À Audierne au Dessus des Halles, « Nature morte, à quoi rêvons-nous ? »

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Audierne Dessus des Halles

Chaque fin d’année, l’association ART’RIA transforme son espace d’art contemporain, Le Dessus des Halles à Audierne, en grande ruche créative.

Pour l’édition 2025, la collective s’articule autour d’un thème à la fois classique et vertigineux : « Nature morte, à quoi rêvons-nous ? ». Une soixantaine d’artistes venus des quatre coins de la Bretagne y répondent, en peinture, volume, photographie, dessin, céramique…

La force de cette exposition tient à sa ouverture totale : pas de comité de sélection, pas de filtre autre que le respect du thème et des contraintes techniques. Chacun peut proposer une œuvre, qu’il ou elle soit artiste confirmé, émergent ou amateur passionné. Parmi les exposants, on retrouve notamment la plasticienne Sylvie Lesgourgues, qui y présente une nature morte contemporaine, ou encore le sculpteur Philippe Le Fèvre, venu avec une série de pièces en volume pensées pour l’occasion.

Sylvie Lesgourgues

« Nature morte, à quoi rêvons-nous ? » : bousculer un genre très codé

En choisissant la nature morte, ART’RIA convoque l’un des genres les plus codés de l’histoire de l’art. L’Académie royale de peinture et de sculpture, au XVIIe siècle, plaçait ce genre au bas de la hiérarchie, derrière la grande peinture d’histoire et le portrait. Ici, au contraire, la nature morte devient un terrain de jeu mental : les artistes sont invités à explorer ce qui se passe derrière les objets, dans la zone des fantasmes, des obsessions, des rêves – la consigne allant jusqu’à autoriser des dérives « lubriques ».

Sur les murs et dans l’espace, fruits, bouquets, crânes, bouteilles, écrans, emballages, coquillages ou outils du quotidien changent de statut. Ils glissent du simple motif décoratif vers le portrait en creux d’une époque : consumérisme, désir, écologie, mémoire familiale, humour noir, culture pop… La nature morte se fait parfois vanité, parfois manifeste discret, parfois gag visuel, dans un accrochage dense qui encourage le regard à zigzaguer.

Philippe Le Fèvre scultpure

Amateurs, pros, voisins : un laboratoire de la représentation

Depuis plus de dix ans, ART’RIA s’est donné pour mission de rendre l’art contemporain accessible aux habitants du Cap Sizun, en faisant la part belle aux artistes finistériens et, en particulier, aux créateurs et créatrices du territoire. La collective de fin d’année en est l’un des moments forts, elle fonctionne comme un laboratoire de la représentation des artistes amateurs.

En ouvrant grand ses portes, l’association brouille volontairement les frontières entre professionnels et amateurs. Sur un même mur peuvent se côtoyer la toile d’une artiste installée, la première nature morte d’un peintre du dimanche, une photo expérimentale ou une céramique façonnée en atelier associatif. Le visiteur n’a pas, d’emblée, les « étiquettes » qui hiérarchisent les œuvres : l’artiste est invité à se laisser guider par l’émotion, la surprise, la curiosité plutôt que par le CV.

Dans un contexte où l’on parle beaucoup de « visibilité » et de « scènes locales », cette exposition propose une forme de démocratie du regard ; elle donne aux amateurs un véritable espace d’exposition, leur permet de se confronter au public, tout en créant un dialogue très concret avec des artistes plus aguerris. Pour le territoire, c’est aussi un outil de lien social. On vient y voir « les œuvres des copains », des voisins, des collègues, et l’on découvre au passage d’autres sensibilités bretonnes.

Audierne Dessus des Halles

Infos pratiques

Lieu : Le Dessus des Halles – espace d’art contemporain, 2, place de la Liberté, 29770 Audierne.

Dates : du samedi 22 novembre 2025 au mardi 6 janvier 2026.

Horaires indicatifs : mercredi de 10 h 30 à 12 h 30, vendredi de 17 h à 19 h, samedi de 10 h 30 à 13 h (et parfois un peu plus selon l’affluence et les artistes de permanence).

Tarif : entrée libre.

Organisation : association ART’RIA.

Site : artria.sitew.fr