Doctor Strange le super-héros de Marvel : décidément ces sacrés Américains ne rateront jamais une occasion de racler les fonds de tiroir pour extraire d’un sujet la substantifique moelle ou pour être plus exact, l’ultime dollar que peut cracher une corne d’abondance comme celle des comic’s Marvel.
Après avoir exhumé des limbes soixante-huitardes le Captain America, des personnages aussi improbables que les Quatre Fantastiques ou le Surfer d’argent, aux prétentions philosophico- spatiales, sans oublier la saga magnétique des X-men, quoi de plus normal que de poursuivre la même logique en proposant au grand public les aventures ésotériques du ténébreux Doctor Strange. Déjà, un nom pareil, cela ne s’invente pas ! Au départ, ce brillant neurochirurgien, imbu de lui-même et atteignant un niveau de suffisance et d’arrogance inégalé, n’a rien de sympathique.Cette incarnation de la réussite à l’américaine laisse plutôt un sentiment de malaise. Superbe et immense maison en open-space, dressing hyper ordonné et proposant à son propriétaire un panel des plus belles tocantes de la planète, sans oublier un garage aux dimensions de piscine municipale d’où surgit, au mépris de toute réglementation, une superbe Italienne.
Tiens, on serait presque content de le voir s’éclater comme une fraise trop mûre, lors de l’accident causé par l’utilisation intempestive de son portable au volant (on vous avait prévenu). La perte de dextérité de ses mains va le conduire à rechercher toutes les solutions qui lui permettraient d’en retrouver l’usage. C’est avec « la sorcière suprême » que l’espoir va renaître. Tel un hippie de la belle époque nous nous retrouvons à Katmandou où il apparaît que la guérison passe plus par l’esprit et ses immenses pouvoirs que par la chirurgie. Il y a dans Doctor Strange une approche de la spiritualité qui le situe un peu au-dessus des opus précédents, nous voici invités à la réflexion, on découvre même un concept intéressant, celui de « multivers », opposé à l’idée classique d’univers. La vie se situe dans plusieurs dimensions et non pas dans une seule. La conception manichéenne du bien et du mal est présente et bien sûr, le mal tente de s’infiltrer partout.
Le casting, basé sur des acteurs de talents et des valeurs sûres, contribue largement au succès populaire de ce film. Les interprétations de Benedict Cumberbatch, que l’on avait connu en Sherlock Holmes opiomane, comme celle d’un inquiétant Mads Mikkelsen, contribuent à donner une certaine épaisseur aux personnages. En sorcière, Tilda Swinton donne le change avec éclat, Chiwetel Ejiofor incarne un solide Mordo, ces remarques s’appliquent également aux personnages annexes dont les bonnes prestations rendent crédible un film qui aurait pu apparaître comme un peu fumeux.
Le réalisateur, Scott Derricksson, un rescapé du film d’horreur, a réalisé un travail plutôt satisfaisant. Les effets spéciaux sont de bonne qualité, spécialement les luttes qui se déroulent dans des paysages transformés en permanence, à l’instar des villes de « Inception » ou des changements de décor de la fameuse école des sorciers de Poudlard. C’est vraiment réussi et représente une évolution dans l’utilisation des images de synthèse.
En quelque sorte, un Marvel un peu intello. Triste à dire, mais ces prétentions à conduire le spectateur à une certaine réflexion ne sont pas toujours la meilleure recette du succès. Souvenons-nous du très ésotérique « Dune » de David Lynch, un peu trop intelligent pour un blockbuster, et qui, faute de compréhension de la part du grand public, a dû se contenter du rôle de « film culte » acquis après quelques années. Affaire à suivre donc, et à comparer aux autres productions de la franchise. Coté musique, c’est plutôt réussi et la bande-son composée par Michael Giacchino colle tout à fait à l’ambiance, on remarquera même l’incursion d’une musique d’époque avec « le Interstellar overdrive des Pink Floyd. Jamais à court d’idées chez Unidivers, nous proposons donc aux producteurs de Marvel Studio et à Disney Pictures, de se pencher sur le cas ô combien intéressant du Prince des mers Namor, personnage Marvel, connu de la presse de gare des années 60-70, et dont la vie sous-marine offre de nombreuses possibilités de belles images, et au moins plusieurs épisodes.
Ah, comme il est facile de gagner de l’argent quand on est déjà milliardaire!!!
Doctor Strange est un film américain de super-héros réalisé par Scott Derrickson, sorti en 2016. Durée 115 minutes
Adapté du personnage du Docteur Strange créé par Steve Ditko et Stan Lee, Doctor Strange est le 14e film de l’univers cinématographique Marvel et le 2e de la phase III.
Titre québécois : Docteur Strange
Titre original et français : Doctor Strange
Réalisation Scott Derrickson
Scénario Thomas Dean Donnelly, Joshua Oppenheimer, Jon Spaihts, d’après les personnages créés par Steve Ditko et Stan Lee
Acteurs principaux
Benedict Cumberbatch
Chiwetel Ejiofor
Tilda Swinton
Sociétés de production Marvel Studios
Société de distribution : The Walt Disney Company
Direction artistique : Ray Chan
Décors : Charles Wood
Costumes : Alexandra Byrne
Photographie : Ben Davis
Casting : Sarah Finn
Musique originale : Michael Giacchino
Montage : Wyatt Smith
Effets visuels : Industrial Light & Magic
Producteurs : Kevin Feige
Benedict Cumberbatch (VF : Jérémie Covillault) : Dr Stephen Strange / Doctor Strange
Chiwetel Ejiofor (VF : Frantz Confiac) : Karl Mordo / Baron Mordo (en)
Rachel McAdams (VF : Élisabeth Ventura) : Christine Palmer
Benedict Wong (VF : Enrique Carballido) : Wong (en)
Mads Mikkelsen (VF : Yann Guillemot) : Kaecilius
Tilda Swinton (VF : Françoise Cadol) : l’Ancien (en)
Michael Stuhlbarg (VF : Luc Boulad) : Dr Nicodemus West
Benjamin Bratt (VF : Loïc Houdré) : Jonathan Pangborn
*************************************
Doctor Strange est un super-héros appartenant à l’univers de Marvel Comics. Créé par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Steve Ditko, il apparaît pour la première fois dans le comic book Strange Tales #110 en 1963. En France, il est publié pour la première fois dans Étranges Aventures n° 22 (septembre 1971). Le Doctor Strange est « le maître des arts mystiques » auquel tous les autres super-héros font appel quand ils ont affaire à des adversaires usant de magie.