L’événement se déroulait ce samedi 10 juin 2017 au SoulBarex, rue Poullain Duparc à Rennes. Francis Azevedo exposait ses photographies et présentait son reportage imagé, « Nuit debout : lumières d’une longue nuit de mars ». L’occasion de découvrir une œuvre jeune, militante et profondément humaine. Et aussi, de mesurer le caractère historique du mouvement Nuit Debout…
Francis Azevedo est-il à Nuit Debout ce que Gilles Caron fut à Mai 68 ? Il est encore trop tôt, certainement, pour le dire. Exposer Nuit Debout, est-ce lui accorder, en un an seulement, une valeur historique ? Faut-il y voir un signe des temps ? Francis Azevedo, jeune photographe de 30 ans, signe avant tout un reportage témoin et esthétique. Le SoulBarex l’a invité pour une rencontre et dédicace autour de son livre photographique, Nuit debout : lumières d’une longue nuit de mars, publié aux éditions MKF.
Rappelons-nous : en mars 2016, dans le cadre des manifestations contre ladite « loi travail », commença le phénomène Nuit Debout un peu partout en France. Le but était d’organiser des assemblées générales et rassemblements alternatifs sur des places publiques. Dépassant le refus initial du projet gouvernemental, Nuit Debout visait la convergence des luttes et s’essayait à une forme de démocratie directe et participative. Francis Azevedo, en tant que photographe, fut l’un des premiers, à Paris, sur le coup. Ce photographe brésilien, adepte de la street photographie et du noir et blanc, consacrera une partie de son activité à immortaliser ce mouvement et à en capter les nuances et les moments clés.
Le SoulBarex, lieu 2.0 de rencontres et d’échanges, regroupe autant des œuvres d’artistes que des vinyles ou du mobilier artisanal. Il était naturel de proposer une rencontre et conférence avec Francis Azevedo. Son livre n’arbore pas la neutralité du photographe objectif : son travail est d’un militantisme humain. On y trouvera des clichés de foules nassées et de barricades, le tout dans un noir et blanc qui donne au gaz lacrymogène toute sa puissance asphyxiante. Mais aussi des portraits d’inconnus, des slogans désormais connus, des clichés devenus symboles. S’il y avait dans Nuit Debout et les manifestations une mythologie, Francis Azevedo en a capté des images saisissantes. L’usage de la bichromie n’est pas simpliste : au contraire, il révèle le plus souvent le contraste de l’homme face aux rouages du pouvoir. Reportage pour l’heure, son livre fera sans doute mémoire.