Profitez bien de vos lectures d’été ! Dès le 14 août, la rentrée littéraire débarque en librairie avec la parution de 459 romans (source Livres Hebdo/Electre Data Services) de la mi-août à octobre. Parmi ces nouveautés figurent 311 romans français, dont 68 livres signés par des primo-romanciers, ainsi que 148 ouvrages étrangers. Une rentrée de plus en plus resserrée mais toujours aussi riche.
En littérature française, Amélie Nothomb est bien évidemment de la partie avec L’impossible retour (Albin Michel, 21 août 2024), mais vous retrouverez aussi Sandrine Collette (Madeleine avant l’aube chez JC Lattès), Philippe Jaenada (La désinvolture est une bien belle chose chez Mialet Barrault), Miguel Bonnefoy (Le rêve du jaguar chez Rivages) et Marcus Malte (Aux marges du palais chez Zulma).
Carole Martinez allie dans une belle narration sensibilité et onirisme. Et son nouveau roman s’inscrit tout à fait dans son univers. Dors ton sommeil de brute (Gallimard, 18 août 2024) est le combat d’Eva pour protéger sa fille contre un rêve collectif qui envahit la tête de tous les enfants du monde. La quatrième de couverture aiguise l’appétit et avec cette auteure, le lecteur ne sera pas déçu. (feuilleter le livre)
D’origine iranienne, lauréate du prix Albert-Londres et grand reporter au Figaro, Delphine Minoui nous invite au coeur de la révolution des femmes en Iran. Badjens (Seuil, 19 août 2024) veut dire « mauvais genre » en persan. C’est le surnom d’une jeune fille de seize ans qui s’apprête à brûler son voile en public à Chiraz à l’automne 2022. En arrière-plan de cette scène, dans un monologue intérieur, défile le passé de cette adolescente. L’auteur livre un fabuleux roman d’apprentissage, miroir d’une jeunesse en pleine ébullition. (lire un extrait)
La pandémie inscrite dans la mémoire collective est une source d’inspiration pour de nombreux auteurs. Gwenaëlle Aubry s’installe dans un immeuble fictif habité par huit personnages. Ils n’ont rien en commun si ce n’est le confinement. Zone base vie (Gallimard, 22 août 2024) observe ces protagonistes au plus près de leurs émotions, élargissant leur lieu restreint aux dimensions du monde. En ranimant notre mémoire collective à travers le souffle et l’intensité de son écriture, Gwenaëlle Aubry manifeste de façon jubilatoire la puissance libératrice de la fiction. (feuilleter le livre)
Sélectionné pour le Prix du Roman fnac 2024 et le Prix littéraire Le Monde, Grégoire Bouiller se démarque en cette rentrée littéraire. En se rendant au musée de l’Orangerie, devant Les Nymphéas de Monet, l’auteur est pris d’une crise d’angoisse. Le détective Bmore, double de l’auteur, tente de comprendre le mystère de ce tableau. Le syndrome de l’Orangerie (Flammarion, 21 août 2024) est le récit de cette quête entre botanique et histoire de Monet, allant de Giverny au Japon en passant par Auschwitz-Birkenau. Et si ce mystère concernait tout le monde, bien au-delà de la peinture. (feuilleter)
La rentrée littéraire est l’occasion de découvrir des primo-romanciers. Voici deux romans qui devraient attirer l’attention dans les prochains jours. Et je commence par Tombée du ciel (L’Iconoclaste, 22 août 2024) d’Alice Develey, jeune critique littéraire au Figaro. Alice a quatorze ans quand elle est internée à l’hôpital pour anorexie. Entre ces murs où elle subit des traitements révoltants, Alice rencontre d’autres filles comme elle, tombées du ciel. Elle décide de raconter ces vies minuscules dans un cahier. Un beau roman d’amitié, d’adolescence et de révolte.
Nicolas Martin signe avec Fragile(s) (Au diable Vauvert, 22 août 2024) un premier roman choc sur la maternité dans un monde futur. Portraits de femmes victimes et résistantes dans un régime fascistoïde qui a réussi à développer un programme de fertilisation eugéniste.
Si la littérature étrangère se dévoile plutôt en septembre, il y a ce mois-ci quelques beaux romans.
Il nous avait séduit avec Ohio. Stephen Markley revient avec un immense roman, Le déluge (Albin Michel, 21 août 2024, traduit par Charles Recoursé). Nous sommes en Californie, en 2013. Tony Pietrus, auteur d’un livre-choc sur le dérèglement climatique, reçoit des menaces de mort. En croisant les destins de plusieurs personnages, l’auteur construit un roman-monde au suspense haletant sur la catastrophe écologique qui mène le monde au bord du gouffre.
Avec Les éphémères (Métailié, 19 août 2024, traduit par Céline Schwaller), l’écossais Andrew O’Haggan signe un roman brillant, drôle et émouvant, sur l’amitié. Été 1986, un groupe de jeunes adolescents de classe moyenne se rendent à Manchester pour un festival de musique. Discutant librement de musique, de politique dans un langage bien personnel basé sur des répliques de films, ils fêtent la fin de leur vie de lycéens, la fin de l’insouciance. Tully Dawson, Jimmy et les autres seront liés à jamais par cette expérience. Trente ans plus tard, Tully Dawson appelle son ami pour une terrible nouvelle. L’amitié est plus forte que tout.
Après le succès de son premier roman, Les douze tribus d’Hattie (Gallmeister, 2014, traduit par François Happe), Ayana Mathis confirme son talent avec Les égarés (Gallmeister, 22 août 2024, traduit par François Happe). Au milieu des années 1980, Ava, Afro-Américaine d’une quarantaine d’années, débarque à Philadelphie. Chassée par son mari, elle s’installe avec Toussaint, son fils de dix ans, dans un centre d’hébergement. Mais elle est prête à tout pour en sortir. Même à renouer avec son mari, un homme autoritaire et charismatique. Lorsque Toussaint s’apprête à partir vers le Sud vers un voyage spirituel, il retrouve ses racines auprès de sa grand-mère. Cette quête de sens aborde les thèmes de l’héritage culturel et de la mémoire.
Peu de romans noirs en août. Ils paraîtront progressivement en septembre et octobre. Mais les fans de Caryl Ferey seront ravis de retrouver l’auteur sur un sujet moins exotique. Avec Magali ( Robert Laffont, 22 août 2024), l’auteur s’empare d’un fait divers. En février 2021, Magali Blandin, mère de quatre enfants, disparaît. Un mois plus tard, son cadavre est retrouvé dans le bois de Boisgervilly (Ille-et-Vilaine). Caryl Férey se penche sur ce féminicide aux ramifications multiples pour comprendre et ne pas oublier, car « Magali n’est pas anonyme, elle est toutes les femmes. »
On retrouve Ian Manook avec Le pouilleux massacreur ( La manufacture de livres, 15 août 2024). Dans ce roman d’initiation aux accents autobiographiques, Ian Manook nous raconte une jeunesse qui promène sa désillusion des bars de banlieue aux rues chics de Paris, et le destin d’un jeune homme aux rêves trop grands pour son HLM.
Suite de la rentrée littéraire le mois prochain et régulièrement avec les chroniques de l’équipe littérature. Bel été en lectures.
Pulixi et Wauters rien que de bonnes références !
Et le nouveau Wauters est comme d’habitude très bon.