Grand historien de l’art, spécialiste de la peinture italienne et française de la Rennaissance, acteur des projets de la Pyramide et du « Grand Louvre » souhaités par François Mitterrand, l’ancien directeur du Musée du Louvre Michel Laclotte est mort, mardi 10 août, à l’âge de 91 ans à Montauban.
Artisan des projets de la pyramide et du « Grand Louvre », voulu par le président de la République François Mitterrand, il est nommé à la direction du musée en 1987. Il y rassemble tous les départements sous une seule autorité, aboutissant en 1992 à la forme administrative actuelle de l’institution, l’Etablissement public du Musée du Louvre, dont il occupe le poste de président-directeur jusqu’à sa retraite.
Michel Laclotte entre à l’École du Louvre après avoir suivi la classe préparatoire à l’École des chartes au lycée Henri-IV (Paris). Il suit les cours de peinture étrangère et de peinture française. En 1955, il soutient sa thèse autour des tableaux toscans des musées français hors du musée du Louvre et du musée Jacquemart-André. Après avoir réussi le concours des Musées de France, il est nommé conservateur à l’Inspection générale des Musées de Province.
Outre son implication au tout premier rang dans ces réalisations majeures, Michel Laclotte portait une attention jamais démentie à la recherche et la pratique de l’histoire de l’art. C’est ainsi qu’il fut, durant ses plus de 50 ans de carrière, le commissaire de nombreuses expositions marquantes, parmi lesquelles De Giotto à Bellini à l’Orangerie en 1956, Le XVIe siècle européen au Petit Palais en 1965, Georges de La Tour à l’Orangerie en 1972, L’Ecole de Fontainebleau au Grand Palais également en 1972, dont il assura le commissariat avec Sylvie Béguin, et Le Siècle de Titien au Grand Palais en 1993.
Spécialiste internationalement reconnu de la peinture française et de la peinture italienne des XIVe et XVe siècle, il s’est plus particulièrement intéresséà l’école d’Avignon, publiant en 1960 un ouvrage essentiel intitulé L’Ecole d’Avignon, la peinture en Provence au XIVe et XVe siècle. Cette spécialisation exigeante, qui l’avait amené à correspondre avec Bernard Berenson ou Federico Zeri et à se lier d’amitié avec Roberto Longhi, pour lequel il professait une grande admiration, n’entamait pas sa curiosité pour les autres périodes de la création artistique ni pour les artistes contemporains parmi lesquels il comptait des amis comme Avigdor Arikha ou Pierre Soulages. Conscient d’avoir « eu de la chance », comme il le disait lui-même, il publia en 2003 un volume de souvenirs, Histoires de musées. Souvenirs d’un conservateur.
En 1966, Michel Laclotte succède à Germain Bazin à la tête du département des peintures du musée du Louvre. Il réorganise alors le département à la demande d’André Malraux, ministre de la culture. À cette époque, l’aile de Flore alors occupée par la Loterie nationale est rattachée au musée du Louvre et occupée par le département des peintures. À partir de 1972, il défend l’idée de transformer la gare d’Orsay en musée, il en sera le conservateur en chef jusqu’à son ouverture en 1986. Il est l’un des acteurs essentiels du projet de Grand Louvre lancé par François Mitterrand, il en devient le premier directeur entre 1987 et 1995.
Il préside la mission de préfiguration chargée de créer l’Institut national d’histoire de l’art entre 1995 et 2000. Il en est ensuite le vice-président scientifique. Parallèlement à sa carrière de conservateur, il enseigne à l’École du Louvre.
Décoré de la médaille de la Ville de Rennes, en reconnaissance des œuvres dont il a fait don, parmi lesquels le Saint-Matthieude Jusepe de Ribera, ainsi qu’une série de dessins d’une grande valeur historique. l’ancien ministre de la culture Jack Lang a salué dans un communiqué « une personnalité forte et éclairée, totalement dévouée au service public de la culture ».