Impossible dans ce nouveau James Bond SPECTRE d’échapper, dés les premières secondes, à la musique qui depuis des décennies est synonyme de « appelez-moi Bond, James Bond » ainsi qu’à l’élégante silhouette armée d’un Walter PPK. Elle apparaît en même temps que le nom presque amusant de Albert Broccoli, judicieux producteur du héros inoxydable de Ian Fleming. Ces premières minutes, immuables et obligatoires, nous conduisent inexorablement dans l’univers du plus séduisant des espions de sa gracieuse majesté… 007.
C’est au plus onéreux de la saga des James Bond que vous allez vous frotter cette fois. Rien n’a été fait à l’économie et les effets spéciaux et autres cascades sont absolument époustouflants. Le rythme du film, extrêmement soutenu, la permanence des explosions et autres coups de feu le rend presque fatigant. Le pire, c’est que les rares moments d’accalmie deviennent vite insupportables dans l’attente de retourner dans l’ouragan des événements. Exception faite peut-être, de l’habituelle scène de torture, pour le coup un peu trop réaliste, un peu trop longue, et de nature à troubler un jeune public.
Sinon, sans surprise, tous les ingrédients qui, de Sean Connery à Daniel Craig ont assuré le succès de ces films sont présents. Un super méchant qui veut à tout prix s’assurer la suprématie de la planète, quelques savants déjantés, des hommes de main patibulaires et insensibles aux pluies de coups qui s’abattent sur leur tête et, bien entendu, d’incroyables bases secrètes où s’accumule tout le raffinement de la terre. Autre élément particulièrement séduisant dans cette nouvelle mouture, la beauté des villes et des paysages traversés, essentiellement traités par voie aérienne. Cela donne au film une dimension particulière. James nous fait visiter Mexico, Tanger et Londres avec plus d’intensité qu’auparavant. On ne revient au classique que quelques instants avec une petite incursion dans les montagnes autrichiennes.
Enfin, comment les oublier ? Les James Bond Girl ! Foin des économies, cette fois elles seront deux : dans un premier temps, mais brièvement, la très féminine Monica Belluci, belle encore pour ses cinquante ans, mais qui est de toute évidence épargnée par la caméra lors des scènes un peu intimes. Dans le second volet, Léa Seydoux, convaincante dans le film La vie d’Adèle, peine ici à incarner un rôle un peu trop glamour pour elle. Toutefois, plus le film avance, plus son jeu est en concordance avec ce que doit être une James Bond girl. Il ne lui manque plus qu’une petite touche de sophistication.
De toute évidence, le metteur en scène, Sam Mendès a réussi son deuxième opus après le succès planétaire du précédent Skyfall. La question désormais est celle de la pérennité de Daniel Craig en tant que James Bond. Il ne faut pas se voiler la face, notre acteur au regard d’acier et aux muscles encore saillants commence à se faire vieux pour endosser un tel rôle. D’ailleurs, il s’est blessé pendant le tournage de la scène de bagarre dans le train avec Dave Batista, plus connu sous le sobriquet de « l’animal » dans les émissions de catch américain…
Au demeurant, il a vraiment assuré. Ce dernier James Bond est une véritable réussite commerciale (900 000 entrées dès le premier jour). Il allie le rythme, l’image, le suspens, tout cela teinté d’humour et de cette sempiternelle élégance à l’anglaise, ce côté « smart » et séduisant qui est l’apanage de 007. La difficulté sera de faire mieux, car toutes les recettes ont été exploitées au maximum et toute surenchère risquerait de confiner au mauvais goût.
En attendant, si vous êtes un fan de notre héros, avec ce James Bond SPECTRE, vous en aurez indiscutablement pour votre argent. De quoi passer deux heures et trente minutes trépidantes et un brin assourdissantes. Mais quand on aime on ne compte pas, surtout quand il s’agit de Bond… James Bond.
Spectre James Bond Daniel Craig, sortie en France le 11 novembre, durée 2h30
Réalisation : Sam Mendes
Scénario : John Logan, Neal Purvis, Robert Wade, d’après Ian Fleming
Avec : Daniel Craig, Monica Bellucci, Ralph Fiennes, Stéphanie Sigman, Léa Seydoux, Christoph Waltz, Dave Bautista, Ben Whishaw, Naomie Harris, Rory Kinnear, Jesper Christensen