Vivement sur scène les chansons de ce nouvel album Vers les lueurs Dominique A. Nerveusement et lumineusement nostalgiques, fébrilement et intelligemment énergiques.
Et ces trop vagues définitions s’appliquent aux musiques autant qu’aux textes tant ces deux composantes, trop souvent décalées, trouvent ici enfin une paisible harmonie symétrique. La voix, qui ne fut jamais si chantée, de Dominique A s’enroule autour des mélodies, s’infuse en elle, en beauté simple, en texture nerveuse et franche (Ostinato). Les textes, toujours aussi nets dans leur description, y gagnent également. Ils vont et viennent mieux que jamais entre sens et mélodie.
L’emploi d’un quintet à vent aurait pu, quant à lui, faire craindre en un essai fat de quelque habillage « néo-classique » – il n’en est rien. Au contraire, les arrangements font ressortir l’éclat d’une pop brillante comme une pierre rare, jamais clinquante du toc. On dirait même parfois que ce sont eux qui originent ce caractère… Impression furtive tant l’ensemble est véritablement ciselé avec une sublime précision.
Et, précisément, c’est là que tient le tour de force de Dominique A avec cet album. La production pointilleuse, qui a souvent tendu vers une certaine distance un peu roide, se fond ici avec bonheur dans la douce chaleur de chansons tout éclairées de l’intérieur. La parfaite bande-son printanière.
Entre une fraîcheur qui ne fait plus grelotter, mais doucement frémir, une lumière qui n’atteint pas encore le zénith, mais semble encore hésiter («par les lueurs, et soudain, nous voilà traversés par les lueurs ») et une chaleur qui sort d’un long sommeil et se fait pudiquement caressante.
Dominique A, Icare malin, parti Vers les lueurs, ne s’est pas brûlé les ailes, mais revient, printanier, un peu, mais pas trop, transformé. Sa musique pleine de photons apparemment apprivoisés est imprévisible comme les reflets de la lumière…