Après s’être consacré pendant de nombreuses années à la ville, le Festival Rue des Livres 2015 s’intéresse au beau sujet de la famille. Au menu : dédicaces, conférences, rencontres croisées, lectures et une représentation soutenue du paysage éditorial breton. Cette année, la marraine du Festival est Françoise Bourdin, mais des raisons personnelles empêchent malheureusement sa venue. Il en va hélas de même pour Bernard Werber.
Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce grain d’encens qui remplit une église,
Ou d’un sachet le musc invétéré ?
Charme profond, magique, dont nous grise
Dans le présent le passé restauré !
(Le parfum, Les Fleurs du Mal, Baudelaire)
Comme tourner les pages d’un album, regarder ce qui a été de la famille réveille des secrets, des souvenirs, des héritages. On fouille les strates des maisonnées et leurs patrimoines. On retrace le lents glissements des générations. On retrouve des journaux intimes et des coupures de journaux, des photos et des dessins à dessein. Les grands moments de la vie intime et de l’existence commune. Les mots, les choses et les images dessinent tant d’histoires cachées ou potentielles, des archipels de possibles, des rhizomes de sens, des histoires différemment autres, des para-histoires, voire des contre-histoire. Pour ouvrir et réfléchir ce large sujet, de nombreuses belles plumes ont choisi de s’associer durant deux jours à cette famille de la Rue des Livres, notamment Jean Teulé (présent le samedi), Robert Goddard, Irina Teodorescu, Franck Courtès, François Médéline, Pascal Rabaté, David Khara, Jean-Luc Bizien, Henri Loevenbruck, Gilles Martin-Chauffier et bien d’autres écrivains confirmés ou en devenir. Le programme présent au pied de cet article vous les présente tous. Et dans la Famille des Livres, je demande Bernard Werber :
Principalement connu par le grand public pour sa trilogie des Fourmis, le Toulousain Bernard Werber ne manquera pas d’attirer les foules au Festival Rue des Livres 2015. Curieusement boudée par une bonne partie des médias français, sa cinquantaine de roman et de nouvelles aura marqué et accompagnent toujours des millions de lecteurs non seulement français, mais étrangers (Bernard Werber est traduit dans plus de 30 langues). Dès sa première publication en 1991 qui inaugure le cycle des Fourmis – lequel interroge les organisations politiques et les voies de communication inter-espèces –, mais aussi avec les Thanatonautes en 1994 – avec sa mise en scène d’expériences pre-mortem et sa fantastique bagarre de corps en astral –, Bernard Werber imposait un nouveau style de saga d’aventure et de fiction parascientifique. Style qui venait renouveler le genre du conte – à la confluence entre philosophie, mythologie, spiritualité, paranormal, science-fiction, détective, biologie humaine et animale – et anticiper efficacement les interrogations et transformations qui agitent notre monde à l’aube du XXIe siècle. De fait, la fiction à résonnance transhumaniste de Bernard Werber attire des millions de lecteurs. Ils sont également nombreux à suivre sur Internet l’évolution de l’Arbre des possibles, « un projet pour rechercher ou imaginer les futurs possibles de l’humanité » sur le Web – une tentative de l’écrivain de contribuer à une nouvelle science plus prothétique que prophétique : la futurologie.