Publié chez Milan le 7 mai 2025, « J’ai un ami » est un album jeunesse aussi tendre que mystérieux, fruit de la rencontre lumineuse entre l’écrivaine Manon Fargetton et la peintre bretonne Lili Wood. Ensemble, elles composent une ode à l’enfance, à l’imaginaire et à la force invisible des liens intérieurs.
Une recommandation de l’émission Faites-moi lire – une coproduction Champs libres – TVR – Unidivers.fr, présentée et rédigée par Nicolas Roberti en collaboration avec les bibliothécaires de la bibliothèque des Champs Libres où vous pouvez consulter cet ouvrage.
Une rencontre fortuite devenue évidence créative
Tout commence par un hasard, une plage de Bretagne, une inauguration de bateau. C’est là que Manon Fargetton, autrice prolifique en littérature jeunesse et young adult, croise le chemin d’Aurélie — alias Lili Wood — artiste-peintre installée entre Saint-Malo et Cancale. Une conversation s’engage. Quelques jours plus tard, Manon découvre les gouaches de Lili : paysages vibrants de silence, personnages minuscules dans l’immensité, couleurs douces aux ombres profondes.
Une évidence s’impose : ces images parlent à son enfance. Elles réveillent en elle l’écho des jeux dans les dunes, des histoires tues et des amis imaginaires. Manon écrit alors un texte sur mesure. Lili, touchée par la justesse des mots, y reconnaît ses propres rêveries. Ainsi naît J’ai un ami.
L’ami invisible : une présence d’enfance
Dès les premières pages, le texte de Manon Fargetton s’impose par sa simplicité poétique, sa musicalité légère et son mystère à hauteur d’enfant. Un enfant raconte l’histoire d’un ami — invisible, peut-être imaginaire, peut-être pas. Présent dans les jeux, dans les secrets partagés, dans le silence des grandes émotions.
L’album parle d’amitié, bien sûr, mais aussi de solitude, de créativité intérieure, de cette capacité qu’ont les enfants à rendre habitable l’invisible. Ce n’est pas un texte qui assène, c’est un texte qui accompagne.
Le trait gouaché de Lili Wood : paysages de l’âme
À ce texte tout en retenue répondent les illustrations de Lili Wood, somptueuses planches réalisées à la gouache. Des aplats délicats, des teintes marines et solaires, une attention aux paysages qui rappellent la côte d’Émeraude. Chaque image est une plongée dans un monde intérieur, un territoire d’enfance où les couleurs sont des émotions et où l’ombre a autant d’importance que la lumière.
Loin d’illustrer littéralement le texte, Lili Wood en offre une respiration picturale. Elle en dilate les silences, elle en prolonge les échos. Son travail n’est pas une illustration, c’est une conversation.
Le miracle de l’album jeunesse
Si Le Très Grand Câlin avait déjà marqué un virage de Manon Fargetton vers l’album jeunesse, J’ai un ami affirme sa capacité à dire beaucoup avec très peu. L’autrice confie combien il lui a fallu de temps pour apprivoiser ce format court, où chaque mot compte et où l’émotion passe souvent par le non-dit. Le résultat, ici, est un bijou de sobriété et de sensibilité.
Quant à Lili Wood, elle signe là sa première incursion dans le monde du livre jeunesse, avec une maîtrise et une justesse impressionnantes. On pressent que d’autres projets suivront.
Un projet né de la mer, nourri par la Bretagne
L’album est aussi profondément habité par les lieux. La mer, omniprésente, n’est jamais nommée, mais toujours là. Dans les paysages, dans les souvenirs, dans les silences. Bretagne oblige ? Sans doute. Toutes deux — Manon et Lili — ont grandi ou vivent sur cette côte. Et cela se sent. Leurs sensibilités résonnent avec les vents, les marées, les jeux sur la plage, les promesses à marée basse.

Fiche technique
Titre : J’ai un ami
Autrice : Manon Fargetton
Illustratrice : Lili Wood
Éditeur : Milan
Âge recommandé : dès 3 ans
Parution : 7 mai 2025
Format : 24 × 28 cm — Relié
Nombre de pages : 32
Prix : 13,90 € TTC