RÉTROSPECTIVE HAN PSI, UN ARTISTE DU SIGNE À BÉCHEREL

Han Psi, typographe de formation, aura consacré sa vie et son œuvre au jaillissement du sens dans la duale complémentarité du noir et du blanc. Le sombre fait sens en émergeant du silence de la page. Pureté des formes et perfection incisive de l’équilibre nous offrent des compositions qui éveillent et aiguisent notre regard. Han Psi, artiste du signe, revient dans une exposition rétrospective à la Maison du livre de Bécherel jusqu’au 23 décembre 2021. Pour l’occasion, nous publions à nouveau un entretien réalisé en mars 2017 avec Yves Prié, ce poète typographe qui a bien connu l’artiste et son œuvre. Une visite guidée est d’ailleurs prévue, sous la houlette de Bernard Le Doze, exégète de l’artiste, et Yves Prié, samedi 18 décembre 2021 à 15 h.

Cet automne, un vent de modernité plastique et d’intemporalité artistique soufflera sur la Maison du livre de Bécherel. Tels sont les mots qui peuvent décrire le travail de Michel Colin alias Han Psi (1933-2015), typographe de métier né à Rennes et passionné par le pays et Brocéliande. Mais son œuvre, à laquelle il se consacra entièrement à partir de 1980, ne saurait se résumer à cela. Quelle est-elle justement ? Voguant entre Orient et Occident, le couple du noir et blanc danse énigmatiquement sur la feuille dans une recherche pure et continuelle.

HAN PSI
Han Psi

Composée de peintures, sérigraphies, lavis, ainsi que ses livres d’artistes édités par Folle Avoine, la rétrospective Han Psi, Un artiste du signe à la Maison du livre de Bécherel est une nouvelle immersion dans le monde graphique de ce discret et mystérieux artiste. Pour l’occasion, nous publions à nouveau un entretien avec Yves Prié réalisé en mars 2017 lors d’une rétrospective itinérante (à la bibliothèque de Paimpont, à la Médiathèque de Plélan-le-Grand et à la Médiathèque de Monterfil).

Le fondateur des éditions Folle Avoine, ce grand ami des poètes, poète lui-même et collaborateur des artistes sensibles a bien connu l’artiste et son parcours aussi humble et sinueux que ses émouvants gestes calligraphiques.

Unidivers – Comment avez-vous découvert l’art de HAN PSI ? Pourquoi vous a-t-il séduit ?

Yves Prié – J’ai découvert le travail de Han Psi lors d’une exposition des idéogrammes à l’abbaye de Boquen en 1970. Ce qui m’a frappé c’est la sobriété du travail et la justesse de la mise en place. Ancien typographe, Han Psi avait le sens de la mise en page, de la juste place dans la feuille. Par la suite, j’ai pu constater combien il était soucieux de l’équilibre des signes sur la feuille ; toute son œuvre est la recherche de l’équilibre entre la spontanéité du geste et la mise en place des éléments du dessin.

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Unidivers – Quels rapports avez-vous entretenu avec l’artiste Han Psi et son oeuvre ?

Yves Prié – Nous nous sommes rencontrés en 1970 et intéressé par mon projet d’édition en typographie traditionnelle, il m’a aidé. C’est grâce à lui que j’ai appris les fondamentaux du livre, la composition à la main et la mise au point d’une maquette. Le premier travail que nous avons réalisé ensemble est un ensemble de 14 poèmes-affiches, dont certains sont exposés à la Médiathèque de Plélan-le-Grand.


Nous nous sommes aperçus ensuite que nous avions travaillé sans le savoir au même moment sur l’idée du cercle, d’où une exposition intitulée « Cercle premier », titre du recueil paru chez Rougerie, présentée entre autre à la Bibliothèque de Pontivy, grâce à François Pacqueteau, bibliothécaire et à la Maison de la Culture à Rennes sur une proposition de Gilles Fournel. En 1981, il a illustré une série de mes poèmes sous le titre « Granits ». Tout au long des années, nous avons échangé les travaux, confrontés les points de vue. Avec Louis Le Bihan, publié pour plusieurs titres aux éditions, une amitié riche en projets et réalisations s’est poursuivie jusqu’à la fin. Il a illustré, entre autres « L’Ombre à manger », « Palimpsestes de l’air » et donné plusieurs vignettes pour ses recueils.

han psi
HAN PSI

Unidivers – Pourquoi avoir décidé d’organiser une rétrospective de ce discret artiste du signe et pourquoi dans ces lieux particuliers ? Comment les choses se sont-elles déroulées ?

Yves Prié – Depuis les années 80, Han Psi avait coupé les ponts avec le milieu du marché de l’art pour se consacrer uniquement au travail dans l’atelier, ce qui a eu pour conséquence l’oubli. Il a exposé à Paris, à Bâle et à Toronto et dans de nombreuses villes au hasard de ses pérégrinations familiales. À son décès, il laisse une œuvre importante qu’il faut préserver, classifier et faire connaître. Le problème était de trouver des lieux susceptibles de s’intéresser à cette redécouverte. La famille est originaire de Plélan-le-Grand, bien qu’il soit né à Rennes, et il a passé une grande partie de son enfance là.

Le nom Han Psi est la déformation du lieu-dit Psihan. Toute son œuvre s’est nourrie des éléments, eau, végétation, paysages, vus dans sa jeunesse, sans faire de la peinture locale évidemment. C’est là le secret de la création, transformer une origine en création qui s’adresse à tous. « Enraciné, mais que l’on ne voie pas tes racines », disait le poète espagnol Juan Ramon Jimenez.

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J’ai proposé à Jean-Louis Meloche, responsable de la Médiathèque de Plélan une exposition ; proposition qu’il a tout de suite acceptée et élargie puisque ce sont deux autres bibliothèques – Paimpont, Monterfil – qui se sont associées au projet, ce qui permet de présenter une vue plus large de cette œuvre multiple, chacun ayant choisi un axe particulier. En plus, Anne Delamare de la Boutique Nomade à Rennes a découvert le travail de Han Psi et propose en mai une exposition dans ses locaux. En espérant que beaucoup aient le désir de découvrir à leur tour Han Psi.

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Du 14 septembre au 23 décembre 2021, Han Psi, Un artiste du signe, Maison du Livre Bécherel.

Journées du patrimoine : présentation de l’exposition par les amis de Han Psi / Samedi 18 septembre à 17h

Catalogue Han Psi, Un artiste du signe, éditions Folle Avoine. Parution : Juillet 2021. Prix : 28 €

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