Trocabi, une entreprise d’insertion hors norme, n’a pas réussi à obtenir les soutiens financiers suffisants de l’Etat et des collectivités pour présenter un plan de redressement viable et maintenir son activité pour ses trois magasins de Rennes, tous situés dans les quartiers dits prioritaires de la ville. Une offre de reprise a été lancée et sans repreneur d’ici le 19 juillet, le tribunal décidera la liquidation judiciaire.
Cette entreprise, créée en 1983, avait été reprise en mars 2020, en pleine crise de Covid 19 par le groupe coopératif d’insertion Ressources T-Envie sur la sollicitation de Rennes Métropole afin d’éviter la fermeture de cette structure historique des quartiers. Rappelons son principal objet : animer des espaces de rencontre, d’échanges et de socialisation à partir du dépôt vente de vêtements par les habitants -et surtout les habitantes- de ces quartiers prioritaires de la ville. Dès le départ nous savions que modèle économique était très précaire et qu’il nous faudrait trouver des soutiens pérennes. Mais au vu de la situation de crise nous avions décidé de laisser du temps au temps.
Pendant 36 mois, avec l’aide de l’Etat et des collectivités locales, Ressources T-Envie a honoré tous ses engagements en termes de travaux de modernisation, d’agrandissement des locaux, d’amélioration des supports et de formation.
Mais la situation a continué à se dégrader. Une forte contraction des recettes a été constatée suite à la fermeture de plusieurs autres commerces dans ces quartiers comme la boulangerie des Champs Manceaux ou le magasin Biocoop du Blosne. De plus, nous avons subi une importante hausse des charges suite à la forte inflation.
Après avoir injecté plus de 300 000€ dans Trocabi en 3 ans, après avoir alerté Rennes Métropole en décembre 2022, le Conseil d’Administration de Ressources T a été contraint, en mars 2023, de solliciter la mise en redressement judiciaire afin de ne pas affaiblir davantage les autres structures d’insertion de l’ensemblier Ressources T et donner une dernière chance de mobiliser l’Etat et les collectivités pour nous soutenir.
Afin de sauver Trocabi, nous avions proposé la transformation de l’entreprise d’Insertion en chantier d’Insertion, mieux soutenu économiquement. Mais la Commission départementale de l’Insertion par l’activité économique n’a validé qu’une transformation partielle, ne résolvant ainsi qu’une partie du problème économique.
Nous avons alors recherché à obtenir un financement pérenne pour notre action sociale dans les quartiers prioritaires de la ville. Le Département d’Ille-et-Vilaine s’est rapidement mobilisé et engagé sur un soutien exceptionnel pluriannuel afin de sauvegarder l’offre d’insertion féminine dans le quartier. Rennes Métropole a suivi mais n’a pas pu affecter la totalité du soutien envisagé.
C’est vraiment en toute dernière extrémité et après une mobilisation exemplaire de l’ensemble des salarié.es de l’entreprise que nous avons été obligés de prendre la décision de renoncer à maintenir l’activité.
Cette situation est un crève-cœur car Trocabi a démontré pendant 40 ans qu’elle était un maillon essentiel pour l’insertion, l’Economie Sociale et Solidaire, la lutte contre la pauvreté, le développement durable, la transition écologique, le développement social local, l’égalité femmes hommes, l’impact économique et l’emploi sur les Quartiers Prioritaires de la Ville. Sa disparition va continuer à accentuer le sentiment d’abandon des quartiers. Nous espérons que des solutions pourront être trouvées par un éventuel repreneur. De notre côté nous mettons tout en œuvre pour le reclassement des 17 salarié.es de Trocabi.