Nous vous présentions il y a un mois le premier extrait de Hot Sauce, le nouvel effort de The Madcaps. Le titre annonçait un album prometteur, plus travaillé et mieux arrangé encore que leurs précédents enregistrements. Verdict titre par titre, avant la sortie le 15 janvier prochain.
Le dernier bébé de chez Howlin Banana / Beast Records réserve bien des surprises. Les Madcaps évoluent ici sans se trahir, les chansons sont toutes convaincantes, des plus classiques aux plus alambiquées. L’ajout de cuivres dès l’ouverture annonce la couleur : bien que fidèles au style qui fait leur marque (les mélodies recherchées, les choeurs très présents, le style pop mixé à l’énergie garage), les Rennais vont plus loin sur ce second album. Le pari est réussi pour les quatre musiciens qui font preuve ici d’une excellente connivence musicale ; avaient-ils déjà un groupe à Soho en 67 ?
Le disque commence donc avec Something You Got, sa basse rondelette, sa guitare « fusillante » et ses cuivres fourmillants. La patte des Rennais est là, pas de doute, on écoute bien The Madcaps. S’en suit Too Big For Your Boots, plus sémillant, qu’on devine taillé pour les concerts : pas de chichis et de l’énergie à gogo. Le morceau rappelle même par moments ce bon vieux Jay Reatard ; ce dernier est décidément une influence notoire pour toute la scène garage frenchie (voir l’hommage Blood Visions de Reatard Records & Friends). Taco Truck narre à sa manière une crise de manque provoquée par le départ d’un camion de tacos ; si le titre était sorti il y a 40 ans on aurait sûrement vu une flopée de légendes urbaines sur un double sens opiacé. Musicalement c’est très réussi, la batterie semble piquée au « Cactus » de Dutronc (tacos, cactus, Mexique, tout est lié ?), on a droit en sus à un petit solo de saxophone et à une agréable mélodie (qui rentre instantanément dans la tête). Et le clip, réalisé par Manuel Le Roux, est déjà disponible !
La suite est plus classique, Crack Me Up accélère le tempo avec un petit riff bien senti et Upside Down est une pop song des plus honnêtes. Rainy Day nage en plein délire surf psychédélique ou dans une composition des Floyd sous Barrett (et sous LSD), choeur aérien et clavier à l’appui, le morceau s’avère aussi étonnant que bien construit. On ne sait plus où donner de la tête. One More Chance tient la barre haute quant à la qualité de l’album et continue de nous surprendre agréablement. On retrouve ici les claviers et un solo fuzzy plaqués sur un riff d’enfer. Tell Me You Want It se mue parfaitement dans l’univers proposé jusqu’ici et Too Afraid Too Give Up rappelle étrangement Moonlight par son ambiance calme et mélancolique (ce dont les Madcaps ont le secret !).
On renoue dans l’excellent Boob Shang avec une espèce de fougue californienne, mélodie ensoleillée et guitare rayonnante. Junkie Queen se permet des claviers planants et une montée en puissance sonique, avant de laisser place comme il se doit à la dernière chanson de l’album. Walking Back Home clôt parfaitement le voyage sonore proposé par les Madcaps. La basse, douce et ronde, mène le bal de cette complainte lancinante. La guitare et les chœurs célestes contribuent à créer une ambiance sombre et lumineuse à la fois… Un morceau qui se consomme dans une nuit noire, pourquoi pas en rentrant chez soi. Un des meilleurs moments de ce Hot Sauce de haut niveau.
Le groupe fera sa release party le 14 janvier janvier prochain au Mondo Bizarro en compagnie de Sapin, autre excellent groupe rennais de chez Beast Records. Assurément le meilleur endroit où passer son jeudi soir pour un amateur de rock. Avis aux concernés… et aux autres !