États-Unis : la fin de l’exemption de droits de douane pour les petits colis bouleverse le commerce mondial

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poste usa taxe

Depuis aujourd’hui, vendredi 29 août, à 0h01, heure de la côte Est américaine, un changement majeur est entré en vigueur : les colis d’une valeur supérieure à 100 dollars (environ 86 euros) envoyés vers les États-Unis ne bénéficient plus de l’exemption de droits de douane dite de minimis. Jusqu’ici, cette franchise autorisait l’importation de biens d’une valeur allant jusqu’à 800 dollars sans surtaxe.

Une décision justifiée par des enjeux de sécurité et de contrôle

Le président Donald Trump a justifié cette suppression par la nécessité de combler une « faille catastrophique » exploitée selon Washington pour contourner les taxes et introduire des produits dangereux sur le territoire américain.
Selon l’Agence américaine de protection des frontières (CBP), 98 % des narcotiques, 97 % des contrefaçons et 70 % des produits nocifs saisis en 2024 provenaient de ce type de petits envois. Le gouvernement avance ainsi un argument de santé publique et de sécurité nationale : limiter l’afflux de substances illicites, d’opioïdes de synthèse ou de marchandises non conformes.

De nouvelles contraintes douanières

Désormais, tout envoi supérieur à 100 dollars est soumis aux mêmes règles douanières que les importations classiques. Les taux varient selon l’origine : 10 % minimum pour la plupart des pays, 15 % pour l’Union européenne, et jusqu’à 50 % pour l’Inde ou le Brésil.

Le décret stipule en outre que les transporteurs et autres acteurs agréés doivent collecter les droits de douane auprès des expéditeurs avant l’envoi, afin de les reverser à la CBP. En pratique, cela bouleverse les habitudes logistiques, en particulier pour les opérateurs postaux qui n’avaient pas anticipé les ajustements techniques nécessaires.

Des perturbations immédiates

Face au flou des modalités et à la rapidité de la mise en œuvre, 25 pays ont annoncé la suspension temporaire de leurs envois vers les États-Unis. Parmi eux figurent des acteurs majeurs comme la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Inde, le Japon, l’Australie ou le Mexique.

« Faute d’informations complémentaires sur les conditions techniques d’envoi des colis vers les États-Unis, nous n’avons d’autre choix que de suspendre temporairement ces envois », a confirmé à l’AFP un responsable de La Poste française.

Washington, de son côté, minimise la portée de cette réaction et estime que la mesure « n’est une surprise pour personne », appelant les services postaux étrangers à « se ressaisir » dans leur contrôle du trafic.

Un coup dur pour les entreprises et les consommateurs

La fin du régime de minimis affecte directement les petites et moyennes entreprises, qui utilisaient ces envois peu coûteux pour atteindre le marché américain. De nombreux artisans, marques indépendantes ou start-up d’e-commerce pourraient voir leur compétitivité diminuer face à la complexité douanière et à la hausse des coûts.

Même certaines firmes américaines risquent d’en pâtir, lorsqu’elles font venir des produits fabriqués à l’étranger en petites quantités avant de les redistribuer à leurs clients.

Pour les consommateurs américains, les conséquences seront visibles dans le prix final des articles achetés sur des plateformes étrangères comme Shein, Temu ou AliExpress, dont les modèles reposaient largement sur l’expédition de colis détaxés.

Un enjeu commercial et politique

Cette décision marque un nouveau tournant protectionniste dans la politique commerciale de Donald Trump. Elle prolonge les enquêtes ouvertes dès la présidence de Joe Biden, mais franchit une étape décisive en ciblant directement un mécanisme qui avait favorisé l’essor des géants du e-commerce asiatique.

Si les autorités américaines mettent en avant les bénéfices attendus en matière de sécurité et de souveraineté économique, les partenaires commerciaux dénoncent une mesure brutale, prise sans concertation, qui fragilise les échanges internationaux.

Bref, si la suppression de l’exemption sur les petits colis répond à des préoccupations réelles de sécurité et de lutte contre la fraude, mais elle s’impose dans la hâte et sans mécanismes de transition. Les conséquences se feront sentir sur les entreprises exportatrices, les plateformes de vente en ligne, les consommateurs américains… et sur les relations commerciales internationales déjà tendues.

Les nouvelles règles douanières pour les petits colis envoyés vers les États-Unis

  • Seuil d’exemption :
    • Maintenu uniquement pour les colis non commerciaux (cadeaux entre particuliers) d’une valeur ≤ 100 $ US (≈ 86 €).
    • Tous les autres envois au-dessus de ce seuil sont désormais taxés.
  • Taux de droits de douane applicables :
    • Minimum 10 % pour la plupart des pays.
    • 15 % pour les pays de l’Union européenne.
    • Jusqu’à 50 % pour certains pays ciblés (Inde, Brésil, etc.).
  • Responsables du prélèvement :
    • Les transporteurs, plateformes et services postaux doivent collecter les droits auprès de l’expéditeur avant l’envoi.
    • Les montants sont ensuite reversés à la Customs and Border Protection (CBP) américaine.
  • Catégories les plus touchées :
    • Produits achetés sur des sites d’e-commerce étrangers (Shein, Temu, AliExpress, etc.).
    • Exportations de petites entreprises et d’artisans vers les États-Unis.
    • Commandes fractionnées de groupes américains depuis leurs usines étrangères.
  • Conséquences immédiates :
    • Suspension temporaire des envois depuis 25 pays, dont la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon ou l’Australie.
    • Allongement des délais et hausse des frais pour les expéditeurs comme pour les destinataires.