H7N9, un code qui fait peur. Il désigne une nouvelle variante de la grippe aviaire. Elle fait rage à l’heure actuelle en Asie. Le gouvernement chinois a annoncé la 10e victime humaine de cette la grippe H7N9. Dans la même période, 360 personnes sont mortes du virus H5N1 qui est réapparu au Cambodge. L’institut Pasteur se dit prêt à réagir. Mais le problème ne tient-il pas seulement dans les modes d’élevage et une certaine conception du vivant ?
Plusieurs pays d’Asie sont de gros consommateurs de poulets. La production mondiale de volailles pour la consommation humaine est estimée à 86 milliards de poulets, 1,3 milliard de dindes, 4,2 milliards de canards. Pour lutter contre la propagation des abattages massifs ont été pratiqués par les autorités chinoises dans les zones contaminées. Aucun chiffre n’a été donné, mais avec une production représentant près de 20% du marché mondial, il est facile d’imaginer que ce sont bien des millions de poulets qui sont massacrés sur le principe de précaution (200 millions l’ont été pour le H5N1).
Causes et propagation
Selon l’institut Pasteur, le virus est capable de « s’accrocher » aux voies respiratoires humaines. Mais la propagation d’homme à homme n’est pas avérée et n’interviendrait qu’avec une nouvelle mutation du virus. Nous sommes donc loin d’une pandémie du type « Grippe espagnole » qui fit au plus de 15 millions de morts en 1918-1919. Si les sources de cette maladie (H1N1) sont encore mal connues, les moyens d’investigation sur la grippe aviaire H5N1 sont plus développés. Pourtant, la production intensive de poulets et autres volailles, ayant participé à sa propagation, n’a pas été remise en cause. Des espèces sauvages ont même été montrées du doigt comme vecteur de la propagation du H5N1 sans que des abattages de grande ampleur aient été ordonnés.
Spécisme
H7N9 et H5N1 posent des questions sur le traitement des pandémies. Dans quel esprit l’espèce humaine se donne-t-elle le droit d’abattre des millions d’animaux lorsque seulement un millier d’humains meurent ? La paranoïa autour de ces pandémies joue à plein et oriente vers une solution dont les tenants et aboutissants méritent d’être posés. Pour les pandémies transmissibles d’humain à humain, personne ne concevrait d’abattage des humains – vecteurs potentiels de la maladie ou ayant été dans un environnement proche. Ils sont placés en quarantaine, dans le pire des cas. Il ne s’agit aucunement de réduire la spécificité du règne humain, mais de poser son interaction, en principe symbiotique, avec les différents autres règnes animaux. Se pose alors la question du spécisme dans la gestion des maladies et la question du droit de vie et de mort sur certaines espèces vivantes.
Évolution de l’élevage
Il est grand temps d’adapter les modes de production à ces pandémies futures pour ne pas en favoriser la propagation, mais aussi pour permettre une quarantaine plutôt qu’un abattage. En effet, l’éleveur se voit aussi priver de tout moyen de subsistance le temps, dans le meilleur des cas, d’être indemnisé. La promiscuité des volailles dans des hangars est déjà responsable de nombreuses maladies qui sont soignées par des prises de divers médicaments. Le rôle de ces médicaments sur le système immunitaire des volailles et, donc, sur la mutation possible des virus n’est absolument pas maîtrisé. Les élevages en plein air favorisent moins ces mêmes maladies, mais se retrouvent exposés aussi à d’autres virus et sources de maladie. Des mesures de protection existent pourtant, mais ont un coût.
Enfin la question de notre consommation exagérée de viande ne peut être masquée. Ces maladies se propageraient-elles aussi facilement dans un monde où l’élevage aurait une part moindre ?