Pour sa troisième édition, la compagnie théâtrale Le Ventre revient dans le pays de Redon, où elle s’était déjà produite dans sept communes différentes. Après les années covid, sa volonté de faire découvrir le théâtre à tous et toutes, par le biais du théâtre itinérant, revient redoublée, du 22 septembre au 1er octobre 2022. Prêts pour le Tour du ventre ?
C’est une drôle de déambulation à laquelle sont conviés, à compter du 22 septembre, les habitants des villes de Bains-sur-Oust et de Rieux. La compagnie de théâtre Le Ventre fera halte à Bains-sur-Oust du 22 au 24 septembre, puis à Rieux du 29 septembre au 1er octobre, afin de montrer aux habitants leurs nouveaux spectacles et proposer divers ateliers participatifs.
Association de professionnels du spectacle, Le Ventre est née au début de l’année 2019 et se voulait d’emblée populaire et accessible à tous. Cette accessibilité est accentuée par l’aspect ambulant de la compagnie. Depuis le début de son aventure, cette dernière arpente le Pays de Redon à la recherche de coins sympathiques où s’arrêter quelques jours, coins habituellement laissés en marge des activités culturelles.
À l’origine du projet, Margot Cervier, actrice de théâtre et metteure en scène ayant grandi dans la région. Elle exprime à son entourage sa volonté de faire découvrir aux habitants du Pays de Redon le théâtre, qu’ils connaissent finalement assez peu car souvent considéré comme élitiste de manière générale. « On voulait absolument que le théâtre soit ouvert à tous et qu’il soit accessible à ceux qui n’avaient pas l’habitude d’y aller », souligne Édith Lizion, comédienne qui, enthousiasmée par l’idée, rejoint aussitôt le projet. La compagnie Le ventre se fait porte d’entrée dans ce milieu fermé par le biais du théâtre populaire, qui conserve encore une trop mauvaise image. « Le théâtre populaire ne veut pas forcement dire bête, simple ou adapté à un public simple. Ça veut juste dire qu’il est fait pour tout le monde, on peut y rire comme y pleurer. » Il peut être aussi bien ludique qu’émouvant, et pas forcément compliqué et intellectuel. La compagnie Le Ventre prend alors forme autour de cette idée forte : le théâtre peut et doit être l’affaire de tous.
Ainsi, différents ateliers de création sont proposés à toutes les générations, « le challenge des comédiens étant de faire venir les ados », comme l’explique la comédienne. Des spectacles ont également été conçus avec le concours des habitants comme C’est quand qu’on fait quoi, ou une mise en scène de La route d’Agatha Kristoffe, organisée avec des étudiants Rennais.
Sont également proposés au public des ateliers de création de costumes avec du matériel de récupération, organisés par les costumières Noémie Bourigault et Margot Le du. Ces vêtements seront ensuite portés lors des déambulations annonçant l’arrivée de la troupe, les jeudis 22 et 29 septembre. Le pari d’un public intergénérationnel est ainsi réussi, car cette année se côtoieront, dans ces ateliers de réalisation de costumes, adolescents et retraités « venus renouer avec leur amour de jeunesse pour les arts plastiques ».
Le spectacle participatif C’est quand qu’on fait quoi sera quant à lui présenter au public de Bains-sur-Oust vendredi 23 et dimanche 24 septembre et au public de Rieux vendredi 30 septembre et samedi 1er octobre. Quatre comédiens de la compagnie partageront les planches avec douze habitants qui ont participé au travail d’écriture. Tous joueront dans cette production qui interroge sur la définition du mot « arrêt », thème que la crise du covid a rendu d’actualité.
À côté du volet participatif, Le Ventre, monte chaque année une nouvelle pièce. Cette année, c’est la pièce Oignon qui est mise à l’affiche. Les locaux découvriront la nouvelle pièce de la compagnie les jeudis 22 et 29 septembre.
À la manière du dramaturge et metteur en scène Bertolt Brecht, qui, dans sa volonté de lutter contre l’obscurantisme grandissant, a initié le théâtre populaire et créé le jeu artistique de distanciation, le public du Tour du ventre est place intégrante du projet. Le théâtre est un lieu de divertissement certes, mais pas seulement. Le spectateur doit en ressortir changé, différent. À intervalles réguliers, l’acteur sur scène hèle le public, comme pour le ramener à la réalité. Un jeu est ainsi et empêche le spectateur de se laisser embarquer par la fiction. Il est dans une certaine réalité le temps du spectacle.
Dans cette nouvelle création, une femme, seule sur scène, parle au public de rien, comme à un thérapeute improvisé. Ou plutôt du Rien, du Vide. Celui qui est en chacun de nous, celui qui tranquillise certains, en dérange simplement d’autres, et terrifie les esprits hyperactifs. Le personnage de la pièce est de ceux-ci, terrifié par ce vide qu’on lui demande de faire. Il s’interroge à voix haute sur la définition du vide, sur le calme et sur sa nécessité supposée. À partir de cette question, en suivant les ramifications de sa pensée en arborescence, la jeune femme nous emmène dans ses histoires où pointe toujours ce vide impossible. Car le vide, le calme, c’est une fin en soi, avec ce que ça a d’angoissant, de froid.
Le spectateur est ici partie prenante, le personnage se confie à lui sans barrières, sans ambages. Arrosé par une pluie d’oignons au début de la pièce, le spectateur a lui aussi entre les mains ce légume qui représente, pour la jeune femme, son point d’ancrage. Le régisseur, Julien, a également un rôle dans cette pièce, car il apparaît comme l’exemple à suivre. Lui, le calme, ça lui va, et comme pour casser réalité et illusion, Julien, compagnon de l’actrice dans la vraie vie, s’adresse à elle pour l’encourager, l’apaiser. Peu importe au final l’état d’esprit personnel du spectateur sur ces questionnements, il expérimente le temps du spectacle la réalité angoissante de ce vide impossible et craint.
Parallèlement, des concerts seront organisés. À Bains-sur-Oust, le groupe de jazz swing Speak-easy se produira vendredi 23 septembre et le groupe Tiki Paradise le proposera un concert exotica samedi 24. À Rieux, le Grand Orchestre du Mont Kulala se produira sous forme de karaoké vendredi 30 avant de laisser sa place à Marcella pour une soirée de musique tsigane samedi 1e octobre. Le Ventre clôturera son tour avec le Dj MST.
Durant cette pérégrination artistique, Le Ventre partagera l’affiche avec la compagnie Anomaliques qui montrera sa création musicale et marionnettique Le fils du Vent. La compagnie La turbulente présentera quant à elle leur duo clownesque Ding Dong.
En novembre, l’aventure continuera avec un partenariat avec la médiathèque et le conservatoire de Redon dans le cadre du Prix des Lecteurs. Un impromptu poétique d’une heure sera organisé, comme ce fut le cas durant la nuit de la lecture au Diapason (21 janvier 2021) autour des livres et des découvertes poétiques de l’année. Créations d’espace public sur mesure sous forme de poèmes ou scènes, ces impromptus sont en cours de conception. « Le théâtre n’est plus une question d’élite. Je me rappellerai toujours de l’année dernière. Dans notre spectacle de masque Rien n’aboutit jamais, sauf à rien, à la fin une dame me dit : « moi, je n’allais jamais au théâtre parce que je me disais que c’était chiant, et en fait non ». Ma mission était réussie », conclut Edith Lizion.