Pour accueillir l’assemblée générale des Amis du Patrimoine rennais samedi dernier, rien de mieux qu’une salle du Musée des Beaux-Arts. Pour traiter d’un sujet primordial dans une cité comme Rennes, seules cinquante personnes étaient présentes à l’invitation du président Jean-Pierre Lethuillier. Si beaucoup ont regretté l’absence des journalistes, l’un d’eux avait heureusement fait le détour pour faire état de leurs travaux en toute impartialité.
Pour une réunion extraordinaire, Jean-Pierre Lethuillier avait le ton de circonstance. « En un an, la municipalité a placé notre ville sur une orbite de développement urbanistique accéléré, » a-t-il déclaré devant une assistance acquise à sa cause. Loin de manier la langue de bois, le président a été particulièrement dur à l’égard de l’adjoint au maire de l’urbanisme, Monsieur Bourcier. « Je ne veux pas faire d’attaques personnelles, a pourtant déclaré monsieur Lethuillier, avec un sens de la mesure qui convient à sa fonction. Cela étant, au gré de l’assemblée générale, le mot “mensonge” revenait souvent dans sa bouche pour qualifier le comportement de certains intéressés. « Malgré notre légitimité, » a-t-il ajouté, « nous ne sommes pas consultés. Bien souvent, on apprend les choses après coup. »
Absents lors de cette table ronde du patrimoine, les élus de la ville peuvent être difficilement accablés. Tout comme, il nous serait malaisé de blâmer les journalistes d’Ouest-France et des autres journaux « qui ne passent pas leurs communiqués ». « On nous interroge uniquement sur des dossiers particuliers, » laisse entendre Michel Coignard, membre de l’association. « En revanche, nos infos passent uniquement quand il y a de la place dans les colonnes des journaux. » Une réalité qui renvoie à la question de la hiérarchisation de l’information.
On l’aura compris : de telles récriminations ne doivent pas faciliter leurs relations avec les institutionnels. Pourtant, du travail, les Amis n’en manquent pas. « Au mois de juillet, chaque jour qui passait apportait un dossier supplémentaire, » a affirmé le président. Devant la multiplication des menaces, l’association va composer cinq groupes de travail sous les intitulés suivants : Les bâtiments publics, le patrimoine paysager, le patrimoine industriel, la mémoire et la transmission mais aussi la truelle plutôt que le bulldozer.
« Nous avons besoin de peser plus lourd, » a poursuivi le président de l’association. Il leur faudra en effet du poids pour débattre de l’avenir de la Prison de Rennes, du Palais Saint-Georges (à ce propos, Unidivers persiste : quel beau lieu situé à proximité de la gare pour être reconverti en Palais des Congrès !), de l’ex-brasserie Saint-Hélier, de la conservation du poste d’aiguillage de la SNCF… Non sans oublier la sauvegarde des prairies Saint-Martin, de l’Hôtel-Dieu et de la lutte contre l’installation d’une usine bio-masse à proximité de l’écomusée…
Mais pour mener leur combat, peut-être leur suffira-t-il de convoler en justes noces avec d’autres associations rennaises, de monter des promenades découvertes dans les quartiers ou encore d’être présents sur le Web. En fait, les Amis du patrimoine sont simplement nos… amis.