Bretagne. Sébastien Bergeron ou le retour du photographe ambulant

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3 juin 2024

Le photographe breton Sébastien Bergeron ne se contente pas de photographier des paysages, des événements et des portraits, il fabrique des appareils photos ambulants d’une autre époque. Il remet en état et au goût du jour des appareils itinérants de la fin du XIXe siècle. Il partira sur les routes du département du Morbihan au cours du prochain été, à la rencontre des habitants et des touristes…

Après l’invention de la photographie à la fin des années 1820 et à partir des années 1870, un nouveau métier apparaît en France : le photographe ambulant. Il s’agit d’une personne qui voyage dans les rues en milieu urbain et/ou rural avec un appareil photographique, des instruments de prise de vue ainsi que des supports photosensibles, pour vendre sa production photographique. Les photographes ambulants se déplacent dans une carriole aménagée en laboratoire. Les lieux touristiques sont très prisés par ces photographes itinérants, tels les jardins publics parisiens, les marches de la basilique du Sacré Coeur à Paris Montmartre, la promenade des Anglais à Nice…

Sébastien Bergeron est un vrai passionné de photo. Aujourd’hui photographe ambulant, il fabrique et utilise des appareils comme ceux de la Belle époque. Dans son atelier du Morbihan baptisé L’atelier des petits photographes, Sébastien construit des machines à remonter le temps depuis 2011, il crée des répliques de ces appareils photos ambulants puis les met en vente pour des photographes professionnels et amateurs. Toutes ses créations d’appareils photographiques sont faites mains. Fier de son travail, Sébastien Bergeron en a vendu dans le monde entier.

Tout a commencé, lors d’un voyage au Mali en 2011, où Sébastien Bergeron en compagnie de Justine Montmarché fait la rencontre de Issa Samado, photographe ambulant. Dès leur retour en France, la même année, les deux Bretons construisent leur premier appareil photo : camera minutera ou Street box et lui donnent le nom d’Issa, en hommage au photographe malien.

Ils photographient les rues de France, les festivals, et les événements culturels, notamment en Afrique de l’Ouest. Ils inventent et popularisent le terme Street Box Camera . Justine Montmarché a continué son travail de photographe ambulante, dans les rues, alors que Sébastien Bergeron s’est orienté vers l’artisanat d’art. Il est aujourd’hui probablement le plus prolifique fabricant d’appareils pour photographes ambulants dans le monde. Il a construit plus de 220 appareils.

La boîte à souvenirs du binôme fascine : on la prend même en photos ! Il s’agit d’une chambre photographique d’un autre temps, composée à la fois d’un appareil photo et d’une chambre de développement. Le photographe va à la rencontre des passants et réalise pour eux en quinze minutes des photographies en noir et blanc. Sébastien Bergeron conserve l’objectif de perpétuer la tradition des photographes ambulants d’autrefois, un savoir-faire tombé dans l’oubli, un métier trop longtemps sous évalué, voire même méprisé ! Aujourd’hui, il renoue les contacts et crée du lien avec le public.

Le photographe à l’ancienne réalise en deux temps un tirage photo argentique, en une dizaine de minutes. Lors de la prise de vue, il impressionne un papier photosensible qui donne une image en négatif. Ce papier est posé à la main directement sur la plaque de verre dépoli de la chambre photographique. Ensuite, Sébastien Bergeron dispose d’un mini laboratoire avec deux bains, un révélateur et un fixateur, pour reprendre ensuite en photo la première photo négative. Selon le même procédé, et obtient un positif : le tirage final. Le tour est joué en une quinzaine de minutes au total ! Le prix du portrait est libre. Les participants donnent la somme qu’ils veulent : elle varie cependant, plus ou moins, autour d’une quinzaine d’euros.

Sébastien Bergeron organise aussi des stages dans son atelier. Parmi les derniers, il y a celui de Martina, venue spécialement d’Autriche en 2023 puis le stage de Léo, élève de l’école Louis Lumière, venu trois semaines à l’atelier l’été dernier et Léa, élève à l’Ecole Technique Privée de Photographies de Toulouse, venue en stage en début de mois de mai 2024.

L’atelier des petits photographes propose des interventions créatives et originales, autour de l’image. Les enfants partent à la découverte de la photographie, grâce à différents ateliers proposés : travail en laboratoire ; découverte des procédés anciens de photographie… Ils découvrent la magie des images dans un environnement ludique et sécurisé.