Quelques histoires édifiantes du Vendée Globe dans une BD documentaire qui raconte cette course à la voile unique. Lecteur ayant le mal de mer s’abstenir, pour les autres, embarquement immédiat.
Si le départ le 6 novembre de la huitième édition du Vendée Globe Challenge, tour du monde à la voile en solitaire sans escale et sans assistance, vous passionne cette BD est pour vous. Les éditeurs, dans un souci légitime d’efficacité, n’hésitent pas à coller à l’actualité. Il est vrai qu’un événement exceptionnel comme celui-ci, une des dernières grandes aventures humaines, avec son florilège d’exploits, d’accidents, de rêves et de drames, a tout pour susciter l’intérêt du spectateur et du lecteur.
Après avoir publié lors de la dernière édition « Seul autour du Monde », qui racontait le Tour du Monde imaginaire d’un navigateur solitaire, les deux auteurs cette fois-ci s’attachent plus particulièrement à l’histoire de la course.
Dans ce nouvel album, la place de l’écrit est importante et l’emporte sur le dessin: par le truchement de la voix « off » d’un skipper anonyme, qui s’adresse directement au lecteur, le texte raconte cette aventure extraordinaire en commençant par les préparatifs sur les quais du départ aux Sables-d’Olonne, pour évoquer ensuite toutes les étapes de la course : golfe de Gascogne, Poteau Noir, 40 ème Rugissant, Mers du Sud, Cap Horn, des noms qui font frémir ou rêver les navigateurs et les passionnés. Chaque volet est prolongé par quelques planches de BD qui illustrent un témoignage d’un des onze pilotes interrogés et dont les propos servent de support à l’ouvrage.
Le texte n’est pas inodore et sans saveur, mais plutôt salé comme l’eau de mer. Là est un de ses principaux intérêts comme ces jugements sans complaisance à l’égard de ces bateaux classés arbitrairement dans une quatrième division dont la participation s’apparente « à la caravane du Tour de France. C’est le cirque ! Les vidéos envoyées du bord, c’est comme si on t’envoyait un saucisson, une casquette, un maillot publicitaire (…) ». Dommage cependant que ces propos, mis en exergue ne soient pas signés directement (il faut aller les chercher en fin d’ouvrage). Desjoyaux, Gabart, Riou, Le Cam et les sept autres n’ont pas la langue dans leur poche, mais seuls les dessins permettent de personnaliser ces skippers dans des cases alors très proches de photos retraitées par le crayon.
Les illustrations les plus réussies sont celles qui s’extraient de la narration événementielle pour susciter, souvent par un format élargi un moment d’émotion pure. Le dessin ne paraphrase plus le récit, mais prend sa place à part entière. On ressent alors les embruns ou la lumière vous envahir, on devine l’émotion ressentie par ces coursiers ces « moments magnifiques » évoqués par le sous-titre. « Parfois » magnifiques, est-il ajouté, car la lecture de cet ouvrage, dense et complet, ne cache rien du quotidien et des angoisses des concurrents. On entend la coque craquer contre la houle qui déferle, on ressent le stress de la compétition que l’on n’oublie jamais et qui demeure le moteur des navigateurs. Mais on comprend aussi la dimension de solitude et les sentiments plus intimes souvent moins médiatisés :
j ’en avais rien à foutre de Noël, vous ne pouvez pas imaginer à quel point j’en avais rien à foutre. (,,,), Et c’est à ce moment-là que je me suis dit que j’étais tout seul. Vraiment seul. Mentalement c’était une période difficile. Peut-être la plus difficile de mon Vendée Globe.
Ce livre est donc avant tout un documentaire que les auteurs ont voulu complet comme le confirme ce dossier de 10 pages en fin d’ouvrage qui présente l’édition 2016 avec les bateaux et skippers qui partiront pour cette huitième édition. Il pourra rester sur la table de lecture pendant les 80 jours environ que durera la course pour les meilleurs. Et permettre d’imaginer et de comprendre selon l’avancement de l’épreuve les états d’âme des skippers. Bien au chaud près de la cheminée.
« Histoires du Vendée Globe. Et parfois il y a des moments magnifiques… » Scénario : Alexandre Chenet. Dessin : Renaud Garetta, Éditions Dargaud. 128 pages, 17,95€.
DESSINATEUR : RENAUD GARRETA
SCÉNARISTE : ALEXANDRE CHENET
COLORISTE : RENAUD GARRETA
PUBLIC : Ado-adulte – à partir de 12 ans
Avec la participation de MICHEL DESJOYEAUX, FRANÇOIS GABART, ARMEL LE CLÉAC’H, VINCENT RIOU, JEAN LE CAM, JÉRÉMIE BEYOU, YANN ELIÈS, SAMANTHA DAVIES, ARNAUD BOISSIÈRES, TANGUY DE LAMOTTE et ROLAND JOURDAIN.
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Alexandre Chenet sera présent au festival Quai des Bulles 2016 à Saint-Malo
Liste des auteurs pour les éditions Dargaud au stand du Forum du Livre :
– Mathieu Burniat pour Illustres de la table
– Catherine Meurisse pour Scènes de la vie hormonale
– Florence Cestac pour Harry Mickson & Co
– Alexandre Chenet pour histoire du Vendée Globe
– Hugues Labiano pour l’étoile du désert
– Leo pour Amazonie
– Bertrand Marchal pour Namibia
– Enrico Marini pour les Aigles de Rome
– Fabrice Erre pour Z comme Don-diego
– Beka pour geo BD
– Joël Parnotte pour le maitre d’armes
– Alexandre Clérisse pour Eté diabolique
– Fabien Grolleau pour Sur les ailes du monde
Ce qu’il faut de terre à l’homme, Martin Veyron, Dargaud
L’adoption de Monin et Didrou, Bamboo
Sébastien Morice sera également à Saint-Malo pour des séances de dédicace (stand Bamboo)