Kaboul, 15 août 2021. La capitale afghane vacille sous l’avancée fulgurante des Talibans. Tandis que les puissances occidentales organisent en catastrophe l’évacuation de leurs ressortissants, un dernier carré de diplomates, d’interprètes et de personnels civils lutte contre le temps, le chaos, et leurs propres dilemmes moraux. Roschdy Zem, Lyna Khoudri et Sidse Babett Knudsen sont au cœur d’un huis clos sous pression géopolitique présenté à Cannes 2025 et en salle le 27 juin 2025.
Depuis quelques années, le cinéma s’empare de plus en plus des moments brûlants de notre histoire récente pour en faire des objets de réflexion dramatique. Après Argo ou Hotel Rwanda, 13 jours, 13 nuits s’inscrit dans cette veine du thriller diplomatique qui ausculte, presque à vif, les dysfonctionnements du monde globalisé. La chute de Kaboul en août 2021 — fin chaotique de vingt ans de présence occidentale en Afghanistan — a symbolisé, en quelques jours, l’effondrement brutal d’une doctrine interventionniste et la vulnérabilité tragique des sociétés civiles piégées entre puissances et fanatismes. C’est cette faille historique, encore béante, que Martin Bourboulon choisit d’explorer avec tension et retenue.
Avec 13 jours, 13 nuits, Martin Bourboulon signe un thriller politique d’une redoutable efficacité, soutenu par une mise en scène tendue et une distribution irréprochable. Porté par Roschdy Zem, intense et tout en retenue, et Lyna Khoudri, lumineuse dans un rôle tout en fragilité et détermination, le film s’ancre dans une réalité tragique sans jamais verser dans le pathos ni le sensationnalisme.
Durant 112 minutes, Bourboulon tient son spectateur en apnée. La tension dramatique repose autant sur le jeu des acteurs que sur la qualité de la mise en scène : un tempo millimétré, des scènes d’évacuations filmées au plus près, des confrontations psychologiques ciselées, et une photographie sobre qui épouse l’atmosphère crépusculaire de ces jours suspendus.
Aux côtés de Roschdy Zem et Lyna Khoudri, on retrouve une Sidse Babett Knudsen impeccablement ambiguë, mais aussi Christophe Montenez, Nicolas Bridet, Shoaib Saïd, Athena Strates et de jeunes acteurs afghans qui ancrent encore davantage le film dans la réalité du terrain. Tous incarnent des personnages nuancés, loin des caricatures habituelles de ce genre de récit.
Sans jamais céder à la facilité ni au manichéisme, 13 jours, 13 nuits rejoint la lignée des grands films géopolitiques récents (Argo, Syriana, Munich) avec une signature française rare à ce niveau de maîtrise. La musique discrète d’Alexandre Desplat, le montage nerveux, et la direction artistique soignée contribuent à faire du film un objet cinématographique dense et captivant. Une réussite de cinéma d’auteur grand public, tendue, poignante et actuelle. Martin Bourboulon livre avec 13 jours, 13 nuits son œuvre la plus aboutie à ce jour.
FICHE TECHNIQUE
- Titre : 13 jours, 13 nuits
- Réalisateur : Martin Bourboulon
- Scénario : adaptation libre de faits réels
- Distribution : Roschdy Zem, Lyna Khoudri, Sidse Babett Knudsen, Christophe Montenez, Nicolas Bridet, Shoaib Saïd, Athena Strates…
- Durée : 112 minutes
- Production : Chapter 2, Pathé Films
- Date de sortie en salles : 27 juin 2025
- Genre : Thriller / Drame politique