New York s’invite au FRAC Bretagne avec l’installation vidéo A taxi driver, an architect and the High Line d’Emmanuelle Huynh et Jocelyn Cottencin. Conjuguant fiction, documentaire, poésie et performance, l’œuvre dresse un portrait de la Grosse pomme à travers le regard d’un chauffeur de taxi, un architecte et un monument : la High Line. Gageons qu’après l’avoir vu, vous aussi aurez envie de fredonner Un jour j’irai à New York avec toi… Exposition accessible au public du 16 décembre 2016 au 4 janvier 2017.
Le projet est né d’une carte blanche proposée par l’ambassade de France à New York à la chorégraphe rennaise Emmanuelle Huynh. Le projet a été mené en collaboration avec l’artiste également rennais Jocelyn Cottencin.
L’installation vidéo est composée de trois écrans. Le travail de Jocelyn Cottencin s’articule en blocs de temps correspondant à des blocs de mouvement. En prenant le temps de regarder entièrement l’œuvre, le spectateur se retrouve absorbé par les écrans et plongé dans une bulle immersive. Projeté dans l’univers urbain, New York s’offre à son regard sous ses différentes facettes. La High Line sert de fil rouge ou, plutôt, de fil vert puisqu’il s’agit d’une ancienne voie de chemin de fer transformée en parc suspendu qui traverse les différents quartiers. Au-delà de la High Line, la ville est personnifiée et s’anime. Avec la verticalité de ses buildings, la ville debout crée un vertige provoqué par son gigantisme. La verticalité des avenues et des passerelles offrent des contrepoints graphiques. L’animation de la ville qui ne dort jamais confine parfois au chaos. Le bouillonnement trouve une des ses traductions sonores dans les incessants bruits de chantiers et de circulation…
Le jeu des rythmes est au cœur de la démarche artistique avec des hiatus entre une ville pleine d’agitation et des instants où l’image ralentie se fige presque pour devenir photographie. Le tour de force repose aussi dans des effets de rupture et de continuité entre les écrans, procurant parfois une sensation d’étourdissement.
Phil Moore, chauffeur de taxi, confie ses souvenirs d’enfance à travers des lieux, le jardin d’enfants par exemple. L’œuvre interroge le vécu de l’espace urbain à travers des histoires personnelles. Une cartographie mentale est calquée sur une cartographie géographique.
Emmanuelle Huynh a travaillé avec des danseurs non professionnels. Leur langage corporel met en lumière la relation qu’ils entretiennent à l’espace et à l’architecture ; ce que la chorégraphe nomme « architecture subjective ». Une gestuelle qui entre tantôt en résonance avec la ville, tantôt en décalage, voire en conflit. Les gestes lents tranchent notamment avec l’agitation de la foule des passants. Les danseurs investissent l’espace urbain : la rue devient une scène, théâtre de la vie. Ce langage corporel apparaît alors comme une manière de réintroduire de l’humanité, redonner une place à l’individu en revenant à une échelle humaine.
La complémentarité entre vidéo et chorégraphie intervient dans les parallélismes entre les ballets des ouvriers et des automobiles se superposant aux gestes des danseurs. Dans les deux cas, il s’agit sans aucun doute de poétiser le quotidien. A taxi driver, an architect and the High Line donne une démonstration remarquable des possibilités de performer et d’expérimenter l’espace urbain.
A taxi driver, an architect and the High Line, exposition du 16 décembre 2016 au 4 janvier 2017 au Frac Bretagne.
Performance d’Emmanuelle Huynh et Jocelyn Cottencin le mercredi 4 janvier 2017 à 19 h au FRAC Bretagne
Gratuit
Production : compagnie Mùa
Coproduction : Les services culturels de l’ambassade de France à New York, Le Quartz- Scène nationale de Brest, Passerelle Centre d’art contemporain, Brest.
FRAC Bretagne
Ouvert du mardi au dimanche de 12 h à 19 h
Fermé le 25 décembre et le 1er janvier
Entrée libre du 16 décembre au 4 janvier 2017
Fonds régional d’art contemporain Bretagne
19 avenue André Mussat
35000 Rennes
www.fracbretagne.fr
Crédits photos : Jocelyn Cottencin, Aurélien Mole