Le 28 avril 2025, une vaste opération antiterroriste a été menée en France contre le groupuscule « DDPF » (Droit des prisonniers français), soupçonné d’être à l’origine d’une série d’attaques contre des établissements pénitentiaires. Cette action coordonnée a conduit à l’interpellation de 25 personnes, dont plusieurs détenus, dans différentes régions du pays, notamment en Île-de-France, à Marseille, Lyon et Bordeaux.
Une vague d’attaques ciblées
Depuis le 13 avril 2025, une série d’attaques a visé des prisons françaises et des personnels pénitentiaires. Les actes recensés incluent des incendies de véhicules, des tirs d’armes automatiques, des tirs de mortiers, des jets de cocktails Molotov, ainsi que des actes d’intimidation envers des agents. Les établissements touchés comprennent, entre autres, les prisons de Toulon-La Farlède, Nanterre, Aix-Luynes, Valence, le centre pénitentiaire du Sud-Francilien, ainsi que des logements de surveillants à Marseille.
Le tag « DDPF » a été retrouvé sur plusieurs sites attaqués, et un canal Telegram du même nom a diffusé des messages revendiquant la défense des droits des prisonniers, tout en niant toute affiliation terroriste. Le groupe y dénonçait les conditions de détention, la surpopulation carcérale et les abus présumés des surveillants, appelant à une mobilisation des détenus.
Une enquête antiterroriste d’envergure
Face à l’ampleur et à la coordination de ces attaques, le Parquet national antiterroriste (Pnat) s’est saisi de l’affaire, en collaboration avec la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). L’enquête a mobilisé plus de 200 enquêteurs et a abouti à l’interpellation de 25 personnes, dont certaines directement depuis leur cellule.
Parmi les personnes arrêtées figure Imran A., un détenu de 23 ans, ancien tueur et gérant de point de deal de la DZ Mafia, une organisation criminelle impliquée dans le trafic de stupéfiants. Il est considéré comme l’un des donneurs d’ordre présumés des attaques.
Réactions des autorités
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a qualifié ces actes de « manœuvre d’intimidation visant la République » et a affirmé que les responsables seraient retrouvés, jugés et punis. Il a également souligné le lien possible entre ces attaques et le narcotrafic, évoquant une tentative de déstabilisation des institutions pénitentiaires par des réseaux criminels.
Un groupuscule aux contours flous
Le DDPF, apparu sur Telegram le 12 avril 2025, se présente comme un mouvement de défense des droits des prisonniers, dénonçant les conditions de détention en France. Cependant, les autorités le considèrent comme une organisation terroriste, en raison de la nature violente et coordonnée des attaques perpétrées. L’enquête se poursuit pour déterminer l’ampleur du réseau, ses modes de fonctionnement et ses éventuelles connexions avec d’autres organisations criminelles.
L’état des prisons françaises
La situation des prisons françaises est marquée par une surpopulation chronique, exacerbant les tensions et les conditions de détention. Au 1er janvier 2025, on comptait 80 669 détenus pour 62 385 places disponibles, soit un taux d’occupation de 129 %. Cette surpopulation est particulièrement critique dans les maisons d’arrêt, où la densité atteint 159,9 %, contraignant plus de 4 580 détenus à dormir sur des matelas posés au sol.
Les conséquences de cette surpopulation sont multiples : conditions de vie dégradées, accès limité aux soins et aux activités, et augmentation des tensions entre détenus et personnel. Des établissements comme la maison d’arrêt de Villepinte affichent des taux d’occupation dépassant les 200 %, tandis que la prison de Majicavo à Mayotte a connu une émeute en septembre 2024, mettant en lumière des conditions de détention insoutenables avec une surpopulation atteignant 286,8 %.
En réponse à cette situation alarmante, les autorités ont lancé des plans de construction de nouvelles places de prison. Cependant, ces initiatives peinent à répondre à l’urgence, avec des retards significatifs : sur les 15 000 nouvelles places annoncées d’ici 2027, moins d’un tiers ont été réalisées. De nombreuses voix s’élèvent pour proposer des alternatives à l’incarcération, telles que les peines aménagées ou les travaux d’intérêt général, afin de désengorger les établissements pénitentiaires et de favoriser la réinsertion des détenus.