Le 5 décembre 2019, la France a été le théâtre de manifestations contre la réforme des retraites proposée par Jean-Paul Delevoye (Haut-Commissaire à la réforme des retraites). 806 000 personnes étaient présentes à l’échelle nationale — selon le Ministère de l’Intérieur —, pour montrer leur mécontentement. Rennes n’a pas dérogé à la règle avec plus de 15 000 personnes dans les rues. Reportage en images.
La réforme des retraites était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Prévue en 2018 puis repoussée suite au mouvement « Gilets Jaunes », Jean Paul Delevoye présente en juillet 2019 un dossier de préconisation sur cette réforme. Mais la manifestation du 5 décembre n’est qu’un symptôme des nombreuses causes de mécontentement des Français : conditions de travail des pompiers, précarité étudiante, violences faites aux femmes, conditions de travail dans le monde hospitalier …
Il est 10h30. Les manifestants se réunissent autour de la station de métro Charles de Gaulle. Sous les couleurs de différents drapeaux, les manifestants se retrouvent. Toutes les générations sont représentées. Les visages sont parfois souriants, parfois fermés.
Le début du cortège part vers l’avenue Janvier aux alentours de 11h. Grand nombre de manifestants attendent encore à Charles de Gaulle que le cortège avance. Le reste s’écoulera doucement jusqu’à 12h.
« Si personne ne se mobilise pour demain, qui le fera ? Si on ne fait rien, un jour nous n’aurons plus de retraite. » — Stéphane, 28 ans, travailleur dans les transports
Ironiquement des poubelles brûlent devant des centaines de pompiers impassibles. De l’autre côté du feu, les CRS attendent. Sans surprise, les façades, visées par les « casseurs » sont les banques, les agences immobilières et les assurances. Deux 4×4 garés sur le boulevard n’échapperont pas au cortège. Plus loin, place de Bretagne une fanfare se fait applaudir : l’ambiance est à la fête.
« Je suis contre la réforme des retraites et j’ai un travail très prenant qui me laisse rarement la possibilité de manifester mais, aujourd’hui, c’était important pour moi d’être présent. » — Kylian, 28 ans, architecte
Le début de l’impressionnant cortège a fini le premier tour autour de 14h. Des manifestants partent pour un second tour. Pendant ce temps, si d’autres dansent devant un Sound system installé sur un camion, doudou préfère le repos après cette grande marche.
« Il faut que l’on soit le plus solidaires et le plus nombreux à montrer notre mécontentement même si on est de moins en moins entendus. C’est important de conscientiser délicatement les enfants. » — Lauriane, 38 ans, intermittente
Vers 15h, la tension monte rue du Maréchal Joffre. Les CRS sont encerclés : d’un côté des manifestants, de l’autre des curieux et les médias. La rue est silencieuse, chacun semble attendre qui attaquera le premier.
Les insultes fusent un peu partout entre habitants du centre-ville, manifestants, police, commerçants, etc. C’est finalement toujours de la faute de l’autre. On en retiendra les bouts de verre répandus sur le sol et les lacrymogènes lancées dans la foule. Les manifestants finissent pas se disperser. Les CRS aussi.
Venu de nulle part, un camion lanceur d’eau déboule boulevard de la liberté. Il aspergera la rue de l’Alma (et les manifestants avec) de Charles de Gaulle à Jacques Cartier jusqu’à 16h30. Pendant ce temps-là, en centre-ville, les vitriers sont déjà à l’ouvrage, les commerçants ré-ouvrent et la vie reprend son cours.
Pour aller plus loin : Le dossier de presse sur la réforme des retraites.
Témoignages recueillis par Julie Pialot et crédit photo Laurie Musset.