Il y a vingt ans, un festival voyait le jour à Brest, avec pour mission aussi fragile que brûlante : faire exister ce qui échappe aux radars, aux normes et aux formats. Ni grand public ni élitiste, le Festival Invisible a fait de l’underground une célébration collective, de l’expérimentation un langage commun, et de la fragilité une force.
Pour cette édition 2025, anniversaire et manifeste, les programmateurs convoquent ce qu’ils appellent eux-mêmes des « rythmes du cœur » — non pas ceux des machines ou des plateformes, mais ceux des profondeurs. Car l’invisible, ici, ce n’est pas ce qui est absent : c’est ce qui vibre derrière les apparences.
L’édito d’Arnaud Le Gouëfflec, figure tutélaire du festival, est une déclaration d’intention à lui seul : « Le cœur continue à battre bien après qu’il ait fini de jouer son rôle de pompe ». La métaphore oppose la temporalité marchande à celle, organique, de la création. Contre l’obsession du buzz, de l’algorithme et du flux, le Festival Invisible cultive la lenteur, l’émerveillement, la dissonance, l’écoute. C’est un refuge autant qu’un laboratoire.
Une semaine de rituels et de réinventions
Samedi 15 novembre — Brasserie l’Urbaine (19h) : soirée before animée par les activistes de Oui-Ouïe Zine, fanzine brestois à la croisée des musiques alternatives et des arts visuels. Leur mix 100 % vinyles donne le ton : culotté, punk, groovy et imprévisible.
Mardi 18 novembre — Lieu tenu secret (20h30) : performance rarissime Une Horreur, rencontre entre Wlad Drakksteim (black metal), Lionel Fernandez (noise), Thomas Poli (Dominique A) et Arnaud Le Gouëfflec. Un projet qui traverse chanson, métal et post-rock pour mieux les dissoudre dans une dramaturgie du trouble.
Mercredi 19 novembre — Passerelle (20h30) : Dégustation Invisible – Écoutons nos pochettes avec Gilles de Kerdrel et Laurent Moalic, où vinyles et vins se répondent via des textes d’auteur·es inspirés par des jaquettes cultes. Entrée libre le midi à l’UBO (12h30) pour la restitution Chansons Carton ! (quarts d’heure inattendus).
Explorations extrêmes et paysages intérieurs
Jeudi 20 novembre — Passerelle (20h30) : La Cérémonie fondamentale, rite né d’une immersion dans l’univers de l’artiste brut Chomo (Odette Picaud, Chapi Chapo, David Jestin), suivi d’Autoreverse (Nina Garcia et Arnaud Rivière), duo de bruitistes incandescent à classer dans la catégorie « haute tension et beauté sauvage ».
Vendredi 21 novembre — La Suite (18h30) : apéro-concert secret et brut avec Règlement, en partenariat avec Penn Ar Dead.
Vendredi 21 novembre — La Carène (20h30) : plateau d’une cohérence rare avec le quintet suédois Den Der Hale (album Pastoral Light, Fat Cat Records), le duo culte Heimat et la révélation belge Paradoxant. Bad Seeds Didier Set ponctuera la soirée.
Point d’orgue : Shannon Wright et la lumière du deuil
Samedi 22 novembre — Bad Seeds (18h30) : set intime de la guitariste-exploratrice Tatiana Paris.
Samedi 22 novembre — La Carène (20h30) : Par Le Gast (pop oblique et bricolée), Clickbait (disco queer bondissante), et surtout Shannon Wright présentant Reservoir of Love, disque hanté par la perte de Philippe Couderc et Steve Albini : une intensité émotionnelle à l’état pur, traversée par l’épure, la rage et la grâce.
Au-delà des scènes : exposition et engagements
Lors des deux soirées à La Carène (21 & 22 novembre), découvrez l’univers graphique de Gérald Fleury, illustrateur et cinéaste d’animation compagnon de longue date des scènes indépendantes : 20 ans de DIY visuel présentés en images imprimées et animées.
Le festival rayonne aussi hors les salles : vidéos-reportages réalisées par des mineur·es isolé·es accompagnés par Don Bosco et le Studio Fantôme ; atelier d’écriture de chansons à l’UBO (Chansons Carton !) ; et une « gazette invisible » imaginée par les étudiant·es du DNMADE du lycée Vauban.
Informations pratiques
Repères — Festival Invisible 2025
- Dates : 15 → 22 novembre 2025
- Lieux principaux (Brest) : La Carène (30 rue Jean-Marie Le Bris) ; Passerelle – centre d’art (41 rue Charles Berthelot) ; Bad Seeds (7 rue Fautras) ; Brasserie l’Urbaine (11b rue Kerfautras) ; UBO (Av. Victor-Le-Gorgeu) ; La Suite (9 rue Amiral Nielly) ; + un lieu secret.
- Temps forts :
- Sam. 15/11 – 19h – Brasserie l’Urbaine : Before Oui-Ouïe Zine (prix libre)
- Mar. 18/11 – 20h30 – Lieu secret : Une Horreur (12 €)
- Mer. 19/11 – 12h30 – UBO : Chansons Carton ! (entrée libre) • 20h30 – Passerelle : Dégustation Invisible – Écoutons nos pochettes (10 €)
- Jeu. 20/11 – 20h30 – Passerelle : La Cérémonie fondamentale + Autoreverse (10 € loc. / 12 € SP)
- Ven. 21/11 – 18h30 – La Suite : Règlement (7 €) • 20h30 – La Carène : Den Der Hale + Heimat + Paradoxant (16–22 €)
- Sam. 22/11 – 18h30 – Bad Seeds : Tatiana Paris (5 €) • 20h30 – La Carène : Par Le Gast + Clickbait + Shannon Wright (Reservoir of Love) (16–22 €)
- Pass : La Carène 2 soirées (21 & 22/11) : 34 € • Pass 3 soirées (20/11 Passerelle + 21 & 22/11 La Carène) : 37 €
- Billetterie : festivalinvisible.com / lacarene.fr
- Engagement & signalements : signalement@festivalinvisible.com
- Exposition : Gérald Fleury (à La Carène, les 21 & 22/11)
