Domiciliée sur les ondes de Radio U à Brest (101.1 FM), Bside Airlines explore les courants de musique électronique brestois et alentours et participe à leur effervescence actuelle. Unidivers a rencontré les pilotes de ce programme radiophonique pour découvrir avec eux les dernières vagues de la scène électro brestoise.
UNIDIVERS – Pouvez-vous nous faire un historique de votre émission Bside Airlines, depuis quand émet-elle sur les ondes de Radio U ?
RONAN LEFEUVRE – J’ai créé Bside Airlines en octobre 2013. Elle avait pour vocation première de survoler un pays pendant une heure en faisant un focus sur des labels ou des artistes. On a eu des destinations comme le Japon, l’Australie, les États-Unis, le Pérou, la Colombie, etc. C’était l’idée de départ. Mais je me suis très vite tourné vers la culture musicale brestoise, davantage tournée vers les musiques électroniques.
J’ai tout doucement migré vers cette scène, en invitant tous les collectifs locaux les uns après les autres. À l’époque, il y en avait cinq ou six qui commençaient à tourner sur Brest. Aujourd’hui, ils sont prêts d’une vingtaine, et Bside est en relation avec chacun d’entre eux. L’émission a vocation à faire de la promotion sur toutes les soirées de ces collectifs, tous leurs acteurs. Elle se veut l’écho de la musique électronique et des soirées brestoises.
UNIDIVERS – À quel moment s’est fait ce virage électronique et qu’est-ce qui l’a motivé précisément ?
RONAN LEFEUVRE – Il a eu lieu au printemps 2014. J’ai commencé à réaliser que l’émission telle qu’elle existait était avant tout faite pour me faire plaisir à moi-même, en partageant la musique que j’écoutais, et que ce serait mieux de partager la musique de la scène locale. Radio U est une radio universitaire, il faut qu’elle parle aux jeunes, alors je me suis tourné vers eux.
Ceux avec qui j’ai commencé mon virage électronique sont les membres du collectif WestSound. C’est un gros collectif maintenant, qui draine beaucoup de gens et de soirées derrière lui, qui est très fédérateur. Ils sont venus à la radio, on a fait des focus sur leurs premières soirées, en détaillant la programmation, en faisant jouer les artistes en direct à la radio, en live ou DJ set. J’ai vu que ça fonctionnait bien, qu’il y avait du retour sur les réseaux, que ces émissions étaient écoutées. En continuant à suivre WestSound, j’ai découvert leur réseau pour finalement m’intégrer à ce microcosme de 300-400 personnes, avec qui on fait des soirées, on communique, on organise des événements et on collabore à l’année.
VALENTIN TRICHET – Un réseau qui s’étend jusqu’à Rennes et radio C lab par exemple.
RONAN LEFEUVRE – Oui nous avons des collaborations radiophoniques qui vont jusqu’à Rennes car certains collectifs rennais travaillent avec des collectifs brestois. Il y a des rencontres et une communion d’esprit, par exemple lors du festival Astropolis, cette année avec le collectif Comme ça et Radio Lune qui ont animé le Mix’n’boules place Guérin.
Lors de la 25e édition du festival Astropolis en juillet 2019, Bside Airlines et Radio U invitaient les équipes d’Électro lab (C lab, 88.4 FM, Rennes), Radio Évasion (100.4 FM, Le Faou) et Fréquence Mutine (103.8 FM, Brest) à couvrir l’événement lors de deux plateaux également diffusés par le réseau Radio Campus France.
UNIDIVERS – Sous quel format existe l’émission ?
VALENTIN TRICHET – Elle est diffusée le vendredi soir à partir de 20h. À chaque fois, un artiste local ou un collectif est invité. Le format de départ est d’une heure, on fait généralement une vingtaine de minutes d’interview puis un set en direct. Selon les collectifs invités et le nombre d’artistes à jouer, on peut étendre l’émission, parfois jusqu’à minuit. On diffuse aussi jusqu’à 2 h du matin à l’occasion de soirées radio dans des bars, au regretté P’tit Minou ou à l’Arena.
RONAN LEFEUVRE – Nous faisons beaucoup de plateaux extérieurs, sur des festivals mais pas uniquement. J’avais envie de sortir Bside du studio. La radio c’est bien, mais il faut aussi qu’elle soit vue. J’ai proposé à Radio U de de radio-diffuser depuis des endroits jeunes, où on peut danser, passer une bonne soirée en écoutant des DJ.
Nous avons d’ailleurs une résidence au bar l’Arena. On y a fait pas mal de soirées à nos débuts, pour fédérer la scène et le public brestois au projet Bside. Il y en a moins maintenant parce qu’on a beaucoup de nouveaux projets ces deux dernières années. La prochaine aura lieu le 15 novembre, avec un des gagnants du tremplin Made festival, Doe Grise, et Corsen, un producteur brestois.
VALENTIN TRICHET – On a aussi lancé le concept J’irai digger chez vous, où là, on est sur du 20 h – minuit.
RONAN LEFEUVRE – C’est une idée qu’on a commencé à mettre en place en janvier 2018, avec en parrain du projet Johan, du collectif Night Birds. C’est un peu le tonton du game électro à Brest ! Il est super bon, il joue vinyles uniquement, il a une culture musicale monstrueuse et il parle bien de musique, c’était un parrain idéal pour le concept ! Il intervenait déjà régulièrement dans Bside, pour des escales sonores dans son univers musical. De fil en aiguille, on a eu cette idée d’un format où on irait fouiller dans les bacs à disques d’un DJ, J’irai digger chez vous. On en est à la septième session. Le concept est simple : on arrive avec Johan et des platines vinyles chez des gens qui ont des disques et ils nous font explorer leur bibliothèque en écoutant des morceaux et en expliquant le style, l’orientation musicale, l’artiste, le label, et pourquoi ils ont choisi ce disque. Au départ c’était uniquement sur vinyles, mais on a ouvert le concept au digital pour que tout le monde puisse participer et être entendu.
VALENTIN TRICHET – C’est aussi l’occasion pour ceux qui ne seraient pas forcément DJ de faire découvrir des sons sans mixer. Et comme on ne se concentre pas sur des styles musicaux en particulier, chacun est libre de passer ce qu’il veut.
UNIDIVERS – Ces six années d’activité radiophonique vous ont fait découvrir la scène brestoise. Sur le plan de l’événementiel, quels en sont les principaux lieux et collectifs ?
VALENTIN TRICHET – Les principaux lieux brestois pour les soirées électro sont Le Vauban et La Suite. La Carène aussi, mais à titre plus exceptionnel. La Suite est ce qui coûte le moins cher, donc la plupart des collectifs actifs y organisent des soirées : WestSound, Radio Lune, La Singerie, Rainy Sounds, Les Opticiens. Ce sont principalement des soirées techno, mental ou indus. Le collectif Night Birds quant à lui fait exclusivement des soirées au Vauban. De même que les collectifs Go Deep et Undercover Productions avec les soirées Funky Touch. L’éventail musical va donc de la funk à la house et techno.
RONAN LEFEUVRE – La Suite a une jauge à 550 places et coûte 600 € de location, pour la salle, la sécurité et la sono. Les frais engagés sont assez vite remboursés, donc ça marche assez bien. Au Vauban, la jauge est à 500 places et ça coûte minimum 1 000 € car il faut engager un ingé-son. La Carène compte deux salles, la grande Carène à 1 500 places, la petite Carène à 250 places. On est très très haut en termes de facture, donc peu de collectifs peuvent se le permettre. Ce sont plutôt des co-productions avec Astropolis, la prochaine aura lieu le 19 octobre, c’est le Bunker brestois, la réunion de tous les collectifs brestois de musique électronique.
UNIDIVERS – Côté création, que compte Brest de producteurs ou de labels ?
RONAN LEFEUVRE – Il y a quelques labels brestois aujourd’hui, par exemple celui de Clément Landrau, Prima Luce.
Un nouveau label vient de se monter, Chiens Sans Collier Records, label d’indus, mental et EBM.
Il y a aussi un nouveau projet de label qui réunirait certains collectifs, mais c’est encore top secret ! Et puis il y a Astropolis Records, un peu à part parce qu’il survole toute la scène brestoise.
Et puis il y a bien sûr un certain nombre de producteurs et de compositeurs live dans les collectifs brestois et alentours.
Chez Secthor West : Cozian
T. Dany
The Child of The Cellars, EP trois titres auto-produit en 2017.
I Learned Your Sickest Sins, EP quatre titres auto-produit paru en août 2018.
Chez Rainy Sounds : Marl K
No Series With Me, EP trois titres auto-produit en septembre 2018.
Chez Radio Lune : Atlantic
Sovara, un EP trois titres auto-produit l’an dernier.
Chez Nuisance sonore : Ozimozi
Ad Astra, EP cinq titres auto-produit en juillet 2019.
BLOC
UNIDIVERS – Parlons de cet été, que se passe-t-il sur la scène électro brestoise ?
RONAN LEFEUVRE – Traditionnellement, l’été électro à Brest commence avec Astropolis début juillet par l’édition d’été du festival, et se termine avec Astropolis début septembre par la soirée Fortress. Entre ces deux marqueurs, il y a les Jeudis du port, avec une petite scène dédiée à l’électro. Cet été, il y a une nouveauté, les Summer Sessions à La Suite, qui sont des afters aux jeudis du port avec les collectifs brestois. À côté de ça, il y a plein d’événements organisés par la scène locale, souvent des open airs qui peuvent s’étendre au Nord-Finistère et aller vers les plages. Il peut y avoir un petit creux entre juillet et août, mais dès la fin août les dates commencent à s’enchaîner tous les weekends.
UNIDIVERS – Y a-t-il des événements qui vous ont marqués déjà cet été ?
RONAN LEFEUVRE – On peut évoquer le festival Visions à Plougonvelin, monté par le label rennais Les Disques anonymes. Il a un écho énorme ici, notamment chez le public aux oreilles aguerries. C’est un festival défricheur, underground, expérimental, ce qui plaît tout particulièrement dans le coin. C’était la septième édition cette année et la scène locale en est fan !
Cette année, Phili Foto réalisait un reportage photos de Visions pour Radio U, consultable sur leur page Facebook.
UNIDIVERS – Quels événements sont prévus d’ici la fin de l’été ?
RONAN LEFEUVRE – Il y a pas mal d’événements qui vont arriver. L’open air à Ouessant le 24 août, qui marquera notre reprise.
Le 21 septembre, pour les journées du patrimoine Philigramme organise le Son et lumière au monument américain, dont nous sommes partenaires avec Radio U et la ville de Brest, un événement très intéressant.
Il y a aussi un projet encore un peu secret mais qui devrait impliquer le bus impérial de Brest. Radio Lune revient avec une soirée début septembre aussi. Il y a Les Opticiens, un crew plein de producteurs aux oreilles aiguisées qui investissent La Suite. Tout repart très vite et on est déjà dans les starting blocks pour préparer la rentrée.
UNIDIVERS – Existe-t-il selon vous un sens de la fête qui serait propre à Brest ?
VALENTIN TRICHET – Le public est ultra chaud et très accueillant. On a souvent des retours d’artistes qui ne sont encore jamais venus à Brest mais qui ont entendu parler du public brestois. Une légende qui se confirme lorsqu’ils passent à Brest et qu’on les ramène en after au port de commerce par exemple. Je me souviens d’une soirée à La Suite organisée par WestSound après laquelle Trax avait publié une vidéo non pas de la soirée, mais de l’after organisé par La Singerie en plein air.
RONAN LEFEUVRE – Quand un artiste comme Rone sort un album avec un morceau intitulé “Brest”, c’est l’un des plus beaux retours qu’un artiste puisse faire d’une ville.
UNIDIVERS – Merci à vous, Bside Airlines, on vous souhaite une belle fin d’été électronique à Brest !
Cet article s’inscrit dans une série dédiée à la vie culturelle brestoise, Un été à Brest :
BSIDE AIRLINES. VOL AU-DESSUS DE LA SCÈNE ÉLECTRO BRESTOISE
LES ATELIERS DES CAPUCINS. UN NOUVEAU POUMON CULTUREL A BREST
BREST. UN AVENIR OUVERT À LA PLACE GUÉRIN
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ASTROPOLIS 2019. GILDAS RÉVÈLE 25 ANS DE RAVE ÉVEILLÉ(E)