Succès pour l’exposition Fantastic Elements au Musée de Saint-Brieuc. Programmée dans le cadre du Festival Art Rock, l’exposition, encore visible jusqu’au 11 juin, met à l’honneur l’eau, la terre, l’air mais aussi le pixel avec un parti pris pour l’art numérique.
Dès la cour du musée, nous sommes accueillis par les arches de parpaings de Vincent Ganivet. Bien que reprenant les principes de construction de l’architecture gothique, nous ne nous risquerions pas à passer dessous tant leur équilibre paraît précaire. Comme pour un jeu d’empilement pour enfant, tout tient à une pièce de bois près. La moindre maladresse semblerait tout faire vaciller. D’ailleurs en 2011, une sculpture en parpaings présentée dans la rotonde de l’Orangerie du Musée des Beaux-Arts de Karlsruhe s’était effondrée trois semaines après le vernissage.
La première salle s’articule autour de l’eau. L’oeuvre la plus forte, par sa charge émotionnelle, est probablement l’installation Three Women de l’américain Bill Viola. L’eau y est traitée sous l’angle symbolique du passage du monde des vivants à celui des morts. Le ruissellement de l’eau apparaît comme la métaphore du Styx, fleuve présent dans la mythologie grecque. Trois femmes se tenant par la main apparaissent en noir et blanc sur l’écran brouillé. Silhouettes fantomatiques, elles marchent au ralenti. L’une d’entre elles franchit le rideau d’eau, rejoignant la lumière et la couleur. Les deux autres femmes la suivent. Suit un jeu de regards entre elles et avec le spectateur. Elles nous tournent le dos et se dirigent vers l’espace vaporeux. Ce rapport spirituel à l’élément aquatique est peut-être lié à un événement survenu durant l’enfance de l’artiste. Ce dernier se souvient avoir échappé de peu à la noyade, à l’âge de 6 ans, et avoir vécu une expérience métaphysique, une sorte de deuxième naissance. Il reste dans tout cela à distinguer la part de mythe.
L’eau présentée aussi sous sa forme solide avec les photographies en noir et blanc de Lynn Davis. La série des Icebergs de Disko Bay est issue de plusieurs voyages au Groenland à partir de 1986. L’artiste américaine s’attache à souligner les parentés formelles que ces monuments de glace entretiennent avec l’architecture et la sculpture. Après avoir admiré la surface de l’eau, nous voici la tête sous l’eau avec l’installation Wet de Don Ritter. Les mouvements d’une eau turquoise, version numérique, semblent bien artificiels. Les bruits sourds de l’eau, en contraste avec les mouvements plus lents, sont plus perturbants qu’apaisants. La plongée dans le grand bleu aurait été plus convaincante avec une pièce entièrement dédiée à l’installation.
Installation surprenante de Julius Popp avec sa cascade de mots. Contrôler la pluie, c’est le défi que relève l’artiste en utilisant un système informatique pour programmer des jets d’eau. Un algorithme se charge de sélectionner les mots, au hasard, sur le fil d’actualités sur Internet.
L’étage accueille quant à lui l’installation de Nils Völker, créée in situ à partir de sacs plastiques ramenés de Corée du Sud et de ventilateurs d’ordinateurs. Les sacs, comme des alvéoles pulmonaires, se gonflent et se dégonflent à un rythme programmé informatiquement produisant des « respirations chorégraphiées ». Création d’un rythme mécanique, avec ses bruits de sacs et de ventilateurs, l’installation se présente comme un organe à part entière, fruit de la technologie.
Fantastic Elements est une démonstration du potentiel créatif et artistique du numérique. Des technologies qui en disent également long sur nous…
L’exposition Fantastic Elements se tient jusqu’au 11 juin 2017 au Musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc dans le cadre du festival Art Rock
Musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc
Cour Francis Renaud
Rue des Lycéens Martyrs
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 18h.