À l’espace culturel Le Volume de Vern-sur-Seiche, le sport s’expose jusqu’au 1er juin 2017. Ballons de foot et de basketball, table de ping-pong, roues de vélo : les œuvres exposées semblent tout droit venues du complexe sportif voisin, avec pour différence, et non des moindres, d’être passées entre les mains de Laurent Perbos, artiste plasticien, avec les métamorphoses que cela comporte.
Pour clore la saison culturelle 2016-2017, Le Volume a choisi d’aborder la question de « l’autre » à travers l’angle du sport. Un thème fédérateur, collant d’autant plus au slogan de la commune de Vern-sur-Seiche qui se veut « ludique et sportive ». Certaines œuvres ont été présentées au Musée national du sport à Nice en 2015 lors de l’exposition du même nom. L’espace d’exposition du Volume étant restreint, une sélection s’est imposée, limitant la compréhension du travail de l’artiste. Ainsi, six œuvres s’épanouissent dans l’espace. Soulignons par ailleurs, le choix judicieux d’une présentation aérée et d’un parcours fluide. Laurent Perbos nous invite à un ping-pong mental où les idées rebondissent de références populaires à celles de l’histoire de l’art, en se prenant parfois dans le filet.
L’artiste procède à des détournements d’objets usuels de masse, appartenant notamment à l’industrie du loisir et du divertissement. En intervenant sur les paramètres d’un objet tel que sa taille, sa forme ou encore sa couleur, Laurent Perbos entend amener à un glissement de l’objet banal au champ artistique.
Ces objets conservent cependant des caractéristiques facilement identifiables : le blanc et le noir pour le ballon de football, les rayons pour les roues de vélo… Ils acquièrent une réalité nouvelle et une dimension polysémique. Les modifications apportées, de même que le contexte d’exposition, suscitent chez les visiteurs des comportements différents face à l’objet. Une démonstration que Duchamp avait déjà réalisée avec les ready-made, sans nécessairement intervenir sur les objets.
L’exposition questionne également la frontière entre peinture et sculpture. Dans l’œuvre Rainbow, les ballons de basketball deviennent, au même titre que la toile, de simples supports pour fixer les couleurs. Ces notes de couleurs vives attirant l’œil et créant un jeu de ponctuations chromatiques. De même, Laurent Perbos reprend les codes d’exposition de la peinture en accrochant ses sculptures au mur ou encore à la hauteur des tableaux. Des codes qui ont néanmoins étaient remis en question, en particulier dans le champ de l’art contemporain, et ayant évolué. Pour poursuivre avec Rainbow, la présence du spectre chromatique ne semble pas justifier l’idée de « présence du tableau ultime ». Cette formule trop restrictive positionne l’œuvre comme un point final, sorte d’aboutissement fermant les perspectives. Il apparaît préférable de la voir comme une ouverture vers les possibles.
La Composition avec jaune, bleu, rouge, noir et blanc 2011, non seulement par son titre, mais aussi par la réduction chromatique, fait référence à certaines œuvres de Piet Mondrian, peintre néerlandais.
Des objets également traités de manière anecdotique, sur le ton de l’humour, parfois même un brin provocateur. Le ballon le plus long 2017 apparaît comme une décomposition du mouvement, chronophotographie transposée en sculpture, où un ballon peut en cacher un autre. Le ballon rond devient traversin cylindrique, au grand dam des footballeurs, à n’en point douter ! Ce ballon dopé, sorte de dégénérescence moléculaire, n’est pas sans rappeler les liens qui unissent trop souvent sport et dopage. Citons en outre « Un point c’est tout », où le jeu se retrouve pipé par l’avancement en saillie du centre de la cible.
La proposition ludique n’atteint pas totalement sa cible. La distanciation provoque une certaine frustration. Si « espace de jeu » il y a, il s’agit uniquement de gymnastique intellectuelle. L’exposition Sculpture Club, certes, a le mérite de conjuguer le sport et l’art, après tout, ne parle-t-on pas de culture sportive ?
Sculpture Club est une exposition de Laurent Perbos, du 28 avril au 1er juin 2017 au centre culturel Le Volume à Vern-sur-Seiche. L’entrée est libre.
Crédits photographiques : Laurent Perbos
Avenue de la Chalotais, 35770 Vern-sur-Seiche
02 99 62 96 36
accueil.volume[@]ville-vern-sur-seiche.fr
*
Le Volume, c’est quoi ?
Espace de découverte et de partage, le Centre culturel Le Volume de Vern-sur-Seiche réunit une médiathèque, un espace d’exposition, un auditorium, une école de musique et de danse. Il propose tout au long de l’année des spectacles, des projections, des expositions.
En tant qu’équipement culturel de la ville, Le Volume répond à deux objectifs :
– Ouvrir la culture au plus grand nombre en diversifiant les formes et les propositions artistiques.
– Accompagner la création artistique, en participant notamment à l’émergence d’artistes régionaux accueillis en résidence de création ou en soutenant la production.
Le projet artistique
La création artistique permet l’ouverture, la libre pensée, l’échange. L’espace culturel Le Volume souhaite mettre en avant cette création artistique, et l’accès pour tous à cette part de liberté, d’ouverture sur soi et vers les autres. La programmation artistique propose au spectateur un parcours intime, grâce à la présentation de travaux artistiques sincères et touchants. L’idée principale est d’affirmer une création artistique professionnelle authentique, spontanée, et entière. Du propos simple et léger au ton engagé et audacieux, il s’agit de trouver l’équilibre, que chaque spectateur puisse cheminer tout au long des saisons culturelles en se forgeant son propre point de vue.
Une thématique annuelle rassemble l’ensemble de la programmation, qu’elle concerne les d’expositions d’art contemporain, les projections, et le spectacle vivant. Cette saison 2015-2016 se déroulera autour de la thématique de « La folie ».
Pourquoi « Le Volume » ?
Le nom « Le Volume » fait référence à ses sens :
– Le volume, en musique ;
– Le volume, en arts plastiques ;
– Le volume, le livre.
Le centre culturel Le Volume se situe au sud-est de Rennes Métropole, dans la commune arborée et paisible de Vern-sur-Seiche (site web : www.ville-vern-sur-seiche.fr). Érigé en 2007, il témoigne de la volonté d’ouvrir la culture au plus grand nombre, dans sa diversité et son accessibilité tarifaire (de nombreux RV proposés sont gratuits ou répondent à une politique tarifaire préférentielle).