Voilà le film 3 visages de Jafar Panahi. Iran 1h40. Sélection officielle, compétition. Vu salle Debussy le 13 mai 2018. Dans ces notes d’un festivalier, Antoine Glémain propose aux lecteur d’Unidivers de rendre compte de ses premières impressions sur divers films en sélection du festival de Cannes 2018.
Le film 3 visages campe une célèbre actrice iranienne qui reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice… Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes turcophones reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.
Sortir de Téhéran fait du bien à Jafar Panahi et à son cinéma. Son film est un vibrant hommage à trois générations de femmes. La jeune Marziyeh, qui déclenche la fiction en envoyant sa vidéo en forme d’appel au secours. Behnaz Jafari, une actrice très connue aujourd’hui en Iran pour ses rôles dans des séries télévisées, qui accompagne le cinéaste dans son périple. Sharaz, enfin, une autre actrice de la période antérieure à la Révolution islamique, qui vit un exil intérieur en étant chassée de son travail et contrainte de vivre seule à l’écart du village où elle a trouvé refuge. Le film 3 visages est aimanté par cette dernière femme, dont on ne verra jamais le visage mais seulement la persistance de ses gestes artistiques (dire un poème, peindre un tableau). Belle et pudique manière pour Panahi d’évoquer sa propre situation.
Réalisateur : Jafar Panahi
Scénaristes : Jafar Panahi, Nader Saeivar
Acteurs: Behnaz Jafari, Jafar Panahi, Marziyeh Rezaei