faire trop.
Les indispensables qui font toujours mouche
Étoiles : petites pour grignoter, grandes pour offrir. Encore mieux si vous les superposez (une grande + une petite collée au glaçage).
Sapins : minimalistes, ou très stylisés. Un trait de glaçage suffit à les rendre “habillés”.
Cœurs : les plus faciles à rendre beaux. Ils supportent tout : sucre glace, chocolat, zeste.
Bonshommes : le classique “gingerbread”, mais en version sablée. On peut leur dessiner une écharpe, trois boutons, un sourire.
Mes formes préférées, plus “poétiques”
Flocons : si vous aimez le détail, c’est magique. Même sans glaçage, une simple découpe fine donne un effet dentelle.
Lunes et étoiles filantes : pour une table plus nocturne, plus “conte d’hiver”.
Feuilles de houx : très chic, surtout si vous marquez les nervures au couteau (doucement).
Biscuits à suspendre (effet “waouh” facile)
Faites un petit trou avec une paille avant cuisson. Ensuite, vous passez un ruban. Et d’un coup, vous avez :
des étoiles à accrocher au sapin,
des étiquettes comestibles sur les paquets,
des marque-places (un prénom au glaçage, et c’est réglé).
Décorer sans étouffer le biscuit
Je préfère les décorations qui ressemblent à des gestes, pas à du maquillage. L’idée : garder le sablé lisible, tendre, appétissant.
Sucre glace : la neige la plus simple, la plus sûre.
Glaçage royal fin : pour dessiner des points, des bordures, des nervures. (On vise la délicatesse.)
Chocolat noir : en filets, comme une écriture rapide.
Pochoirs maison : posez un petit flocon en papier sur le biscuit, saupoudrez cacao ou cannelle, retirez : magie instantanée.
Petits détails qui changent tout
Beurre froid : c’est vraiment non négociable si vous voulez du fondant.
Repos au frigo : c’est lui qui donne une pâte docile et une découpe nette.
Cuisson courte : le sablé doit rester clair, presque blond.
Refroidissement : 5 minutes sur la plaque, puis sur grille, pour qu’ils finissent de “se poser”.
Et voilà. Avec cette pâte-là, vous pouvez faire un sapin entier, une constellation de flocons, une crèche gourmande, une petite armée de bonshommes ou juste une assiette de cœurs poudrés de neige. Le plus beau, au fond, c’est ce moment où la maison commence à sentir le beurre, la vanille, et l’hiver heureux.
La collective Girlxcott, née dans le sillage du mouvement de girlcott autour d’Angoulême 2026, lance les Fêtes interconnectées de la BD. Plusieurs villes accueilleront cette manifestation autogérée du 28 janvier au 2 février 2026, en écho aux dates initialement prévues pour le Festival international de la bande dessinée (FIBD).
« Mais c’est où ? » Au milieu d’une population de petits vers verts qui se baladent et discutent, l’un d’entre eux s’interroge. La réponse se lit dans la liste de villes qui parsèment l’affiche : Toulouse, Lyon, Nantes, Paris, Bordeaux… Et si l’on prête bien attention, en bas à droite, un vers rose rampe et grogne — reliquat, peut-être, d’un temps passé et déjà révolu. Signée Anouk Ricard, Grand Prix 2025 du festival d’Angoulême, l’illustration annonce un nouvel événement, joyeux et fédérateur, qui revendique la bienveillance et l’inclusivité comme conditions d’accueil. L’autrice a aussi été l’une des figures du mouvement de boycott de l’édition 2026.
Après l’annulation d’Angoulême 2026, un autre rendez-vous s’invente
Le point de bascule, c’est l’annulation officielle de l’édition 2026, annoncée le 1er décembre 2025. Depuis des mois, le festival était pris dans une succession de controverses et de ruptures : appels au boycott, retraits d’auteur·rices, prises de distance d’éditeur·rices, tensions avec les financeurs publics, débats sur la gouvernance et la transparence. Au cœur de la crise, la société 9e Art+ — organisatrice du FIBD depuis 2007 — a été visée par des accusations et récits publics portant sur le climat de travail, la gestion et des choix jugés trop commerciaux.
Sur ce dernier point, il faut tenir ensemble deux réalités : d’un côté, une contestation structurée et largement documentée, dont un texte collectif a été un marqueur important ; de l’autre, des réponses et contestations de la part de 9e Art+, qui impute la situation aux tensions avec les financeurs publics et évoque des ingérences, ainsi qu’un possible bras de fer juridique. Ce n’est pas qu’un “scandale” : c’est un conflit de gouvernance, de légitimité et de modèle culturel, dont les auteur·rices ont été l’un des moteurs les plus visibles.
En novembre, 285 autrices et autres professionnelles de la bande dessinée, toutes générations confondues, ont ainsi signé une tribune publiée dans l’Humanité expliquant pourquoi elles n’iraient pas à l’édition 2026. Le texte insiste notamment sur l’invisibilisation historique des femmes et des minorités de genre dans le champ de la BD et remet les violences sexistes et sexuelles au centre des préoccupations, y compris dans ce qui se joue “en marge” des festivals.
C’est dans ce contexte qu’est née la collective Girlxcott : un néologisme militant (le « x » comme symbole d’inclusivité), et un groupe d’abord formé sur WhatsApp, devenu mouvement et réseau. Le projet : ne pas seulement “refuser” un cadre jugé délétère, mais proposer un autre type de rassemblement.
Les Fêtes interconnectées de la BD : un réseau, pas un “mini-Angoulême”
Le réseau des Fêtes interconnectées de la bande dessinée se présente comme un événement bénévole et autogéré, organisé dans plusieurs villes, qui ne se définit pas comme un festival. L’idée n’est pas de reproduire la mécanique d’un grand rendez-vous centralisé, mais de relier des initiatives locales (expositions, rencontres, discussions, moments conviviaux) autour d’un socle de valeurs : lutte contre les violences sexistes et sexuelles, attention aux discriminations, féminisme, précarité des artistes-auteur·rices, et plus largement conditions de production de la BD.
La manifestation annonce des espaces joyeux et inclusifs dans une dizaine de villes (et au-delà). Chaque fête est autonome, façonnée par les personnes qui souhaitent lui donner vie, tout en s’inscrivant dans un cadre commun :
« Ce qui relie ces fêtes entre elles, c’est l’envie de renouveler nos façons de célébrer la BD, de valoriser celles et ceux qui la créent, la lisent et la font vivre, et de porter des valeurs communes d’inclusivité, de bienveillance et de justice sociale. »
Accessibilité, soin, et refus de la “pression” habituelle
Dans les textes publics de Girlxcott, un point revient : la volonté de ne pas reproduire les schémas dénoncés (domination, surexploitation, invisibilisation des métiers “du dessous”, injonctions à produire et vendre sans filet). L’attention au soin est formulée très concrètement : respect des lieux, des œuvres, des personnes qui travaillent (ménage, cuisine, organisation), des intervenant·es, des bénévoles, du public — et même du “vivant” au sens large, avec une vigilance écologique revendiquée.
Tous les événements sont annoncés gratuits (lieux d’exposition, rencontres, soirées). Des contributions volontaires peuvent être proposées pour soutenir artistes, lieux et équipes, mais les financements ou partenariats qui contrediraient les valeurs du mouvement sont refusés.
Autre choix éditorial : rendre visibles tous les métiers de la bande dessinée, sans hiérarchie symbolique — scénaristes, traducteur·rices, coloristes, maquettistes, libraires, éditeur·rices, dessinateur·rices, critiques, journalistes… Bref : la BD non comme “star-system”, mais comme chaîne de travail et de transmission.
Dessin de Brouette Girlxcottante
Une fête politique, au sens plein
Un point d’information par ville (ou par groupe d’événements) est annoncé pour des syndicats et associations défendant les droits des artistes-auteur·rices : STAA CNT-SO, SNAP CGT, Ligue des auteurs professionnels, Charte des auteurs et des illustrateurs de jeunesse, ABDIL, SCAA, etc. L’idée est de faire circuler les outils, les contacts, les ressources — et de rappeler que la BD est aussi un secteur où le droit social, les statuts et la rémunération restent des sujets brûlants.
Les équipes locales sont encouragées à organiser des discussions et tables rondes sur des thématiques explicites : sexisme, VHSS, racisme, LGBTphobies, précarité, mais aussi IA (dangers pour les métiers, usages dans l’édition) et défense du droit d’auteur. On n’est pas dans une “animation culturelle” hors-sol : c’est une fête qui assume de tenir la BD au plus près de ses rapports sociaux.
Un événement, et un livre à venir : Nos Angoulêmes
Parallèlement, trente-neuf membres du mouvement participent à la réalisation d’un ouvrage collectif : Nos Angoulêmes. Il s’agira de récits mêlant souvenirs personnels, anecdotes et éléments plus politiques sur les conditions de travail d’artiste-auteur·rice. Une campagne de crowdfunding est ouverte jusqu’à fin janvier 2026 ; la sortie est annoncée début 2027 (environ 130 pages).
Dessin de Sophie Darq pour l’ouvrage « Nos Angoulêmes »Dessin de Léa Jarrin, pour l’ouvrage « Nos Angoulêmes »
Des végétaux, à l’heure la plus sombre de l’année, refusent obstinément de disparaître. Quand tout se dénude, quand la terre se retire en elle-même, le gui, le houx et le sapin demeurent. Et cette persistance n’est jamais neutre.
À Noël, on les accroche, on les dispose, on les éclaire. On les croit décoratifs. Ils sont en réalité des survivants symboliques. Des messagers anciens. Des signes silencieux adressés à celles et ceux qui, depuis la nuit des temps, traversent l’hiver en espérant que le monde ne s’arrête pas là.
Car Noël, avant d’être une fête de l’enfant ou de la crèche, est d’abord une fête du solstice. Un moment de bascule cosmique où la nuit atteint son point extrême avant que la lumière, imperceptiblement, ne recommence sa remontée. Un instant fragile, incertain, où rien ne garantit encore que le soleil reviendra. Et c’est précisément à cet instant que l’humanité a cherché, dans le monde végétal, des alliés.
Le gui, le houx et le sapin appartiennent à cette catégorie singulière du vivant qui ne plie pas. Des végétaux qui ne se soumettent pas à la mort apparente de l’hiver. Toujours verts, toujours présents, ils démentent l’évidence du dépouillement général. Ils sont, littéralement, une contradiction offerte au paysage.
Le gui est sans doute le plus déroutant. Il ne touche pas la terre. Il n’enfonce aucune racine dans le sol. Il vit suspendu, accroché aux branches d’autres arbres, comme s’il refusait de choisir entre ciel et terre. Cette position intermédiaire lui confère depuis toujours un statut à part. Chez les Celtes, il est sacré non parce qu’il est utile, mais parce qu’il est inclassable. Ni tout à fait terrestre, ni tout à fait céleste, il appartient au domaine du seuil.
C’est sous le gui que l’on s’embrasse. Ce n’est pas un hasard. On y suspend des vœux, des promesses, des rapprochements. Le gui autorise ce que le reste de l’année tient à distance. Il est une permission symbolique donnée aux corps et aux désirs au moment précis où la nature semble les retenir. Il dit que la vie circule encore — autrement, peut-être, mais sûrement.
Le houx, lui, joue un tout autre rôle. Là où le gui est seuil et flottement, le houx est défense et résistance. Ses feuilles brillantes, épaisses, armées d’épines, semblent avoir été conçues pour tenir tête au froid, aux bêtes, aux intrusions. Ses baies rouges éclatent comme de petites braises dans le vert sombre de l’hiver. Le houx est une plante de frontière. On l’accroche aux portes, aux seuils, aux cheminées. Il garde.
Il protège la chaleur intérieure — celle des maisons, mais aussi celle des communautés humaines. Dans l’obscurité hivernale, le houx rappelle que le vivant n’est pas seulement fragile : il est aussi capable de se défendre. Il affirme une vitalité combative, presque farouche. Une manière de dire que survivre n’est pas seulement attendre, mais aussi tenir.
Quant au sapin, il concentre à lui seul une symbolique vertigineuse. Arbre toujours vert, dressé, vertical, il relie le sol au ciel. Il est un axe. Un repère. Introduit dans la maison, il devient un monde miniature. Lorsqu’on l’illumine, on ne fait pas que l’orner : on le transforme en constellation domestique. Une façon très ancienne de faire entrer les étoiles à l’intérieur.
Bien avant d’être un objet marchand, l’arbre de Noël est un arbre cosmique. Il matérialise cette intuition fondamentale : au cœur de la nuit la plus longue, la lumière peut être appelée, entretenue, transmise. Elle n’est pas donnée ; elle se construit, se veille, se partage.
Pris ensemble, gui, houx et sapin forment une grammaire végétale du solstice. Le premier ouvre les passages, le second protège l’espace humain, le troisième relie les mondes. Ils racontent une histoire très ancienne : celle d’une humanité qui refuse de croire que l’hiver a le dernier mot.
Ce que ces plantes disent, au fond, c’est que la mort apparente n’est jamais définitive. Que le vivant sait se mettre en réserve. Que la nuit est un moment, non un destin. Et que l’espérance n’est pas une abstraction, mais quelque chose que l’on touche, que l’on coupe, que l’on accroche, que l’on éclaire.
Ainsi, à travers ces arbustes et ces arbres que l’on croit familiers, c’est une métaphysique discrète qui se rejoue chaque année. Une sagesse ancienne, non écrite, transmise par les gestes plutôt que par les dogmes. Une manière de dire, sans discours, que la vie persiste — obstinée, silencieuse, irréductible — même quand tout semble se retirer.
Ce n’est pas de la décoration. C’est un langage. Et comme tous les langages très anciens, il parle moins à l’intellect qu’au corps, à la mémoire profonde, à cette part de nous qui sait, sans toujours pouvoir le formuler, que le retour de la lumière commence toujours dans l’obscurité.
Le Japon a récemment réaffirmé son refus d’engager une politique nationale qui faciliterait la création de nouveaux cimetières musulmans. Une position qui, au-delà de la question funéraire, met en lumière les tensions persistantes entre normes culturelles majoritaires, contraintes territoriales et reconnaissance effective des minorités religieuses dans l’archipel.
La controverse a ressurgi à l’automne 2025 lors d’une discussion en commission parlementaire consacrée aux questions sociales et sanitaires. À cette occasion, une élue japonaise a publiquement remis en cause la légitimité des demandes formulées par des représentants musulmans qui souhaitent disposer de lieux d’inhumation conformes à leurs rites religieux. Les propos tenus — suggérant que les personnes attachées à ces pratiques devraient envisager un rapatriement des défunts à l’étranger — ont suscité une vague de critiques au Japon comme à l’international.
Si les autorités ont ensuite rappelé que l’inhumation n’était pas interdite en droit japonais, elles ont également confirmé qu’aucune évolution de la politique nationale n’était envisagée. La gestion des cimetières demeure une compétence essentiellement locale, soumise à des contraintes foncières strictes et à l’acceptabilité des riverains.
Crémation quasi universelle et incompatibilité religieuse
Le cœur du problème tient à une réalité structurelle. Le Japon pratique la crémation dans une proportion quasi totale, proche de 100 %. Cette norme s’explique par la rareté du foncier, la densité urbaine et une longue tradition administrative qui visz à rationaliser l’espace funéraire.
Or, la crémation est formellement interdite par l’islam, qui prescrit l’inhumation rapide du corps, sans cercueil, dans la terre. Cette incompatibilité place les familles musulmanes vivant au Japon devant une alternative douloureuse, soit transgresser leurs convictions religieuses, soit parcourir de longues distances pour accéder à l’un des rares cimetières musulmans existants, soit rapatrier les corps à l’étranger, au prix de procédures lourdes et coûteuses.
Une pénurie de solutions concrètes
Le Japon compte une population musulmane modeste — estimée entre 200 000 et 300 000 personnes — mais en croissance, notamment du fait de l’immigration de travail (Indonésie) et des étudiants internationaux. Pourtant, les cimetières explicitement adaptés aux rites islamiques se comptent sur les doigts des deux mains et sont inégalement répartis sur le territoire.
Chaque tentative d’ouverture de nouveaux sites d’inhumation se heurte à des oppositions locales récurrentes. Les arguments avancés — risques environnementaux, pollution des nappes phréatiques, inquiétudes sanitaires — sont régulièrement contredits par les autorités sanitaires. Mais ces réticences traduisent aussi des peurs plus diffuses : transformation du paysage culturel, altérité religieuse visible, remise en cause de normes perçues comme homogènes.
L’islam au Japon : entre invisibilité et méfiance latente
Contrairement à l’Europe, le Japon n’a connu ni histoire coloniale avec des pays majoritairement musulmans, ni de vagues migratoires massives issues du monde islamique. L’islam y reste une religion largement méconnue, souvent perçue comme étrangère, abstraite, voire réduite à des stéréotypes importés par les médias internationaux.
Cette méconnaissance nourrit une forme de distance sociale générale. L’islam est rarement l’objet d’hostilité frontale dans la vie quotidienne, mais il peine à être reconnu comme une composante légitime et durable de la société japonaise. Les débats sur les mosquées, l’alimentation halal ou, aujourd’hui, les cimetières, révèlent moins un rejet explicite qu’une difficulté à penser le pluralisme religieux autrement que comme une exception tolérée.
Au Japon, l’islam demeure souvent moins familier que réellement connu. Faute de contacts ordinaires, il est fréquemment appréhendé à travers un mélange d’indifférence, de curiosité et d’exotisation, et certains stéréotypes importés — notamment l’idée d’une religion “dure”, “simpliste” et “archaïque” — persistent. Cette méconnaissance, plus que l’hostilité ouverte, alimente des résistances locales dès que des pratiques deviennent visibles dans l’espace public, comme la question de l’inhumation.
Une intégration pensée comme adaptation unilatérale
Dans les discours politiques dominants, l’intégration des étrangers au Japon repose largement sur un principe implicite. C’est à la minorité de s’adapter aux normes existantes, non à la société d’accueil de se transformer. Cette logique, cohérente avec l’histoire d’un pays longtemps perçu — et se percevant — comme culturellement homogène, montre aujourd’hui ses limites devant une mondialisation humaine devenue structurelle.
Le refus d’engager une réflexion nationale sur les cimetières musulmans illustre cette tension. Il ne s’agit pas d’une interdiction formelle de l’islam, mais d’un cadre institutionnel qui, de facto, rend l’exercice de certains droits religieux hétérogène difficile.
Un enjeu discret mais profondément symbolique
La question funéraire touche à l’intime, au sacré, à la dignité des morts. En contraignant certaines familles à enterrer leurs proches loin du lieu de vie qu’ils ont parfois occupé pendant des décennies, le Japon envoie un signal. L’accueil économique et social est possible, mais l’enracinement symbolique demeure conditionnel.
À mesure que la société japonaise vieillit et dépend davantage de la main-d’œuvre étrangère, ces questions, longtemps marginales, vont devenir centrales. Elles poseront alors une interrogation plus large : jusqu’où le Japon est-il prêt à reconnaître, non seulement la présence, mais la permanence de l’altérité religieuse sur son sol ?
Yamashita, Y. “Islam and Muslims in ‘non-religious’ Japan: caught in between prejudice against Islam and performative tolerance” (article académique / prépublication). https://www.researchgate.net/publication/349323451
Au Japon, une femme de 92 ans, Hisako Sakai, a remporté un tournoi de Tekken 8 organisé pour des seniors. Et soudain, c’est tout un petit appareil idéologique qui grésille.
Car enfin, 92 ans, ce n’est pas seulement un âge. Dans nos sociétés intoxiquées au jeunisme, c’est une provocation. Une transgression. Un sabotage du storytelling dominant, celui qui voudrait que la compétence, l’énergie, la vitesse, l’esprit de compétition, la maîtrise technique et la “culture du moment” appartiennent naturellement aux corps frais, aux articulations neuves, aux générations supposées “natives” du numérique. Une grand-mère qui gagne, c’est un bug dans la matrice.
Le détail qui rend l’affaire plus savoureuse encore, c’est que le tournoi est structuré, sérieux, inscrit dans une démarche suivie. Il est organisé par l’association japonaise Care e-sport, qui met en place depuis plusieurs années des compétitions pensées pour les personnes âgées, notamment en établissement, avec l’idée très simple que l’activité ludique peut aussi être une activité sociale, cognitive, et même… une joie. Pour cette édition, les participants étaient des seniors (65 ans et plus). Et Sakai, en choisissant Claudio, a simplement fait ce que font les champions : elle a gagné. Pas “malgré” son âge. Avec son âge. Dans son âge. Et surtout : sans demander la permission.
Voilà ce que le jeunisme ne supporte pas. Le jeunisme tolère volontiers les anciens dans deux rôles : la figure attendrissante (le papy mignon qui “découvre” un truc moderne) ou la figure tragique (l’aîné “dépassé”, “fragile”, “isolé”, “à protéger”). Ce sont des places assignées, sécurisantes pour l’ordre symbolique. Mais une nonagénaire qui met une rouste en finale, ce n’est ni attendrissant ni tragique : c’est compétitif. Et donc, pour le culte du jeune, intolérable.
On va bien sûr nous servir le commentaire prêt-à-porter : “preuve qu’on peut être performant à tout âge”. Ce qui est vrai, mais encore un peu timide. Ce que l’événement démontre, plus radicalement, c’est que notre définition de la performance est saturée de préjugés. Nous avons pris l’habitude de confondre vitesse et valeur, nouveauté et intelligence, fraîcheur et légitimité. Nous appelons “dynamisme” ce qui ressemble parfois à une agitation anxieuse. Nous appelons “innovation” ce qui n’est qu’un rebranding. Nous appelons “talent” ce qui colle au rythme des réseaux. Et nous appelons “déclin” tout ce qui refuse la dictature de l’instant.
Dans un jeu de combat, c’est presque comique : l’imaginaire collectif voudrait que la victoire appartienne au réflexe pur, au pouce supersonique, au cerveau dopé aux tutos et à l’optimisation. Mais Tekken, comme toute discipline réellement pratiquée, n’est pas une pub pour boisson énergisante. Il y a du rythme, oui, mais aussi de la lecture, de la patience, de l’anticipation, de la gestion du stress, une forme de sang-froid qui n’a rien à voir avec l’âge civil. Et puis, il y a ce que nos sociétés oublient : l’expérience n’est pas seulement un souvenir, c’est une méthode. Une manière d’habiter la pression. Une façon d’accepter la défaite sans se dissoudre, et de gagner sans s’enivrer.
Regardons aussi l’arrière-plan. Le Japon n’est pas exactement un pays naïf au sujet du vieillissement : la question y est frontale, structurelle, quotidienne. Là où d’autres cultures se contentent de slogans (“bien vieillir”, “silver economy”, “lien intergénérationnel”) tout en planquant les personnes âgées au bout du récit, certains acteurs japonais expérimentent des formes concrètes de présence : tournois, clubs, diffusions en ligne, commentaires, rituels collectifs. Ce n’est pas un gadget. C’est une proposition sociale : et si l’on cessait de réserver le jeu, la compétition et le plaisir à la jeunesse ?
Chez nous, on préfère souvent le discours à l’infrastructure. On célèbre “les seniors actifs” à condition qu’ils restent dans les cases : un peu de marche nordique, un peu de bénévolat, beaucoup de discrétion. On adore les aînés quand ils sont inspirants… mais pas quand ils sont menaçants. Or, une personne âgée compétente, c’est menaçant : cela rappelle que la hiérarchie des âges n’a rien de naturel. Elle est culturelle, économique, médiatique. Elle sert à vendre, à exclure, à accélérer le remplacement des individus comme on remplace les objets.
Le vrai scandale, au fond, n’est pas qu’une personne âgée joue à Tekken. C’est qu’elle y prenne visiblement du plaisir. Car le jeunisme ne se contente pas de hiérarchiser les âges : il confisque l’imaginaire de la jouissance. Une personne âgée peut être digne, attendrissante, sage, parfois même “inspirante” — mais jouisseuse, jamais. Le plaisir franc, gratuit, joueur, qu’il passe par une manette ou par le corps, est perçu comme déplacé, gênant, presque indécent. Comme si, passé un certain âge, il fallait renoncer non seulement à la performance, mais à la joie elle-même. On accepte que les personnes âgées existent ; on supporte mal qu’ils vivent. Alors on les enferme dans des images stéréotypées, inoffensives, asexuées, silencieuses, qui les rendent socialement visibles… à condition qu’ils soient symboliquement absents. Une nonagénaire qui gagne, qui s’amuse, qui insiste, qui recommence – voilà ce que le jeunisme ne pardonne pas, la preuve qu’il n’existe pas d’âge légal pour le plaisir.
La vraie ironie, c’est que le jeunisme fonctionne comme une peur panique de la mort déguisée en fête permanente. On ne veut pas seulement être jeune : on veut ne pas vieillir. On veut effacer les traces. On veut que le corps soit un produit en “version à jour”. Et l’on s’étonne ensuite que les sociétés deviennent nerveuses, tristes, et parfois cruelles. Quand l’idéal collectif est une peau sans rides, toute ride devient une faute morale. On fait porter aux individus ce qui relève d’une condition humaine. Au plan symbolique, c’est violent.
Alors oui, qu’une Japonaise de 92 ans gagne un tournoi de Tekken 8, c’est une petite nouvelle. Mais c’est aussi une leçon politique à bas bruit. Elle dit : le monde ne vous appartient pas parce que vous êtes jeunes. Il vous traverse parce que vous êtes vivants. Et “vivant” n’est pas une tranche d’âge.
Le plus beau dans cette histoire, au fond, n’est pas qu’elle “défie le temps”. C’est qu’elle le ridiculise. Elle rappelle que le temps n’est pas seulement ce qui nous use, c’est aussi ce qui nous forme. Et qu’à la fin, le jeunisme n’est peut-être qu’une industrie de l’infantilisation, tandis que la vieillesse, parfois, est une élégance combative.
On attend maintenant la suite logique : des marques qui découvriront, soudain, que la “silver audience” existe, et tenteront de lui vendre des claviers “senior-friendly” en forme de pitié. Qu’elles se rassurent : Hisako Sakai n’a pas besoin d’un marketing. Elle a déjà un trophée.
Avec 10 900 créations d’entreprises artisanales en 2024, en hausse de 16 % sur un an, la Bretagne administrative affiche l’une des progressions les plus fortes de France.
L’indicateur est flatteur, souvent mobilisé comme preuve de vitalité économique et d’esprit d’initiative. Mais que dit-il vraiment de l’état de l’économie régionale ? S’agit-il d’une tendance structurellement positive ou d’un signal plus ambivalent, révélateur de fragilités à venir ?
Pris isolément, le chiffre est bon. Il traduit d’abord une capacité d’initiative élevée dans une région où l’artisanat occupe une place centrale dans le tissu économique. La Bretagne se caractérise par un poids important des activités de proximité – bâtiment, alimentation, services à la personne, réparation – qui répondent à des besoins peu délocalisables et relativement stables.
Dans un contexte national marqué par l’incertitude (inflation récente, ralentissement économique, tensions sur certains secteurs), l’artisanat joue ici un rôle de tampon conjoncturel. Créer une petite entreprise devient pour certains un moyen de répondre à une demande locale existante, pour d’autres une façon de valoriser un savoir-faire, d’organiser une reconversion ou de sécuriser un revenu.
Autre élément à souligner : cette hausse ne s’inscrit pas dans un contexte d’effondrement de l’emploi salarié. En 2024, selon l’Insee, l’emploi continue de progresser en Bretagne, certes plus lentement qu’en 2023, mais sans rupture brutale. Cela distingue la région de territoires où la création d’entreprise est avant tout un refuge face à la pénurie d’emplois.
Un effet de structure… et de statut
Pour autant, le volume de créations ne doit pas être surinterprété. Comme ailleurs en France, une large part des nouvelles entreprises artisanales relève du régime de la micro-entreprise ou de l’entreprise individuelle. Ce cadre facilite fortement l’entrée dans l’entrepreneuriat : coûts réduits, formalités allégées, possibilité de tester une activité à petite échelle.
C’est un progrès en termes de fluidité économique, mais aussi un biais statistique. Créer devient plus simple, donc plus fréquent, sans que cela garantisse la solidité du projet, sa capacité d’investissement ou sa pérennité. Une partie de ces créations correspond à des activités à temps partiel, complémentaires, ou à des projets encore fragiles au plan économique.
Autrement dit, la dynamique quantitative ne dit rien, à elle seule, de la qualité économique des entreprises créées.
Des fragilités bien identifiées
Plusieurs indicateurs invitent à la prudence.
D’abord, les défaillances d’entreprises, même si leur rythme ralentit, restent à un niveau élevé au plan national. En Bretagne, le bâtiment – pilier historique de l’artisanat – demeure exposé, notamment dans la construction neuve, avec des tensions sur les marges, la trésorerie et les carnets de commandes. Il est donc possible d’observer simultanément beaucoup de créations et une fragilité accrue des entreprises les plus récentes.
Surtout, un point structurel ressort nettement : la faiblesse de la transmission-reprise. Moins d’une ouverture sur dix se ferait aujourd’hui par reprise d’une entreprise existante, alors que plusieurs milliers d’entreprises artisanales bretonnes devraient être cédées dans les cinq prochaines années, du fait des départs à la retraite.
Ce déséquilibre est stratégique. Il signifie que des entreprises viables risquent de disparaître faute de repreneurs, tandis que de nouvelles structures se créent ex nihilo, parfois sur des marchés déjà occupés, parfois sans reprise des savoir-faire ni des clientèles existantes. À terme, c’est un risque de perte nette de capital productif et de compétences, notamment dans les zones rurales ou peu denses.
Faut-il y voir une conséquence de la dégradation de l’emploi salarié qualifié ?
À l’échelle régionale, la réponse est nuancée. Les données disponibles ne permettent pas d’affirmer que la hausse des créations artisanales serait principalement le produit d’une dégradation massive des emplois salariés qualifiés.
Il existe certes un effet de “poussée” : certains actifs quittent un salariat jugé moins attractif (conditions de travail, sens, perspectives), ou peinent à retrouver un poste équivalent après une rupture professionnelle. Mais cet effet semble secondaire par rapport à des logiques d’opportunité, de reconversion choisie, ou de valorisation de compétences dans des secteurs en demande.
La dynamique bretonne relève davantage d’une recomposition des trajectoires professionnelles que d’un décrochage brutal du salariat.
Bonne tendance, donc… mais sous conditions
Ces indicateurs dessinent une tendance globalement positive, mais non auto-suffisante. Oui, la Bretagne montre une capacité d’initiative et de résilience économique. Oui, l’artisanat demeure un pilier vivant du territoire. Mais non, la hausse des créations ne garantit pas à elle seule une trajectoire durable.
Le véritable enjeu n’est plus tant de “créer plus”, que de transformer cette dynamique en tissu économique solide.
Quelles priorités d’action se dégagent ?
Faire de la transmission-reprise une priorité stratégique. Sans amélioration significative de la reprise d’entreprises existantes, la Bretagne risque une érosion silencieuse de son appareil artisanal. Cela suppose accompagnement des cédants, ingénierie financière pour les repreneurs, et valorisation des reprises par des salariés ou apprentis.
Accompagner la “seconde marche” des jeunes entreprises. Passer du statut de micro-entreprise à une structure pérenne (investissement, embauche, montée en gamme) est aujourd’hui l’un des principaux points de rupture. C’est là que l’accompagnement à 12–24 mois est décisif.
Sécuriser la trésorerie et les marges. Délais de paiement, fixation des prix, couverture des coûts : ces sujets, peu visibles, conditionnent pourtant la survie des TPE artisanales.
Travailler l’attractivité des métiers et des parcours. Apprentissage, conditions de travail, perspectives d’évolution : sans cela, la dynamique de création risque de se heurter rapidement à un plafond humain.
Un indicateur encourageant, mais exigeant
En définitive, la hausse des créations artisanales en Bretagne est un bon indicateur conjoncturel, mais un mauvais indicateur structurel s’il est pris isolément. Elle dit l’énergie d’un territoire, mais aussi ses défis : transmission, pérennité, qualité de l’emploi indépendant.
La question n’est donc pas de savoir s’il faut se réjouir ou s’inquiéter, mais de savoir si cette dynamique sera accompagnée, orientée et consolidée. C’est à cette condition que la croissance apparente de l’artisanat deviendra un véritable levier de développement économique durable pour la Bretagne.
Sources
Insee, Bilan économique 2024 – Bretagne, juin 2025.
Insee, « En 2024, rebond des créations d’entreprises et ralentissement des défaillances – Bretagne », juin 2025.
Insee, « En 2024, l’emploi ralentit en Bretagne », juin 2025.
MAAF / ISM, Baromètre « Créations et transmissions d’entreprises artisanales », décembre 2025.