Né à Nancy sous le nom de Jean-Ignace-Julien Gérard, J.-J. Grandville (1803-1847) adopta le nom de ses grands-parents, acteurs connus au XVIIIe siècle.
Il monta à Paris pour travailler dans l’atelier d’Hippolyte Lecomte et vécut une existence paisible aux côtés de son épouse qui fut son premier critique dans son travail de dessinateur. Les nécessités économiques l’ont contraint à se détourner de la carrière de peintre pour se consacrer à l’illustration, en particulier la caricature. Son trait satirique visant les hommes politiques se vit rapidement contrarié par la censure.
Il se consacra alors à des sujets d’actualité moins sensibles dans des journaux comme L’Illustration ou Le Magasin Pittoresque. À ce moment, il se tourna aussi vers l’illustration de grands classiques de la littérature : les Fables de La Fontaine (1838), les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift (1838), Robinson Crusoe de Daniel Defoe (1840), mais aussi d’œuvres contemporaines comme Les fleurs animées de Taxile Delord (1847) ou Scènes de la vie publique et privée des animaux de P.-J. Stahl (1842). Dans ce livre, Grandville, à travers les figures animales, y caricatura, d’une façon saisissante de drôlerie, la vie politique, judiciaire et sociale de son époque.
À sa mort, il était en train de travailler à l’illustration du Quichotte dont la publication fut décidée en 1848. Sept dessins manquaient pour lesquels Grandville avait préparé des maquettes. L’éditeur fit appel à Karl Girardet qui acheva le travail.
Dans ses illustrations, Grandville allie le réalisme à un sens aigu de l’absurde pour traduire tout l’humour du livre et sa propre vision du Quichotte comme l’avait fait Johannot onze ans plus tôt.
Le succès du premier tirage du Quichotte amena son éditeur tourangeau Mame à publier pas moins de cinq éditions jusqu’en 1877. Les éditeurs, à l’époque, n’avaient pas scrupule à ajouter des dessins et gravures d’autres artistes. Aussi, en 1885, ce même éditeur décida d’augmenter le nombre d’illustrations en faisant appel à Gustave Fraipont (1849-1923), ce qui fit de cette nouvelle édition un intéressant exemple de l’illustration française au XIXe siècle.
Gustave Fraipont ajouta vingt scènes supplémentaires. Ce jeune artiste était un peintre de paysages et ses illustrations du Quichotte mettent surtout en valeur la géographie et description des lieux, à la différence de Grandville, plus attaché aux comiques de situation et à la satire.
Comme ce fut le cas également pour Tony Johannot, hélas, la publication du Quichotte de Gustave Doré vint ternir le succès de Grandville et Fraipont.
Les vingt-sept dessins préparatoires à la gravure, qui datent de l’année de la mort de Grandville, sont conservés actuellement au Musée des Beaux-Arts de Nancy.
L’ingénieux chevalier Don Quichotte de la Manche, traduction nouvelle, illustrations par J.-J. Grandville, Karl Girardet et Gustave Fraipont, Alfred Mame et fils éditeurs à Tours, 1885.
Le site en ligne Gallica-BNF présente l’intégralité des illustrations ici.
Grandville et l’illustration, Musée des Beaux-arts de Nancy.
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