L’inspection académique envisage la fermeture de 45 classes qui impacterait une soixantaine d’écoles du département des Côtes-d’Armor à la prochaine rentrée scolaire. À l’initiative de trois communes – Lanvellec, Plufur et Trémel ,– un collectif composé de parents d’élèves, d’enseignants et d’élus vient de se créer. Son objectif est de se faire entendre afin de défendre l’école publique.
« Parce qu’un projet de fermeture de 45 classes sur le département des Côtes-d’Armor est prévu pour la prochaine rentrée scolaire, un collectif s’est créé avec de nombreuses autres communes », explique Yves Jacq, le président de l’association de parents d’élèves du Regroupement Pédagogique Intercommunal (RPI) de trois communes des Côtes-d’Armor (Lanvellec, Plufur et Trémel). L’objectif étant de mettre en place des actions contre la fermeture de classes annoncée dans le département.
Parce que des rumeurs, un peu par hasard, se sont mises à circuler fin janvier 2023 auprès d’un syndicat d’enseignants et aussi lors d’une inspection d’un enseignant dans sa classe que des parents d’élèves et des maires de plusieurs communes des Côtes-d’Armor se sont mis en quête de l’information. Cette recherche a abouti à une réunion le jeudi 2 février 2023 qui rassemblait l’inspection académique, des représentants de parents d’élèves et de syndicats enseignants ainsi que des élus. Elle confirmait la fermeture de 45 classes pour le département.
Le lendemain, une centaine de parents d’élèves et d’élus des trois communes se rassemblaient pour protester devant une décision inacceptable, car la fermeture de classes dans des écoles de petites communes risque d’entraîner, à terme, la mort de ces dernières. Les élus ont d’ailleurs rappelé que les écoles sont essentielles pour encourager les familles à s’installer en campagne. Sans elles, à quoi servent les restaurants scolaires, les médiathèques et les équipements sportifs installés depuis des décennies ?
Partagé entre tristesse, colère et indignation, le collectif a décidé de se faire entendre, car même si le RPI Lanvellec-Plufur-Trémel n’est concerné que par la fermeture d’une seule classe, ce n’est pas le cas pour les huit autres RPI concernés, soit une soixantaine de communes. Nous souhaitons défendre la parole collective et l’école publique. Il ne s’agit pas comme le présente l’inspection académique d’un problème individuel avec des situations à résoudre au cas par cas. Le collectif s’est monté officiellement le même soir et une dizaine de personnes ont été élues pour représenter son bureau.”
Le collectif pour l’annulation des 45 fermetures de classes dans les écoles publiques des Côtes-d’Armor, soit 37 délégations d’école au total, s’est réuni le mercredi 8 février. Après avoir délibéré, les parents d’élèves, les enseignants, les élus, les Délégués Départementaux de l’Éducation Nationale (DDEN), les Agents Territoriaux Spécialisés des Écoles Maternelles (ATSEM), les syndicats enseignants et les délégations d’école ont conclu la rencontre par la décision de se réunir en un collectif départemental de mobilisation pour l’annulation des 45 fermetures de classes et l’ouverture de toutes les classes nécessaires.
Une délégation a ensuite été désignée afin d’être reçue dès le lendemain par le Conseil Départemental de l’Éducation Nationale (CDEN). Trois représentants du collectif ont été reçus jeudi 9 février par le directeur académique, la directrice académique adjointe et un représentant du préfet. Après l’argumentation des trois délégués sur l’annulation des 45 fermetures de classes et l’obtention des ouvertures de classes au besoin, le directeur académique s’est alors exprimé. Il a indiqué que le budget alloué ne dépendait pas de lui et qu’il gérait une situation comptable, que la baisse des effectifs le conduit à adapter le nombre de postes et que le ratio professeur-élèves est de 1/17 en totalisant tous les professeurs du département et de 1/21 en comptant les professeurs face à une classe.
Quant à la directrice adjointe, elle a conclu que les audiences du jeudi 2 février 2023 avaient été mal vécues par les délégations et que des révisions des mesures de carte scolaire auraient lieu fin juin ou début juillet en fonction du réajustement des effectifs, une nouvelle étude qui, selon elle, pourrait s’orienter vers le mieux comme vers le pire. Quant au représentant du préfet, il ne s’est pas prononcé.
« Nous n’avons reçu aucune réponse à nos nombreuses questions concernant : la comptabilisation des – 3 ans, les difficultés liées à l’école inclusive, le manque d’Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap (AESH), le manque de place dans les classes Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire (ULIS), les problèmes de comportement de certains élèves, les investissements faits par les collectivités locales pour les écoles, à savoir qu’elles sont encouragées à investir et que peu de temps après la réalisation attendue, une classe ferme« , a conclu le collectif qui a également soulevé le sort des communes rurales, car la suppression d’une classe entraîne aussi des problèmes de logistique notamment au sein des RPI, par exemple dans les transports.
Et la réunion avec les membres du Conseil Départemental de l’Éducation Nationale (CDEN), elle a été tout simplement annulée par le collectif. Les représentants des syndicats, les parents d’élèves et les élus ont décidé de ne pas y siéger pour montrer leur opposition. Environ 200 personnes se sont ensuite rendues, pancartes à la main, devant la préfecture de Saint-Brieuc pour manifester leur mécontentement.
Une autre réunion avec le CDEN est prévue jeudi 16 février dans l’après-midi, sans que l’heure soit encore fixée. Elle sera très probablement suivie d’une nouvelle manifestation devant la préfecture de Saint-Brieuc.