Berthold Mahn, illustrateur de Don Quichotte et de bien d’autres figures de la littérature…

Berthold Mahn, fils d’immigrés né en 1881 à Belleville et décédé en 1975 dans l’Yonne, a commencé à gagner sa vie très modestement, comme ouvrier. Il prit très vite le goût du dessin…

« C’est tout seul qu’à treize ans, écrit-il dans ses Mémoires, armé d’un crayon à mine de plomb, je me suis mis à dessiner tout ce qui se trouvait à ma portée, les choses et les gens. J’ai continué ensuite, parce que je ne disposais d’aucun autre moyen. Employé dans une usine où j’étais enchaîné dix heures par jour, je dessinais en cachette mes collègues de bureau ».

Berthold Mahn
Berthold Mahn

Au service militaire, Berthold Mahn fit la rencontre, capitale, du peintre Albert Gleizes qui le présentera ensuite au poète René Arcos, à Charles Vildrac et Georges Duhamel. Tout ce beau monde d’écrivains, bientôt rejoint par Jules Romains, fondera le Groupe de l’Abbaye à Créteil en 1906, sorte de phalanstère regroupant écrivains et artistes, studieux et hommes de cœur, réunis dans un climat de fraternité, entièrement voués à leur art. Un atelier d’imprimerie y sera implanté, consacré à l’édition de beaux livres et source de revenus pour la vie du groupe. Mais les difficultés financières viendront rapidement à bout de cette belle communauté artistique et littéraire.

En 1914, Mahn est, lui aussi, enrôlé et l’épreuve de la Grande Guerre, et des tranchées, lui fournira plus tard matière à illustrer Le Feu d’Henri Barbusse.

Après la guerre, il dessine le frontispice de Civilisation de Georges Duhamel, première de ses illustrations d’ouvrages, en même temps qu’il réalise les portraits de ses amis écrivains : Duhamel, bien sûr, Martin du Gard, Copeau, Vildrac, tous artistes et auteurs profondément humanistes.

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Mahn illustrera en 1926 le personnage de Salavin, créé par Duhamel dans son roman Deux hommes : la condition dérisoire et sympathique de cet homme souffrant, abandonné à sa faiblesse, en quête d’une grandeur inaccessible, le marquera particulièrement. Et Salavin le conduira tout naturellement à s’intéresser aussi à Don Quichotte et à « la foi du pauvre chevalier castillan » (Honoré de Balzac). Dans la multitude des illustrations du Quichotte, celles de Berthold Mahn ne sont pas parmi les plus connues peut-être, mais elles sont d’une infinie qualité. Il s’imprégnera des paysages de Castille en allant visiter les lieux de l’histoire, et de son crayon délicat et fin naîtront des dessins d’une extrême douceur, tendresse et humanité.

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Dans les années 30 et 40, il illustrera également les textes de ses amis de l’Abbaye, mais aussi Shakespeare, Dickens, Alain-Fournier, Virgile, Chénier, Verlaine, Vercors, Balzac ou Roger Martin du Gard, au final « une centaine de bouquins » confiera-t-il dans ses Mémoires.

Don Quichotte, traduit par Francis de Miomandre, illustré par Berthold Mahn, a été édité par Union latine d’éditions, en 1935. Le livre est encore en vente sur les sites de livres d’occasion comme Ebay et de livres rares et anciens tels Adebook et Bibliorare.

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