L’exposition Tous de sortie(s) ! Rennes 1900-1970 vous accueille à l’écomusée du pays de Rennes du 26 novembre 2016 au 28 août 2017. 70 ans d’histoire(s) montrent la richesse des sorties des Rennais : lieux de rencontre, de distraction, fêtes et loisirs. Avant l’avènement d’internet et des consoles vidéo, on avait tout de même de quoi s’amuser !
C’est avec un enthousiasme très communicatif que Georgia Santangelo présente la remarquable exposition Tous de sortie(s) ! Rennes 1900-1970 que les visiteurs de l’écomusée de la Bintinais peuvent admirer jusqu’au 27 août 2017. Elle rassemble des affiches, des objets et des films habituellement conservés aux archives de la ville, à l’écomusée ou encore au Musée de Bretagne (liste exhaustive en fin d’article). L’ensemble se structure autour de quatre grands axes :
• Les fêtes dans l’espace public
• Les lieux de spectacle et de sociabilité
• Les pratiques récréatives
• Le plein air
De la Belle Époque aux Trente Glorieuses, l’exposition retrace l’évolution des loisirs en fonction du contexte social, économique ou culturel : congés payés institutionnalisés en 1936, existence des maisons closes, fête de la jeunesse, exhibition de personnes dans les foires … des habitudes, des coutumes et des traditions qui ont évolué de manière spectaculaire en quelques dizaines d’années seulement.
LES FÊTES ET ÉVÉNEMENTS RELIGIEUX
Dans une Bretagne traditionnellement très catholique, la loi sur la laïcité de 1905 n’a pas été très bien accueillie… et les manifestations religieuses restent très nombreuses à Rennes et dans toute la région jusque dans les années 1960, une manière pour les autorités religieuses d’affirmer leur présence. Correspondant aux moments forts du calendrier liturgique, ces manifestations (Fête-Dieu, Fête du Double Couronnement, etc.) sont autant de repères temporels et spirituels pour les Rennais.
LES VISITES OFFICIELLES
Au 20e siècle les visites des élus (Rennes reçoit notamment la visite de cinq présidents de la République française de 1870 à 1987) donnent lieu à des festivités exceptionnelles avec un large retentissement médiatique. C’est l’occasion pour les élus de la capitale de montrer les atouts de leur ville et de leur région et cela symbolise l’unité nationale. Une occasion pour la population d’assister à de nouvelles festivités (défilés, feu d’artifice …)
On citera La Fête des Fleurs (1899), la Mi-Carême et naturellement la Fête de la Jeunesse dont nombre de Rennais se souviennent. Ces fêtes populaires sont nées entre la fin du 19e siècle et les années 1930, elles animent la ville et marquent durablement la mémoire des habitants. On retrouve à l’écomusée certains des costumes comme la traditionnelle jupe blanche de la fête de la jeunesse organisée par le Cercle Paul Bert et dont la dernière édition eut lieu en 2004.
LES FÊTES FORAINES, CIRQUES ET MÉNAGERIES
Les fêtes foraines et les cirques avec leur ménagerie sont des attractions provisoires très prisées des habitants qui se rendent au Champ de Mars (aujourd’hui Esplanade Charles de Gaulle), place de la gare ou sur le Grand Mail. Naturellement la nature des attractions a bien changé : l’exhibition d’êtres humains, de « monstres », par exemple a fort heureusement fini par disparaître au début du 20e siècle pour faire place au cinématographe dont la première projection faite par les Frères Lumière date de 1895.
LE GRAND THÉÂTRE
Au tout début du 20e siècle, la vie théâtrale rennaise est riche et populaire. Le Grand Théâtre reste la principale salle de spectacle jusqu’en 1968, année de création de la Maison de la Culture.
LES CINÉMAS
Les Rennais découvrent la première forme de cinéma appelée « cinographoscope » en juillet 1896 à la foire du Grand Mail et dont le brevet a été déposé par les frères Pipon la même année. En 1908 naît la première salle permanente, l’Omnia, concessionnaire de Pathé Frères. En 1920 s’ouvre le Select-Palace (970 places). En 1931, après l’incendie, l’Omnia est remplacé par Le Royal ; construit par Emmanuel Le Ray, il devient le plus grand cinéma de la ville (1429 places). En 1938 est ouvert Le Français. En 1957, Rennes compte 13 cinémas. Dans les années 1970, Le Royal et Le Français, les deux cinémas historiques ferment leurs portes.
LA MAISON DU PEUPLE – LA SALLE DE LA CITÉ
Lieu mythique de la vie politique, syndicale et culturelle rennaise (voir notre article), il préfigure la Maison de la Culture et incarne le début des Transmusicales.
LA MAISON DE LA CULTURE
En 1959 naît le ministère des Affaires culturelles avec la volonté de démocratiser la culture en la rendant accessible au plus grand nombre. Cette ambition va s’incarner dans le projet des maisons de la culture en tant que lieux polyvalents : bibliothèque, salle de spectacle dédiée au théâtre, à la musique et au cinéma, exposition d’arts plastiques vont cohabiter, permettant l’échange entre professionnels et amateurs.
LES CAFÉS
Dans la première moitié du 20e siècle, Rennes compte de très nombreux cafés appelés bistrots ou encore troquets. L’exposition de l’écomusée a reconstitué un bistrot de quartier typique avec son baby-foot. Comme aujourd’hui encore, les cafés sont des lieux de rencontre privilégiés.
À Rennes, les bals sont nombreux en ce début de siècle. Quel que soit le type de bal, les danses de couple sont privilégiées : valse, gavotte, java, tango. On y trouve aussi des danses américaines (jazz, slow, one-step, charleston), et après les années 1930, des danses exotiques comme la rumba, la biguine, le mambo, la samba. Durant l’Occupation, les bals publics sont interdits et réprimés par les autorités françaises (Régime de Vichy). Cela n’empêche pas de nombreux bals informels d’avoir lieu, surtout dans les campagnes environnantes de Rennes. Dans les années 1960, le rock déferle : c’est la fin du charme musette. C’est ainsi qu’apparaît le concept de « bal-concert » : des guitaristes rock enrichis d’une section de cuivres.
LES MAISONS CLOSES (réservées aux hommes)
Au 20e siècle, les maisons closes (appelées également maisons de tolérance) doivent leur appellation au fait de devoir garder leurs volets bien cadenassés. À Rennes, sont attestées la Tour de Nesle (ou Fémina Bar), La Féria, La Populaire. À l’issue de la guerre, la loi dite Marthe-Richard d’avril 1946 ordonne la fermeture de plus de 1 500 établissements de tolérance en France.
Il est introduit en Bretagne vers 1885-1890 par des Britanniques nombreux à Saint-Malo et à Saint-Servan, et relayé dans les milieux lycéens et estudiantins. Le Stade rennais compte dès les années 1920 parmi les pionniers du pré-professionnalisme. La large diffusion sociale du football et son succès croissant doivent autant à l’attrait des gens pour ce sport qu’à la rivalité entre patronages catholiques et laïcs pour le promouvoir.
LA SOCIÉTÉ DES RÉGATES RENNAISES (SRR) est créée
en 1867. Les premiers adhérents sont des étudiants
en écoles d’agriculture, médecine, faculté des sciences. À partir de la Seconde Guerre mondiale, la SRR souhaite démocratiser l’association et ouvrir l’aviron à tous : elle modifie ses cotisations pour accueillir des rameurs issus de la classe ouvrière et s’ouvre aux entreprises pour former des équipes corporatives et professionnelles.
L’UNION DES SOCIÉTÉS DE GYMNASTIQUE DE
FRANCE (USGF) organise à partir de 1875 une fête fédérale nationale annuelle. En 1912 apparaît l’Union française de gymnastique féminine, qui devient en 1921 la Fédération Féminine Française de Gymnastique et d’éducation physique.
LE PALET ne semble pas remonter au-delà du 20e siècle. Il trouve ses origines en milieu rural, dans les cours de ferme. Progressivement, il devient aussi populaire en ville; à Rennes notamment, on y joue dans les arrière-cours de cafés des quartiers populaires, aujourd’hui encore. Il aurait pu disparaître si la création de clubs, de fédérations et l’organisation de concours ne l’avait pas érigé au rang de sport. La Société des palétistes rennais est créée en 1923.
LES PREMIERS CLUBS CYCLISTES sont créés avant 1900
et à Rennes les deux principaux sont le Vélocipède Club (créé en 1869) qui deviendra le Véloce Club Rennais (VCR) et le Rallye Cycle rennais. Le vélodrome de Rennes est ouvert en 1924 à la demande des cyclistes sportifs. Louison Bobet, triple vainqueur du Tour de France entre 1953 et 1955, était licencié au Cyclo-Club rennais.
ACTIVITÉS ÉDUCATIVES ET CULTURELLES
PRATIQUES MUSICALES
À la fin du siècle, le maire Edgar Le Bastard souhaitant développer la vie musicale, soutient la création du Conservatoire (1881). D’autres sociétés consacrées uniquement à la musique ou au chant sont présentes : les Trompettes rennaises, l’Harmonie indépendante, le Cercle orphéonique, la Fraternelle musicale, etc. À l’entre-deux-guerres les sociétés et institutions ou associations corporatives, comme les sapeurs-pompiers et la musique militaire du 41e régiment d’infanterie, proposent une grande variété de spectacles. Au cours du 20e siècle, la musique est présente au théâtre municipal, dans les bars et les cafés, en plein air, place de l’Hôtel de Ville, au kiosque du Thabor qui offre un large éventail de spectacles.
Les activités de plein air, les parcs et les stades de Rennes
LE PARC DU THABOR est un ancien jardin religieux, redessiné à la fin du 19e siècle par les frères Bühler et ouvert au public en 1880. Malgré un règlement longtemps très strict qui n’est pas prévu pour les enfants qui doivent se tenir tranquilles sous la surveillance des parents, c’est un lieu de promenade apprécié pour sa beauté.
LES MAILS, avec leurs terrains ombragés de jeux de boules ou de croquet, deviennent le lieu privilégié des promeneurs bourgeois. À Rennes, il en existait plusieurs : le mail Donges (actuel quai Aristide Briand) près du port de Viarmes, le mail Coquelin au sud de l’actuelle place de Bretagne et près des portes Mordelaises. Seul subsiste le mail des Champs-Élysées, actuel mail François Mitterrand, créé vers 1663.
LES QUAIS, empruntés par les piétons, les véhicules et les cortèges et défilés, sont des lieux d’échanges, d’activités propres (les bouquinistes), de renseignements (colonne Morris). Ils offrent, en outre, une vue imprenable sur les événements aquatiques.
LE PARC DE MAUREPAS voit le jour en 1939 et propose à la population laborieuse du quartier Jeanne d’Arc un parc de loisirs actifs. Surnommé « Le paradis des enfants » par Ouest-Éclair, il reflète la prise de conscience des besoins spécifiques de la jeunesse après la Première Guerre mondiale : jeux, sport, plein air.
LE PARC DES SPORTS, aujourd’hui Roazhon Park, est érigé en 1912, route de Lorient et n’a bien sûr plus rien à voir avec celui d’autrefois.
LE VÉLODROME situé près du boulevard Laënnec remplace dès 1894 la grande avenue du Mail et la piste du Champ de Mars pour les courses et les fêtes vélocipédiques. Il est remplacé par un nouveau stade municipal construit par Emmanuel Le Ray (1924), au même emplacement, mais avec des installations modernes et polyvalentes : piste d’athlétisme, terrain de football au centre, cours de tennis, piste d’entraînement cycliste, douches, vestiaires…
LES LOISIRS DE PLEINE NATURE
LES PARTIES DE PÊCHE sont courantes et populaires au début 20e siècle sur le canal d’Ille-et-Rance ou la Vilaine. Les gens participent à des concours de pêche à la ligne pour le plaisir du geste, de se rencontrer, de discuter.
LES PARTIES DE CHASSE dans les paysages giboyeux des environs de Rennes semblent d’abord réservées aux notables comme en Angleterre. Elles ne se démocratisent que dans les années 1930.
LE PIQUE-NIQUE : Plus ou moins élaboré selon les classes sociales, le déjeuner sur l’herbe devient un loisir champêtre très apprécié de tous.
LE CAMPING en anglais « action de loger dans un camp » est, à ses débuts, essentiellement lié au domaine militaire ou aux expéditions. Il glisse dans le domaine sportif à l’orée du 20e siècle puis, quelques décennies plus tard, dans le domaine touristique. D’abord prisée par les citadins aisés, en mal de calme et de nature, cette pratique se généralise et gagne en confort avec le caravaning (à partir de 1954).
LES COLONIES DE VACANCES
Organisées par des philanthropes et des patronages, les premières
colonies de vacances de la fin du 19e siècle connaissent un tel succès qu’elles inspirent administrations et usines qui créent rapidement leurs réseaux. D’abord investies d’un rôle sanitaire et salutaire, les colonies de plein air revêtent un aspect éducatif dès l’entre-deux-guerres.
Les vacances en bord de mer : la côte d’Émeraude
Le nom de la côte vient du Malouin Eugène Herpin qui dira en 1890 :
La teinte de la mer, la verdure des arbres qui s’y reflètent, toute cette étrange symphonie de verts différents, m’a fait appeler notre côte la Côte d’Émeraude.
Cette côte est initialement le lieu de rencontre des premiers
curistes, puis le cadre des bains de mer à fonction thérapeutique
réservés à une élite. Ce socle social s’élargit avec la création
des réseaux ferrés, des Tramways d’Ille-et-Vilaine, des vedettes
sur la Rance puis avec les autocars et la voiture permettant des liaisons faciles, rapides et peu coûteuses de la ville à la côte.
Cette belle exposition est l’occasion de se rendre en famille pour évoquer ses propres souvenirs, raconter ses histoires, celles qui font l’Histoire.
Exposition à l’écomusée du pays de Rennes, ferme de la Bintinais, « tous de sortie(s), Rennes 1900-1970 », du 26 novembre 2016 au 28 août 2017
Visites commentées de l’exposition :
Les dimanches 18 décembre,22 janvier, 19 février, 19 mars, 16 avril, 21 mai et 18 juin de 17 h à 18 h
Tarifs, horaires, adresse ici
Retrouvez la collection photographique en ligne du Musée de Bretagne ici
En marge de l’exposition, des événements sont programmés :
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Les documents et archives de l’exposition « Tous de sortie(s) Rennes 1900-1970 » viennent de différents fonds :
Archives de Rennes
Archives départementales d’Ille-et-Vilaine
Association La Tour d’Auvergne
Conservatoire de Rennes
Cinémathèque de Bretagne
Médiathèque de Chaumont
Musée de l’Air et de l’Espace, Le Bourget
Musée Louison Bobet, Saint-
Méen-le-Grand
Musée des Beaux-Arts, Rennes
Opéra de Rennes
Société des Régates Rennaises
Université de Rennes 1
Jérôme Cucarull, historien
De nombreux préteurs particuliers…
• Directeur-conservateur : Jean-Luc Maillard
• Commissaire d’exposition : Georgia Santangelo
• Assistante d’exposition : Audrey Lajarrige
• Muséographie : Raphaël Lerays
• Graphisme : Kerozen
• Audiovisuels : Toot !
• Éclairages : Spectaculaires
• Équipe Écomusée : technique, administrative, médiation
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Le développement des loisirs autrefois réservés à une élite est dû à l’évolution des lois travail d’une part et le développement des moyens de transport d’autre part, un peu d’histoire :
Au début du 20e siècle, l’idée d’un droit au repos hebdomadaire est acceptée par tous ; le débat porte essentiellement sur le choix de la journée de repos : le dimanche ou un autre jour ?
1906, UNE JOURNÉE DE REPOS HEBDOMADAIRE
Le 13 juillet 1906 survient la ratification de la loi qui pose deux principes : un « repos hebdomadaire (d’) une durée minimale de 24 h consécutives », qui « doit être donné le dimanche ». Des dérogations accordées par le préfet sont prévues. Une certitude, la loi fixe un repos, à priori, le dimanche et des inspections sont envisagées pour vérifier son application. De quoi alimenter un climat social déjà tendu par les inventaires de l’Église et la revendication de la journée de 8 h, portée par la Confédération Générale du Travail (CGT). La loi va s’appliquer à toutes les catégories salariales à la fin de la Première Guerre mondiale, les domestiques et les travailleurs agricoles étant exclus du champ d’application initial.
1919 : 8 HEURES PAR JOUR, 48 HEURES PAR SEMAINE
Le 23 avril 1919, le nouveau gouvernement de Georges Clemenceau promulgue la loi sur les 8 h journalières, réclamées depuis longtemps. Cette évolution permet de dégager du temps dans la semaine pour la gestion du quotidien et de consolider ainsi les usages du repos dominical. Associée à celle d’une journée de repos obligatoire, la durée de travail hebdomadaire est désormais fixée à 48 h.
1936 : CONGÉS PAYÉS, SEMAINE DE QUARANTE HEURES
Les grèves de 1936, démarrées à Paris et gagnant la province, vont entrainer un blocage au niveau national. Le 11 juin, on compte plus de 1,8 million de grévistes. Deux lois importantes en découlent : celle du 11 juin accorde les congés payés obligatoires aux ouvriers pour 15 jours, dont 12 ouvrables ; celle du 12 juin, institue la semaine de 40h dans les établissements industriels et commerciaux. Le bénéfice pour les salariés est rapidement visible : vacances et week-end à la campagne, plus rarement à la mer, en sont les premiers signes pour la population rennaise.
DES REMISES EN CAUSE SUCCESSIVES
La semaine de 40 h avec deux jours de repos consécutifs, mesure phare du Front populaire, commence à être déconstruite dès 1937. Les employeurs ont la possibilité d’organiser la semaine de 40 h par « roulement » et de choisir le deuxième jour de repos hebdomadaire (en plus du dimanche, jour de repos obligatoire) en dehors du samedi ou du lundi. Autre entorse à la loi de 1936, le décret-loi du 12 novembre 1938 autorise les heures supplémentaires en installant les « heures d’équivalence » : elles permettent, dans le commerce, de ne rémunérer le salarié que pour 40 h de travail, alors qu’il en a effectué 45 h ou davantage. La guerre va encore modifier le temps de travail, qui peut atteindre les 60 h par semaine sous le régime de Vichy. À la Libération, poussée par la nécessité de reconstruire le pays, cette tendance se confirme. Si la loi de 1946 reprend la mesure historique du Front populaire des 40 h par semaine, la période 1945-1963 reste marquée par une hausse sensible de la durée hebdomadaire de travail. Dans les années 1950, la durée moyenne pour les ouvriers est de 46 ou 47 h. Les Trente Glorieuses sont en marche et le fonctionnement des entreprises nécessite de la main-d’œuvre. Il faut attendre la fin des années 1960 et la crise économique des années 1970 pour que le week-end s’impose vraiment et avec lui, des nouvelles pratiques de temps libre. Malgré des avancées notables (hausse des salaires, réglementation des heures supplémentaires, allongement des congés payés), le principe des 40 h hebdomadaires ne devient une réalité qu’à la fin des années 1970.
Les transports au service du temps libre
L’évolution des transports, coïncidant avec une réduction du temps travail et une élévation du niveau de vie, permet aux familles de profiter pleinement des sorties dominicales et plus tardivement du week-end. Le vélocipède, très populaire dès la fin du 19e supplante la voiture à cheval ; par ailleurs, le moteur à explosion et l’électrification vont offrir à une population plus élargie des moyens de s’évader plus vite et plus loin.
LA BICYCLETTE
Après 1900, la bicyclette est promue par les grandes courses cyclistes comme la célèbre Paris–Brest. La vélocipédie va passer en peu de temps de sport des classes privilégiées à celui de toutes les couches de la société. Malgré un prix relativement élevé, le vélo va incarner l’évasion et constituer un moyen pratique et commode pour se déplacer gratuitement et rapidement. La « petite reine » aura son heure de gloire, surtout dans sa forme tandem, avec les congés payés de 1936.
UN DEMI-SIÈCLE DE TRAMWAYS ÉLECTRIQUES ET À VAPEUR
L’année 1897 voit l’aboutissement des tramways électriques peu après les tramways à vapeur : les uns désenclavent les quartiers périphériques au-delà des octrois, les autres « rayonnent » autour de Rennes, en complétant le réseau des chemins de fer, arrivé à Rennes en 1857.
LE TER, Tramways Électriques Rennais, grâce à sa ligne interurbaine créée en 1907, permet de rejoindre Cesson, lieu très prisé pour les bals, les escargots et les promenades en barque. Les jours d’affluence, par beau temps, des remorques appelées « baladeuses » sont rajoutées.
Le TER rapproche aussi l’Hippodrome des Gayeulles, les lieux de bal rennais ou le stade. En 1936, en collaboration avec le Théâtre et les cinémas, est expérimenté un service les soirs de spectacles, par autobus desservant respectivement le quartier de Fougères et les faubourgs de Nantes et de Châtillon.
LE RÉSEAU DES TIV, Tramways d’Ille-et-Vilaine, dessert, entre autres, Saint-Malo, Redon, Fougères… Le dimanche, dans les années 1930, les promeneurs prennent les « trains de plaisir ». Ils rapprochent les destinations de pique-nique, de guinguettes ou bien de bord de mer. Concurrencés par l’autobus, jugé plus moderne et moins encombrant, les tramways disparaissent après la Seconde Guerre mondiale.
LES VEDETTES À VAPEUR DU CANAL D’ILLE ET RANCE
C’est par la ligne 1 du tramway électrique qui mène rue de Fougères que le badaud accède aux Prairies Saint-Martin, d’où trois navettes sont mises à disposition le dimanche au Pont Saint-Martin pour se rendre à Robinson (Saint-Grégoire).
Le TIV (Tramways d’Ille-et-Vilaine) passe sur les quais, devant
le palais du Commerce, début du 20e siècle.
LE TRAIN
Symbole de la révolution industrielle et du désenclavement de la Bretagne, le Paris-Rennes entre en gare pour la première fois le 26 avril 1857. C’est au début du 20e siècle que les Chemins de Fer de L’Ouest ou les Chemins de Fer d’Orléans qui se partagent le réseau permettent de relier les principales villes ou bords de mer de Bretagne, en particulier Saint-Malo à Saint-Servan, Dinard-Saint-Enogat à Dinan…
L’AUTOMOBILE ET LA MOTOCYCLETTE
En 1900, l’automobile reste l’apanage de quelques aventuriers, en mal d’émotions fortes ; en 1911, ils sont 591 en Ille-et-Vilaine. Au cours des années soixante, avec l’élévation du niveau de vie et l’offre de petites voitures populaires, une transition de masse s’opère et l’on assiste alors aux « processions » de voitures sur les quais rennais, sur la route des vacances. À partir de 1954 un autre symbole d’évasion familiale s’accroche aux voitures : la caravane monocoque 100% polyester d’Henri Henon. La motocyclette prend son essor à partir de 1920. Ce sont surtout le temps libre et la semaine de 40 h qui profitent largement au développement de la motocyclette dite touristique, réelle invitation à la liberté.