Le 6 janvier dernier le groupe indie pop rennais Sin Ross dévoilait le clip de Blue Gold, première bouchée d’un EP éponyme qui sortira au mois de février 2021. En attendant de découvrir ce troisième projet, rencontre avec Alexandre Lacroix, fondateur de ce trio à l’univers fantasmagorique qui nous invite à un voyage introspectif bercé dans une explosion de saveurs exotiques.
2020 c’est terminé. Second souffle après l’asphyxie des derniers mois, commence un nouveau chapitre de nos vies qui espérons-le laissera ébaucher de nouveaux rêves. Comme nous tous, Alexandre Lacroix, Maewenn Sort et Gabrielle Duplenne avaient hâte de tourner la page. En tant que membres d’un groupe en pleine effloraison, ils attendaient évidemment de sortir un tant soit peu de la léthargie qui ronge le monde de la musique depuis près d’un an. Leur tardait également de sortir leur nouveau projet dont les premières lueurs semblent déjà nous libérer de la pesanteur ambiante. Mais avant d’embarquer pour l’errance onirique de Blue Gold, il convient d’abord de plonger dans les profondeurs bariolées de ce groupe ô combien prometteur qu’est Sin Ross.
Aux origines du groupe, il y a d’abord Alexandre Lacroix. Comme tant d’autres avant lui, ce Malouin fit ses premières armes sur le manche d’une basse en observant le jeu virtuose de Flea, légendaire et inégalable bassiste des Red Hot Chili Peppers. S’en est suivie une longue période de formation autodidacte. Animé par un besoin instinctif, presque viscéral, de découverte et d’expérimentation en tout genre, Alex a évolué entre Rennes et Saint-Malo en vagabondant sur différents projets de groupe qui furent autant d’occasion pour lui de s’essayer à des genres et styles qui pétrissent aujourd’hui un univers musical extrêmement riche. C’est en 2013, alors qu’il mène sa thèse à Paris, ce qui lui vaut par ailleurs le sobriquet de “Docteur Silex” par ses amis, qu’il fonde Sin Ross. Bien loin du trio frénétique qu’il est aujourd’hui, Sin Ross est alors un modeste projet solo dans lequel Alexandre s’adonnait à un travail de boucles à la basse.
Une envie de prolonger, d’enrichir l’expérience le conduit naturellement à ajouter le son d’une guitare, de batteries synthétiques, de samples, puis de voix… Cette voix, ce fut d’abord celle de Clotilde Hubert qui en 2016 rejoint Alexandre en répondant à son annonce. De la rencontre entre les deux artistes se produit une émulation dont le fruit est Sin Ross Project-Session II. Composé de quatre titres (Words like waves, The whole circle, Differences, Native), cet EP se présente comme un projet audacieux et affirmé.
Le décollage eut lieu en juillet 2018, lorsqu’Alexandre et Clotilde remportent le Tremplin du festival Bobital l’Armor à Sons. Ils se retrouvent alors propulsés sur scène aux côtés d’artistes comme Shaka Ponk, Naive New Beaters ou Aloe Blacc. Une consécration ainsi qu’une révélation pour Alexandre qui réalise enfin pleinement le potentiel de son groupe. Fort de ce succès, Sin Ross entre dans une période faste durant laquelle il continue d’affûter son univers musical. En 2019, la sortie du triptyque composé des clips de Somewhere, Aphrodite et Mar Adentro atteste d’une formidable habilité à allier expérience sonore et visuelle, expérience qui atteint son paroxysme lors de concerts où un jeu de couleurs frénétiques vient faire miroiter l’imaginaire chatoyant du groupe.
La boucle infernale de 2020 enfin bouclée, débute un nouveau cycle pour Sin Ross qui entre-temps a accueilli de nouveaux membres. Clotilde Hubert a depuis passé le témoin à Maewenn Sort et Gabrielle Duplenne. La première est une chanteuse fraîchement sortie d’une école de comédie musicale à Barcelone, la seconde une batteuse née en Indonésie. L’arrivée de ces deux musiciennes de formation confère encore plus d’homogénéité et de substance au son du groupe.
Une nouvelle alchimie dont se dégage un équilibre singulier, remarquable dès la première écoute. Le son de Sin Ross est certes éthéré, voir parfois onirique, il porte également en lui une tension constante. Mais il ne s’agit pas d’une tension qui crispe, plutôt d’une tension qui happe, qui nous fait tenir en haleine ou plutôt qui nous fait tenir en apnée dans ce qui ressemble à un torrent qui découle d’un savant processus de fermentation entre différentes inspirations.
Tout en restant fidèle au genre de la trip hop, et plus généralement aux différents courants progressistes de la région de Bristol dont se revendique Alex, Sin Ross se permet aussi de retravailler les codes du genre en y insérant une touche plus exotique, voir presque chamanique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Alexandre emploie régulièrement le terme de mantra : au-delà d’un leitmotiv inhérent à son univers, les cercles, les boucles, imprègnent le son de Sin Ross comme une série d’incantations dont se dégagent des sonorités autant intimistes que chimériques.
Toujours avide d’explorer de nouveaux loopers sur lesquels faire onduler des nuances vocales et instrumentales, Alexandre maintient la structure circulaire de ses morceaux en prenant généralement pour point de départ une ligne de basse ou une série d’arpèges capturée dans la spontanéité d’un moment. Le subtil jeu de batterie de Gabrielle vient ensuite structurer ces boucles hypnotisantes en introduisant une rythmique qui permet à la fois de casser la circularité du socle instrumental et d’étirer la tension avec un son plus brut et organique. Intervient enfin la redoutable Maewenn. Si sa voix feutrée vient le plus souvent souffler avec délicatesse sur les riffs d’Alexandre, on se laissera parfois surprendre, comme par exemple dans le crescendo de Blue Gold, par des envolées qui dénotent une puissance et une souplesse vocale inattendue.
Une formule bien rodée donc, mais qui n’est pas à confondre avec un carcan pour ce groupe qui depuis ses débuts affiche un besoin irrésistible d’exploration. Synonymes de recommencement et non pas de redondance, le cercle, la boucle, le cycle, sont pour Sin Ross une base sur laquelle virevolter en capturant de nouvelles saveurs. On ne peut donc qu’être impatient de découvrir le bouquet composé par Maewenn, Gabrielle et Alexandre avec leur prochain EP.
Attendu pour le 19 février prochain, ce projet s’appuie sur un financement participatif mis en place début janvier et toujours actuellement en cours. Sur les 13 morceaux initialement créés, quatre furent finalement choisis afin de constituer le corps de cet EP. D’abord, une réédition de The Whole Circle, une ballade mélancolique déjà refondue par le groupe au cours des dernières années, et qu’Alexandre aime à présenter comme un bel échantillon de l’ADN de Sin Ross. Viennent ensuite Wild Roses, morceau dont le clip sera dévoilé le 27 janvier prochain, et Dioxin, apparemment plus rythmé et soutenu que les autres productions. Enfin, Blue Gold, dont le clip aux allures de voyage introspectif est disponible sur Youtube depuis déjà plusieurs jours, est attendu comme le climax de cette œuvre qui mêlera habillement création sonore et visuelle. L’artwork de la pochette de l’EP, qui sera dévoilé lors de sa sortie, a d’ailleurs été créé par l’artiste-illustrateur Harry Hadler, également réalisateur du prochain clip du groupe.
Alexandre, Gabrielle et Maewenn ne cachent pas leur manque : ils brûlent d’envie de remonter sur scène et de se laisser porter par la fièvre des concerts. Il faudra sûrement patienter encore un peu… En attendant, on vous laisse saliver une nouvelle fois sur le clip de Blue Gold, réalisé par Corentin Levasseur, et on vous invite à aller faire un tour sur la page Facebook, le site internet, la chaîne Youtube, mais aussi et surtout le Crowfunding de Sin Ross où vous pouvez toujours contribuer au financement de Blue Gold, projet qui a encore besoin de vous jusqu’à sa sortie prévue le 19 février prochain !
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