Slayer, Megadeth, Gojira, Ghost ou encore Black Sabbath ! Pour le troisième et dernier jour du Hellfest, les festivaliers se voient réserver quelques-uns des plus grands groupes de la scène metal actuelle. Une journée d’anthologie que même l’affluence excessive ne gâche pas.
Ce dimanche 19 juin commence doucement pour les festivaliers. Nombreux sont ceux à rester au camping malgré la journée ensoleillée qui s’annonce, lorsque Vintage Trouble débarque sur la Mainstage 13h35. Charge aux Américains de réveiller le Hellfest. Ce pour quoi le rock’n soul qu’ils font vibrer fonctionne à merveille ! Quelques morceaux dynamités, des rythmes bluesy, et ça groove sur le festival. Ty Taylor, au chant, s’impose en James Brown 2.0, fait chanter le public (Run, Baby, Run !), saute dans la fosse et le groupe, que le public appelle désespérément en rappel, restera sûrement pour beaucoup une des meilleures découvertes de ce Hellfest 2016.
Suite à quoi, c’est au tour de Dragon Force de monter sur scène. Le groupe le plus rapide du monde revient pour la première fois au festival depuis sept ans et compte bien défendre son titre. Avec un nouvel album Killer Elite tout juste sorti, les Anglais peinent pourtant à convaincre en début de concert, la faute à quelques problèmes techniques. Mais sitôt ceux-ci réglés, le groupe déroule refrains épiques et solos endiablés, et ne fait pas l’économie de morceaux comme My spirit will go on ou l’incontournable Through the fire in flames, titre phare du jeu vidéo Guitar Hero 3 qui a fait leur renommée.
Un petit détour à l’Extreme Market avant de retourner sur les scènes. Situé à l’entrée du festival, le marché couvert abrite tout le nécessaire du métalleux : CD, vêtements, t-shirts de groupes et même de quoi embellir son salon avec des reprographies originales d’affiches de groupes. A 15h05, retour sur la Mainstage 1 pour un groupe que l’on n’attendait plus, No One Is Innocent, dont le nouvel album Propaganda est sorti quatre ans après Drugstore. Toujours aussi enragé, le groupe parisien monte le son pour ses derniers morceaux (Silencio), pour rendre une nouvelle fois hommage aux victimes des attentats du 7 janvier et du 13 novembre (Charlie), ou pour faire sauter la fosse sur des titres plus vieux mais qui marchent encore et toujours (La Peau).
Puis, alors que Nightwish avait clôturé le festival l’année précédente, c’est au tour de son ancienne chanteuse, Tarja Turunen, désormais en solo, de prendre place sur la Mainstage 2. Venue avec de nouvelles compositions, elle chante aussi Ciarán’s well ou Until my last breath. Certes le son est un peu saturé, et le festival ne lui permet pas de donner le meilleur de son chant mais elle assure un très bon set et les festivaliers headbangue facilement devant la scène. Elle lève son verre au passé au sein de Nightwish et reprend quelques titres du groupe.
En fin de de concert, Tarja souffre de la notoriété du groupe suivant, Gojira, groupe iconique de la scène métal française, pour lequel une partie de la foule la délaisse. Le quatuor mené par Jo (guitariste/chant) et Mario Duplantier (batterie, c’est d’ailleurs son anniversaire) est attendu par une foule compacte. Impossible de s’approcher, mais il n’en pas besoin pour apprécier les morceaux phare du groupe (L’enfant sauvage) et les compositions de Magma, leur nouvel album (Stranded). Une démonstration de force devant une foule déchaînée.
On se repose ensuite avec Blind Guardian, qui déroule son power metal et dont les fans reprennent en chœur chanson sur chanson. Au programme, Mirror on the wall, Vallalah ou encore Bard’s song. Suite à quoi Slayer est venu présenter Repentless, son dernier effort studio, sans faire l’économie bien sûr de ses classiques (Raining Blood, Angel of death), pour le plus grand plaisir des fans qui pogotent devant la scène. A 19h40, Amon Amarth envahit la Mainstage 2, revisitée façon vikings. Le groupe suédois de death metal symphonique livre un show magistral, et déroule les morceaux de Jomsviking, son dernier album (First Kill, Raise your Horns) tandis que les slams défilent sur la fosse à un rythme hallucinant. Saluons au passage le travail des Challengers, sans lesquels de tels lives ne pourraient avoir lieu.
A 20h45, il est l’heure pour Megadeth de prendre la relève. Dave Mustaine, flanqué de David Ellefson (basse) et de deux nouveaux musiciens (Kiko Loureiro à la guitare et Chris Adler, de Lamb of God, impressionnant à la batterie), déroulent les morceaux de leur dernier album Dystopia et les classiques comme le très attendu A tout le monde. Renfrogné et égal à lui-même, Dave Mustaine ne dit mot avant de finalement saluer le public (contrairement à son habitude) “You’ve been great ! We’ve been Megadeth. Goodnight”. La nuit est alors tombée. Condition indispensable pour que démarre un concert qui marquera à coup sûr l’histoire du festival : celui de Ghost, qui a promis un show spécial inaugurant la deuxième partie de sa tournée. Chose promise, chose due ! Dans un décor d’église, Papa Emeritus III, chanteur du groupe, entame juste Spirit et From the Pinacle to the Pit avant de faire monter sur scène ses « sisters of sin ». Cette vingtaine de nonnes descendent ensuite dans la foule pour donner aux festivaliers du premier rang le corps et le sang du Christ. Loin d’avoir fini de surprendre, Ghost continue avec He is et Absolution avant que ne réapparaissent deux nonnes et qu’après une ode à l’orgasme féminin, celles-ci ne se mettent à distribuer des présents moins catholiques sous la forme de préservatifs. Le show se termine avec Moonstrance Clock, repris par un chœur d’enfants de Clisson et par un feu d’artifice !
Pour finir en beauté, Black Sabbath, le groupe sans lequel ni le metal, ni a fortiori le Hellfest n’aurait existé, est très attendu. La foule s’est regroupée autour de la Mainstage 1 pour l’unique concert en France de la tournée d’adieu du groupe (Tony Iommy, atteint d’un lymphome, ayant affirmé ne pas savoir combien de temps il pourrait continuer à jouer). Ozzy Osbourne, plus en forme que lors de sa dernière venue au festival, se montre en papy réjoui et assure un show hanté et mémorable, malgré quelques effets visuels trop psychédéliques. On n’échappe à aucun classique : War Pigs, Iron Man ou encore Dirty Woman. Et le show continue avec, enfin, l’indémodable Paranoid, qui conclut pour nous ces trois jours mémorables.
Le Hellfest est désormais terminé. Cette onzième édition confirme les talents d’organisation de Ben Barbaud et de son équipe et même si l’affluence s’est avérée très, voire trop, importante sur le festival, elle n’enlèvera rien à son prestige, amplement mérité.
A l’année prochaine ! Bloody Hell !
Auriane Loizeau & Thomas Moysan