Rennes. Les Filles du calvaire ouvrent un studio de tatouage

Le Studio de tatouage Les Filles du Calvaire a ouvert ses portes dans la capitale bretonne et diversifie l’offre déjà présente avec un style figuratif, actuel et engagé. Installées dans leur local sis au 33 rue de Solferino, Katsoutart, Le.Ston et Romanimale, à l’origine du projet, décrivent leur studio de tatouage. Qui se cache derrière ces blases ?

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Romane (aka Romanimale), Soline (aka Katsoutart) et Stan (aka Le.Ston)

Quand on entre dans le bâtiment au 33 rue de Solferino, on ne se doute pas que l’on s’apprête à découvrir un studio de tatouage. L’ascenseur s’arrête silencieusement au troisième étage avant de s’ouvrir. Une affiche accrochée sur une porte rouge indique où taper. Elle s’ouvre et on pénètre dans l’antre des filles du calvaire… sobre, végétal, lecture artistique et militante à disposition. Qui sont ces filles du calvaire ?

« Ce sont avant tout des rencontres », s’amuse Stan, co-fondatrice du Studio Les Filles du calvaire connue sous le blase Le.Ston. Ce petit clin d’œil au célèbre monologue d’Otis dans Astérix et Obélix mission Cléopâtre résume bien l’aventure de ces trois artistes-tatoueuses connues sous les blases de Katsoutart, Le.Ston et Romanimale. Soline, Stan et Romane, de leur vrai prénom, se sont d’abord laissées tenter par une formation artistique – ou plusieurs. Des études qui ne leur correspondaient finalement pas et une instabilité financière qui ne les enchantaient pas non plus. Trop de demandes pour trop peu d’élu.e.s.

Toutes trois ont commencé le tatouage de la même manière : en autodidacte, une machine de tatouage à la main et des ami.e.s comme cobayes – et souvent elles-même également. « La rencontre avec Romane m’a conforté dans l’idée que c’était la bonne voie à suivre », souligne Stan. La concernée acquiesce et enrichit : « Au début c’était dur, je n’étais pas satisfaite de mon travail. Mes tatouages ne me plaisaient pas du tout. Stan a commencé le tatouage avant moi, elle m’a appris beaucoup de choses ». Le même schéma s’opère avec Soline, la plus jeune des trois. Une rencontre autour d’un tatouage et des centres d’intérêts communs plus tard, pourquoi ne pas ouvrir un local à trois ? Entre échange de compétences et atomes crochus, Romane, Soline et Stan trouvent ensemble la solution : l’ouverture de leur propre Studio de tatouage, Les Filles du Calvaire. Chacune a trouvé dans cette discipline une alternative professionnelle tout en restant dans un univers artistique qui leur convient. Entretien.

« Le tatouage mêle à la fois le dessin et la rencontre avec des personnes venues d’horizons différents », Soline

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Romane aka Romanimale

Unidivers – Tatouage à domicile, salon, studio, etc. Une palette de possibilités s’offre aux nouveaux tatoueurs. Avez-vous pensé à une alternative avant d’ouvrir le studio Les Filles du Calvaire ?

Romane – La première fois que je me suis faite tatouer, la tatoueuse travaillait justement de chez elle. J’avais adoré l’ambiance. C’est ce qui m’a donné envie de devenir tatoueuse d’ailleurs. Avant de connaître Soline, Stan et moi voulions exercer à domicile, mais c’est administrativement très compliqué. Il faut une pièce dédiée à cette activité et la déclarer comme un local professionnel, notamment auprès de la copropriété et du propriétaire. J’avais commencé à chercher un nouvel appartement dans ce but, mais trouver une agence qui accepte de vous louer un appartement pour ce genre d’activité professionnelle reste très difficile. La rencontre avec Soline a reboosté l’envie de Stan et moi et tout s’est enchaîné.

Soline – Le studio crée une structure et une séparation entre le professionnel et le privé qui fait du bien.

Stan – À partir du moment où tu as bossé chez toi – ne serait-ce que pour s’entraîner sur des amis -, tu prends l’habitude d’une ambiance relax. C’est difficile après de te retrouver dans un endroit plus protocolaire. Tu es habituée à travailler sans pression. Par contre, quand tu as une réelle activité professionnelle, l’idée de tatouer chez toi peut sembler sympa et drôle au début, mais voir des personnes débarquer dans ton intimité toute la journée doit vite être pesant… Ça peut être frustrant de ne pas pouvoir se déployer en dehors des murs de ton domicile. Et tu as beau t’entendre avec certaines personnes, il y a obligatoirement moins d’affinités avec d’autres.

Romane – À partir du moment où ton activité devient sérieuse et régulière, le mieux est d’avoir un local. C’est super agréable de partir au boulot chaque matin !

« Je tatoue depuis seulement un an. Cet échange de compétences dynamise l’activité du studio », Soline

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Stan aka Le.Ston

Unidivers – Pourquoi votre choix s’est porté sur le nom Le Studio Les Filles du calvaire?

Soline – L’appellation studio est utilisée pour un local privé qui reçoit seulement sur rendez-vous. Un salon de tatouage a pignon sur rue et la clientèle peut généralement venir sans rendez-vous même si certains, comme Inkerman tattoo, fonctionne sur rendez-vous.

Romane – On ne voulait pas d’un salon-usine où les gens arrivent et repartent sans qu’aucune relation ne se crée a minima. Pour le nom, nous étions toutes parties sur des paroles de chansons. Le premier nom suggéré était « Pourvu qu’elles soient douces » en référence à Mylène Farmer. C’était un nom trouvé un peu par défaut et on n’était pas toutes d’accord. Finalement, Stan a trouvé « Les Filles du calvaire » en écoutant une chanson de La Femme.

Soline – Il existe une station de métro Les Filles du Calvaire à Paris. Elle doit son nom à la présence d’un ancien couvent à proximité, le couvent de Notre-Dame du Calvaire, aussi appelé couvent des Filles-du-Calvaire. Ce n’était pas du tout en lien avec le fait que les religieuses vivaient un calvaire, mais seulement le nom de leur congrégation. Romane – Le calvaire me fait penser à l’univers gothique, au tatouage. Et en même temps, on trouve le paradoxe marrant puisque le couvent était un lieu religieux. Et le tatouage et la religion ne font pas bon ménage.

Stan – On peut aussi le voir comme une référence au chemin parcouru individuellement : on a un peu toutes galéré, on s’est formées en solo, sans patron, sans salon, etc.

Unidivers – Vos styles respectifs sont représentatifs d’un nouvel élan créatif dans le tatouage qui se développe ses dernières années et contraste avec les styles traditionnels que l’on connaît. D’où viennent vos inspirations ? Quel est votre cheminement de pensée quand vous créez ?

Romane – C’est difficile d’expliquer comme naît un dessin. Cela dépend de beaucoup de choses : ton état d’esprit du moment, ce que tu regardes comme série ou autres. Je m’inspire par exemple beaucoup de mon univers musical. Et des motifs reviennent tout le temps dans mon travail : le soleil, les nuages, les décors, etc.

Stan – Tu dessines les choses qui te plaisent personnellement au final. La technique de la gravure m’inspire énormément, l’Histoire en général également. J’adore travailler des flashs médiévaux. Au niveau du style en lui-même, je tatoue vraiment comme je dessine. Je suis passionnée de bande-dessinée et je lis énormément de mangas, je travaille beaucoup les traits hachurés et les ombres. J’essaie de faire ressortir ce goût dans mon dessin. Après, quand on apprend à dessiner en autodidacte, la manière de dessiner reste très intuitive.

Soline – Il ne s’agit pas d’un processus super cadré même si tout dessin part d’une idée. Il dépend de la sensibilité du moment. Dernièrement, j’ai réalisé beaucoup de flashs avec des skateuses pour représenter la femme.

Romane – Tu as parfois des idées très précises dans la tête donc le dessin est mentalement fait. Il suffit juste de le mettre sur papier. Mais, je peux ne pas avoir d’idées pendant trois mois, car je suis trop occupée et je ne prends pas le temps de penser puis d’un coup une avalanche d’idées sort. Et d’autres fois, tu sens que tu as besoin de te renouveler et de dessiner autre chose. Les tatoueurs doivent aussi un peu surfer sur la vague et les tendances : en ce moment, les serpents et les végétaux par exemple.

Stan – Les gens reviennent au végétal. C’est dans l’air du temps et ont le ressent dans le tatouage.

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Soline aka Katsoutart

« On a chacune un trait spécifique, mais nos univers respectifs se ressemblent tout en étant différents dans la manière de traiter un sujet. Ils nous arrivent régulièrement d’échanger des clients justement, car notre approche du tatouage et les thématiques sont similaires », Soline.

Unidivers – Présent au Studio jusqu’au vendredi 19 juin, le tatoueur Flinart laissera ensuite sa place à Liza Ada Rachel. Allez-vous proposer régulièrement la venue de guests ?

RomaneLiza Ada Rachel sera au studio du jeudi 25 au samedi 27 juin prochain. Comme les guests ont leur propre clientèle, ce système donne de la visibilité au studio. Ça permet aussi aux Rennais découvrent de nouveaux artistes qui ne sont pas du coin. Et pourquoi pas tourner nous-même dans d’autres salons ou studios ?

*

EDIT :

Les Filles du Calvaire ont été rejointes fin 2022 par deux nouvelles artistes-tatoueuses, Nins-nekketu et Dounia Pocalypse. Ouverte aux projets personnels, la première est reconnaissable par son habilité et son talent à savoir s’adapter à tous les sujets et tous les styles. Lettrage, ombrage, contours ou lignes vaporeuses, la maîtrise de son trait et de son aiguille, déjà confirmée, s’affine à chaque nouvelle création.

La seconde est spécialisée dans le handpoke, c’est-à-dire le tatouage aiguille à la main et pas à la machine, ce qui confère à son travail une particularité qui impressionne par la justesse de ses formes. En couleurs ou en noir, ses tatouages sont des bijoux ornementaux ou aux références de culture pop qui se posent sur le corps de son.a porteur.se. avec délicatesse.

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  • Dounia pocalyspe tattoo rennes

Les Filles du calvaire
Studio privé de tatouage

33, rue Solferino
35 000 Rennes

renens boulevard solferino

Les contacter directement via leurs pages Instagram :

Studio Les Filles du Calvaire

Katsoutart

Le.Ston

Romanimale

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