Adieu Berlin de Waldtraut Lewin (traduit par Florence Quillet) aux Editions Bayard Jeunesse : collection Millezime (A partir de 12 ans), 349 pages – 11,90€
Comme son nom l’indique, Waldtraut Lewin est allemande, précisément ex allemande de l’Est, du temps où le Rideau de fer rassurait des deux côtés. Si je tiens à cette précision géographique c’est parce que l’influence culturelle de la RDA est indissociable de son travail. Très célèbre outre Rhin mais quasi inconnue en France, Waldtraut Lewin croule sous les récompenses. Non seulement pour ses romans (plus d’une trentaine) mais aussi en ce qui regarde de nombreuses biographies empruntes d’une rare pédagogie. Parmi les plus célèbres, citons Goethe (remarquable mais hélas pas traduite en français), César et Cléopâtre, Napoléon et Joséphine…
Waldtraut Lewin pose son talent à la confluence des deux publics : adultes et enfants. Dans un style travaillé autour de phrases courtes et limpides, ses textes sont construits à la manière de scènes détaillées comme une dentelle de Calais. L’idée qu’elle se fait de l’image prime sur l’image elle-même. Les descriptions glissent sans qu’aucune aspérité ne vienne ralentir la lecture. C’est actif, tactile, on touche les décors et les personnages, ils sont là, en relief et bien vivant : de la 3D Gutenberg.
Adieu Berlin (titre original Mond über Marrakesch – La Lune au dessus de Marrakech) est une leçon d’histoire autant que d’écriture. Un soir de printemps 1940, Rita et Sidonie s’apprêtent à quitter Berlin vers la Suisse. Les heures sombres de la nuit réservent une mauvaise surprise aux deux femmes et Rita se retrouve seule à la frontière française avec pour seule bagage son jeune âge et sa détermination à survivre. C’est souvent drôle, parfois triste mais jamais larmoyant, et pas une fois n’a-t-on affaire au « pathos de l’étoile jaune » d’ordinaire usité pour attendrir en oubliant l’essentiel : la résilience. Un livre digne, à conseiller aux parents pour leurs enfants. Ou l’inverse.