Formé en 2017, le groupe Cosmic Concrete est né de l’association de cinq jeunes musiciens rennais. Ils ont déjà à leur actif une quinzaine de concerts, dont l’un d’entre eux s’est déroulé à l’Opéra de Rennes. En juillet 2017, aux studios du Faune, ils ont enregistré leur premier album, sorti au printemps dernier.
C’est en 2015, dans les locaux du CFMI de Rennes que se sont rencontrés le bassiste Yann Le Traon, le guitariste Loïc Hache, le joueur de flugabone Joaquim Juigner, le batteur Tom Quelvennec et la chanteuse/violoniste allemande Natalia Steckel (Talie). Leur passion musicale commune et leur goût de l’improvisation les ont amené à partager des jam sessions, suite auxquelles ils ont réalisé un projet un commun. Deux ans plus tard, ils ont ainsi formé leur groupe, au nom a priori mystérieux: Cosmic Concrete.
Par la suite, les événements se sont rapidement enchaînés : après avoir remporté le prix du tremplin « A vous de jouer ! », organisé par l’Université Rennes 2, ils ont pu bénéficier d’une résidence artistique au Jardin Moderne. Un accompagnement professionnel qui leur a ensuite permis de réaliser leur premier album, enregistré dans les studios du Faune. Peu de temps après, Tom Quelvennec dut quitter le groupe et fut remplacé par Elie Cardinal. Débuta alors une période nouvelle pour la jeune formation.
C’est en toute tranquillité et avec de longs accords planants joués par le guitariste que commence Mandchourie, le premier morceau de l’album. Puis progressivement, le rythme de l’instrumentation se fait plus éclatant et sonore, débouche sur un solo bien senti de Loïc Hache, pour ensuite revenir au calme initial. Cet instrumental démontre en outre un rôle mélodique central et affirmé de la ligne de basse de Yann Le Traon. De fait, son motif d’introduction participe à l’aspect quasi « hypnotique » du discours musical par son côté répétitif. D’ailleurs cet emploi de la répétition, loin de créer de la monotonie, permet aux musiciens d’exploiter pleinement chaque thème et motif et d’en renouveler l’expression. Entre des parties planantes et d’autres plus survoltées, la musique de Cosmic Concrete fait ainsi voyager l’auditeur dans des atmosphères évolutives qui marquent leur identité musicale.
Par ailleurs, il est agréable d’entendre la belle voix lyrique de Natalia Steckel interpréter deux des chansons de l’album (Sannah et Jolly Concrete) dans la langue de Goethe. Ce choix ne semble pas si courant dans le champ des musiques actuelles, mais il trouve ici toute sa place dans l’esthétique singulière du groupe. Cette exploitation musicale de l’allemand et de façon occasionnelle à une langue « inventée » (Lamma Bada) semble permet à la jeune chanteuse d’explorer des timbres et des sonorités différentes. Cette démarche va de pair avec les recherches esthétiques du groupe, comme l’affirme le guitariste Loïc Hache. Selon ce dernier, la démarche principale de Cosmic Concrete est d’ « apporter des textures, du rythme et de l’émotion ». On remarque aussi que leurs chansons, si elles obéissent à des structures formelles tangibles, révèlent dans le même temps une spontanéité qui rappelle l’importance de la « jam session » et donc de l’improvisation, comme point de départ de la composition de chaque chanson et morceau. Elle leur permet d’exprimer non seulement des élans de passion, mais également une sensibilité certaine qui se dégage de leur musique.
Leur style, décrit sous le nom de « rock fusion », combine effectivement des influences musicales assez hétéroclites. En premier lieu, ses premiers éléments semblent se rapporter en grande partie au courant progressif du rock, développée dès la fin des années 1960 par des groupes comme Genesis, Emerson Lake & Palmer ou encore Yes. En effet, la présence du traditionnel combo guitare/basse/batterie atteste éminemment de cet héritage musical. Il est cependant enrichi du flugabone de Joaquim Juigner, ainsi que du violon et de la voix de Natalia Steckel. On remarquera également de nombreuses évolutions rythmiques, élément incontournable du rock progressif, ce qui rend leur musique extrêmement mouvante sans pour autant qu’on en perde le fil. Il va également sans dire que la « couleur rock » de leur musique s’exprime aussi à travers le jeu inspiré du guitariste Loïc Hache, à l’occasion de « powerchords » percutants (par exemple dans Sannah) ou d’un solo survolté, comme dans Mandchourie.
En parallèle à cette empreinte du rock, le groupe rennais exploite d’autres influences tournées en partie vers les musiques orientales et balkaniques. Cet aspect est très manifeste à travers leur reprise de Lamma Bada, considéré comme un « standard » de ces répertoires. Natalia Steckel et Joaquim Juigner y interprètent la mélodie vocale d’une façon qui semble fidèle au chant original. De même, dans ce morceau, le jeu au flugabone contient des inflexions qui semblent similaires à celles des chants traditionnels arabes : il exploite non seulement les gammes arabo-andalouses mais également ce qui s’apparente à des micro-intervalles, élément qui paraît central dans ces musiques. Dans le même temps, on peut retrouver certains éléments qui se rapportent au champ du jazz (et plus particulièrement au jazz contemporain). Joaquim Juigner exploite par moments des improvisations en jeu « out », élément que l’on retrouve dans de nombreux courants du jazz, dont le « be bop ». Quant au timbre de son instrument, il alterne entre des sonorités très suaves et d’autres saturées, rappelant le style très particulier d’Ibrahim Maalouf, l’un des musiciens les plus éminents du jazz actuel.
Au-delà du plaisir que leur procure leur passion commune, les musiciens de Cosmic Concrete ne semblent pas considérer pour autant la musique comme une fin en soi et se déclarent sensibles aux mélanges entre les pratiques artistiques. La chanson Sannah, entre autres, est adapté du poème Wiegenlied d’Erich Mühsam, poète allemand de la première moitié du XXe siècle qui fut connu pour ses poèmes et ses essais satiriques. Cette visée artistique semble également confirmée à travers les visuels de leur album, réalisés par l’artiste allemand Jan Panev. Cette ouverture est peut-être aussi une des raisons pour lesquelles ils travaillent en ce moment au tournage du clip de Mandchourie, avec la danseuse Leila Mailly, pour le La question se pose donc : à quoi ressemblera le fruit de cette collaboration ? Nous aurons prochainement la réponse, lors de la future présentation de cette vidéo au public.
Les musiciens de Cosmic Concrete tournent actuellement le clip de leur chanson « Mandchourie ». Par la suite, ils présenteront la vidéo de « Sannah », dont la sortie est prévue en début 2019. En attendant, ils seront de passage sur les ondes de la radio C-Lab jeudi 18 octobre à 17h30.
Vous les retrouverez en concert le 19 octobre au Bar’Bouchka de Bubry (56), le 25 octobre au Ty Anna de Rennes, le 29 mars 2019 au Petit Café de Rezé (44) et le 2 mars 2019 à l’Amaryllis de Rennes.
Sorti en mai 2018 et entièrement autoproduit, leur premier album est toujours disponible en streaming sur Deezer et Bandcamp.
Leur page Facebook : https://www.facebook.com/cosmicconcretemusic/
Leur chaîne Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCcPGC6Ui79rBz3M4rQmjUXA