Exposition. DIDIER VERMEIREN sculpte l’espace au Frac Bretagne

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Fruit d’un an et demi de travail, l’artiste belge Didier Vermeiren présente son exposition Construction de distance au Frac Bretagne à Rennes. Les sculptures angulaires de Didier Vermeiren interrogent leur relation à l’espace et aux spectateurs en soulignant les contrastes : plein/vide, horizontal/vertical… Une exposition à parcourir du 14 janvier au 23 avril 2017.

 

Didier Vermeiren
Didier Vermeiren, Étude pour La Pierre #2, 2007 © Adagp, Paris 2017

Construction de distance de Didier Vermeiren est une exposition à caractère rétrospectif qui réunit 25 sculptures et 50 photographies réparties dans trois galeries. Les œuvres présentées, anciennes et récentes, communiquent entre elles. L’exposition révèle un jeu de citations et d’autocitations où l’artiste se nourrit à la fois de ses créations antérieures pour ses recherches actuelles mais aussi convoque des figures majeures de l’histoire de l’art. Ces allers-retours s’étendent de la statuaire classique à la période contemporaine. Dans la galerie Est, La Pierre (2012) et L’Urne (2009) font référence à deux sculptures de Rodin : Cariatide à la Pierre (1881) et Cariatide à l’Urne (1883). De même que la base des deux œuvres de Vermeiren, composée de briques disposées en un pavage régulier, est un emprunt au travail du peintre et sculpteur minimaliste, Carl Andre.

La relecture de la définition du socle à l’oeuvre chez Vermeiren s’inscrit à nouveau dans des questionnements initiés par l’histoire de l’art, dans le travail de Rodin ou encore Brancusi par exemple. Cet élément, traditionnellement utilisé en scénographie pour mettre en valeur une œuvre, se retrouve auréolé d’une dimension artistique et esthétique. En atteignant une forme d’autonomisation, une indépendance vis-à-vis d’une œuvre d’art, le rapport sculpture/socle s’inverse voire même s’annule. Le potentiel du socle est révèlé aux yeux du regardeur et sa perception s’en trouve par là-même modifiée. La Collection de solides (1978-1985), œuvre présentée dans la galerie Nord, est formée par un ensemble de cinq « sculptures de socles ». Les deux « socle sur socle » sont construits sur un dédoublement d’un socle formant un jeu de miroir vertical par effet de symétrie. Un socle garde sa fonction de support mais ne fait plus que soutenir un autre socle.

Didier Vermeiren
Didier Vermeiren, Atelier, Bruxelles, 1986, Collection Frac Bretagne © Adagp, Paris 2017

Construction de distance met également en valeur les interactions existant entre les œuvres elles-mêmes et entre les œuvres et l’espace. Elle semble répondre à la question : comment l’oeuvre évolue dans son environnement. Les œuvres opèrent un découpage du vide et leurs lignes de force vont orienter la lecture de l’espace muséal. Place (1999) et Place (2000) sont des sortes de chariots prenant la forme de parallélépipèdes verticaux en métal. Ils apportent une dimension aérienne et graphique à l’espace. À propos d’un Open Cube (2015-2016), exposé dans la même salle que les deux œuvres précédentes, Michel Gauthier note que « Peut-être est-il un moule ; c’est alors l’espace qu’il moule. » (Michel Gauthier, « Recherche de la base et du présent » in Didier Vermeiren : construction de distance, Frac Bretagne, Rennes). Cela corrobore l’idée avancée par Didier Vermeiren selon laquelle c’est la sculpture qui fait l’espace et non l’inverse.

Les œuvres intéragissent aussi avec les regardeurs qui se déplacent. Il y autant de point de vue qu’il y a de regardeurs. C’est à une véritable gymnastique oculaire que nous sommes invités : tantôt l’espace s’ouvre à notre vue, tantôt notre œil  se heurte aux sculptures. La texture des matériaux (bois, plâtre, bronze…), les couleurs et la lumière contribuent également à l’expérience visuelle.

Didier Vermeiren
Didier Vermeiren, L’atelier à quatre heures du matin, 1995, tirage argentique, 40 x 30,7 cm

Bien que Didier Vermeiren qualifie ses œuvres de « temps solidifié » en tant qu’instants cristallisés dans la matière, elles ne sont pas nécessairement fixes dans leur forme. L’oeuvre Un bloc de pierre de 80 x 80 x 20 cm sur un bloc de polyuréthane de 80 x 80 x 20 cm (1985) illustre ce que nous pourrions appeler une « sculpture in progress » au sens où elle est en mouvement puisque le poids de la pierre agit sur le polyuréthane. La mobilité des sculptures peut quant-à elle être suggérée. C’est le cas avec les roues des chariots de Place (1999) et Place (2000) où avec Solide plastique # 1 (1998) où l’ajout d’encoches permet le passage des fourches d’un transpalette.

Le travail photographique occupe une place importante dans l’exposition. À la fois instrument d’expérimentation et outil lors du travail préparatoire, la photographie est appréhendée comme œuvre à part entière. En exploitant les temps de pause, Didier Vermeiren est parvenu à mettre en mouvement ses œuvres dans des photographies. L’Atelier à quatres heures du matin (1995) montrent les œuvres dans leur contexte de création, in situ, c’est-à-dire l’atelier où l’artiste tel un maïeuticien accouche la matière de sa forme. A contrario, les œuvres peuvent-être photographiées ex situ, dans des musées notamment. Avec la série des Photoreliefs, images collées sur un volume de bois, les photographies tendent à se muer en sculptures.

 Exposition Construction de distance de Didier Vermeiren du 14 janvier au 23 avril 2017 FRAC Bretagne 19 avenue André Mussat 35000 Rennes Horaires d’ouverture : Du mardi au dimanche de 12h à 19h. Tarifs : 3 euros plein tarif / 2 euros tarif réduit. Gratuit pour les moins de 26 ans et les Amis du Frac Bretagne

Ouvrage à paraître : Didier Vermeiren Construction de distance Texte de Michel Gauthier, Recherche de la base et du présent Conception : Didier Vermeiren, Elsa Cayo Conception graphique : Jérôme Saint-Loubert Bié 2017. Éditeur : Frac Bretagne Français/Anglais. Format 24 x 31 cm 176 pages, illustrations couleurs

Crédit photos :  Didier Vermeiren

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