Avec Adultère Paulo Coelho nous rappelle que vivre, c’est aimer

Linda a 31 ans. Elle est une journaliste réputée d’un grand journal de Genève. Son mari, riche et merveilleux est patron d’un fonds d’investissement en constante progression et fait partie des trois cents personnes les plus riches de Suisse. Elle a deux fils qu’elle adore.

L’interview d’un écrivain qui lui assène : « Je m’en moque totalement d’être heureux. Je préfère être toujours amoureux, ce qui est dangereux, parce qu’on ne sait jamais ce qu’on va trouver au-delà » remet sa vie en question et soudain, elle sent poindre les symptômes de la dépression.

Après plusieurs années de mariage, une fois la passion atténuée, les couples s’installent dans la routine. Linda est alors tiraillée entre le désir de sortir de l’ennui et de la solitude, de donner un sens à sa vie et la crainte de perdre tout ce qu’elle a acquis.

À la fin de l’interview de Jacob König, avocat et futur membre du Conseil d’État de Genève, mais aussi ancien petit ami d’adolescence, elle ose un acte provocant qui va la mener sur le chemin de l’adultère. Elle enquête auprès de psychiatres, d’un chaman cubain, côtoie un dealer très moraliste (étrange) et s’enfonce de plus en plus dans la perversion d’une relation torride. Poussée par la part de Frankenstein qu’il y a en elle, dans quel puits profond est-elle prête à tomber pour trouver un peu d’eau vive.

Sommes-nous arrivés au point où risquer notre vie est la seule chose qui nous libère de l’ennui.

D’un côté, son corps bat à nouveau au rythme d’une fougueuse relation adultère, mais de l’autre son cœur perçoit la profonde compréhension d’un mari aimant, refusant la jalousie.

Paulo Coelho, résidant en Suisse depuis plusieurs années, place son action à Genève, qui en écho à l’héroïne du roman se révèle une ville inintéressante, peuplée de riches ne cherchant qu’à attirer l’attention, et structurée pour maintenir sa volonté d’isolement. La vision critique de son pays d’adoption lui a d’ailleurs valu un article polémique de La tribune de Genève.

Attachée aux premiers romans de cet auteur (L’alchimiste en 1994, Sur le bord de la rivière Piedra je me suis assise et j’ai pleuré en 1995 et  Le pèlerin de Compostelle en 1996), je ne peux résister à l’envie de lire ses derniers écrits. Résolument, son mot d’ordre devient l’Amour. « Parce que vivre c’est aimer », il faut apprendre à aimer. Adultère, étant en tête des ventes, j’espère que le message sera largement entendu.

L’amour n’est pas seulement un sentiment, c’est un art. Et comme tous les arts, l’inspiration ne lui suffit pas, il faut aussi beaucoup de travail.

Avec ce dernier roman, Adultère, l’auteur passe son message, mais bâcle sa démonstration. L’usure d’un couple, la quête du désir, la recherche de l’adrénaline qui vaincra l’ennui, sont des sujets classiques. Linda, à 31 ans, mère de deux fils dont on peine à déterminer leur âge, est peu convaincante en femme comblée et dépressive.
Pour atteindre le sublime, la solution est-elle de « s’envoyer en l’air » ? Les lecteurs du roman comprendront.

 

Adultère Paulo Coelho, paru le 14 mai 2014 chez Flammarion, Prix: 18,50 €

Paulo Coelho est né en 1947 à Rio de Janeiro. L’Alchimiste, paru en 1988 au Brésil, est devenu un best-seller mondial aujourd’hui traduit dans 59 langues et publié dans 150 pays. Parmi ses dix ouvrages traduits en français, Flammarion a déjà publié Le Zahir, Comme le fleuve qui coule, Veronika décide de mourir et La Sorcière de Portobello.

 

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Marie-Anne Sburlino
Lectrice boulimique et rédactrice de blog, je ne conçois pas un jour sans lecture. Au plaisir de partager mes découvertes.

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