Le 5 mai 2020 nous quittait Gilles Pourtoy. Retrouvez le portrait que son ami Thierry Martin lui a consacré.
L’atelier de Gilles Pourtoy se trouve au fond du centre Pierre Louail, lieu dédié aux artisans d’art à Rennes. Avec application, il y fabrique des instruments d’un remarquable niveau de qualité, dont il nous fallait vous parler. Nous avons passé plusieurs heures en sa compagnie et, franchement, impossible de ne pas s’enthousiasmer tant le personnage est habité par sa passion…
Reconnaissons-le, rien n’est banal chez cet étonnant luthier sorte de Hobbit échappé d’une comté qu’il aurait trouvé trop ennuyeuse, et qui aurait fait un passage dans les bandes dessinées de Frank Margerin, rayon bananes métalliques. Son visage encadré de confortables rouflaquettes porte un inoxydable sourire, marque de la bonne humeur que communiquent les gens bien dans leur peau. Mais dès qu’il parle de ses « grattes », plus question de blaguer, son œil s’allume, le ton devient plus grave, et il se lance dans une belle histoire où se croisent bois de rose ou d’amourette, sonorités profondes et relation intime avec l’instrument.
Son parcours est aussi atypique que le reste du bonhomme, mais laissez-nous vous le présenter. Né en août 1966 à Aulnay-sous-Bois, il déménagera rapidement à Granville pour y séjourner une quinzaine d’années et terminer des études à l’école hôtelière. Il est clair qu’une ville de Normandie ne pouvait suffire à un homme doté d’un tel appétit, aussi rien de surprenant à le voir s’exiler à Paris dans le pittoresque quartier de Pigalle, où il enchaînera les petits boulots avant de se retrouver serveur sur les Champs Élysées. Le but poursuivi est de pouvoir financer ses études musicales au conservatoire IMPRO, boulevard Montmartre, école privée spécialisée dans l’improvisation musicale, comme son nom l’indique. N’allez pas l’imaginer en élève très sage, car dès qu’il en a l’occasion, il hante tout ce que Paris compte de luthiers spécialisés dans la facture de guitares. Il évoque avec nostalgie, celui des frères Jacobacci, fabricants mythiques de tout ce que les années 60 comptaient de « yéyé », Chaussettes noires, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell et consorts s’acharnant avec une détermination sans faille sur les modèles « Royal », « Ohio » ou « Texas ». Gilles Pourtoy le reconnaît dans un éclat de rire, il avait décidé d’être « rock star » ou luthier, la chance nous a souri puisque c’est la seconde solution qui s’est présentée à lui. C’est avec un livre écrit en anglais (alors qu’à l’époque il ne le parle que très approximativement) qu’il se lance dans la fabrication de son premier instrument. Le résultat l’incite sans hésiter à rentrer à l’ITEMM (Institut technologique Européen des métiers de la musique) au Mans, pour recevoir une bonne formation. Il en sort en 1995, heureux et diplômé. Son parcours professionnel, il le continuera à l’atelier Kopo, anciennement situé rue Saint-Louis à Rennes, connu de beaucoup d’instrumentistes de la région. Suivront plusieurs années en Mayenne, notamment à Ruillé-Froid-Fonds, où il commence à faire parler de lui. La qualité de sa production lui vaut l’intérêt de nombreux professionnels du jazz comme du rock et également un grand prix départemental des métiers d’art. Il a, entres autres, fourni plusieurs instruments à l’artiste Sanseverino.
C’est le 3 mars 2006 qu’il pose ses valises à Rennes, dans un atelier à la façade noire et jaune, bien connue de ceux qui empruntent la rue de Paris. Il y restera dix ans, réparant, réglant, conseillant, mais quand même un peu à l’étroit pour réaliser son rêve secret, celui de fabriquer quatre guitares par mois, sans perdre une once de qualité. Depuis quelque temps, il a donné corps à ce projet en s’installant au Centre Pierre Louail boulevard Franklin Roosevelt grâce à un petit coup de pouce de la ville. C’est là qu’il a pensé et créé des machines jusqu’alors inédites en lutherie, pour faciliter certaines phases de la construction de ses instruments. Il produit également des mandolines, des guitares classiques, d’autres électro-acoustiques et bien sur des électriques, dont un modèle très original a retenu toute notre attention. Son équipement en micros est d’excellente qualité, mais le curieux angle de la tête, comme le fond, fait d’un feu arrière de Peugeot 404 qui s’allume et s’éteint au rythme de la pulsation, en font sans doute la création la plus originale en matière de guitare électrique depuis bien des lustres. La 404, puisqu’elle se nomme ainsi, reçoit également sur le manche toute une décoration d’étoiles en nacre incrustées du plus bel effet. Cela fait vraiment envie !
Dans quelques jours, le vendredi 31 mars, le samedi 1er avril et le dimanche 2 avril, les Journées Européennes des métiers d’art permettront au grand public de se rendre au centre Pierre Louail pour faire connaissance des créateurs présents sur les lieux, lesquels, à cette occasion, ouvriront toutes grandes les portes de leur atelier. Excellente opportunité de rendre visite à Gilles Pourtoy et de se laisser guider, car, quand il parle de guitares… il est intarissable.
Gilles Pourtoy est un luthier et facteur de guitares installé et exerçant à Rennes depuis 2006
Atelier Gilles Pourtoy
Fabrication / Réparation guitares
Atelier : 15, boulevard Franklin Roosevelt 35200 Rennes
Téléphone : 06 73 97 51 51
E-mail : gilles.pourtoy[at]free.fr
Installé en 2000 à Rennes, Gilles Pourtoy est spécialisé dans la fabrication de modèles manouches. Il propose également des modèles classiques et des arch-top.
Né en 1966 à Paris, Gilles Pourtoy découvre le métier avec Trussart, Jacobacci et DNG. Major de sa formation (Facteur de guitare) au Mans, il obtient le Grand Prix des Métiers d’Arts et est sélectionné par le Rotary Club.
Il exerce depuis 10 ans à Rennes et fabrique des instruments pour Sensévérino, Marie Kiss La Joue, Billy The Kick, Tue Loup… et beaucoup d’autres à venir.
Visiter le site web de Gilles Pourtoy