Au centre d’art GwinZegal de Guingamp l’exposition British subjects dévoile jusqu’au 18 septembre 2016 d’autres facettes de la réalité britannique à travers les travaux de trois artistes de talent.
Quand les vacances tirent à leur fin, il est temps de refaire un tour d’horizon des événements qu’on aurait aimé ne pas manquer. Bien sûr on se dit, tranquille, « on verra ça en septembre » et puis voilà, pris par d’autres priorités, les belles expos qui valaient le détour ont retrouvé les cartons et voguent déjà vers d’autres horizons. Exemple, si vous n’avez pas encore trouvé le temps de découvrir « British subjects », l’exposition estivale du Centre d’Art GwinZegal, vous avez jusqu’au 18 septembre pour vous décider. Il y a peu de chance pour que, contrairement à d’autres calendriers, plus politiques et financiers, l’Angleterre joue les prolongations à Guingamp
Ne voyez aucune anticipation sur le fameux Brexit dans ce choix de programmation culturelle qui s’appuie d’abord sur des liens d’amitié entre l’équipe de GwinZegal et trois auteurs britanniques : Mark Neville, Tom Wood et Chris Killip. À Guingamp, on aime la photo et surtout son rapport au réel, aux gens, qu’ils soient dans l’image ou devant. On aime aussi les artistes et favoriser une plus grande proximité entre leur démarche artistique, laquelle peut interroger une même question pendant des années, et nous public, amateur ou non d’œuvres d’art. Oui, et ça marche même avec le foot ! Normal. À Guingamp, l’histoire de la ville et celle du foot notamment sont intimement liées au passé industriel de la région.
Le Centre d’art GwinZegal propose ainsi cet été de se familiariser avec un univers photographique qui se détache de la question du geste artistique, pour s’attacher au sujet à la manière du documentaire. Il en résulte un panorama et des séries fortement marqués par la réalité sociale et politique d’un empire industriel en déclin, avec la fermeture des mines et des chantiers navals, les longues grèves réprimées, le chômage et la perte de lien social.
Au Royaume-Uni, comme dans d’autres régions européennes, des villes entières construites autour d’une seule industrie se sont effondrées brutalement. Chaque photographe s’immerge de façon singulière dans la communauté qu’il regarde et immortalise à travers des scènes du quotidien. Il répond à une commande où il suit son propre chemin, au milieu des siens comme Tom Wood, ou parmi des étrangers qui s’habituent peu à peu à sa présence comme Chris Killip, lequel témoigne de cette rencontre atypique dans un film court réalisé par Michael Almereyda.
Ces images ont leur propre vie, leur propre temps de vie, mais elles peuvent accompagner l’artiste parfois sur un temps très long. Il faut plusieurs années par exemple à Chris Killip pour réussir à se faire accepter avec sa chambre photographique grand format à Skinningrove, dans le Comté du Yorkshire du Nord, un village lié à à la pêche et à l’activité sidérurgique en crise dont la particularité est de n’être visible que de la mer. Pris dans les années 80, ses clichés interrogent le sort de cette communauté privée de ressource, mais qui ne se voit pas vivre ailleurs pour autant ? Pendant très longtemps, le photographe va s’interroger quant à lui sur ce qu’il veut, sur ce qu’il peut faire de ces photographies, s’il a le droit ou non de les montrer. Dans l’instant, ce qui compte c’est d’être en prise avec ce réel qui nous place quelque part hors du temps, mais sans chercher à mettre le sujet dans un récit qui ne serait pas le sien propre.
A contrario, dans l’objectif de Mark Neville, le sujet est aussi acteur et complice du dispositif. Et à la fin de l’année de résidence, les habitants se voient remettre par les joueurs de l’équipe de foot locale l’album édité à 8000 exemplaires. Dans l’exposition, GwinZegal rapporte les réactions des habitants à ce projet artistique qui répondait à une commande publique. « C’est rare d’avoir dix ans de recul sur un projet et ses effets », explique Thiphany Salza, médiatrice au sein de l’association. « Le lien perdure entre l’artiste et le modèle photographique bien au-delà de la rencontre, qu’elle soit spontanée ou programmée, c’est intéressant de resituer ces séries, ces démarches d’auteur dans leur contexte humain. »
Signe du temps, c’est aussi la première fois qu’une exposition itinérante en Chine est consacrée exclusivement à la photographie britannique. On y retrouve d’ailleurs les travaux de Mark Neville parmi 450 clichés et 37 auteurs reconnus dans différents domaines, du photojournalisme au portrait en passant par la mode et l’art contemporain, avec ce prisme commun de la pratique documentaire. Sauf si vous avez prévu de vous offrir un séjour dans l’empire du soleil levant, le plus simple reste de vous trouver un créneau pour passer un bon moment avec cette exposition « British subjects » proposée par GwinZegal. Au passage, profitez-en pour demander — gentiment — à ce qu’on vous ouvre les portes de la prison, un édifice unique en Europe dont il convient d’espérer que la ville ouvrira bientôt les portes en grand au public de façon pérenne et concertée avec les associations qui défendent le patrimoine et la culture avec tant d’à-propos.
Exposition British Subjects GwinZegal, Guingamp, Côtes-d’Armor, Bretagne
Exposition British Subjects jusqu’au 18 septembre 2016
Espace François-Mitterrand
1, place du Champ au Roy, Guingamp
Ouvert du mercredi au dimanche, de 15 h à 18 h 30,
vendredi de 10 h à 12 h et de 15 h à 18 h 30
Entrée libre
GwinZegal
Centre d ’Art
3 rue Auguste Pavie 22200 Guingamp
02 96 44 27 78 – info[@]GwinZegal.com