Croustille à Rennes, une jeune chocolaterie qui promet, séduit… et doit encore oser

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Ouverte à Rennes boulevard de la Duchesse-Anne depuis mi-octoobre, la chocolaterie Croustille attire une clientèle curieuse de goûter la patte de deux artisans passionnés, Bertille Bodin, chocolatière formée au travail fin des ganaches, et Clément Roblès, barista précis et chaleureux. Atelier, boutique et salon de dégustation forment un cocon lumineux où l’on sent, dès l’entrée, que tout est fait sur place, de la fonte du cacao à l’étiquetage.

D’abord, saluons l’essentiel : la base cacao préparée par le torrefacteur parisien Nicolas Berger. Les couvertures choisies ont de la tenue, un grain franc, une amertume propre et nette, sans rugosité. On y reconnaît cette volonté de travailler un chocolat de caractère, pas trop sucré, avec une texture fluide mais pas mollissante. C’est une très bonne fondation, sur laquelle peu de jeunes chocolateries peuvent s’appuyer aussi solidement dès l’ouverture.

Ganaches supérieures, pralinés plus timides

Chez Croustille, le meilleur se trouve clairement du côté des ganaches. Elles sont soyeuses, précises, avec un équilibre qui révèle un vrai savoir-faire dans la maîtrise des textures. On y retrouve cette élégance qui permet de distinguer un artisan de la simple confiserie.

Les pralinés, en revanche, restent en retrait. Ils manquent un peu de relief et de profondeur aromatique, comme si la torréfaction ne poussait pas encore assez loin ses contrastes. On aimerait plus de personnalité, davantage de noisette chaude, de sucre cassant, de texture granuleuse assumée ou, au contraire, parfaitement veloutée. Pour l’instant, l’ensemble fait bonne impression, mais sans créer d’empreinte sensorielle durable.

Une maîtrise technique qui appelle plus d’audace aromatique

Le reproche principal — s’il faut en formuler un — touche la puissance. Les parfums, bien exécutés, ne s’élèvent pas encore en bouche avec l’élan que l’on attend. Il manque cette vague aromatique, cette montée en intensité qui surprend, éclaire et reste.

Le même constat vaut pour les créations fruitées : les notes d’agrume manquent de netteté, de fraîcheur cinglante. On aimerait une pointe d’amertume zestée, une acidité plus vive, une présence aromatique qui claque plutôt qu’elle ne murmure.

Certains bonbons ou tablettes montrent pourtant un potentiel élevé. Le chocolat au pain d’épices, notamment, possède une profondeur chaleureuse et ronde qui démontre tout ce que Croustille peut accomplir lorsqu’elle pousse une direction aromatique avec conviction. Même chose pour le citron, une variation fraîche et équilibrée, pas encore explosive mais déjà très maîtrisée et surtout cohérente sur la longueur.

Un lieu précieux pour Rennes qui gagnera à se libérer pleinement

Cette boutique-salon de thé est un atout pour ce boulevard de la Duchesse-Anne. L’espace est soigné, le service souriant, et l’ensemble respire l’artisanat honnête. Croustille n’a pas vocation à singer les grandes maisons parisiennesn elle construit sa propre identité, jeune, simple, technique, attachée à l’équilibre et au bon goût.

Si la chocolaterie ose davantage — plus d’agrumes, plus de fraîcheur, plus de contrastes, un brin d’originalités supplémentaire — elle pourra devenir une adresse incontournable. Pour l’heure, elle offre déjà de très beaux produits – les chocolats en vrac sont à 15 euros les 100 grammes, – une qualité globale très solide, et une promesse qui ne demande qu’à se déployer.

Infos pratiques :

Croustille – Chocolaterie & Confiserie artisanale
59 boulevard de la Duchesse-Anne, Rennes
Du mardi au samedi, 9h–19h
Site : chocolateriecroustille.com
Instagram : @croustille_chocolaterie