Même le journal Le Monde en parle dans ses colonnes… Jusqu’au 11 mars, l’office de tourisme de Rennes expose dans la chapelle Saint-Yves collages et vitraux, exprimant la virtuosité d’un grand chef, Alain Passard. Un évènement artistique en l’honneur du « gars » du pays au piano du restaurant L’Arpège.
Au Tire-Bouchon, restaurant traditionnel du centre-ville de Rennes, place du Calvaire, les cuisiniers connaissent parfaitement le grand restaurateur. « Il vient parfois manger chez nous, » indique le maître des lieux, Dary. « C’est un homme d’une gentillesse et d’une grande simplicité. Nous discutons souvent ensemble. »
Les maîtres verriers partagent avec le grand chef l’art du feu
Partout où il passe, le Guerchais d’origine remporte tous les suffrages et séduit par sa bonhomie. À Rennes, il présente au public, pour la première fois, quatorze vitraux destinés à être posés dans les cuisines de l’un des potagers du chef. Lequel ? Mystère et boule de gomme. Mais chacun se plaît à imaginer que ces oeuvres-là décoreront peut-être le presbytère de son frère, curé jovial d’un pays d’écrivains et de bocage.
Mais passons sur les supputations pour converser de l’essentiel. Sous la charpente de l’office de tourisme, les deux maîtres verriers Anne Ellul et Helder Da Silva rendent hommage à la finesse d’un homme et à la légèreté de sa cuisine. Ils ont saisi sur le vif son art culinaire, mitonnant un condensé de transparence et de couleurs.
Résolument modernes, leurs oeuvres invitent assurément à la découverte gastronomique et artistique. Rien de tel que cette expo pour comprendre la beauté du geste du cuisinier et de l’artiste ou encore la correspondance entre cuisson de légumes et de l’émail. Mais par-delà ce rapprochement, le visiteur sera surpris par les gris et verts tendres des asperges, des cèpes et des sardines, les violets complémentaires des oignons et le ton chair des endives. Il comprendra ainsi mieux l’attrait du cuisinier à l’égard des légumes et de leurs couleurs naturelles.
Dommage en revanche que cet accrochage ne montre qu’une partie des vitraux… Mais on se consolera bien vite en salivant d’avance aux grands plats cuisinés rue de Varennes, à l’Arpège, en face du musée Rodin. Un autre artiste de la pureté.
Office du tourisme et des congrès de Rennes Métropole, chapelle Saint-Yves, 11, rue Saint-Yves, Rennes (35). Le lundi de 13 heures à 18 heures ; du mardi au samedi de 10 heures à 18 heures ; les dimanches et jours fériés, de 11 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures. Du vendredi 3 février au dimanche 11 mars.
Voici comment le Journal Le Monde évoque la cuisine d’Alain Passard : On ne parlait que de sa betterave en croûte de sel. Deux heures et demie de cuisson à four moyen, et voici la fameuse Beta romana, servie chaude encore, avec sa peau devenue légèrement croustillante. Jamais betterave de pleine terre n’avait connu un tel accommodement ! Les carottes aux grains de couscous, onctueuses et sucrées, enivrées des saveurs piquantes de la harissa, résistaient à l’astringence de l’huile d’argan. Même le modeste poireau de la Manche au beurre salé, serti d’éclats de truffes noires, réussissait à jouer les premiers rôles quand il n’était que figurant au théâtre culinaire. L’enthousiasme de Passard et de son équipe eut bientôt fait de désarmer le carnivore ordinaire.
De l’assiette à l’art des vitraux, Alain Passard est un chef