L’exposition Dali à Nantes se déroule du 26 décembre 2017 au 31 mars 2018 à l’Hôtel La Rosière d’Artois. Belle occasion, après la réouverture du Musée d’arts de Nantes l’été dernier, de braquer les projecteurs sur le dynamisme culturel de la cité des Ducs de Bretagne. Unidivers a assisté à l’installation des premières œuvres et à la présentation de cette exposition par le maître des lieux Jean-Michel Moutot en compagnie de Julia Strauss, chargée de communication de l’Espace Dalí à Paris.
Un curieux ballet se jouait vendredi 22 décembre devant l’hôtel La Rosière d’Artois, lieu qui accueille l’exposition Dali pour une durée de trois mois, du 26 décembre 2017 au 31 mars 2018. Savamment orchestré par une équipe chevronnée, les bronzes, imposants parfois, encore entourés de leur chrysalide de plastique, et autres caisses trouvaient un par un leur place dans les pièces de l’hôtel.
Plus de 300, c’est le nombre d’œuvres composant la plus grande collection privée de France de Salvador Dalí. Constituée de sculptures, objets, mobilier, œuvres graphiques, elle appartient à un collectionneur privé, amateur d’art, qui est également éditeur d’art des bronzes de Dalí. Dans le cadre de la rénovation en 2018 de l’Espace Dalí où elle est habituellement présentée, la collection est déplacée pour la première fois en 25 ans.
On l’imagine facilement : nombreux étaient les lieux en lice pour accueillir la collection – dix villes au total. Après un examen des dossiers, c’est finalement l’hôtel La Rosière d’Artois de Nantes qui retient l’attention de l’équipe parisienne. Un choix motivé d’abord par la vitalité du contexte culturel nantais bénéficiant de l’élan impulsé par le Musée d’Arts de Nantes. D’autant que Nantes n’avait jusqu’à aujourd’hui jamais accueilli d’exposition Dali. Des qualités humaines et un professionnalisme ont entériné ce choix. L’hôtel particulier de La Rosière d’Artois – dont la construction remonte à 1870 – est depuis trois ans un espace dédié à la réception d’événements professionnels et privés. Pour Julia Strauss, ce lieu qui allie l’ancien et le moderne « avec beaucoup de style et de caractère » est en adéquation avec la personnalité de Salvador Dalí.
Cet « écrin d’inattendu », promesse de l’hôtel, ne pouvait rêver mieux qu’une exposition consacrée aux œuvres de l’artiste catalan, représentant majeur du mouvement surréaliste. Sans grand risque d’ailleurs à en croire Julia Strauss pour qui « tout le monde est sensible à Dalí ». Force est de constater que le nom du maître est souvent rattaché à des expositions dites « blockbuster », à l’image de la rétrospective Dalí en 2012 au Centre Pompidou de Paris.
Le parcours, différent de celui de l’Espace Dalí, est conçu en fonction des contraintes logistiques et sur un jeu d’échos d’une œuvre à une autre. Au-delà de son emblématique moustache, maintes fois immortalisée par Philippe Halsman, de sa publicité pour le chocolat Lanvin ou, encore, de ses tableaux les plus connus à commencer par La Persistance de la Mémoire (les Montres Molles), l’exposition met en exergue des aspects moins connus de son œuvre.
Les grands leitmotivs dans l’œuvre de Dalí, traités selon plusieurs techniques, témoignent de son éclectisme. Ces œuvres résultent notamment de la mise au point par l’artiste de la « méthode paranoïaque-critique » qui fonctionne par associations d’images. Pour le torse féminin de La Vénus spatiale (1977), Dalí emprunte à la statuaire antique et substitue une montre molle à la tête. Les deux fourmis sont là pour rappeler sa phobie des insectes tandis que l’œuf, à la section du corps, signifie le renouveau autant que la dualité dur / mou, présente chez le homard et l’escargot, autres motifs de l’univers dalinien. Hybridation des animaux également avec L’Éléphant Spatial (1980), aux oreilles de chauve-souris, une queue de cochon et une barbe de chèvre. Vision onirique d’un éléphant monté sur échasses, déjà présent dans le tableau La Tentation de Saint Antoine (1947), entre fragilité de l’équilibre et démesure. Autre créature hybride, le personnage mythologique du Minotaure (1981) à la tête de taureau-loup et au corps de femme, érigé sur son socle dont les silhouettes qui y sont représentées semblent imiter la pose.
Aux sculptures en bronze répondent les œuvres graphiques, autre part importante de l’exposition. Elles révèlent toute l’érudition de Dalí et son goût pour les grands textes de la littérature : de la Bible à Romeo et Juliette en passant par la Divine Comédie de Dante. Un ensemble de onze lithographies consacré à Alice au Pays des Merveilles (1969) présente la rencontre de l’univers merveilleux de Lewis Carroll avec celui de Dalí. Le personnage d’Alice d’ailleurs transposé dans la tridimensionnalité avec un bronze de 1977.
Dalí nourrissait de plus une fascination pour les mathématiques et les sciences, la psychanalyse de Freud notamment dont il étudia le corpus. Dalí illustrera également L’Alchimie des Philosophes (1975), recueil de textes d’alchimistes parus entre les IIe et XVIIe siècle.
S’ajoute enfin une série d’objets dont le très iconique Canapé lèvres de Mae West (1974) dont la forme reprend celle des lèvres pulpeuses de l’actrice hollywoodienne.
Un atelier d’artistes prend place dans le jardin de l’hôtel durant le temps de l’exposition. Les artistes sont invités à créer en s’inspirant de ce cadre des plus stimulants. Une série d’ateliers créatifs à destination des enfants est également organisée le mercredi. Ces ateliers autour de l’œuvre de Dalí proposent de s’essayer à la technique du modelage, s’exercer au cadavre exquis ou encore à la technique de l’anamorphose.
Autre surprise à venir : l’installation Cours Cambronne d’une version de près de 4 mètres de La Vénus Spatiale. De quoi ravir les passionnés de Dalí. Après Londres, Shanghai, Pékin, Nantes aura désormais elle aussi sa version monumentale d’une œuvre de Dali.
Nantes exposition Salvador Dali, du 26 décembre 2017 au 31 mars 2018, Hôtel La Rosière d’Artois 35 rue de la Rosière d’Artois Nantes. 02 49 44 65 35
Horaires : Du lundi au dimanche : 10h30 – 19h30
Nocturne le jeudi et le vendredi : 9h – 22h30
Tarifs : 12 euros visite guidée / 8 euros plein tarif / 6 euros tarif réduit