Transat en ville. The Sugar Family veut faire danser Rennes au rythme du folk américain

© Marianne Barthelemy

The Sugar Family, connu pour son énergie communicative, mêle habilement traditions old time, bluegrass et gospel avec des compositions originales pour faire danser son public. En attendant la sortie de son EP Coming from the Old Time, prévue le 6 octobre 2024, le groupe se produira en concert ce mercredi 31 juillet à Rennes, dans le cadre du festival Transat en ville.

C’est en 2016 que Leïla Chevrollier-Aïssaoui, Léna Rongione, Matthieu Grimm, Charles Blandin et Evan Kervinio se sont rassemblés pour former The Sugar Family. À l’époque, ils se retrouvent tous les quinze jours au Chat Bavard, un bar emblématique pour les musiciens rennais, afin de chanter des chansons traditionnelles américaines et de faire danser les gens. « C’était un vieux bar créé pendant la Seconde Guerre mondiale qui s’est d’abord appelé Ramone et Pedro. À cause de la construction du quartier de la gare, le bar a été racheté par des promoteurs immobiliers. Ça a été un déchirement pour la vie musicale rennaise », explique Matthieu. 

Un jour, ils ont été invités à se produire en concert à domicile. C’est ainsi que les participants les plus assidus des sessions au Chat Bavard ont décidé de former un groupe pour l’occasion : The Sugar Family. Huit ans plus tard, le groupe est toujours actif et prépare la sortie d’un EP pour octobre 2024. 

De gauche à droite : Matthieu Grimm (chant, guitare, harmonica), Leïla Chevrollier-Aïssaoui (chant, banjo-uke), Evan Kervinio (violon, contrebasse), Léna Rongione (chant, banjo, claquettes)

« En partant aux États-Unis, j’ai découvert une manière hyper libre d’aborder la musique, et qui donne une chance à tout le monde », Leïla Chevrollier-Aïssaoui

Le folk américain, ils l’ont tous découvert à leur manière, et c’est ce qui les a réunis. Pour Leïla, tout a commencé par des voyages aux États-Unis à la fin de son adolescence. Elle a d’abord visité New-York, puis a fait un road trip en bus, avec Bob Dylan et les bandes originales des films des frères Coen dans les oreilles. « Rapidement, je me suis rendue compte qu’il y avait souvent les mêmes titres qui revenaient. C’est là que j’ai compris que c’était du trad américain. J’ai découvert tout un monde. » Touchée par le sentiment de liberté que lui procurait le pays, Leïla a commencé à chanter ces chansons par plaisir, avant de les intégrer dans le répertoire de son premier groupe, Leïla and the Koalas. Sa rencontre avec Léna lui a ensuite ouvert les portes d’un répertoire plus vaste. 

Matthieu, quant à lui, a d’abord été fasciné par le folk irlandais, genre musical qu’il a découvert avec le groupe (français) The Churchfitters. Cette fascination s’est renforcée lorsqu’il est tombé par hasard sur le Tradfest de la ville de Dingle en Irlande, où il a redécouvert la musique folk. 

L’énergie propre à la culture qui entoure ce style musical rejette l’idée de la performance au profit d’une musique accessible et organique, où les impuretés et les faussetés sont assumées. « On fonctionne beaucoup en se laissant des chances. Si on veut essayer quelque chose, on le fait », explique Léna. Lors d’un voyage aux États-Unis, une tendinite au poignet l’a empêchée d’apprendre du banjo. Plutôt que de se faire remplacer pour les concerts à venir, elle a décidé de se mettre aux claquettes : « J’ai commencé à apprendre en août et en septembre, le groupe m’a fait confiance  pour en jouer sur scène. C’est un exemple de fraternité et de sororité qu’il y a dans le groupe ». Matthieu, de son côté, a appris à jouer de l’harmonica, Evan, de la contrebasse, et Leïla, du banjo-uke qu’on lui a un jour “mis dans les mains” lors d’un voyage aux États-Unis. 


Si le folk américain invite à adopter cette ouverture d’esprit, cette fraternité, l’esprit familial qui règne entre les membres de la Sugar Family y contribue également. « On aime bien l’idée que même si on est pas biologiquement affiliés, on est reliés par un sens de la famille plus large que simplement les liens du sang », déclare Léna Rongione. Les styles old time et le bluegrass sont intimement liés à la famille, de nombreuses fratries et générations jouant ensemble dans la tradition américaine.

« Pour moi, le folk américain est un instrument de libération. Il y a une notion de croisement des mondes, de mélange », lEïla Chevrollier-aïssaoui

Le folk américain représente bien plus qu’une simple musique pour The Sugar Family ; il incarne une manière de voir le monde. « On doit souvent justifier notre choix de jouer de la musique américaine. C’est vrai que c’est quand même une figure de domination et même d’oppression dans le monde. »  Conscients de cela, le groupe met en avant les origines diverses de cette musique : « Il y a une notion de croisement des mondes, de mélange. C’est une musique qui vient à la fois des irlandais, des écossais, des français et de l’Afrique noire. Tout cela mélangé, ça donne quelque chose de magnifique ». Pour Léna, perpétuer cette musique traditionnelle permet également de “réparer” des atrocités commises par le passé. « Souvent on remarque que les pays colonisateurs créent un patrimoine culturel très fort afin de poser de nouvelles valeurs. Aux États-Unis, ils étaient très conscients de cela. Tout vient de l’étranger là-bas, il y a une espèce de fierté avec cette musique parce que c’est quelque chose de beau qui vient d’un désastre. »


Cette réflexion se retrouve dans les compositions du groupe : « je dirais qu’on est conscients, on est doucement engagés sur certains sujets », précise Léna. Leurs textes abordent des thèmes tels que l’écologie, les relations humaines ou encore l’amitié. « Par exemple, on a une chanson, You are like me, qui parle de nos amis américains qu’on a voulu rassurer après l’élection de Trump. On a voulu leur dire qu’ils étaient comme nous, qu’on était comme eux, et que ça pouvait arriver à n’importe qui. »

Tous les membres du groupe participent à l’écriture et à la composition. Ils revendiquent l’absence de leader, ou du moins d’être leader chacun à leur tour. « On fonctionne vraiment à l’horizontale, tout se partage. C’est moins facile parce que ça demande plus de discussion, d’ajustements, mais c’est plus vertueux », explique Leïla. 

Leur EP, Coming from the old time, prévu pour le 6 octobre prochain, a été entièrement enregistré par le groupe dans la longère de Matthieu, près de Dinan. « On a tout fait de A à Z, de la prise de son jusqu’au graphisme ». Seul le mixage a été confié à une personne extérieure au groupe. 

Pour eux, c’est le premier “vrai” EP, car le premier à contenir des compositions originales. Cependant, pour Matthieu, le public manque tout de même à l’appel : « on ne peut pas être vraiment fidèle à ce qu’il se passe sur scène ». Une bonne raison d’aller les découvrir en concert donc…

La Sugar Family se produira mercredi 31 juillet  dans le cadre du festival Transat en ville à 20h sur la Place de la Mairie à Rennes. La sortie de leur EP “Coming from the old time” est prévue pour le 6 octobre 2024.

Lien Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCwP47Jau560BjBIcF4k7Gcg

Prochaines dates : 

  • 31/07 : Transat en ville – Rennes (35)
  • 06/10 : Release Party de l’EP “Coming from the old time”  – Rennes (35)
  • 08/11 : Jam, Le Labo – Dinan (22)

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