Sacrée Sandrine ! Cette frêle blonde est capable de tout jouer, même les rôles les plus improbables. Dans ce film, elle donne une crédibilité et une profondeur à une des catégories sociales les plus méprisées : les fans. Panorama de Elle l’adore.
Cela commence par un concert. Sur scène : Vincent Lacroix, interprété par Laurent Lafitte – un rôle à mi-chemin entre Johnny et Patriiiick ! Au premier rang, parmi les groupies : Muriel-Sandrine Kiberlain, émue devant son idole qu’elle adore depuis l’adolescence et qu’elle suit partout. Les gardes du corps la refoulent gentiment à la fin. Elle rentre donc chez elle, à 10 lieues d’imaginer que son dieu va venir la réveiller avant la fin de la nuit pour lui demander un service ahurissant… qu’elle accepte ! On se dit, c’est un peu gros, mais bien sûr, rien ne va se passer comme prévu. Au-delà du scénario, ultra bien ficelé, on assiste à la transformation des rôles : la chute de l’idole, et la transcendance de la godiche.
Lors de la présentation de son film à Rennes, Jeanne Herry parle de son étrange trajectoire de « fille de » (Julien Clerc et Miou-Miou) qui a débuté par des premiers rôles avant de faire de la figuration… sans perdre le désir de « faire quelque chose de plus musclé ». Avoir des parents connus, çà aide, bien sûr, avoue-t-elle. Çà l’a surtout aidée à bâtir une histoire dans un milieu dont elle n’ignore pas les pièges. Avec la spontanéité et un langage peu châtié (qu’essaie de modérer Olivia Côte, « son seul soutien depuis le départ », qui l’accompagne à l’avant-première) dignes des « Valseuses », la réalisatrice évoque son caractère de Bretonne.
Il faut en effet être têtue pour réaliser un premier film et réécrire vingt fois le scénario en neuf ans ! Le pitch – une femme, un chanteur, un cadavre – trouve sa force dans la démonstration qu’« on a tous des petites vies » – message important à une époque où beaucoup de gens pensent que la célébrité est une fin en soi. On sent que la groupie en doute lors du point culminant du film, l’« endroit où il récolte ce qu’il a semé », une garde à vue (bientôt) d’anthologie, scène de vingt minutes qui a nécessité une semaine de tournage. « Pascal Demolon – le flic – était vraiment frustré de ne pas parvenir à la coincer » s’amuse Olivia Côte, sa volage compagne dans le film.
Entre polar et comédie, on adore cette sympathique surprise de la rentrée.