L’heure de la sortie des classes va bientôt sonner, il est temps de préparer les valises pour les vacances d’été. Chaque année c’est la même question, quels livres vont accompagner mes siestes bronzantes sur la plage, mes soirées détente ou mes jours de flemme lorsque le temps est maussade ou caniculaire. Voici quelques conseils pour tous les goûts et tous les âges.
Je commencerais par deux autrices françaises couronnées de prix littéraires. Avant que j’oublie (Éditions Verdier, août 2019), premier roman d’Anne Pauly vient de recevoir le Prix du Livre Inter 2020. Il avait déjà reçu plusieurs récompenses à sa sortie en août 2019, notamment le Prix Envoyé par la Poste. La recette du succès est un style utilisant l’oralité et l’humour, une nostalgie et une tendresse emplie d’humanité. Au décès de son père, un homme aux multiples facettes difficile à cerner, Anne se rend à l’enterrement et se charge de vider la maison de son enfance. De souvenirs à trier et commenter, entre les scènes de son frère au caractère sanguin, Anne découvre petit à petit un autre visage d’un père qu’elle détestait autrefois pour sa violence.
Avec un sujet d’actualité, Vanessa Springora vient de décrocher le grand prix des lectrices Elle dans la catégorie Document avec Le consentement (Grasset, 2 janvier 2020). Adolescente de quatorze ans en manque de père, V. tombe sous le charme d’un écrivain charismatique de cinquante-neuf ans. Dans une langue remarquable, Vanessa Springora écrit un texte lucide sur l’ambiguïté entre consentement et manipulation psychologique.
Je termine avec un roman plus mouvementé qui ne manquera pas de vous emporter très loin au rythme des tribulations d’un couple exceptionnel sous la plume d’un des meilleurs conteurs français, Jean-Christophe Rufin. Les sept mariages d’Edgar et de Ludmilla (Gallimard, 28 mars 2019) est l’histoire tumultueuse d’un couple fusionnel au fil des sentiments et des aléas de la vie. Quelles que soient l’attirance, la passion, la magie de la première rencontre, chaque caractère reprend le dessus. Les origines et les destins des deux personnages ne peuvent que compliquer le long fleuve, pas si tranquille, de la vie du couple. Une fiction inspirée des expériences de l’auteur qui n’est pas sans nous rappeler certaines figures célèbres.
Quoi de mieux qu’une lecture addictive qui vous plonge en pleine nature pour s’échapper du quotidien. Suivez la fille des marais Là où chantent les écrevisses (Seuil, 2 janvier 2020, roman traduit par Marc Amfreville). Delia Owens nous offre une plongée en apnée dans la nature sauvage, là où grandit, abandonnée de tous, une fille pas comme les autres, une paria devenue le bouc émissaire d’une ville ségrégationniste.
Gros succès en librairie à sa sortie en 2019, La goûteuse d’Hitler (Albin Michel, 2 janvier 2019, roman italien traduit par Dominique Vitroz), roman de Rosella Postorino vient de sortir en format poche (Livre de poche, 3 juin 2020). Inspirée d’une histoire vraie, ce roman est celui d’une femme inoubliable, Rosa, une de celles qu’Hitler, craignant d’être empoisonné, utilisait pour goûter sa nourriture. Un livre qui interroge sur les comportements humains dans un monde en perdition.
Rien de tel qu’un personnage écrivain pour vous embarquer dans de multiples microfictions. C’est ce que propose John Boyne, un auteur irlandais en nous présentant L’audacieux Monsieur Swift (JC Lattès, 26 février 2020, roman traduit par Sophie Aslanides). Dans un hôtel berlinois, Maurice Swift rencontre par hasard le célèbre romancier Erich Ackerman qui lui confie son lourd passé et lui permet de devenir l’auteur qu’il a toujours rêvé d’être. Jeune homme séduisant, Maurice est un plagiaire antipathique, manipulateur et diabolique, prêt à tout pour voler de bonnes histoires. Avec une construction et des personnages complexes, ce roman capte tout l’intérêt du lecteur.
Le roman noir attire souvent beaucoup de vacanciers. Vous ne manquerez pas de trouver de la fraîcheur auprès de la princesse des glaces suédoise, Camilla Läckberg. Son dernier roman, Femmes sans merci (Actes Sud, juin 2020, traduit par Rémi Cassaigne) campent trois femmes prisonnières de leur mariage. En discutant sur Internet, elles mettent au point un plan diabolique pour libérer les femmes battues, humiliées de leur bourreau.
Marion Brunet vient de remporter le Prix SNCF du Polar 2020 dans la catégorie Romans avec L’été circulaire (Livre de Poche, 3 avril 2019). Roman sur l’adolescence, ce récit tendu et intense montre comment une famille tombe dans l’irréparable lorsqu’un drame les touche.
Les jeunes adultes ne manqueront le nouvel opus d’Hunger games. La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur (Pocket Jeunesse, 20 mai 2020, traduit par Guillaume Fournier) remonte aux racines du mal et se centre sur la jeunesse de Coriolanus Snow, celui qui deviendra un président tyrannique face à Katniss Everdeen. Lors de la dixième édition annuelle des Hunger Games, Snow devra faire preuve de charme, de ruse et d’inventivité pour faire gagner la candidate dont il est le mentor. Suzanne Collins surfe sur la vague d’un grand succès avec ce roman qui est déjà un best-seller et la promesse d’un cinquième film.
Élu meilleur livre 2016 par le magazine Lire dans la catégorie Fantastique, ce grand roman de Mariam Petrosyan, La maison dans laquelle (Monsieur Toussaint Louverture, 2016, traduit du russe par Raphaëlle Pache) illustre un endroit hallucinant, un univers bariolé et poétique où l’on se fait des amis, des ennemis, où l’on mène des combats, où l’on connaît la peur et l’amour. C’est un chant d’amour qui évoque cette période ingrate et heureuse de l’enfance et de l’adolescence. Un roman monde de près de mille pages dont une version en format poche sortira le 17 septembre.
Si vous ne trouvez pas votre bonheur parmi ces dix livres, la rubrique Littérature du magazine ne manque pas de conseils littéraires. Bel été à tous.