C’est un art peu commun qui est proposé à Rennes à la maison associative Les trois maisons. En pratique ? L’Ikebana, un art floral japonais multicentenaire rigoureux et codifié, encore rare en France. En janvier 2023, l’association Ikebana Ohara Rennes ouvre des cours du soir et le samedi matin avec la volonté d’élargir son public. Unidivers est allée à la rencontre de cette pratique florale afin d’illuminer votre lecture et, peut-être, un peu votre âme…
La maîtresse ikebaniste qui propose ces cours, uniques à Rennes et encore peu nombreux en France, est Mireille Esnault. Ikebaniste amatrice, elle a découvert en 1983 cet art si spécial et l’a embrassé. Dans cette discipline très encadrée, il y a plusieurs écoles, plusieurs manières de faire. Celle de Mireille Esnault, c’est la méthode Ohara, qui propose la pratique d’un Ikebana sans artifice ni décoration.
« Ici, la nature est œuvre à part entière, elle n’a pas besoin d’être améliorée. On compose avec la nature telle qu’elle est, avec ses défauts et le caprice de ses saisons. »
Mireille Esnault, Ikebaniste
Ainsi, les fleurs et végétaux que l’Ikebaniste manipule ou dresse à la manière du dressage d’assiette sont des matériaux accessibles partout, cueillis dans les parcs et jardins. Pas de fleuristes donc, pas de fleurs d’importation, pas de conservateurs. Les végétaux sont de saison avec très peu de fleurs. Qu’ils soient frais ou qu’ils aient vécu, tout matériel est bon à prendre. Avec cette seule consigne, les élèves de Mireille Esnault viennent en cours, parfois avec les mêmes végétaux, mais jamais aucun bouquet ne se ressemble. Il est propre à l’élève, à sa sensibilité ; il reflète son dresseur.
Les compositions d’Ikebana sont toujours constituées de trois éléments : un contenant plat (moribana) ou haut, l’eau et les végétaux. « Dans cet art, tout a une place, un rôle. C’est cela qui est beau dans l’Ikebana : le vide ou les matières, tout a un rôle et se complète. On joue avec tout ! »
Avec le vase, l’eau et la branche, celui qui fait le bouquet va faire un paysage. Aidés de tuteurs naturels appelés Kenzan ou Shippo en fonction de leurs formes, les artistes vont monter les fleurs en bouquet, comme on brosse un tableau. « En fonction du paysage que l’on veut reproduire, on doit réfléchir le bouquet, ses éléments, sa forme », explique l’enseignante. Les élèves ikebanistes arrivent avec des végétaux qu’elle leur a recommandés et sont donc exemptés de ce travail d’observation et de réflexion, mais le dressage dure minimum une heure.
Discipline très zen et stricte, l’Ikebana appelle à la concentration et à la « paix intérieure ». Au Japon, cet intérêt qu’apporte l’art floral en fait une matière enseignée à l’école afin d’apprendre aux enfants à maintenir leur attention et à coordonner leurs gestes. Cette heure de calme, proche du recueillement ou de la méditation, est bénéfique en ces temps troublés, mais peut aussi être salvatrice.
« Une fois, une élève qui avait perdu son mari est venue à un de mes cours. Elle n’arrivait pas à gérer. À la fin du cours, elle m’a dit que cette heure, si ce n’est qu’elle l’aidait à oublier, lui permettait d’aller mieux. C’est ça l’Ikebana. »
Cours à retrouver un jeudi par mois de 14 à 16h, au 10 allée Marion-du-Faouët, Rennes!