100 photos pour la liberté de la presse met à l’honneur Martine Franck

Martine Franck
Le Brusc, Six-Fours-les-Plages, 1976. Piscine dessinée par l’architecte Alain Capeillères et composée de 100 000 carreaux de faïence blanche © Martine Franck/Magnum Photos

Pour la première fois, la collection 100 photos pour la liberté de la presse met à l’honneur Martine Franck, photographe belge et cosmopolite. Épouse et égale d’Henri Cartier-Bresson, amie d’Ariane Mnouchkine, membre de Magnum Photos, elle a su imposer son regard, sa douceur et son talent, visibles dans ce numéro engagé et lumineux.

Qui d’autre que Robert Doisneau, le grand photographe humaniste, pour résumer la manière si particulière de travailler de Martine
Franck ? « Voici Martine Franck pratiquant, ce n’est pas banal, le regard amical, seule attitude établissant l’échange confiance-respect que l’on peut lire sur ses images. »

La photographe née à Anvers s’attache aux enfants, aux femmes, aux sans-papiers, aux habitants de la lointaine île irlandaise de Toraigh
et aux sans-papiers de l’Église Saint-Bernard à Paris, aux pêcheurs de Long Island… Avec son appareil, Martine Franck les soustrait au
temps et les replace dans le champ du visible. Curieuse sans être indiscrète, la photographe ne tombe jamais dans le sordide et le pathos. La distance est juste, le regard bienveillant et doux, comme un appel à réfléchir à notre humanité, et à prendre le temps.

Si elle ne se revendique pas militante, son œuvre porte pourtant la marque d’un engagement fort et sincère, le plus souvent en noir et blanc, et toujours servi par une composition parfaite.

Martine Franck
Le Brusc, Six-Fours-les-Plages, 1976. Piscine dessinée par l’architecte Alain Capeillères et composée de 100 000 carreaux de faïence blanche © Martine Franck/Magnum Photos

Le portfolio d’une centaine de pages propose une déambulation dans l’œuvre de Martine Franck et s’ouvre sur un avant-propos de sa
grande amie Ariane Mnouchkine, fondatrice du Théâtre du Soleil. Il est éclairé par les contributions de : Clara Bouveresse, historienne de la
photographie ; Robert Doisneau, photographe ; Sarah Moon, photographe ; Agnès Sire, commissaire d’exposition et ancienne directrice de la fondation Henri Cartier-Bresson ; Matthieu Ricard, humanitaire, auteur et photographe.

Et aussi:
— Trois défenseurs de la liberté de la presse : Huang Xueqin, Christina Assi et Angélique Kourounis.
— Un portrait sans concession de Elon Musk, l’entrepreneur à la tête de Tesla, SpaceX, Starlink, Neuralink et X.
— Une immersion dans les coulisses de Radio Oxy Jeunes, radio communautaire sénégalaise.

Et un hommage à Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, disparu subitement en juin 2024, par Stella Assange, Perrine Daubas, Christophe Dubois, Can Dündar, Camille Grenier, António Guterres, Pierre Haski.

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Ils et elles nous parlent de Martine Franck

Robert Doisneau, photographe : Le regard amical

« Pour nous éviter de vieillir idiots, Martine Franck a eu l’intrépidité d’aller voir sur place. Tout d’abord elle a évité, et c’est une
épreuve d’élégance, le reportage sportif sur ce slalom entre les fossés du radotage et le gouffre du gâtisme, agrémenté d’effets très payants de visages burinés et autres ravages du temps. À la place de ces estampes généreusement charbonnées, Martine Franck nous donne à voir un univers où se prolongent tout simplement nos caractères et nos manies.
»

Ariane Mnouchkine, fondatrice et directrice du Théâtre du Soleil : Martine Franck, la belle personne

« De retour à Paris, Martine a su qu’elle deviendrait photographe tandis que je lançai le Théâtre du Soleil, et l’y entraînai. Venue par amitié, en qualité de photographe officielle (formule bien pauvre pour qualifier sa présence), elle s’est passionnée pour cette aventure. Martine était tellement positive, elle manifestait à tout instant sa joie, son admiration. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris toute la portée de son
travail, de son témoignage.
»

Martine Franck

Sarah Moon, photographe : Fragments de temps

« Si j’ai choisi pour lui rendre hommage cette photo de deux gamines qui sautent d’un muret, c’est pour dire son humour, sa joie de vivre, sa force de vie, son aptitude à saisir l’instant, son indépendance créative par rapport à Henri Cartier-Bresson. Parce qu’il est difficile de s’exprimer, comme elle l’a fait tout au long de sa vie, aux côtés d’un maître de la photographie, même si celui-ci lui a toujours manifesté en retour son admiration. »

Martine Franck – 100 photos pour la presse, volume 77, éditions RSF, collection Pour la liberté de la presse, 144 pages, 12€50 Parution : 7/11/2024

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