Depuis la création d’Unidivers en 2011, certains membres rêvaient de réaliser pareil entretien. Il faut dire que la rédaction se partage entre adeptes du Père Noël (les cadeaux, c’est une entité merveilleuse qui les offre), de Saint-Nicolas (c’est le saint préféré des enfants qui les offre pour célébrer la naissance de Jésus) ou de…personne (ce sont les parents qui réjouissent leurs enfants). Alors, on a tenté le tout pour le tout : tous les membres de la rédaction ont rédigé une lettre collective pour solliciter – en plus des cadeaux et des réponses aux questions de chacun – un rendez-vous. Depuis, tous les 24 décembre, nous avons veillé auprès du sapin de la salle de rédaction, nous racontant nos histoires d’enfance et surveillant la cheminée du coin de l’œil. Et puis finalement, il est arrivé de manière inattendue, ce M. Noel – car il ne supporte désormais plus qu’on l’appelle Père Noël ou Papa Noël… Il a déboulé au début du mois de décembre, entre deux rendez-vous avec des fournisseurs bretons, nous rendre visite dans nos bureaux.
La rédaction d’Unidivers : Bonjour Père Noel, quelle surprise ! Merci de venir nous voir.
M. Noel : Oui, je devais préparer quelques dernières livraisons pour le jour J et je me suis dit que j’allais trouver un petit créneau pour voir mes chers petits d’Unidivers. Toutefois, je vous en prie, ne m’appelez pas Père Noël…
M.N. : Hé bien, Monsieur Noël me paraît beaucoup mieux adapté.
U : Bien, Monsieur Noël. Alors, vous parcourez le monde toute l’année pour trouver des fournisseurs pour les cadeaux ? Une simple question : comment se fait-il que personne ne vous a dénoncé ou reconnu ?
M.N. : Hé bien, mon petit Matthieu, parce qu’il y a un contrat de confidentialité qui engage la vie du contractant. En plus, je ne ressemble pas vraiment à ce…bonhomme en robe rouge que l’on voit partout.
U. Ben justement, pourquoi avoir inventé ce personnage ? D’autant plus que Saint-Nicolas fonctionnait bien ?

U : Donc, c’est votre épouse qui est à l’origine de cette mascarade créée par Coca-Cola ?…
M.N. : Hé bien, disons, que… oui. En fait, à la fin du XIXe siècle, elle a été séduite par le taylorisme américain. Cette réaction à plusieurs décennies d’industrialisation ressentie comme désordonnée correspondait à notre volonté de mettre fin à la multiplicité des légendes et représentations du père Noël dans différents pays. En créant ce personnage en robe rouge avec barbe blanche, aidé par des lutins, des traîneaux et des cerfs, nous avons réussi à imposer un modèle unique ; ce qui a grandement facilité une intégration et une rentabilité productive mondialisée. Bon, cela étant, faut bien reconnaître qui si ça été un coup de maître d’un point de vue économique, c’est parfois appauvrissant côté culturel…

M.N. : Ca, c’est que tu penses, Nicolas. En réalité, nous avons réalisé cette campagne de communication avec Saint Nicolas. Il n’en pouvait plus de distribuer des bons points et autres cadeaux, il désirait se reposer. C’est à sa demande que nous avons pris le leadership et créé un marketing au service d’une diffusion monopolistique. Je sais que certains le regrettent, mais c’est la vérité.
U : Ca, c’est du scoop !… Et vous, vous avez quel âge, si ce n’est pas trop indiscret ?
M.N. : Oh, ma chère Marie-Christine, je ne compte plus. Disons que j’ai l’âge que je souhaite à Unidivers d’atteindre un jour…
U : Et moi, Monsieur Noel, je l’aurai bien mon cadeau… ?

M.N. : Voyons, Alix, ce genre d’objet n’est vraiment pas pour les enfants. Madame Noel était d’ailleurs quelque peu embarrassée par ta demande sur votre lettre collective, mais j’ai une équipe de lutins qui a étudié le sujet. Sait-on jamais…

M.N. : Oui, Chloé, les lutins sont universels et d’ailleurs ont leur propre langue. Le contrat de travail respecte le standard finlandais, comme la législation l’impose. Car c’est bien là que j’habite. Le réchauffement climatique me pose d’ailleurs de sérieux problèmes, car mes installations perdent de leur camouflage. Mais nous avons des solutions, ho ho ho !
U. : Et le traineau pour vous déplacer, c’est inventer au XXe siècle ou c’est vrai ?

U : Comment ça ? C’est une invention liés à quoi ? La vitesse de la lumière ? La téléportation ? La musique des sphères ?
M.N. : Ah Laurent, toujours aussi scientifique que mélomane ! Mais non, rien de tout cela, ou un peu de tout… Disons que pendant que je vous parle ici, je suis aussi ailleurs. Ça me rappelle mes discussions avec mon vieil ami Albert qui avait touché du doigt mon secret.
U : Le Albert… le scientifique ?
M.N. : Oui, Einstein bien sur. Qui voulez-vous d’autre ?! Un brave petit… Avec une cervelle bien faite. Ca me rappelle d’ailleurs sa rencontre avec Marylin, une actrice américaine du XXe siècle.

M.N. : Certes, certes. C’était lors d’une grande cérémonie organisée pour fêter Noël par un homme politique américain. Marylin tombe dans les bras d’Albert et s’exclame : « Oh, maître, imaginez-vous ce merveilleux cadeau de Noël, un enfant que nous aurions ensemble : votre intelligence conjuguée à ma beauté ? ». Ce à quoi Albert répond du tac au tac : « Certes, mais imaginez le contraire… » (Rire général, NDLR)
U : Mais alors, en fait vous avez connu tout le monde ? Jésus, Bouddha, Mahomet…?

U : Et justement, vous ne craignez pas trop la concurrence ? Les enfants croient de moins en moins en vous ! Après Saint-Nicolas, le Père Noël pourrait disparaître…

U. Votre successeur ?!…
M.N. : …Chut. Secret ! Je ne peux vous en dire plus pour l’instant. Mais comme avec Unidivers, l’Internet français a de bons ambassadeurs culturels, je reviendrai sans doute vous en dire plus dans quelques temps… Allez, je dois filer maintenant. Soyez bien sage ! Surtout toi mon petit Didier…
D.A. : Mais heu… pourquoi moi ?!
(Oops, M. Noel a disparu, NDLR)

